JPM - Films - Notules - Juillet 2007

Notules - Juillet 2007

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (entre parenthèses, autre que des films) : Roman de gare – Le voyou – L’aventure c’est l’aventure – La bonne année – The bubbleHa-Buah – Bubble – Solos contra el mundo – Roméo et Juliette – Tu marcheras sur l’eau – BentBoulevard de la mort - un film GrindhouseDeath proofDelirious – Living in oblivion – Ça tourne à Manhattan – Le chat à neuf queues – Raisons d’ÉtatThe good shepherdAmerican tabloid2 days in Paris – Good bye Lenin ! – Hot fuzz – Shaun of the dead – Point break – Bad boys II – Half Nelson – Blackboard jungle – Le cercle des poètes disparus – Les rebelles du dieu NéonLa nuit des tournesolsLes Simpson - le filmThe Simpsons movieTransformers – La guerre des mondes

Personnes citées : Claude Lelouch – Henry de Montherlant – Dominique Pinon – Fanny Ardant – Serge Moati – Jean-Marie Le Pen – Gilbert Bécaud – Charles De Gaulle – Robert Hossein – Eytan Fox – Steven Soderbergh – Mick Jagger – Jude Law – Rupert Graves – Quentin Tarantino – Tom DiCillo – François Mitterrand – Micheline Presle – Jean-Pierre Mocky – Dario Argento – Orson Welles – Alfred Hitchcock – Federico Fellini – Luis Buñuel – Jean Renoir – François Truffaut – Anthony Mann – Arthur Penn – Billy Wilder – Blake Edwards – Dino Risi – Luchino Visconti – Elia Kazan – Ettore Scola – Jerry Lewis – Henri-Georges Clouzot – Howard Hawks – John Huston – Ingmar Bergman – Jacques Demy – John Boorman – John Ford – Joseph Losey – Julien Divivier – Laurence Olivier – Louis Malle – Luigi Comencini – Michael Cimino – Philippe de Broca – Pier Paolo Pasolini – Raoul Walsh – Robert Altman – Satyajit Ray – Stanley Kubrick – Judd Apatow – Asia Argento – Luc Besson – John Kennedy – Fidel Castro – James Ellroy – Robert de Niro – Lewin Webb – Matt Damon – Jim Morrison – Julie Delpy – Adam Goldberg – Daniel Brühl – Michael Moore – Edgar Wright – George Romero – Agatha Christie – Timothy Dalton – Ryan Fleck – Pascale Clark – Ryan Gosling – Ming-liang Tsai – Kang-sheng Lee – François Truffaut – Jorge Sánchez-Cabezudo – ADG – Arnold Schwarzenegger – Shia LaBeouf

Roman de gare

Lundi 2 juillet 2007

Réalisé par Claude Lelouch

Sorti en France (Festival de Cannes) le 24 mai 2007

Sorti en France le 27 juin 2007

Je ne souscris pas à la blague drôle mais injuste : « Ne ratez pas le dernier film de Claude Lelouch, l’auteur s’en est chargé lui-même ! ». C’est qu’en réalité, il y a trois Lelouch. Il y a d’abord celui qui pense – ou croit penser ; dans ce cas, il nous assomme. Un artiste n’est pas forcément un philosophe, souvenez-vous de Montherlant. Il y a ensuite le cinéaste « lyrique », celui qui fait virevolter sa caméra autour des acteurs, au son d’une musique élégiaque ; là, il est souvent ridicule et prétentieux. Et enfin, il y a le conteur, qui filme simplement des histoires souvent rigolotes, ce que Lelouch sait très bien faire, comme dans Le voyou, L’aventure c’est l’aventure, ou encore La bonne année.

Roman de gare appartient à cette catégorie d’histoires compliquées, filmées avec autant de jubilation que de simplicité technique. Certes, au début, on est un peu agacé de voir Dominique Pinon mastiquer sans arrêt dans le vide, mais ce jeu de scène un peu idiot est vite abandonné.

