JPM - Films vus - Notules -  Avril 2011

Notules - Avril 2011

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Si tu meurs, je te tueNous, princesses de ClèvesSucker punchLa nostra vitaUn cyclone à la JamaïqueA high wind in Jamaica – Le grand chef – Rango – Pirates des Caraïbes – NapoléonNostromoLes 900 jours de LeningradCrusade – L’île aux pirates – Dune – Dune – Star wars – Fanfan la Tulipe – Marco PoloÀ la recherche du temps perduLa condition humaineDon QuichotteSpider-ManAryan papers – La liste de Schindler – Le journal d’Anne FrankVoyage au bout de la nuitTintinMon père est femme de ménageHomme de ménage – Le fils à Jo – Le pigeon – Le guépard – L’étrange affaire AngélicaO estranho caso de Angélica – Vertigo – Scream 4 – Inception – Source code – Final cut – La croisière – Le gendarme de Saint-Tropez – Les Charlots font l’Espagne – D’un film à l’autre – 2001: A space odyssey – Numéro quatreI am number fourThe shieldLe prisonnierAnimal kingdomJohn RabeCity of war: The story of John Rabe – La liste de Schindler – La belle équipe

 

Personnes citées : Hiner Saleem – Régis Sauder – Marie-Magdëlaine Pioche de La Vérone, comtesse de La Fayette – Zak Snyder – Steven Spielberg – Marguerite Duras – Quentin Tarantino – Daniele Luchetti – Alexander Mackendrick – Fernandel – Gore Verbinski – Stanley Kubrick – David Hemmings – Audrey Hepburn – Joséphine de Beauharnais – Alec Guiness – Peter O’Toole – Charlotte Rampling – Jean-Paul Belmondo – David Lean – Joseph Conrad – Steven Spielberg – Sergio Leone – Robert DeNiro – Paul Verhoeven – Arnold Schwarzenegger – Alejandro Jodorowsky – Frank Herbert – David Carradine – Orson Welles – Mick Jagger – Alain Delon – Salvador Dali – David Lynch – Christian-Jaque – Luchino Visconti – Marlon Brando – Simone Signoret – Laurence Olivier – Dirk Bogarde – Greta Garbo – Michael Cimino – André Malraux – Johnny Depp – Daniel Day-Lewis – John Malkovich – Nicole Kidman – Jean Rochefort – Terry Gilliam  – James Cameron – Jean-Pierre Jeunet – Saphia Azzeddine – François Cluzet – Jérémie Duvall – Jean-Luc Moreau – François Cluzet – Jérémie Duvall – François Morel – Jerry Lewis – Bill Richmond – Mario Monicelli – Suso Cecchi d’Amico – Italo Calvino – Wes Craven – Robert Rodriguez – Duncan Jones – Ben Ripley – Philip K. Dick – Pascale Pouzadoux – Line Renaud – Edwige Feuillère – Marlene Dietrich – Armelle – Marilou Berry – Calude Lelouch – Stanley Kubrick – D.J. Caruso – Daniel Balavoine – Nicole Kidman – Callan McAuliffe – David Michôd – Guy Pearce – Jacki Weaver – Florian Gallenberger – John Rabe – Julien Duvivier – Jean Gabin – Charles Vanel – René Château – Jean-Paul Belmondo – Christian Duvivier – Charles Spaak – Janine Spaak

 

Si tu meurs, je te tue

Mardi 5 avril 2011

Réalisé par Hiner Saleem

Sorti en France le 23 mars 2011

Le Kurde Avdal est venu en Europe afin d’y chercher un assassin irakien. Il ne l’a pas trouvé en Belgique, et aboutit à Paris, où il fait connaissance de Philippe, un raté sans occupation bien définie, qui l’héberge, et auquel il confie son amour pour sa fiancée Siba, laquelle va bientôt le rejoindre. Mais Avdal meurt subitement. Dès lors, tous les ennuis possibles pleuvent sur Philippe, puis sur Siba elle-même, quand il s’avère que la morgue parisienne a incinéré le corps du défunt – sacrilège !

Ce bref résumé peut faire croire à un drame, mais cette histoire est à ce point parsemée de détails saugrenus qu’on rit très souvent. Il faut dire que les us et coutumes bizarres des Kurdes prêtent volontiers à rire (et tant pis si ce n’est pas politiquement correct, mais le réalisateur est lui-même kurde), même si le fanatisme religieux et machiste du père d’Avdal frôlerait plutôt le sinistre.

La mise en scène est parfois négligente (on voit Avdal s’enquérir du numéro de téléphone de quelqu’un, et commencer à lui parler... sans avoir composé le numéro, tout cela dans un même plan !), mais les acteurs sont bons, et l’interprète de Siba est charmante.

