JPM - Films - Notules - Septembre 2006

Notules - Septembre 2006

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées : Le Dahlia noir – Les particules élémentairesElementarteilchenTaxidermie – Hic – Hukkle – La mélodie du bonheur – La grande bouffe – Stand by me – The meaning of the life – Je vais bien, ne t’en fais pasJardins en automneLittle miss Sunshine – Mais qui a tué Harry ? – Fair play – Ressources humaines – The sentinelAvida – Aaltra – Thank you for smoking – Lord of war – Jugez-moi coupableQuand j’étais chanteur – Huit femmes – Jules et Jim – La méthodeEl método – Douze hommes en colère – Twelve and holding – Six feet under – L.I.E. – Chacun sa nuitLes amitiés maléfiquesLe diable s’habille en PradaThe Devil wears Prada – Angels in America

Personnes citées : Brian De Palma – Oskar Roehler – Michel Houellebecq – György Pálfi – Les Monty Python – Philippe Lioret – Julien Boisselier – Otar Iosseliani – Valerie Faris – Jonathan Dayton – Pedro Almodóvar – Lionel Bailliu – Clark Johnson – Kiefer Sutherland – Jacques Chirac – Jason Reitman – Billy Wilder – Sidney Lumet – Xavier Giannoli – Alain Moreau – Jeanne Moreau – Claude Vorilhon – Marcelo Pineyro – Giacomo DiNorscio – Eduardo Noriega – Michael Cuesta – Jean-Marc Barr – Pascal Arnold – Lars von Trier – James Ellroy – Emmanuel Bourdieu – Marcia Romano – Thibault Vinçon – David Frankel – Meryl Streep – Anne Hathaway

Avant tout l’monde !

Vendredi 1er septembre 2006

Rions : sur le site www.commeaucinema.com, qui fait dans l’actualité cinématographique (on s’en doutait), le chroniqueur maison, un certain Christophe Maulavé, publie un article intitulé « Venise : J’ai vu Le Dahlia Noir avant tout l’monde & Scarlett m’a fait un clin d’œil ! » – sic.

Que tu aies vu Le Dahlia noir, la dernière production de Brian De Palma, le 30 août au matin, alors que le film ne sort à Paris que le 8 novembre, on te croit, vieux, mais « avant tout le monde », pas de veine, c’est faux ! Le film a été projeté à Venise ce jour-là, mais je l’avais vu à Paris... la veille ! Une projection de presse étaient organisée au Club de l’Étoile, et la salle était comble.

Le film m’a plu, mais, pour la notule correspondante, on attendra la sortie officielle.

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Les particules élémentaires

Vendredi 1er septembre 2006

Réalisé par Oskar Roehler

Titre original : Elementarteilchen

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 12 février 2006

Sorti en France le 30 août 2006

Michel Houellebecq n’est pas le plus sympathique de nos écrivains, et ses romans ne constituent pas non plus le dessus du panier de la littérature francophone. Mais enfin, il a ses partisans. L’un de ses romans à succès n’a pas pu être adapté en France, et c’est le cinéma allemand qui s’en est emparé. Le résultat est à peine passable, mais l’acteur qui incarne l’écrivain raciste du livre est vraiment bon.

Certes, on a un peu de mal à s’intéresser aux personnages et à leurs problèmes. Mais cette relative allergie est toute personnelle, je le reconnais.