La première partie est la plus réussie. C’est là que l’auteur « multiplie les fausses pistes », ou « brouille les cartes », comme l’écrivent si bien les critiques de profession – je veux dire, ceux qui ont appris leur métier en collectionnant tous les clichés possibles et en vous les resservant comme des trouvailles fraîchement nées de leur cerveau fertile. Le tableau de la vie à la campagne, en particulier, vaut son pesant de boudin noir. Il agace ? Mais Lelouch agace toujours, quoi qu’il fasse, et ce n’est pas nouveau. Ensuite, cela se gâte un peu, et Fanny Ardant, comme d’habitude, est à côté de la plaque.

On ne prétendra pas que Roman de gare est un film d’un époustouflante modernité, il est même résolument tourné vers le passé, bien que situé à notre époque (voir l’émission de télé présentée par Serge Moati, ce « socialiste » qui trouve Le Pen si sympathique) : toute la musique est de Gilbert Bécaud, la photo du président de la République, dans le bureau du commissaire, représente De Gaulle, et le scénario semble avoir été écrit pour ces films un peu tordus que faisait Robert Hossein dans les années cinquante. Ces réserves faites, le film n’est pas désagréable du tout.

Au chapitre des bourdes : Lelouch croit qu’on dit « mon capitaine » au capitaine d’un yacht. Pourquoi pas « mon général » au secrétaire général de l’UMP ?

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The bubble

Jeudi 5 juillet 2007

Réalisé par Eytan Fox

Titre original : Ha-Buah

Sorti en Israël le 29 juin 2006

Sorti au Canada (Festival de Toronto), le 11 septembre 2006

Sorti en France le 4 juillet 2007

Toujours aussi avisés, les distributeurs ont collé à ce film un titre ayant déjà servi quatre fois, et qui rappelle Bubble, film de Steven Soderbergh tourné en 2005. Au Mexique, plus audacieux, on l’a intitulé Solos contra el mundo (« Seuls contre le monde »).

En fait, c’est Roméo et Juliette – détail qu’aucun critique de presse n’a relevé (un ahuri est allé jusqu’à y voir « une version de Friends »...) –, mais version homo, et situé à Tel-Aviv de nos jours : au cours d’une période militaire, l’Israélien Noam rencontre le Palestinien Ashraf. Revenu à la vie civile, il retrouve le garçon, tous deux conviennent qu’ils s’aiment, et Ashraf, qui n’a pas de papiers israéliens, est hébergé clandestinement et sous un faux nom dans l’appartement que Noam partage avec son ami Yelli, autre homo, et Lulu, une jolie fille sympathique. Mais, dans sa famille, Ashraf a caché son homosexualité – honnie officiellement dans tous les pays musulmans, quoique pratiquée avec abondance. Lorsque sa sœur se marie à Naplouse et qu’Ashraf est bien obligé de s’y rendre pour assister aux réjouissances, il se fait pincer, le maladroit, en train d’embrasser son ami ; le fiancé, avant la cérémonie, découvre ainsi le pot-aux-roses et fait un peu de chantage : qu’Ashraf épouse sa sœur à lui, et il ne dira rien.

Tout ce début est très bien conçu et raconté avec talent, dans un esprit de paix qu’on retrouve chez tous les cinéastes israéliens ; très critique aussi à l’égard de l’armée, et l’on attend toujours qu’un pays arabe produise un film où son armée est pareillement étrillée !

La fin gâte un peu cette bonne impression, car, croyant sans doute renforcer son propos, le réalisateur a chargé la barque, et il accumule les drames : le fiancé de la sœur, finement prénommé Jihad (!), s’avère être un chef du Hamas qui prépare un attentat, et on nous en informe pataudement : en pleine cérémonie de son mariage, il appelle sur son téléphone le terroriste désigné, pour confirmer à haute voix et en présence de tous les invités qu’il attendra « la nouvelle » en écoutant la radio. Puis l’attentat a lieu, et Yelli perd l’usage de ses jambes. Après cela, les Israéliens, au cours d’une opération de représailles, tuent la sœur d’Ashraf, qui décide de la venger en commettant un attentat suicide sur le lieu où Noam travaille. Et tous les deux meurent.

La lourdeur de ce dernier tiers du film fait qu’il n’aura pas le succès du précédent opus d’Eytan Fox, Tu marcheras sur l’eau. Ne jamais en faire trop.

