JPM - Films vus - Notules -  Octobre 2009

Notules - Octobre 2009

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Ultimatum – Nos meilleures années – The informant! – Ocean’s eleven – Démineurs – The hurt locker – Point Break – Wild Palms – Terreur sur le « Britannic » – Juggernaut – The small back room – L’affaire FarewellLes joies de la famillePatrik 1,5Je suis heureux que ma mère soit vivante – La meilleure façon de marcher – Fantasia chez les ploucs – La vida locaMary et MaxLucky Luke – Roméo et Juliette – Sin nombreMademoiselle Chambon – Welcome – CasanegraKatalin VargaBaltagulLe hachereauLa nanaLe petit Nicolas

Personnes citées : Saddam Hussein – Gaspard Ulliel – Jasmine Trinca – Marco Tullio Giordana – Steven Soderbergh – Matt Damon – Frank Sinatra – Kathryn Bigelow – Richard Lester – Emeric Pressburger – Michael Powell – Christian Carion – John Le Carré – Claude Miller – Nathan Miller – Christian Poveda – Alfred Hitchcock – Marius Millet – Adam Elliott – James Huth – Franco Zeffirelli – René Goscinny – Jesse James – William Shakespeare – Michael Youn – Cary Jôji Fukunaga – Vincent Lindon – Sandrine Kiberlain – Nour Eddine Lakhmari – Sam Mendes – Alan Ball – Peter Strickland – Mihail Sadoveanu – René Goscinny – Jean-Jacques Sempé

Ultimatum

Vendredi 2 octobre

Réalisé par Alain Tasma

Sorti en France le 30 septembre 2009

Nous sommes à Jérusalem le 31 décembre 1999, et la première guerre du Golfe, qui a pris pris l’invasion du Koweit pour prétexte, a donné à Saddam Hussein l’occasion d’annoncer qu’il va bombarder Israël à coups de missiles. On va donc suivre les tribulations et surtout les états d’âme d’un jeune couple, le Français Nathanaël (c’est Gaspard Ulliel, très bien en irresponsable caractériel), qui tente d’être peintre mais gagne sa vie comme agent de sécurité à l’entrée d’un bâtiment public, et sa compagne Luisa, une Franco-Italienne (c’est Jasmine Trinca, qui jouait la jeune folle dans ce prodigieux téléfilm de six heures, Nos meilleures années, la seule œuvre réussie de Marco Tullio Giordana). Cela, pendant qu’en France, les parents de Luisa suivent avec angoisse la situation, puisque Luisa, qui fait des études sur place, refuse de rentrer.

Le plus intéressant du film est la description des préparatifs des Israéliens face aux bombardements annoncés : comment on doit aménager dans chaque logement une pièce hermétique, comment il faut accumuler les provisions, etc. Et les prix qui montent, bien entendu... Le moins intéressant, selon moi, est l’analyse de la dégradation des rapports entre Luisa et Nathanaël, car leur cas est dérisoire face au reste. Leur rupture finale ne nous émeut en rien.

Et puis, le suspense est faible : on sait comment la guerre s’est terminée, et qu’il n’en est pas résulté de grands dommages pour Israël. C’est pourquoi ce film, bien réalisé, n’est pas vraiment prenant.

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

Quand Delon parle de cinéma

Dimanche 4 octobre 2009

Lorsque Alain Delon parle de lui-même, tout le monde s’accorde à reconnaître que son inconscience et sa vanité dépassent les bornes généralement admises, lui faisant atteindre le ridicule à chaque intervention. Mais, sur d’autres sujets, Delon n’est ni stupide ni inculte. On a pu constater, sur le DVD du film de Luchino Visconti Le guépard, qu’il tenait des propos de bon sens (quand sa partenaire Claudia Cardinale n’émattait que des platitudes et des inexactitudes), et, mieux encore, qu’il y faisait montre d’une inhabituelle modestie.