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Taxidermie

Lundi 4 septembre 2006

Réalisé par György Pálfi

Titre original : Taxidermia

Sorti en Hongrie (Festival du film hongrois) le 3 février 2006

Sorti en France (Festival de Cannes) le 19 mai 2006

Sorti en France le 23 août 2006

En 2003, le réalisateur et scénariste hongrois György Pálfi nous avait gratifiés d’un Hic (ou Hukkle), dont on se souvient surtout pour ses gros plans sur des génitoires de cochons. Taxidermie est à peine meilleur, c’est-à-dire qu’il y a cette fois une ébauche de scénario. Et comme tous les auteurs abscons, il a reçu, pour son film précédent, l’encouragement du festival de Sundance (qui cette fois, paradoxalement, ne l’a pas invité !), sous la forme d’un chèque de dix mille dollars. On ne lui décernera pas la palme du bon goût, mais peu importe, il y a dans ce film une intention d’établir un récit cohérent ; mais aussi une accumulation de scènes qui donneraient envie de revoir La mélodie du bonheur. Si vous aimez le sordide et le bizarre, allez-y : la séquence de fin est celle d’un taxidermiste qui, après avoir empaillé son père obèse, se naturalise lui-même ! Évidemment, son corps décapité et empaillé fait ensuite le succès d’une exposition ! Il y a aussi un concours de mangeaille et des scènes de vomi, mais qui n’ont ni l’esprit corrosif de La grande Bouffe, ni le comique de Stand by me ou de The meaning of the life (le film des Monty Python), c’est seulement répugnant. Mais il y a un public pour ça, il faut croire.

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Je vais bien, ne t’en fais pas

Mercredi 6 septembre 2006

Réalisé par Philippe Lioret

Sorti en France (Festival du film de Lama, en Corse) le 31 juillet 2006

Sorti en France le 6 septembre 2006

Lili, 19 ans, de retour de vacances, ne retrouve plus chez elle son frère jumeau Loïc : ses parents affirment qu’il s’est disputé avec son père et a quitté la maison. Très vite, elle tombe dans l’anorexie, et ses jours sont en danger, lorsque arrive une carte postale signée de son frère, bientôt suivie d’autres, où il écrit pis que pendre de son père. Elle reprend espoir, recouvre la santé, mais a la fâcheuse idée de vouloir le chercher dans l’une des villes où il semble être passé, ce qui conduit à dévoiler le (mince) secret sur quoi repose toute l’histoire – au cours d’une scène médiocre et ratée, disons-le. Un secret que laissent entrevoir auparavant quelques indices : la guitare sèche que le frère est censé avoir emportée, mais qui est toujours là ; ou le fait qu’on ne voit jamais le garçon, la photo où il apparaît à côté de sa sœur étant vue de loin, et floue. On nous a fait le coup plusieurs fois, mais la manière de présenter ces indices est discrète, et ne concède rien au charlatanisme.

On a donc un de ces films dont toute l’intrigue repose sur un fait qui, pour une fois, n’est pas dissimulé au seul spectateur, mais aussi au personnage principal, ce qui nous change agréablement de l’imposture scénaristique.

C’est très triste, assez lent, facile à suivre, et surtout fort bien joué par quatre acteurs qui font croire à leurs personnages. Julien Boisselier, avant tout.

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Jardins en automne

Jeudi 7 septembre 2006

Réalisé par Otar Iosseliani

Sorti en France (Festival de La Rochelle) le 7 juillet 2006

Sorti en France le 23 août 2006

L’exemple de la bonne idée, gâchée par le manque de rigueur et d’imagination.

La rigueur, d’abord. L’histoire démarre sur un fait intéressant : Vincent, un ministre, est viré, retourne à la vie de tout le monde, et, désœuvré, « redécouvre la vraie vie », comme on dit. Mais le récit s’éparpille, le personnage principal, pourtant attachant, est perdu de vue plusieurs fois, et le spectateur ne sait plus ce que le réalisateur a voulu dire.

Le manque d’imagination, ensuite. De cette liberté récupérée, l’ancien ministre ne fait rien : il se brouille avec une femme, fait du roller (mal), se saoule avec des copains, aide une amie à faire du jardinage. C’est ennuyeux et n’aboutit qu’au vide.