En bref : à voir.Haut de la page

Nous, princesses de Clèves

Mercredi 6 avril 2011

Réalisé par Régis Sauder

Sorti en France le 30 mars 2011

Le titre annonce la couleur : au prix d’une acrobatie télévisuelle (car il s’agit d’un téléfilm produit par notre télévision d’Outre-Mer), tenter d’associer les intrigues de la cour de Louis XIV avec la vie des élèves de terminale d’un lycée des quartiers du nord de Marseille, en leur faisant réciter sur un ton monocorde quelques extraits du roman de madame de La Fayette ; avec, en guise d’intention à peine dissimulée, le désir de montrer que Sarkozy, qui s’était bêtement attaqué à ce roman, est le roi des incultes. Comme si on avait besoin d’un film pour s’en persuader.

L’ennui est que ce déluge de banalités ne peut pas dissimuler que tout cela est peu convaincant, que le rapprochement est à la fois politiquement correct et totalement arbitraire (la plupart de ces jeunes sont musulmans, donc étrangers au sens du péché et de la culpabilité qui imprègnent l’esprit d’un catholique), que le texte leur reste largement étranger... et que madame de La Fayette, reine des coupeuses de cheveux en quatre, est très loin d’avoir été un grand écrivain ! J’ai rencontré dans son texte au moins quatre occurrences de l’expression « C’est DE cela DONT il est question »...

Le film ne s’anime un peu que lors de la séquence où un professeur de littérature fait préparer leur oral du bac à deux candidates peu motivées, et qui n’ont probablement aucune chance de décrocher leur diplôme. Cette fois, c’est une fable de La Fontaine qui est au centre de l’entretien, mais même ce texte modeste et facile semble leur passer au-dessus de la tête...

Le film doit être projeté le 24 avril au festival de San Francisco. Pas certain qu’il y collectionne les lauriers, malgré le déluge de compliments de la part de nos chers critiques.

*

Post-scriptum du 29 avril : effectivement, au festival de San Francisco, il n’a rien eu.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Sucher punch

Jeudi 7 avril 2011

Réalisé par Zak Snyder

Sorti en Argentine le 21 mars 2011

Sorti en France le 30 mars 2011

Un festival de castagne filmé à grand renfort d’images de synthèse. On y voit notamment quatre pépées bien roulées démolir à coups de sabre une armée entière, avec hélicoptères, avions à hélice (comme chez Spielberg) et dirigeable ! Sans que leur rimmel daigne couler si peu que ce soit. Mais comme on sait que Marguerite Durasoir n’a pas participé à l’écriture du scénario, et que le film est signé Zak Snyder, on n’est pas surpris que le tout soit aussi bête que du Tarantino, vacarme en sus.

À la fin, ô surprise, on nous révèle que tout cela n’était qu’un rêve. Ce truc, je l’ai déjà dit, était déjà démodé dans les années quarante.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

La nostra vita

Vendredi 8 avril 2011

Réalisé par Daniele Luchetti

Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2010

Sorti en Italie le 21 mai 2010

Sorti en France le 6 avril 2011

L’histoire d’une débâcle : Claudio, ouvrier dans le bâtiment, a trouvé le corps d’un ouvrier clandestin roumain mort accidentellement, que le patron du chantier a dissimulé pour ne pas entraîner la fermeture de la construction d’une cité près de Rome. Il lui fait un peu de chantage, et obtient que la construction d’un immeuble lui soit cédée en sous-traitance. Mais son manque d’expérience fait que la catastrophe pointe. Tout s’arrange à la fin, mais de justesse. La clé de cette histoire est donnée par le patron du chantier : « Il fallait le dire d’avance, que tu voulais rester honnête ! ».

C’est un drame traité partiellement en comédie familiale, mais le récit est gâché par la réalisation : caméra portée qui ne filme, en gigotant, que des gros plans. C’est dommage, les acteurs sont bons et le sujet intéressant.

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

Un cyclone à la Jamaïque

Lundi 11 avril 2011

Réalisé par Alexander Mackendrick

Titre original : A high wind in Jamaica

Sorti en Allemagne de l’Ouest le 4 juin 1965

Sorti en France le 21 juillet 1965

Au dix-neuvième siècle, une famille britannique est installée à la Jamaïque, mais un cyclone qui détruit leur maison, et l’inquiétude de la mère, qui voit ses enfants devenir « peu civilisés », incitent les parents à expédier ceux-ci en Angleterre par bateau. Or le bateau est arraisonné par des pirates, et les enfants sont obligés de rester à bord... mais ils ne tardent pas à trouver l’aventure très divertissante, car ces adultes sont beaucoup moins ennuyeux que leurs propres parents !

Revers de la médaille, si les femmes sont maudites à bord des bateaux, les enfants sont bien pires et en font baver un maximum aux malheureux hors-la-loi. On avait déjà vu quelque chose d’analogue dans un film avec Fernandel, Le grand chef, où deux malfrats un peu charlots se retrouvaient avec un sale gosse sur les bras et faisaient des pieds et des mains pour le restituer à sa  famille.