À partir de demain, sur une chaîne de télévision confidentielle réservée aux abonnés d’un certain opérateur de téléphone, on pourra voir six épisodes documentaires de 52 minutes intitulés Dans mon cinéma, où Delon commentera des extraits de films – et pas seulement les siens. Or sa vision de la mise en scène de cinéma est loin d’être sotte. Delon y analyse avec bon sens et lucidité la profession de réalisateur de cinéma, et y voit une triple fonction (en fait, c’est encore plus compliqué, mais ce point de vue déblaye assez bien le terrain).

Il y a d’abord la mise en scène, analogue à la fonction qui porte ce nom au théâtre, et qui consiste à mettre en place acteurs et décors : Untel entre sur le plateau par telle porte, il se déplace de telle et telle façon, parle à tel et tel personnage, dit telle et telle réplique.

Ensuite, il y a la direction d’acteurs : lorsque tel personnage dit telle réplique, il doit le faire sur un certain ton, à un rythme déterminé, et afficher sur son visage (ou pas) un certain nombre d’expressions, indépendamment de ses mouvements dans le décor.

Enfin, il y a le travail de la caméra, derrière et autour de la caméra : le cadre qu’elle doit montrer, ses mouvements, la façon dont la scène doit être éclairée, la durée de la prise de vue, et une infinité d’autres détails, dont le son – bref, tout ce qui constitue la réalisation technique.

En résumé, un travail en trois volets, mise en scène, direction d’acteurs et réalisation. Pour ne rien dire de l’écriture, de la préproduction, de la postproduction et de tout le reste !

Profitons de l’occasion pour réaffirmer ici combien il est ridicule, chez les acteurs ou les animateurs de télévision, de se croire capable de maîtriser tout cela, simplement parce qu’on bénéficie d’un nom connu. Nous en voyons d’ailleurs le résultat : neuf films sur dix, et surtout en France, ont une carrière ultra-courte et ne sont ni repris ni vus à la télévision, quand bien même elle les aurait financés !

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The informant!

Lundi 5 octobre 2009

Réalisé par Steven Soderbergh

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 7 septembre 2009

Sorti en France le 30 septembre 2009

Mark Whitacre – joué par un Matt Damon grossi et qui donc aura un Oscar pour cela – est biochimiste, et aussi cadre d’ADM, une grosse firme agroalimentaire, spécialisée dans le maïs et les produits qu’elle en extrait, dont la lysine. Mais la production s’effondre, ses patrons lui réclament une explication, et il leur raconte qu’un Japonais, employé par une firme concurrente, lui a révélé qu’un espion envoyé par ses propres employeurs s’est introduit chez ADM pour y empoisonner les cultures par un virus, et a promis le remède et le nom de la taupe contre dix millions de dollars.

Bientôt, poussé par ses patrons, Whitacre est en cheville avec le FBI pour jouer les espions à son tour, mais il ne s’arrête pas là, et... dénonce ses propres patrons pour entente illicite avec leurs concurrents, destinée à maintenir les prix !

S’ensuit une cascade de péripéties, pas vraiment claires, qui conduiront Whitacre devant un tribunal : il a tout inventé, et, en supplément, a commis quarante-cinq délits informatiques lui permettant de détourner 9,5 millions de dollars. Il écopera de neuf ans de prison, et ses patrons de trois ans, car l’entente illicite existait bel et bien.

Dû à Steven Soderbergh, ce film est de la veine de ses films « de potes », tel Ocean’s eleven et ses suites. Rien de très sérieux, ce que souligne d’ailleurs la musique, guillerette et jazzy, du genre de celles qui accompagnaient les chansons de Frank Sinatra. On ne s’ennuie pas forcément, mais ce n’est pas non plus très important.

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Démineurs

Mardi 6 octobre 2009

Réalisé par Kathryn Bigelow

Titre original : The hurt locker

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 4 septembre 2009

Sorti en France le 23 septembre 2009

Le titre original signifie bien démineur, mais au singulier...