Dire qu’on a comparé ce film au très réussi Alexandre le bienheureux, qu’Yves Robert réalisa en 1967 ! Ce film-là reposait sur une progression dramatique et portait un vrai message : « À bas le travail et la productivité ! ». Ici, rien.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Little miss Sunshine

Vendredi 8 septembre 2006

Réalisé par Jonathan Dayton et Valerie Faris

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 20 janvier 2006

Sorti en France le 6 septembre 2006

Le slogan de l’affiche, « Une famille au bord de la crise de nerfs », fait référence à un film d’Almodóvar, et traduit le manque d’imagination des publicitaires, incapables de créer quoi que ce soit de nouveau. La famille du film, en fait, n’est à aucun moment au bord de la crise de nerfs, elle est seulement un peu agitée parce qu’étrange, selon les critères du pays, les États-Unis, et traverse une phase un peu bizarre que les circonstances ont suscitée.

Disons tout de suite que la mère, Sheryl (excellente Toni Collette), est tout à fait normale, et pas même dépassée, comme elle le serait dans un film banal. Mais elle est curieusement entourée. Son mari, Richard, est la caricature de l’États-Unien, pour qui le monde se divise en deux : les gagnants et les perdants. Inutile de vous dire à quelle catégorie ce plouc estime appartenir, et dans laquelle il se retrouvera en fin de compte, avec son livre sur les Neuf Points menant à la réussite (sic), dont il compte bien faire un DVD ! Le frère de la mère, prof de littérature homo et « meilleur spécialiste de Proust aux États-Unis », est tombé amoureux d’un de ses étudiants, qui l’a bientôt largué pour le « second meilleur spécialiste de Proust ». Il quitte l’enseignement, se suicide, se rate, et vient se refaire une santé chez sa sœur... qui le loge avec son fils de quinze ans, Dwayne, lecteur de Nietzsche, et qui a décidé de ne plus parler tant qu’il ne serait pas devenu pilote de ligne – ce que son daltonisme rend problématique. Le grand-père, lui, clame qu’il est idiot de prendre de l’héroïne quand on est jeune et de ne pas en prendre quand on est vieux, comme lui ; il en mourra, de cela, et de son érotomanie. Quant à la petite fille, Olive, sept ans, binoclarde et boulotte, elle s’est mis en tête de gagner un concours de beauté, celui de Miss Sunshine, en Californie, à mille trois cents kilomètres de chez elle – titre qui lui convient comme un tablier à une vache. Toute la famille, qui ne doute à aucun moment de son futur triomphe, va donc s’y rendre, à bord d’une camionnette défaillante qui semble avoir été rachetée à l’inspecteur Columbo, ne démarre que poussée, dont l’avertisseur se coince de temps en temps, et qui part en morceaux.

Le clou est le concours de beauté, métaphore évidente de la société de compétition qui fait notre bonheur, et ses candidates, adultes miniatures, monstrueusement clonées sur le physique des mannequins à la mode (le recrutement des petites filles qui jouent les rôles a dû être pittoresque). Incapable de lutter, Olive entame alors un numéro de strip-tease ringard mis au point en secret avec le grand-père, défunt en route, qui avait dû prévoir le coup, elle fait scandale, toute la famille monte sur scène pour la soutenir, et la tribu se retrouve au poste de police. Le corps du grand-père, lui, a précédemment été soustrait en douce de la morgue, embarqué avec la discrétion qui s’impose par un service de pompes funèbres anonyme, et nul ne semble s’en soucier beaucoup – un peu comme dans Mais qui a tué Harry ?

Rien de ce qui forge l’idéal du Yankee moyen n’est épargné, et ce film jubilatoire sème allègrement la pagaille dans les conventions, tout en raillant l’autorité, par le biais de deux personnages féminins très pète-sec, la secrétaire du concours de beauté et la préposée au deuil des familles à l’hôpital. Les réalisateurs Valerie Faris et Jonathan Dayton viennent de la vidéo et de la télévision. Ils n’ont pas raté leur coup en passant au cinéma.

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Fair play

Lundi 11 septembre 2006

Réalisé par Lionel Bailliu

Sorti en France et en Belgique le 6 septembre 2006

Quelle connerie, le sport, Barbara ! Et le « monde de l’entreprise », donc !