Autre lourdeur, dont nous sommes cette fois redevables à nos amis les sous-titreurs : nous assistons à la représentation d’une pièce de théâtre, et il n’est pas difficile de reconnaître Bent, un succès mondial mettant en scène deux homosexuels à Auschwitz. On en a tiré en 1997 un film britannique avec, excusez du peu, Mick Jagger, Jude Law et Rupert Graves. Or les sous-titres rebaptisent la pièce « Les tordus », traduction littérale ignorant le sens figuré de bent, « homo ». Le responsable de la traduction ne risque-t-il pas d’être étouffé par un excès de culture générale ?

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Boulevard de la mort - un film Grindhouse

Vendredi 6 juillet 2007

Réalisé par Quentin Tarantino

Titre original : Death proof

Sorti en France (Festival de Cannes) le 22 mai 2007

Sorti en Hongrie et en Israël le 31 mai 2007

Sorti en France le 6 juin 2007

Grindhouse, c’est le nom qu’on donnait à ces films de bas étage dont les cinémas en plein air des États-Unis alimentaient leurs programmes du samedi soir, séances auxquelles assistait un public que l’amour du cinéma ne concernait que de très loin. Curieux que le titre français y fasse référence, puisque le titre original n’en souffle mot !

Je n’aime décidément pas les films de Tarantino, et j’aurais boycotté celui-ci, sans l’avis favorable d’un ami. Néanmoins, je maintiens mon opinion, Tarantino est un mauvais cinéaste. Certes, assez bon pour filmer des scènes d’action, mais qui n’a rien à dire, et, faute d’être capable d’inventer quelque chose de neuf, pallie ce manque en rendant hommage sur hommage aux navets de sa jeunesse (la dernière fois, c’était au western italien, qui n’en méritait pas tant).

Oui, mais... Cinéaste sans inspiration originale, mauvais scénariste, mauvais dialoguiste, incapable de produire autre chose que de la sous-culture, Tarantino « a la carte », le sait, et en abuse.

On n’en est que plus à l’aise pour écrire ici que son film est d’un ennui mortel, et ce mot, mortel, n’est pas à prendre au sens que lui donnent les djeunz ! Je vise tout particulièrement les interminables conversations entre les filles, qui occupent près de trois quarts d’heure sur la durée totale. En fait, le spectateur reste parce qu’il a entendu dire que la poursuite finale, le véritable but du film en réalité, est spectaculaire, et surtout, faite sans aucun trucage numérique. Bref, ce sont les cascadeurs qui sont à l’honneur – si l’on oublie que l’assassin sadique du film est aussi un cascadeur. Hommage un peu empoisonné, donc.

Et puis, comme dans les deux films précédents du même réalisateur, on assiste à une vengeance, et le message sous-jacent est bel et bien celui-ci : faites justice vous-même ! Morale un peu boueuse, non ?

Bref, laissez passer une heure et demie, et allez voir la dernière bobine. C’est bien suffisant.

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Delirious

Lundi 9 juillet 2007

Réalisé par Tom DiCillo

Sorti en Espagne (Festival de San Sebastián) le 26 septembre 2006

Sorti en France le 4 juillet 2007

On délire très peu, en fait. Il y a douze ans, Tom DiCillo nous avait fait rire avec son Living in oblivion (en français, Ça tourne à Manhattan), film sur un tournage catastrophique, où l’ego des acteurs en prenait pour son grade. Ce nouveau film est encore centré sur le monde du spectacle, mais vu du côté des paparazzi. Hélas pour tout le monde, le scénario n’a pas été assez travaillé, et ne possède à aucun moment une once de crédibilité. Un photographe ringard et plutôt fauché prend un sans-abri comme assistant, tandis que le sans-abri séduit une vedette de la chanson parce que leurs regards se sont croisés dans la rue et qu’ils se sont souri (sic). Naguère, rue de Rennes, Mitterrand a croisé mon regard et m’a souri, or il ne m’a jamais séduit. Pareil avec Micheline Presle, un dimanche après-midi à l’Opéra-Comique, mais comme elle vit toujours, elle va sûrement m’appeler.

Non seulement les péripéties sont très improbables, mais on ne rit jamais. C’est parfois franchement ennuyeux, comme cette visite du photographe à ses parents conformistes, qui flanquent à la poubelle la photo prise clandestinement qu’il leur apportait avec fierté.