Kathryn Bigelow est surtout connue pour avoir dirigé Point Break, en 1991, un assez bon film sur le surf, ainsi qu’un épisode d’un mini-feuilleton en six parties, Wild Palms, qu’Arte a diffusé il y a une quinzaine d’années – quand cette chaîne débutante était encore une bonne chaîne.

Le présent film, qui compte un certain aspect de la guerre actuelle en Irak, souffre de deux défauts majeurs, qui diminuent de beaucoup son intérêt. D’une part, il est beaucoup trop long, plus de deux heures ; or l’action stagne énormément. D’autre part, il se borne à montrer les incidents de la vie des démineurs, et surtout du chef de l’équipe que nous suivons, un type qui « aime ça » et qui est légèrement parano. En revanche, rien de ce qui constitue leur travail sur le plan technique ne nous est révélé. Si bien qu’on se prend à regretter deux films anciens. D’abord, Terreur sur le « Britannic », alias Juggernaut, film de Richard Lester sorti en 1974 et que la télévision repasse fréquemment ; ensuite, The small back room, également britannique, d’Emeric Pressburger et de l’excellent Michael Powell, en 1949.

Et puis, le filmage en caméra portée qui tremble sans arrêt est assez pénible à voir.

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L’affaire Farewell

Mercredi 7 octobre 2009

Réalisé par Christian Carion

Sorti aux États-Unis (Festival de Telluride) le 4 septembre 2009

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 16 septembre 2009

Sorti en France le 23 septembre 2009

D’après des faits authentiques, une histoire d’espionnage dans la lignée de celles qu’écrit John Le Carré, donnant lieu à un film tout à fait convenable... que la critique a littéralement assassiné, parce que le film est de Christian Carion, qui n’a pas fait d’étincelles jusqu’ici, et qui surtout n’a pas la carte.

Pierre Froment, cadre-ingénieur chez Thomson, travaille à Moscou (il parle couramment le russe), et y vit avec sa femme et ses deux enfants. Mais voilà qu’il est contacté secrètement par Sergei Gregoriev, un ponte du KGB qui voit son pays se déliter et veut précipiter l’effondrement du communisme pour changer le régime. Mais passer à l’Ouest, non, il s’y refuse. Il fournit donc au Français des tas d’informations acquises par les services secrets soviétiques, en vue de les faire passer aux Occidentaux. D’abord stupéfait, plutôt réticent, Froment accepte de servir d’intermédiaire. Si bien que, ces informations ayant transité par la France avant d’être fournies aux États-Unis, Mitterrand a pu convaincre Reagan – qui se méfiait fortement de lui pour avoir pris des ministres communistes – que notre pays n’entendait pas « trahir » ses alliés de l’OTAN. Mais, après bien des péripéties, Gregoriev est arrêté et sera exécuté, tandis que Froment et sa famille réussissent à s’enfuir en passant par la Finlande.

Le coup de théâtre final consiste en ce qu’un autre agent du KGB renseignait déjà les Occidentaux, et que c’est la CIA qui a dénoncé Gregoriev pour se débarrasser d’un agent aux méthodes peu conformes – il ne se faisait même pas payer, cet ahuri !

Le film, presque entièrement tourné à Moscou, riche et très prenant, constamment d’une clarté exemplaire, n’ennuie pas une seconde, ce qui est rare dans le cinéma français.

Néanmoins, on ne résiste pas au plaisir coupable de relever une bourde dans le scénario : au début du film, Gregoriev identifie très bien le groupe de rock que son fils Igor écoute en cachette, et, sarcastique, lui lance « Bientôt, bye bye, Queen ! », en prononçant parfaitement ce nom. Mais, un peu plus tard, lorsqu’il réclame à Froment des cassettes de Queen pour son fils – qui a donc très bon goût –, il prononce « kine » !... Sa mémoire a flanché ?