Le titre est évidemment l’antithèse de ce que raconte cette histoire, où l’on voit s’agiter, et surtout se faire des croche-pieds, une demi-douzaine de personnages étranges ; de ceux qui estiment sans doute normal et glorieux de « faire H.E.C. », mais surtout de marcher sur la tête d’autrui, la finalité de leur misérable vie étant de vendre et de se vendre. En foi de quoi, l’esprit d’entreprise est la nouvelle religion, qui n’autorise seulement plus de passer un week-end sans son patron. Chantages et coups fourrés se succèdent au cours de cinq séances sportives, la plus réussie étant la partie de golf entre un directeur et son président (et beau-père) ; la plus acrobatique, la séance de squash ; et la plus longuette, celle du « canyoning », activité stupide consistant à descendre un torrent, au risque de sa vie, et comme si ce genre de pari, censé resserrer les liens entre cadres, avait la moindre incidence sur les ventes. On en retire l’impression que les hippies des années soixante-dix n’avaient pas tout à fait tort, et que le monde actuel marche sur la tête. C’est fort, dramatiquement, mais assez désespérant quant à la vision qu’on a de notre civilisation.

Et puis, franchement, après Ressources humaines qui s’intéressait au sort des ouvriers menacés de chômage, un film sur le malaise des cadres, on s’en fiche un peu. Mais nos grands journaux, qui font plusieurs fois par an leur couverture sur le salaire de ces malheureux mais jamais sur celui des travailleurs de la base, voient sans doute les choses autrement, c’est pourquoi « Le Point » consacre une page entière à Fair play !

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The sentinel

Mardi 12 septembre 2006

Réalisé par Clark Johnson

Sorti aux Philippines le 19 avril 2006

Sorti en France le 30 août 2006

Un film digestif, fabriqué pour les dimanches soirs des chaînes de type Télé-Poubelle. Il y a de la Maison-Blanche, de la first lady, du complot contre le président, du service secret, de l’adultère (le président himself est cocu, songez !), des coups de feu, des coups de téléphone, des coups fourrés... C’est le 24 heures chrono du pauvre. D’ailleurs, Kiefer Sutherland y joue, alors...

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Avida

Mercredi 13 septembre 2006

Réalisé par Benoît Delépine et Gustave Kervern

Sorti en France (Festival de Cannes) le 21 mai 2006

Sorti en France le 13 septembre 2006

Même style visuel que pour Aaltra : noir et blanc sauf pour la dernière image, format 4/3, pas de musique, cadres très étudiés. Il ne manque qu’un élément, un scénario pour lier tous ces épisodes saugrenus ! On sait bien que les deux Grolandais auteurs du film cultivent le bizarre et le goût de la provoc, mais ici, cela tombe à plat, et je prédis que leur film va battre le record de la durée d’exclusivité la plus courte. S’il est encore à l’affiche la semaine prochaine, je fais ce que Chirac n’a pas osé, je me baigne dans la Seine.

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Thank you for smoking

Jeudi 14 septembre 2006

Réalisé par Jason Reitman

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 9 septembre 2005

Sorti en France le 13 septembre 2006

Portrait-charge d’un expert en communication, c’est-à-dire d’un charlatan moderne. Celui-ci s’est mis au service de l’industrie du tabac, et cherche des arguments qu’il soumet à une prétendue Société d’Études sur le Tabac, chargée de persuader le public que la cigarette ne fait pas plus de mal que l’alcool, la vente libre des armes ou les accidents de la route, c’est dire. La démarche type, que j’ai déjà évoquée ici : violer une fille, c’est mal, mais si je ne le fais pas, le voisin s’en chargera, donc...

Le film est brillant, caricature à peine, mais un je ne sais quoi empêche de le trouver tout à fait réussi. Peut-être parce que, à l’instar de Lord of war, on n’a pu se résoudre à rendre antipathique le personnage central ; parce que c’est une comédie, et que seul Billy Wilder était capable de faire une comédie avec de véritables ordures.