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Snobs

Lundi 9 juillet 2007

Non, ce n’est pas une notule sur le film de Jean-Pierre Mocky portant ce titre, mais une réflexion que m’inspire la sortie du dernier navet de Tarantino.

Lors d’un long séjour à Casablanca, certaines semaines cinématographiques étaient si creuses qu’il pouvait m’arriver d’aller voir, par exemple, un film de Dario Argento, comme Le chat à neuf queues. Il s’agissait de films d’horreur fabriqués avec dix mille lires, et sans aucun souci de qualité quant au scénario ou à la réalisation. En général, les salles qui passaient ce type de production étaient aux neuf dixièmes vides, seuls les rangs du fond étaient occupés par des couples qui venaient pour tout autre chose. Nul n’aurait eu l’idée de prendre ces films au sérieux.

L’ère du magnétoscope, et plus tard, du DVD, changea les données de la question. En effet, auparavant, si vous vouliez revoir un film, bon ou mauvais, il fallait PAYER. Avec l’enregistrement fait à la maison, on avait désormais le cinéma gratuit, ou presque : rien ne vous empêchait, rien ne vous empêche encore, d’enregistrer un film passé à la télé ; ou même, de louer un film dans un vidéo-club, et de le copier – je me fiche bien que ce soit illégal, ce n’est pas un conseil que je suis en train de vous donner, la chose est possible, voilà tout –, et après cela, vous pouvez vous le repasser aussi souvent que vous le désirez, donc le décortiquer à loisir. À cet égard, le DVD est à la fois moins cher et plus pratique : moins cher, parce qu’un DVD vierge acheté en Allemagne coûte un tiers d’euro, donc beaucoup moins qu’une cassette vierge, et plus pratique, parce que, s’il faut bien deux heures pour copier une cassette de deux heures, il faut quatre fois moins de temps pour cloner sur DVD un film de la même durée. De la sorte, le film enregistré devient une denrée courante et bon marché, alors que, parallèlement, le film vu en salle tend à devenir une marchandise de luxe.

Ainsi furent tirés d’un juste oubli, par des admirateurs incultes, une armée de cinéastes de quatrième ordre, dont le fameux Dario Argento, et quelques autres. Si bien que, le mauvais goût, l’absence de goût, la sous-culture et bien entendu le snobisme aidant, ces réalisateurs qui eux-mêmes n’auraient jamais eu l’idée de se prendre pour des artistes, sont devenus « cultes ». Quant à leurs admirateurs, qui n’étaient qu’une poignée, ils triomphent – le triomphe de la médiocrité –, et parviennent à berner jusqu’aux responsables de festivals et aux critiques professionnels, qui ont tous peur de rater le dernier métro et de s’aliéner ce nouveau public.

Il y a trente ou quarante ans, les cinéastes en vue et qui faisaient courir les foules s’appelaient Orson Welles, Alfred Hitchcock, Federico Fellini, Luis Buñuel, Jean Renoir, François Truffaut, Anthony Mann, Arthur Penn, Billy Wilder, Blake Edwards, Dino Risi, Luchino Visconti, Elia Kazan, Ettore Scola, Jerry Lewis, Henri-Georges Clouzot, Howard Hawks, John Huston, Ingmar Bergman, Jacques Demy, John Boorman, Joseph Losey, John Ford, Julien Divivier, Laurence Olivier, Louis Malle, Luigi Comencini, Michael Cimino, Philippe de Broca, Pier Paolo Pasolini, Raoul Walsh, Robert Altman, Satyajit Ray, Stanley Kubrick. À présent, nous avons Judd Apatow, Asia Argento, Luc Besson... et Tarantino ! Des gens qui, non seulement sont mauvais, mais nous obligent aussi – ce que je viens de faire sans le moindre remords – à tenir un discours de passéiste. Merci à eux.

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Raisons d’État

Mercredi 11 juillet 2007

Réalisé par Robert De Niro

Titre original : The good shepherd

Sorti aux États-Unis le 11 décembre 2006

Sorti en France le 4 juillet 2007

Un film de Lewin Webb portant le même titre original mais non sorti en France a été tourné en 2004.