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Les joies de la famille

Vendredi 9 octobre 2009

Réalisé par Ella Lemhagen

Titre original : Patrik 1,5

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 6 septembre 2008

Sorti en Suède le 12 septembre 2008

Sorti en France le 7 octobre 2009

Rarement on voit un film basé sur un postulat aussi improbable : un couple d’homosexuels mâles veut adopter un enfant ; les services sociaux leur proposent un certain « Patrik 1,5 », les deux tourtereaux en concluent qu’il s’agit d’un bébé d’un an et demi, ils acceptent la proposition sans voir le bestiau, et ils héritent d’un garçon de 15 ans : il y avait une erreur de virgule ! Pour tout arranger, c’est un jeune voyou homophobe.

Évidemment, dès le départ, on sait que tout va s’arranger et que le jeune voyou va devenir gentil et refuser tout autre famille.

Adapté d’une pièce de théâtre, le film dévide un scénario linéaire sans surprise, dont le seul enjeu est d’effacer méthodiquement, l’un après l’autre, les obstacles qui nous séparent du dénouement heureux, sans qu’aucun coup de théâtre vienne bouleverser la donne. On pense à ces téléfilms bien-pensants que France 3 diffuse les samedis soirs.

C’est suédois, mais pas plus audacieux pour autant. On passe un moment agréable, à guetter les rebondissements prévisibles, mais on oublie le tout très vite.

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Je suis heureux que ma mère soit vivante

Lundi 12 octobre 2009

Réalisé par Claude Miller et Nathan Miller

Sorti au Canada (Festival de Montréal) en août 2008

Sorti en France le 30 septembre 2009

Claude Miller bénéficie d’une réputation flatteuse auprès de la critique, alors que c’est surtout La meilleure façon de marcher, son deuxième long-métrage, qui méritait notre intérêt (on a un peu oublié que son premier, Fantasia chez les ploucs, était un navet). Ses derniers films, depuis 2001, sont des désastres.

Ici, avec la collaboration de son fils, il filme l’adaptation d’un fait divers, et c’est très bien sur les neuf-dixièmes du récit. C’est très bien, surtout parce qu’aucune des questions que devrait se poser le personnage principal, un garçon que sa mère a fait adopter par d’autres lorsqu’il avait cinq ans, n’est énoncée. On a donc la peinture d’une souffrance qui reste muette, sujet peu traité au cinéma.

Hélas, la dernière partie fiche tout par terre : le jeune homme larde de coups de couteau sa vraie mère, qu’il a retrouvée, chez laquelle il s’était réinstallé sans qu’on sache trop pourquoi. Elle en réchappe, il est jugé, condamné à cinq ans de prison dont deux avec sursis, et elle lui pardonne. Cette fin dramatique m’a paru superflue, voire très encombrante.

Et puis, le dialogue n’est pas toujours heureux. Ainsi, lorsque le triste héros dit à son jeune demi-frère Frédéric, qui doit avoir sept ans : « On peut lui dire n’importe quoi, à ta mère ! », l’enfant corrige : « NOTRE mère ! ». Mille regrets, aucun gosse de cet âge ne sortirait cette réplique.

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La vida loca

Mardi 13 octobre 2009

Réalisé par Christian Poveda

Sorti en Espagne (Festival de San Sebastián) le 20 septembre 2008

Sorti en France le 30 septembre 2009

On parlerait sans doute moins de ce documentaire si son auteur ne s’était pas fait assassiner le 2 septembre dernier. En tout cas, sorti trois semaines avant Sin nombre, il aborde l’un des deux sujets qui font la trame de ce film de fiction – qui m’a semblé bien plus intéressant –, celui des bandes organisées.

Au Salvador s’affrontent deux gangs, la Salvatrucha et la Mara 18. Rites, tatouages, prières collectives lors des funérailles, défense du territoire, haine de la police, combats à mort et langage guerrier. Le film est réalisé de l’intérieur de la Mara, et montre surtout les dégâts qui y sont causés : on ne compte plus les morts. L’épisode le plus intéressant est celui de ce garçon de seize ans, pas encore enrôlé (il n’a aucun tatouage), mais que le juge est obligé d’incarcérer, car sa mère ne peut plus assumer la responsabilité de ses actes. Il finira enrôlé par un groupe évangéliste !