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Jugez-moi coupable

Vendredi 15 septembre 2006

Réalisé par Sidney Lumet

Titre original : Find me guilty

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 16 février 2006

Sorti en France le 13 septembre 2006

Si ce film est à voir, ce n’est pas uniquement pour ses qualités cinématographiques (il est dû à Sidney Lumet, vieux routier d’Hollywood, qui a plus de 82 ans, et toutes ses dents). C’est aussi, via le récit de faits réels quoique romancés, pour ce qu’il révèle du système judiciaire des États-Unis, l’un des pires qui soit.

L’un des plus longs procès que ce pays ait connu devait en effet juger une famille de mafieux, les Lucchesi, coupables d’innombrables crimes, et l’un des accusés, Giacomo DiNorscio, qui refusa de dénoncer ses complices et se méfiait des avocats, décida de se défendre seul. Or, ignorant totalement la loi, il joua son va-tout sur son goût pour la blague, et transforma le procès en pantalonnade, accumulant les pitreries. Si bien qu’il réussit à mettre le jury dans sa poche (« Lorsqu’on fait rire le jury, la pendaison s’éloigne »), et obtint... l’acquittement de tous ses co-accusés ! Qui étaient pourtant coupables, on s’en doute. Lui seul retourna en prison, car il purgeait déjà une condamnation antérieure. Cette forme de justice fait froid dans le dos.

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Quand j’étais chanteur

Mercredi 20 septembre 2006

Réalisé par Xavier Giannoli

Sorti en France (Festival de Cannes) le 26 mai 2006

Sorti en France le 13 septembre 2006

Comme il y a peu à dire sur ce tout petit film où ne se passe pas grand-chose, hormis la lente genèse d’un amour, la presse a multiplié les articles sur le thème « Il y a vingt ans que Depardieu ne tourne que des merdes, enfin il redevient le grand acteur qu’il est ». En fait, Depardieu n’est ici ni meilleur ni pire que d’habitude, la seule nouveauté étant qu’il chante – plutôt mieux que les actrices de Huit femmes, ce film de François Ozon dans lequel les huit actrices se démenaient comme elles pouvaient à pousser la chansonnette (Danielle Darrieux exceptée, car elle est une vraie chanteuse).

Et parce que son personnage s’appelle Alain Moreau (choix saugrenu, puisque c’est le nom d’un éditeur, qui posséda autrefois La Pensée Universelle, maison éditant alors n’importe quoi mais à compte d’auteur), je n’ai cessé de penser à Jeanne Moreau ; laquelle, pour avoir marmonné quelques strophes dans Jules et Jim, crut pouvoir entamer une carrière de chanteuse, ambition que sa voix lui interdisait pourtant. On sait que la plupart des acteurs croient pouvoir chanter.

Une curiosité : quelques phrases ironiques sur Rael et la révélation sur un volcan de son ascendance divine. Mais pourquoi prétendre qu’il s’appelait Claude Seller (ou Sailer) ? Le véritable nom du prophète à la robe blanche, dont nul n’ignore qu’il est le frère à la fois de Jésus et de Bouddha, est Claude Vorilhon.

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La méthode

Jeudi 21 septembre 2006

Réalisé par Marcelo Pineyro

Titre original : El método

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 14 septembre 2005

Sorti en Espagne le 22 septembre 2005

Sorti en France le 20 septembre 2006

Excellent film espagnol, plus satisfaisant que Fair play, sur un sujet voisin. On est encore dans le monde de l’entreprise, mais au stade du recrutement d’un cadre, pas à celui du licenciement. Alors qu’une manifestation altermondialiste se déroule à Madrid, au pied de son siège social, une firme qu’on suppose importante organise un étrange test afin de départager les sept candidats qui ont postulé à un emploi de niveau élevé. On ne verra qu’eux, et une secrétaire, qui est peut-être autre chose. C’est donc un huis-clos, un peu dans le style de Douze hommes en colère, mais où tous les dés sont pipés systématiquement. Vous devinez que les dialogues tiennent la première place.