Pourquoi l’expédition autorisée par Kennedy et destinée à renverser Fidel Castro a-t-elle échoué lamentablement dans la Baie des Cochons, le 15 avril 1961 ? Dans son roman American tabloid, James Ellroy avait donné sa version ; le film de Robert de Niro en donne une autre, tout aussi romancée : parce que le fils du numéro 2 de la CIA, ayant surpris son père et ses collègues discutant de ce projet, en avait à son tour parlé à sa petite amie, une Congolaise (on ne disait pas encore « Zaïroise »). La fille, une espionne au service des Soviétiques et responsable de la fuite, ayant été jugée peu digne de confiance par ses employeurs, ceux-ci l’avaient ensuite assassinée, parce qu’ils espéraient un renvoi d’ascenseur de la part de leurs adversaires états-uniens.

Délirant ? Pas vraiment. À coups de retours en arrière qui retracent la carrière du père, un personnage qui a vraiment existé, mais dont on a changé le nom, et joué très sobrement par Matt Damon, on vérifie une fois de plus que les exactions sanglantes sont le pain quotidien de la trop célèbre Centrale d’espionnage – pardon : de contre-espionnage – et de ses homologues des autres nations.

Assez long, le film passionne, car il a été conçu avec beaucoup de soin et nourri de détails dont on sait, malheureusement, qu’ils ne sont pas exagérés. Tel celui-ci : un agent secret britannique, donc un allié de la CIA, homosexuel et âgé, refuse de prendre sa retraite ; or sa hiérarchie estime que ses goûts le rendent peu fiable, parce que prêtant au chantage. Alors ses propres chefs le font assassiner, et d’une façon sordide. Mais quand c’est pour le plus grand bien de l’État et du monde libre, n’est-ce pas... D’ailleurs, le film s’intitule en anglais The good shepherd, ce qui ne veut certes pas dire ici « le Bon Pasteur » au sens religieux, mais le bon gardien (des valeurs de l’État).

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2 days in Paris

Jeudi 12 juillet 2007

Réalisé par Julie Delpy

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 10 février 2007

Sorti en France le 10 juillet 2007

Ce serait plutôt « Deux emmerdeurs à Paris ». Jack est newyorkais, Marion est française et vit avec lui dans la Grosse Pomme. Au cours de leurs vacances en Europe, ils s’arrêtent à Paris, où Marion a ses parents et possède un studio qu’elle n’occupe que deux mois par an. Et tout ce petit monde est gratiné !

Jack, en bon Yankee, est hypocondriaque, il craint les microbes, les moisissures, les allergies, déteste les autres touristes, et refuse de prendre les transports en commun parisiens, parce que les terroristes islamistes, on le sait, mettent chaque jour la ville à feu et à sang. Marion possède un art consommé pour se disputer avec tout le monde, et notamment les chauffeurs de taxis, tous très étranges, ou faire des scènes en plein restaurant à ses anciens petits amis. Quant aux parents, le père est un obsédé sexuel, et la mère, complètement zinzin, nourrit le chat au foie gras entre deux lectures de « Charlie-Hebdo », prétend avoir fait partie des « 343 salopes », et avoir eu une aventure avec Jim Morrison. On se dispute sans arrêt, en langage de charretier, et c’est plutôt réjouissant, même si ça ne va pas plus loin.

Julie Delpy est douée : elle a écrit le scénario, fait la mise en scène, elle joue le personnage principal, elle a pris les photos qui illustrent le film puisque son personnage est photographe, elle a composé la musique, fait le montage, et elle chante. Adam Goldberg n’est pas mal non plus. Il y a même un « ange » (jeu de mots difficile à traduire sur fairy), psychologue et un peu incendiaire, interprété par Daniel Brühl, le charmant jeune homme de Goodbye Lenin !

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Michael Moore contre l’homophobie

Mardi 17 juillet 2007

Michael Moore, qu’on aime bien, et dont le film Sicko sur le système de santé des États-Unis sortira en septembre, a donné une interview datée d’aujourd’hui au célèbre magazine homo « The Advocate », pour annoncer que son film suivant pourrait traiter de l’homophobie et de la droite antigay de son pays – ce qui fait du monde...