La vérité oblige à dire que le documentaire se disperse beaucoup, que l’on voit mal l’intérêt de certaines séquences, et que la fiction de Sin nombre est bien supérieure. Mais l’absence de commentaire et le refus de faire du spectacle en font un film honnête, donc à voir.

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Hitchcock statufié

Jeudi 15 octobre 2009

Il y a juste une semaine, le 8 octobre, une statue d’Alfred Hitchcock a été inaugurée à Dinard, par le maire Marius Mallet. Elle remplaçait la précédente statue, qui avait été très dégradée (par les oiseaux ?), mais qui était moins grotesque. Ci-dessous, une photo de l’attentat :

 

Hitchcock à Dinard

Mary et Max

Jeudi 15 octobre 2009

Réalisé par Adam Elliott

Titre original : Mary and Max

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 15 janvier 2009

Sorti en France le 30 septembre 2009

Les auteurs de films en pâte à modeler sont toujours dotés de fortes personnalités. Adam Elliott, plus encore que les autres, car il livre ici un film très noir et pas du tout destiné aux enfants.

Mary est une petite fille de 9 ans (elle grandira dans la suite du film) qui vit en Australie, avec des parents tarés (mère alcoolique et voleuse, en particulier), pas du tout jolie, et très seule. Le garçon qu’elle épousera bien plus tard va d’ailleurs se révéler gay et la quittera pour un autre homme. Mais elle a trouvé dans l’annuaire un nom pris au hasard et se décide à lui écrire pour lui proposer son amitié. Or elle est tombée sur Max, 44 ans, très seul lui aussi, car il souffre du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme. Ils ne se verront jamais, du moins pour lui, car, lorsque Mary, devenue adulte, débarque enfin à New York, elle le trouve mort !

Leurs aventures respectives, leurs manies, leurs obsessions et les lettres qu’ils échangent constituent la trame de ce film, formidablement réalisé, cruellement satirique, et qui va loin dans la description des tréfonds de l’âme humaine.

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Lucky Luke

Vu le jeudi 8 octobre 2009, sorti le 21 octobre 2009

Réalisé par James Huth

Sorti en France et en Belgique le 21 octobre 2009

Comme toujours avec James Huth, une grande invention visuelle repose sur un scénario déficient, qui ne sert que de prétexte à fabriquer des images bariolées, surchargées, au sein de séquences où l’agitation tient lieu d’action. Autrefois, un critique avait reproché au Roméo et Juliette de Franco Zeffirelli d’avoir remplacé l’action dramatique par l’agitation stérile (c’était d’ailleurs faux) ; que dirait-il aujourd’hui ?

Bref, les inepties succèdent aux multiples trahisons des auteurs (Goscinny, notamment, détestait la grivoiserie) : Lucky Luke en réalité s’appelle John, ses parents ont été tués par le frère de son père, Cooper, qui veut devenir président des États-Unis ; Jesse James case sans cesse des citations de Shakespeare ; Lucky Luke n’a jamais connu de femme, mais il tente de coucher avec son cheval, et ainsi de suite. Au bout d’une heure et demie, j’avais l’impression d’être dans la salle depuis cinq heures. Pour tout arranger, Michael Youn est de la distribution, et sa seule présence est une calamité, pire que celle de Calamity Jane. Je suis parti avant la fin, ce qui ne m’arrive jamais.

Si je n’attribue pas à ce film la mention « À fuir », c’est parce qu’il n’est pas déshonorant pour l’espèce humaine, mais il me faudra songer à créer une étiquette « Déserter dès qu’on commence à s’ennuyer parce que ça ne s’améliorera pas ensuite ».

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Sin nombre

Vu le mercredi 30 septembre 2009, sorti le 21 octobre 2009

Réalisé par Cary Jôji Fukunaga

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 18 janvier 2009

Sorti aux Mexique (Festival de Guadalajara) le 23 mars 1999

Sorti en France le 21 octobre 2009

Voir la critique.

