JPM - Films - Notules - Octobre 2004

Notules - Octobre 2004

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (en italique, autres que des films) : CollateralLe carton – La Tour Montparnasse infernale – Eternal sunshine of the spotless mind – Dans la peau de John Malkovich – Human nature – BrodeusesArsène LupinL’enquête corsePédale dureNicholas NicklebyQueer as folkGenesisThe assassination of Richard Nixon

Personnes citées : Michael Mann – Tom Cruise – Jamie Foxx – Charles Nemes – Jean-Pierre Bacri – Agnès Jaoui – Sébastien Fechner – Clément Michel – Charles Nemes – Éric Judor – Ramzy Bédia – Fred Testot – Omar Sy – Charlie Kaufman – Michel Gondry – Maurice Leblanc – Gaston Leroux – Romain Duris – Jean-Paul Belmondo – Jean-Luc Godard – Pétilllon – Gabriel Aghion – Douglas McGrath – Charles Dickens – Charlie Hunnam – Claude Nuridsany et Marie Pérennou – Niels Mueller – Richard Nixon – Sean Penn

Collateral

Mardi 5 octobre 2004

Réalisé par Michael Mann

Sorti à Hong-Kong et aux Philippines le 5 août 2004

Sorti en France le 29 novembre 2004

Bon film policier, bien meilleur que la moyenne, où l’on ne s’ennuie pas un instant, une rareté dans le genre, par conséquent. Les rebondissements, nombreux et bien imaginés, font passer l’invraisemblance du propos. Jamie Foxx, en chauffeur de taxi, est très bien, et même Tom Cruise n’est pas aussi mauvais que d’habitude.

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Le carton

Mercredi 6 octobre 2004

Réalisé par Charles Nemes

Sorti en France le 6 octobre 2004

Enfin une comédie qui fait rire et ne fait que ça ! C’est-à-dire, qui évite la pseudo-étude de mœurs à la Bacri-Jaoui. L’avalanche de catastrophes – crédibles – qui pleuvent sur la tête du triste héros ayant oublié la date de son déménagement et forcé de s’en sortir avant la fin de l’après-midi, « aidé » par une bande de copains qui sont tous des bras-cassés, plaide en faveur de l’imagination des scénaristes Sébastien Fechner et Clément Michel. Comble de bonheur, tous les acteurs sont sympathiques.

Si Charles Nemes avait magistralement loupé La Tour Montparnasse infernale, c’était pour deux raisons : d’une part, on misait sur les trucages numériques, et, d’autre part, l’intrigue tournait autour de deux vedettes de la télévision, Éric et Ramzy, qui étaient loin de posséder la carrure nécessaire. Ici, on a encore un tandem de comiques de télé, Fred Testot et Omar Sy (Omar et Fred, donc), mais ils n’ont que des rôles secondaires. Et les trucages numériques sont absents ou peu visibles.

De plus, et comme dans les bons films, les événements ne se produisent pas simplement parce que le scénariste omnipotent en a décidé ainsi, mais parce que la logique des caractères les provoque : tel gag survient parce que X est un étourdi, tel autre parce que Y est un dragueur, tel autre parce que madame Z est acariâtre, et ainsi de suite.

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Eternal sunshine of the spotless mind

Mardi 12 octobre 2004

Réalisé par Michel Gondry

Sorti aux États-Unis le 19 mars 2004

Sorti en France le 6 octobre 2004

Quand Charlie Kaufman, scénariste à succès (Dans la peau de John Malkovich) rencontre Michel Gondry, réalisateur d’un navet (Human nature), la confrontation donne ceci : une idée intéressante qui débouche sur un film raté.

Clementine et Joel se sont aimés, puis la première s’est mise à trouver le second boring (« ennuyeux », mais les sous-titres, il fallait s’y attendre, lui font dire « chiant », selon le catéchisme actuel de la vulgarité à tout crin). Elle fait effacer de son cerveau tout souvenir de son compagnon. Lorsqu’il l’apprend, Joel en fait autant. Plus tard, ils se rencontrent de nouveau, s’aiment de nouveau, jusqu’à ce que, on l’aurait parié, le hasard révèle à chacun ce que l’autre a fait. Leur liaison-bis, avec cette nouvelle donne, résistera-t-elle mieux que la précédente ? La vérité sera-t-elle plus efficace que l’illusion ? Fin ouverte, comme on dit.

La mode a imposé ici le truc habituel, raconter tout cela dans le désordre. On appelle ça « bouleverser la temporalité », mais ce vocabulaire prétentieux pour rédacteur de dépliant publicitaire ne masque pas la triste réalité : très vite, le spectateur y perd son latin, et le soleil éternel du titre si follement simple ne l’éclaire pas.

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

Brodeuses

Jeudi 14 octobre 2004

Réalisé par Éléonore Faucher

Sorti en France (Festival de Cannes) le 14 mai 2004

Sorti en France le 13 octobre 2004

Enceinte, une fille veut accoucher puis abandonner son enfant. En attendant, passionnée de broderie, elle se fait embaucher par une spécialiste de cet artisanat.

Avec un peu plus d’attention portée à la broderie et moins aux péripéties sentimentales, le film intéresserait davantage. Et l’on voit venir longtemps à l’avance le dénouement : l’enfant ne sera pas abandonné. Et puis, hélas, il y a la musique, sans imagination, répétitive, crispante et prétentieuse dans le genre qui veut faire sérieux. Mais c’est un travers courant du cinéma français.