Pas une seconde d’ennui, et les acteurs sont très bons. Mais justement, l’un des rares reproches qu’on puisse adresser au film est là : sachant qu’ils sont tous inconnus (en France du moins), sauf Eduardo Noriega, le spectateur n’a pas de mal à présupposer que son personnage sera le vainqueur de l’épreuve ! Or, pour un tel film, fallait-il vraiment une vedette ?

Et puis, l’affrontement final, censé représenter l’aboutissement de toute cette mystification, repose avant tout sur l’évocation des sentiments (les deux protagonistes ont naguère été amants), et c’est un peu décevant.

Il n’empêche, c’est le meilleur film de la semaine, pour ne pas dire le seul bon.

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Twelve and holding

Lundi 25 septembre 2006

Réalisé par Michael Cuesta

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 11 septembre 2005

Sorti en France le 20 septembre 2006

Je me suis un peu hâté en écrivant que La méthode était le meilleur film de la semaine, car Twelve and holding n’est pas moins intéressant – dans un genre complètement différent. Michael Cuesta vient de la télévision (il a réalisé quelques épisodes de Six feet under), et n’a tourné qu’un film de cinéma, L.I.E., en 2001. Sa réalisation est purement fonctionnelle, si bien que son film peut se réduire à l’histoire qu’il raconte. Comme cette histoire a été reprise dans tous les journaux, inutile donc de trop la détailler ici. Le récit est triple, centré sur trois enfants de douze ans, une fille et deux garçons, qui ont eu la douleur de perdre leur meilleur ami (et frère jumeau d’un des garçons) dans un incendie provoqué par deux petits crétins, vite arrêtés, vite jetés en prison pour un an (oui, aux États-Unis, c’est possible). La fille, dont la mère est psychanalyste, a des problèmes d’identité que sa mère ne comprend pas, l’un des garçons est obèse et veut changer d’état, et le jumeau survivant veut venger son frère. C’est le seul qui réussira, mais on ne sait pas si le meurtre commis à la fin a vraiment été prémédité, ou si le hasard seul a mis un pistolet entre les mains de l’enfant – encore une circonstance très improbable dans un autre pays.

Le récit est attentif aux trois enfants et joue beaucoup sur l’identification du spectateur aux personnages, ce qui n’était pas gagné au départ. Fin ouverte, car les problèmes n’ont aucune solution.

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Chacun sa nuit

Mercredi 27 septembre 2006

Réalisé par Pascal Arnold et Jean-Marc Barr

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 9 septembre 2006

Sorti en France le 20 septembre 2006

Titre passe-partout et qui ne signifie rien dans ce contexte. Jean-Marc Barr et son co-réalisateur Pascal Arnold sont peut-être les derniers à croire aux vertus du système inventé par Lars von Trier, Dogma 95 (si vous avez oublié ce que c’est, faites une recherche sur cette expression en utilisant l’onglet « Recherches », en haut de cette page). Mieux, ils l’ont amélioré ! En faisant l’économie d’un bon dialoguiste, l’un des deux se chargeant de cette fonction. On a rarement ouï au cinéma des dialogues aussi plats...

On ignore aussi ce qui, dans ce fait divers paraît-il authentique, a pu intéresser l’auteur, Pascal Arnold : un garçon de vingt ans, bisexuel et faisant un peu le tapin, se fait massacrer par ses trois copains, dont son amant, et sa sœur cherche à éclaicir le mystère de sa mort. Les personnages sont dénués de tout attrait autre que physique, tout le monde couche avec tout le monde, et plus le film avance, moins ces jeunes semblent mériter notre attention. Si bien que ce film relativement court, quatre-vingt-quinze minutes, paraît très long.

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Mea culpa

Mercredi 27 septembre 2006

Je m’étais engagé, si Avida tenait plus d’une semaine, à me baigner dans la Seine. Il a tenu deux semaines. En conséquence, et comme Chirac me donne l’exemple, je ne me baignerai pas dans la Seine. Je me contenterai de marcher sur l’eau.