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Mademoiselle Chambon

Mercredi 21 octobre 2009

Réalisé par Stéphane Brizé

Sorti en Corée du Sud (Festival de Pusan) le 11 octobre 2009

Sorti en France et en Belgique le 14 octobre 2009

J’ai souvent répété ici que je ne raffolais pas de Vincent Lindon, encore moins de Sandrine Kiberlain, au physique « atypique » de laquelle je ne m’habituerai jamais. Néanmoins, ce film, qui réunit les deux, marque un progrès, surtout en ce qui concerne le premier, qui a de moins en moins l’air d’un acteur et de plus en plus l’air d’un être humain – surtout depuis Welcome.

Jean, maçon, installe une nouvelle fenêtre dans l’appartement de fonction occupé par Véronique Chambon, l’institutrice de son fils, qui joue aussi du violon. Ils tombent amoureux. Mais Véronique, qui n’est que remplaçante, quitte la ville à la fin de l’année scolaire. Sa dernière nuit, ils la passent ensemble, et, lorsque Jean, qui a découché, rentre chez lui au matin, sa femme Anne-Marie ne lui dit rien.

On a compris que tout le charme du film tient dans ce que les personnages ne font pas et surtout ne se disent pas. Sur le premier point, ce qu’ils ne font pas, toutefois, on regrette cette nuit d’amour, certes filmée pudiquement, sans les étalages de chair habituels. Mais l’histoire serait plus forte si elle n’avait pas eu lieu.

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Casanegra

Jeudi 22 octobre 2009

Réalisé par Nour Eddine Lakhmari

Sorti à Dubaï le 12 décembre 2008

Sorti en France le 21 octobre 2009

Très fliquée comme le Maroc entier, la ville de Casablanca est beaucoup moins dangereuse que les villes occidentales, telles Washington, Los Angeles ou New York – ou, chez nous, La Courneuve ou Mantes-la-Jolie. Mais le point noir, c’est le chômage des jeunes. Et les deux anti-héros du film, Karim et Adil, qui ont 21 et 22 ans, ne vivent que de petits trafics minables. La famille ? Rien que des problèmes : un père malade et âgé pour le premier, pas de père du tout pour le second, mais un beau-père ivrogne qui bat la mère du garçon, lequel se venge en incendiant sa voiture et ne rêve que de ficher le camp à l’étranger, à l’instar de tous les Marocains de son âge. Avec ça, l’un et l’autre sont des hâbleurs et se disputent sans arrêt pour beaucoup moins que des peaux de cacahuètes.

Le film, qui ne montre guère de lieux identifiables et se borne à exposer les côtés les moins séduisants de la vaste cité, le plus souvent de nuit, lasse vite, car l’histoire, qui s’étire sur plus de deux heures, n’avance pas, et l’auteur exploite à outrance le pitoyable jeu de mot du titre sur Casablanca-Casanegra, dont il est visiblement très fier. Et il n’y a évidemment pas de fin, ce que les critiques adorent.

Je ne sache pas que le film soit sorti au Maroc.

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Katalin Varga

Lundi 26 octobre 2009

Réalisé par Peter Strickland

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 11 février 2009

Sorti en France le 7 octobre 2009

Une histoire forte, dont le point culminant est une scène de récit qui a lieu dans une barque ! Onze ans plus tôt, Katalin Varga a été violée par un homme inconnu, et un autre homme a assisté au viol sans y participer. Elle a eu un enfant, un garçon prénommé Orban. Mais son époux, apprenant tardivement la vérité, lui demande de quitter le village avec l’enfant. Elle part (sur une charrette tirée par un cheval !), retrouve le témoin du viol, se donne à lui pour obtenir le nom du violeur, puis le tue. Ensuite, elle retrouve le violeur, qui s’est acheté une conduite, s’est marié et passe auprès de sa femme pour un homme parfait. Elle s’arrange pour être invitée chez le couple et raconte à l’épouse toute l’histoire de son viol, en présence du violeur qu’elle ne nomme pas et qui n’en peut mais. Plus tard, l’homme lui demande de pardonner, elle refuse et déclare qu’elle partira le lendemain, sans rien faire de plus. Mais l’épouse a entendu la conversation et se suicide. C’est alors que le beau-frère de l’homme qu’elle a tué la retrouve et la tue à son tour.