Il déclare que l’homophobie demeure « l’une des dernières plaies ouvertes de notre âme », et rappelle que les Évangiles ne soufflent mot de ce sujet, ce que chacun peut vérifier en effet, puisque sa condamnation n’existe QUE dans l’Ancien Testament.

En revanche, il s’exprime curieusement : « Il n’y a pas un seul passage dans les quatre Évangiles où Jésus utilise le mot homosexuel », dit-il. Jésus, à supposer qu’il ait existé, aurait eu du mal, ce mot n’a été forgé qu’au dix-neuvième siècle !

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Hot fuzz

Mercredi 18 juillet 2007

Réalisé par Edgar Wright

Sorti en Irlande et au Royaume-Uni le 14 février 2007

Sorti en France le 18 juillet 2007

Edgar Wright commet la même erreur que dans Shaun of the dead, et c’est dommage.

Dans ce film précédent, il entendait parodier les films de George Romero sur les morts-vivants, et c’était drôle jusqu’à la séquence qui précédait l’épilogue. Là, il n’avait pu éviter de reproduire ce qu’il voulait railler, et faisait du vrai gore, avec notamment le héros forcé d’abattre sa mère devenue un zombie.

Le présent film veut railler les films d’action, nommément désignés par deux productions marquantes du genre, Point break et Bad boys II. Nous suivons donc un sergent de police londonien, tellement efficace qu’il ridiculise ses collègues, et se trouve muté, promotion à la clé, à la campagne, qu’il déteste. Et, comme dans les romans d’Agatha Christie où il suffit que le détective se pointe quelque part pour que les crimes fleurissent, le paisible village de Sandford voit s’accumuler les morts violentes – je ne vous dirai pas pour quelle raison.

C’est hilarant sur les trois quarts de la durée, avec un dialogue efficace et un montage excellent. Malheureusement, l’interminable fusillade de la fin, quoique bourrée d’intentions parodiques, replonge le spectateur dans ce qu’il espérait éviter.

À noter, la présence de Timothy Dalton, ancien James Bond intérimaire, et pas le pire.

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Half Nelson

Vendredi 20 juillet 2007

Réalisé par Ryan Fleck

Sorti en Irlande et au Royaume-Uni le 14 février 2007

Sorti en France le 18 juillet 2007

Dan Dunne est professeur d’histoire dans un lycée pas très chic, il est aussi entraîneur de basket, et il se drogue au crack. Avec tout cela, vous avez compris qu’on va subir une fois de plus l’invraisemblable histoire du prof marginal, adoré de ses élèves, et qui va avoir des ennuis pour cause de non conformisme, quelque chose entre Blackboard jungle et Le cercle des poètes disparus – deux mauvais films ridiculement cotés.

En prime, on nous offre une relation très improbable, comme disent les journalistes branchés, entre le professeur et une élève de treize ans, évidemment noire, qu’il ne cesse de raccompagner chez elle, sans que rien de sexuel, toutefois, se développe entre eux.

Le personnage ne sait pas où il va, le réalisateur non plus, et, de toute façon, l’un et l’autre ne vont nulle part. C’est filmé par une caméra portée qui tremble sans cesse, et aucune péripétie ne s’installe, qui donnerait une once d’intérêt à tout cela. Les bonnes intentions ne suffisent pas.

Ne reste que Ryan Gosling, bon acteur, avec un regard. C’est peu. Naturellement, la presse s’est enthousiasmée.

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Les rebelles du dieu Néon

Mercredi 25 juillet 2007
Les rebelles du dieu Néon

Réalisé par Ming-liang Tsai

Titre original : Qing shao nian nuo zha

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) en février 1993

Sorti en France le 25 mars 1998

Vu avec... quinze ans de retard, c’est une reprise du premier long métrage de Ming-liang Tsai (il avait débuté avec un moyen métrage l’année précédente). Ce cinéaste né en Malaisie est sans conteste le plus intéressant du monde asiatique, et son œuvre, remarquablement cohérente, qui décrit le monde urbain et contemporain, à Taipeh le plus souvent, n’a aucun rapport avec ces films pour festival peuplés de duellistes qui volent, que la Chine continentale nous inflige depuis presque dix ans, et que la critique enthousiaste juge chaque fois « d’une beauté à couper le souffle » (sic).