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Les amitiés maléfiques

Jeudi 28 septembre 2006

Réalisé par Emmanuel Bourdieu

Sorti en France (Festival de Cannes) le 18 mai 2006

Sorti en France et en Belgique le 27 septembre 2006

André, étudiant en lettres, fait sans cesse la leçon à ses camarades, en leur balançant des aphorismes définitifs du genre « Les gens qui écrivent sont ceux qui n’ont pas le courage de ne pas écrire » – admirable maxime que je propose de réutiliser à l’infini ; par exemple, « Les réalisateurs de cinéma sont ceux qui n’ont pas le courage de ne pas faire de films ».

Toujours est-il que, sous ses bravades, André se trouve être en réalité un minable, et se voit refuser par son professeur la dernière version d’un mémoire qui devait lui valoir son diplôme. De dépit, il... gifle le professeur, et doit quitter discrètement l’université. Pour sauver la face, il raconte alors à ses copains que le même professeur lui a obtenu un stage à l’université de Berkeley, en Californie, et qu’il va écrire un mémoire sur James Ellroy, le célèbre écrivain. En fait, pour vivre, il s’engage dans l’armée, qui dès lors l’emploie pour enseigner la culture générale à un petit groupe de troufions. Mais tout finit par être découvert, André doit se reconnaître comme aussi raté que mythomane, et insulte une dernière fois ses anciens copains, qui ont perdu leurs illusions à son propos.

On se demande ce que les auteurs du film, Emmanuel Bourdieu et Marcia Romano, ont voulu prouver. Ce qui est certain, c’est que leur film souffre de cet amateurisme propre au cinéma français, qui croit au-dessus de sa dignité de se documenter un peu sur les milieux qu’il décrit. Ainsi, pour avoir fait le mur afin d’aller voir ses copains à Paris (en prétendant qu’il arrive des États-Unis), André, à son retour à la caserne, est incarcéré, puis mis de corvée de balayage. Or il est aspirant ! Où diable a-t-on vu, dans l’armée française, que les officiers vont en prison pour un motif aussi bénin, et font des corvées ? On le voit aussi saluer son colonel, alors qu’il a la tête nue, ce qui est une hérésie au regard du règlement militaire français. Les autres péripéties ne valent guère mieux.

Ne reste que la présence d’un acteur charismatique, Thibault Vinçon, dans le rôle principal. C’est son troisième rôle, mais le premier important. Les autres interprètes font quasiment de la figuration.

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Le diable s’habille en Prada

Vendredi 29 septembre 2006

Réalisé par David Frankel

Titre original : The Devil wears Prada

Sorti à Puerto Rico le 29 juin 2006

Sorti en France le 27 septembre 2006

Les films sur l’entreprise et la meilleure façon de marcher (sur la tête des autres) doivent être à la mode, puisque c’est le troisième qui sort en trois semaines. Disons tout de suite que ce dernier est le moins intéressant, car ultra-conventionnel. En fait, il n’est que le prétexte à montrer une grande vedette, qui a fait beaucoup mieux, notamment dans Angels in America, et surtout, de belles robes, de beaux sacs, de beaux souliers, de beaux hôtels, etc.

À propos, ne vous laissez pas leurrer par l’affiche, Meryl Streep n’a pas le rôle le plus important, on la voit relativement peu, sauf à la fin, pour sa grande scène. Le personnage qu’on voit constamment, joué par Anne Hathaway, c’est celui d’Andrea, une jeune femme qui a une vocation de journalisme mais se laisse engluer par un boulot plus prestigieux – croit-elle, avec quelques milliers d’autres –, celui d’assistante d’une impératrice de la mode, côté presse. Après avoir piétiné sa principale rivale et pris sa place, puis laissé tomber son petit ami, un garçon pourtant adorable, elle se ravise et retourne à ses premières amours. C’est donc très moralisateur, comme souvent dans les films hollywoodiens.

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Sites associés :    Yves-André Samère a son bloc-notes 122 films racontés

Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 septembre 2020.