Cette histoire provoque bien sûr quelques rires chez les spectateurs. Mais le film n’en est pas moins hors du commun. Son réalisateur britannique, un débutant de 36 ans, est allé filmer, sans aucun moyen matériel, en Roumanie, dans des paysages très inhabituels, avec des acteurs locaux (le violeur est particulièrement atypique), et le récit est intemporel, bien que de nombreux détails montrent qu’il se déroule de nos jours.

Il semble que cette histoire vienne d’un roman de Mihail Sadoveanu intitulé Baltagul, traduit en français sous le titre Le hachereau, mais je n’ai pas pu vérifier. Le film ne passe à Paris qu’une fois par semaine, dans une seule salle, et n’aurait sans doute aucun spectateur si Le masque et la plume n’en avait parlé.

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La nana

Mardi 27 octobre 2009

Réalisé par Sebastián Silva

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 17 janvier 2009

Sorti en France le 14 octobre 2009

Film chilien, le deuxième de son auteur, et dont le titre peut prêter à confusion : il signifie en réalité « La bonne », mais nous sommes loin de certaines histoires tragiques déjà filmées ou portées au théâtre chez nous. Ici, aucun drame, et Raquel serait plutôt heureuse dans cette famille où les parents et les quatre enfants la traitent bien (sauf peut-être la fille aînée, Camila), et vont jusqu’à lui offrir de nombreux cadeaux pour son anniversaire. Elle les aime tous, d’ailleurs, mais enfin, à 41 ans, son existence n’est pas très excitante, elle vit dans la maison où elle travaille donc sort très peu, n’a pas pris un seul jour de congé en vingt ans, et... n’a jamais connu d’homme.

Cependant, la voyant fatiguée, sa patronne veut lui adjoindre une aide, et Raquel le prend mal. La première candidate, une jeune Péruvienne, brimée, s’en va avant même la fin de sa période d’essai. La deuxième, plus âgée, une dure à cuire fournie par la grand-mère, démissionne néanmoins après une bagarre. Pourtant la troisième, Luci, sait amadouer la récalcitrante, et elles deviennent bientôt amies, au point que Raquel est invitée à Noël dans la famille de sa nouvelle copine. Mais celle-ci s’ennuie loin de ses parents, et démissionne. Raquel, peinée mais enfin seule, retrouve tout son pouvoir domestique et s’efforce d’imiter les habitudes de Luci, en allant courir après le repas du soir, baladeur sur les oreilles.

Le récit, très linéaire et sans fioritures, intéresse par ses personnages surtout, sans toutefois passionner, car il ne se passe strictement rien. En France, on aurait ajouté quelques drames pour corser le tout. Car nous possédons, voyez-vous, des auteurs qui savent créer des évènements.

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Le petit Nicolas

Mercredi 28 octobre 2009

Réalisé par Laurent Tirard

Sorti en France et en Belgique le 30 septembre 2009

Les admirateurs de René Goscinny et de Jean-Jacques Sempé sont à juste titre furieux, car le film est une totale trahison du travail de ces artistes. Leur œuvre ne relevait pas de la bande dessinée et ne reposait pas sur le gag, elle visait à faire sourire, pas à provoquer des éclats de rire. Enfin, ces notations légères ne s’intégraient dans aucune histoire. C’est pourquoi les responsables du film, qui se sont évertués à bâtir un scénario d’ailleurs banal, ont fait fausse route.

On peut voir le film parce qu’il est bien cadré ou que certains des enfants sont charmants, mais à condition d’oublier Goscinny et Sempé.

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Sites associés :    Yves-André Samère a son bloc-notes 122 films racontés

Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 septembre 2020.