Kang-sheng Lee, qui joue dans tous ses films, joue... Kang-sheng Lee, étudiant taciturne et glandeur, qui abandonne ses études et se fait rembourser ses frais de scolarité sans en souffler mot à ses parents. L’argent une fois empoché, il n’en fait rien. Par exemple, il se rend dans une boîte de rencontres par téléphone, loue une cabine où il est censé parler à des filles et prendre éventuellement rendez-vous, mais il ne décroche pas quand un appel arrive. Ou encore, pour se venger, il sabote avec minutie le scooter d’un autre garçon, car l’autre a cassé par énervement le rétroviseur du taxi de son père.

Comme toujours chez Tsai, les personnages, souvent filmés en plans-séquences, sont à la limite de la marginalité, vivent de petits boulots qui ne les intéressent pas, chapardent, vont au café, draguent, et sont malheureux. Comme toujours, il y a des appartements inondés, des adultes qui ne comprennent rien, des cafés, des jeux vidéo, du bruit, de la crasse et de la mauvaise musique. La vraie vie, vous dis-je !

Ming-liang Tsai se réclame volontiers de François Truffaut. Alors, c’est un Truffaut sans la gaudriole. Mille excuses pour le blasphème, c’est plutôt mieux que Truffaut.

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La nuit des tournesols

Jeudi 26 juillet 2007

Réalisé par Jorge Sánchez-Cabezudo

Titre original : La noche de los girasoles

Sorti en Espagne le 25 août 2006

Sorti en France le 25 juillet 2007

La plupart des films hispanophones qui nous parviennent sont bons. Il est vrai que, sans doute, on nous envoie seulement les meilleurs.

Une femme est agressée dans un bois. Blessée, elle échappe à son agresseur, mais, dans son trouble, pouvant à peine parler, elle désigne à son mari un innocent. Le mari tue le malheureux. Or un policier du village voisin a tout compris et fait chanter le meurtrier : il exige de l’argent, et le meurtre sera dissimulé.

Hélas pour eux, le chef de la police, qui est aussi le beau-père du policier, a tout compris ; il assiste à la remise de la rançon et brûle l’argent. Il ne dira rien, pour ménager sa fille enceinte, mais démissionne. Il ne reste plus aux autres protagonistes qu’à rentrer chez eux pour y ruminer leur honte.

Dans la scène finale, un réparateur a remis en état les réverbères de la place du village, qui étaient en panne. Clin d’œil : les lieux s’illuminent, mais la lumière ne sera pas faite.

Cette histoire cruelle, étoffée par d’autres épisodes annexes, et, convenons-en, par quelques retours en arrière superflus, semble issue d’un roman du défunt ADG. Elle est racontée sans esbrouffe, donc avec d’autant plus d’efficacité.

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Les Simpson - le film

Lundi 30 juillet 2007

Réalisé par David Silverman

Titre original : The Simpsons movie

Sorti aux États-Unis le 21 juillet 2007

Sorti en France le 25 juillet 2007

– Le Pouvoir vous a rendu fou ?

– Peut-être. Mais si vous êtes fou sans le Pouvoir, personne ne vous écoute !

On a compris, le film fait dans l’impertinence. Écoutez plutôt le président Schwarzenegger déclarer qu’il n’a pas été élu pour lire, mais pour décider !

L’adaptation au cinéma passe très bien, le rythme est effréné, et les blagues s’enchaînent sans jamais rater leur cible.

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Transformers

Mardi 31 juillet 2007

Réalisé par Michael Bay

Sorti en Australie le 12 juin 2007

Sorti en France le 25 juillet 2007

Trop long, affecté par une bande sonore fracassante et une musique lourdingue de siruposité, c’est La guerre des mondes sans l’angoisse (supposée). Les robots envahisseurs sont d’une laideur stupéfiante, et le scénario, traditionnellement débile : un jeune crétin sauve le monde.

La seule originalité est l’identité de l’acteur qui joue ledit jeune crétin : Shia LaBeouf ! Cela ressemble à un gag, mais involontaire.

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Sites associés :    Yves-André Samère a son bloc-notes 122 films racontés

Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 septembre 2020.