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Arsène Lupin

Vendredi 15 octobre 2004

Réalisé par Jean-Paul Salomé

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 17 septembre 2004

Sorti en France le 13 octobre 2004

Maurice Leblanc, auteur des aventures d’Arsène Lupin, n’était pas un maître de la littérature, et son talent est celui d’un simple feuilletonniste, que le cinéma, plutôt à court de sujets, tente de remettre à la mode – après Gaston Leroux, qui le surpassait de loin. Arsène Lupin, personnage inspiré d’un hors-la-loi bien réel, valait surtout par son pacifisme, ses idées d’extrême gauche et son élégance. Supprimez l’élégance, que reste-t-il ? Dans ce film assez sanglant, Romain Duris se balade en smoking dans le grand monde, mais avec une barbe de deux jours. Un peu fâcheux. Un réalisateur consciencieux ne peut-il exiger de son interprète qu’il se conforme aux exigences que réclame son personnage ?

Pas très élégant non plus, mais sur le plan moral cette fois, d’avoir plagié une phrase du dialogue de Belmondo dans un film de Godard (la scène où Lupin compte jusqu’à dix).

En fait, il s’agit d’un film pour djeunz. Témoin le rôle joué par la savate, ce sport de combat français, destiné à satisfaire leur goût pour les scènes de castagne (dites « arts martiaux », ce sera plus in), quasi-obligatoires depuis cette stupidité qu’était Le pacte des loups.

À part cela, un excès de trucages numériques, bien que, dans les interviews, le réalisateur nie cette évidence. En prime, une musique lourde, sans imagination, médiocre, vaguement démarquée de celle de Batman, et qui ne cesse presque jamais. Un monument d’ennui, finalement.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

L’enquête corse

Mardi 19 octobre 2004

Réalisé par Alain Berbérian

Sorti en France et en Belgique le 6 octobre 2004

Question : pourquoi « Le Canard enchaîné » du 6 octobre 2004 classe-t-il cette pellicule très moyenne parmi les films à voir ? Serait-ce parce que le journal y est cité favorablement, ou parce que l’auteur de l’histoire, le dessinateur Pétillon, travaille au « Canard » ?

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Pédale dure

Vendredi 22 octobre 2004

Réalisé par Gabriel Aghion

Sorti en France le 20 octobre 2004

Quand bien même vous auriez des références et du vocabulaire, vous ne trouveriez, pour qualifier Pédale dure, que ceci : c’est une connerie. Le réalisateur Gabriel Aghion a beau être homosexuel et vivre dans le Marais, son film vous rendrait allergique au quartier, non moins qu’à ceux qui le peuplent.

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Nicholas Nickleby

Lundi 25 octobre 2004

Réalisé par Douglas McGrath

Sorti aux États-Unis le 27 décembre 2002

Sorti en France le 20 octobre 2004

Réalisé d’après Dickens, un mélodrame parfaitement assumé, avec ses bons et ses méchants, sans l’ironie ou la dérision de rigueur, qui auraient plombé le récit en France. Certains ont voulu y voir un défaut, en objectant par exemple que le héros est un blondinet fade (c’est Charlie Hunnam, très différent de son personnage de Nathan dans la version britannique de Queer as folk) ; c’est oublier que la loi du genre exige que les personnages soient sans nuances.

Réalisation et acteurs sont excellents.

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Genesis

Mardi 26 octobre 2004

Réalisé par Claude Nuridsany et Marie Pérennou

Sorti en France (Festival de Cannes) le 14 mai 2004

Sorti en France le 20 octobre 2004

Les images constituent autant d’exploits. Mais les auteurs ont voulu trop bien faire, et rajouté un commentaire dit par un conteur africain. Or, d’une part, son texte, du niveau Tout-est-dans-tout-et-réciproquement, n’est pas sans évoquer les pontifiantes âneries proférées à longueur d’année par le dalaï-lama ; et d’autre part, le conteur en question apparaît sans cesse à l’image pour intervenir dans la mise en scène par des gestes théâtraux, censés relancer l’action, mais qui frisent le ridicule. De plus, ces réapparitions intempestives cassent l’émotion procurée par les images, qui se suffisaient à elles-mêmes.

Pour ne rien arranger, la musique, composée dans le style baraque foraine, est parfaitement incongrue.

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The assassination of Richard Nixon

Vendredi 29 octobre 2004

Réalisé par Niels Mueller

Sorti en France (Festival de Cannes) le 17 mai 2004

Sorti en France le 27 octobre 2004

Samuel a horreur du mensonge. Pas de chance, il est vendeur. Incapable de réformer le monde où il vit, il tente du moins de changer de situation, ce qui, un comble, le pousse à tenter une escroquerie au détriment de son propre frère. Pris la main dans le sac, il veut alors éliminer l’archétype du mensonge, Richard Nixon, président des États-Unis. Évidemment, le projet rate aussi.

C’est le portrait réussi d’un pauvre type, pas du tout fait pour la vie occidentale. Sean Penn y est excellent. Une réserve : le récit, plutôt flasque, n’est pas à la hauteur du portrait. On n’échappe pas non plus au cliché récurrent de l’homme qui a des ennuis avec son ex-femme, poncif présent dans la plupart des films et téléfilms d’outre-Atlantique.

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