Puis les choses tournent mal. L’un des enfants, John, meurt d’un accident. Après cela, un navire hollandais est aussi arraisonné, et son capitaine est tué... par Emily, l’une des petites filles, qui a eu si peur de lui qu’elle l’a poignardé deux fois. Et lorsque l’équipage pirate est enfin capturé puis jugé, elle est incapable d’expliquer que c’est elle la seule responsable de l’unique meurtre constaté, si bien que tous les pirates sont pendus !

On a compris que cette histoire est très sarcastique. Ainsi, les deux dernières répliques, entre le capitaine et son second :

– Je ne veux pas être pendu alors que je suis complètement innocent, geint le second.

– Allons, Zac, réplique philosophiquement le capitaine, tu dois bien être coupable de quelque chose !

Il est un peu fâcheux que, le tiers du dialogue étant en espagnol, beaucoup de répliques en cette langue ne soient pas sous-titrées. Ainsi, lors de la mort du jeune garçon, on entend un grand cri au cours d’une fête, puis tous les assistants regardent le sol hors-champ, et une seule réplique, « El niño cayó », révèle que l’enfant est tombé (d’une fenêtre du premier étage). Aucune image ne le montre, on se demande bien pourquoi. Si vous ne comprenez pas l’espagnol...

En bref : reprise. À voir.Haut de la page

Rango

Mardi 12 avril 2011

Réalisé par Gore Verbinski

Sorti aux États-Unis le 14 février 2011

Sorti en France le 23 mars 2011

Une parodie de western filmée en images de synthèse, et dont le héros est un caméléon trouillard qui devient shériff d’un petit patelin. Le genre de film à classer dans la catégorie « Je me chatouille pour me faire rire ». Tant d’efforts, d’argent et d’imagination dans la recherche de gags, pour aboutir à un film aussi ennuyeux, cela laisse pantois. Puis on se souvient que le réalisateur est responsable de Pirates des Caraïbes, on ne s’étonne plus, et on se rendort paisiblement.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Les films avortent aussi...

Mardi 12 avril 2011

Un numéro du « Figaro Magazine » daté du 2 avril récapitule ces films qui n’ont jamais été tournés, à propos du fameux Napoléon de Kubrick, conçu en 1967, resté à l’état de projet, et pour lequel on vient d’éditer un livre énorme (vendu 49,95 euros), bourré de documents amassés par le réalisateur, mais qui ne lui ont servi à rien. Il voulait en faire « le plus grand film jamais tourné », avec David Hemmings dans le rôle principal, Audrey Hepburn en Joséphine, et, dans d’autres rôles, Alec Guiness, Peter O’Toole, Charlotte Rampling et... Jean-Paul Belmondo ! Mais la mégalomanie ne mène pas à grand-chose, et on en a de multiples exemples.

Les mêmes Guiness et O’Toole étaient aussi prévus par David Lean pour une adaptation du Nostromo de Joseph Conrad, qu’aurait produit Spielberg pour plus de 45 millions de dollars, mais Lean, d’ailleurs atteint d’un cancer, mourut avant même de commencer.

Sergio Leone, lui, voulait filmer Les 900 jours de Leningrad, gigantesque production avec Robert DeNiro, mais il mourut en 1989 sans avoir rien tourné.

Paul Verhoeven avait en tête de faire jouer le rôle d’un croisé par Arnold Schwarzenegger, dans un film intitulé Crusade, mais le studio, par précaution, voulut d’abord fabriquer un film rentable pour assurer ses arrières, L’île aux pirates, or... c’est ce film qui le ruina ! Pas de chance, vraiment.

Le Chilien Alejandro Jodorowsky projetait de filmer une adaptation de Dune, le roman de Frank Herbert, une histoire qui devait préfigurer Star wars, et le film, avec David Carradine, Orson Welles, Mick Jagger, Alain Delon et... Salvador Dali, devait durer quatorze heures ! Les producteurs étaient français, et ne trouvèrent jamais l’argent, même pas aux États-Unis. C’est David Lynch, finalement, qui tourna le film, mais avec d’autres, et beaucoup plus court, deux heures dix-sept.

Christian-Jaque, le réalisateur de Fanfan la Tulipe, voulut faire un Marco Polo avec Alain Delon, qui décidément ne porte pas chance, parce que tout l’argent prévu fut utilisé dans la scène d’ouverture.

Visconti avait en tête une adaptation de À la recherche du temps perdu, avec Brando, Delon, Simone Signoret, Laurence Olivier, Dirk Bogarde et... Greta Garbo. Mais il perdit le sien, de temps.

Michael Cimino prévoyait d’adapter La condition humaine, de Malraux, avec Johnny Depp, Daniel Day-Lewis, John Malkovich, Nicole Kidman, et... Alain Delon, qui est décidément dans tous les coups foireux. Pas de film, en fin de compte.

Bien sûr, tout le monde a entendu parler du film sur Don Quichotte, avec Jean Rochefort, que Terry Gilliam voulait faire. Tout ce qu’il en rapporta, ce fut un documentaire sur l’échec du tournage !

Autres projets avortés : Spider-Man, de James Cameron ; Aryan papers, de Kubrick, parce que Spielberg lui avait coupé l’herbe sous le pied avec La liste de Schindler ; Le journal d’Anne Frank, de Spielberg lui-même ; le Voyage au bout de la nuit, prévu par Sergio Leone ; et le Tintin de Jean-Pierre Jeunet, là encore battu au sprint par Spielberg.

Retenons ceci : Delon et Spielberg portent malheur !

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Mon père est femme de ménage

Jeudi 14 avril 2011

Réalisé par Saphia Azzeddine

Sorti en France (Festival de l’Alpe d’Huez) le 18 janvier 2011

Sorti en France le 13 avril 2011

Adaptation par son auteur d’un roman éponyme au titre légèrement racoleur : pourquoi femme de ménage ? Naguère, la télévision d’État diffusait un feuilleton avec Jean-Luc Moreau, Homme de ménage, et cela passait très bien.

On va voir le film en espérant mieux, pour les acteurs François Cluzet et Jérémie Duvall – un jeune garçon beau et talentueux, vu dans Le fils à Jo en janvier, et déjà réalisateur, à dix-sept ans, d’un court-métrage plutôt réussi. Mais, si la première partie se laisse voir avec agrément (on retient les scènes de pseudo-disputes, à base de blagues racistes, entre les quatre collégiens, un Noir, un Arabe, un Juif, et celui qui, n’étant rien de tout cela, est désigné par défaut comme « le Blanc »), la seconde partie, après le dix-huitième anniversaire de Polo, est ratée parce que bâclée.

Au passif du film, également, deux scènes inutiles et de mauvais goût concernant le sexe, et ce plagiat dans la réplique finale : Polo est devenu steward, et son fils lui rétorque qu’en somme, il fait le ménage (comme son père jadis), mais en l’air. Cette blague a été piquée à François Morel, qui avait dit sur France Inter qu’être hôtesse de l’air était une profession de prestige, même si cela consistait à « faire la bonniche en l’air ».

À l’actif du film, l’intérêt des deux personnages principaux : le père est un homme droit que rien ne fera dévier, fier de son travail, soucieux de transmettre à son fils les valeurs de l’instruction et du travail honnête, ne revendiquant et ne se plaignant jamais. Quant au fils, il est positivement adorable, attentionné, respectueux – qualités qu’on ne voit jamais au cinéma –, et son seul dérapage, d’ailleurs justifié, il le regrette très vite. Cette fois, l’identification du spectateur aux personnages joue à fond. On aurait seulement attendu des péripéties un peu plus consistantes et qui les servent mieux.

À noter, cette utilisation d’un type de gag inventé il y a très longtemps par Jerry Lewis et son scénariste Bill Richmond : on montre les phases 1 et 3, c’est-à-dire la préparation du gag et ce qui survient après l’exécution, mais on ne montre pas la phase 2, l’exécution, sollicitant ainsi l’intelligence du spectateur, qui mentalement doit faire la soudure. Ici, ce farceur de Polo conseille à sa sœur, une nunuche qui cherche une formule pour se présenter dans un concours de beauté, de se dire « laxative », mot qu’elle ne connaît pas. Deux ans plus tard, elle se présente effectivement à un concours de ce genre, on lui demande de se décrire, puis le montage interrompt la scène ; la suite : la famille rentrée à la maison, la sœur voue son frère aux gémonies, mais on n’a rien vu de sa gaffe. Je doute que tous les spectateurs remarquent ce genre de gag, mais il est stimulant.

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

Le pigeon

Vendredi 15 avril 2011

Réalisé par Mario Monicelli

Titre original : I soliti ignoti

Sorti en Espagne le 30 juin 1958

Sorti en France le 11 septembre 1959, puis ressorti le 13 avril 2011

Une encyclopédie de la bourde, écrite par le réalisateur et trois scénaristes (dont Suso Cecchi d’Amico, qui écrivit plus tard le scénario pour Le guépard), d’après une histoire d’Italo Calvino. Cinq maladroits décident de cambrioler une boutique de prêts sur gages, et s’y prennent si mal que leur seul butin sera... une soupe aux pois chiches ! Auparavant, l’un d’eux, incapable de seulement arracher son sac à main à une ménagère, a réussi à se faire écraser par un autobus. La philosophie de l’histoire se résume à cette réplique, peu avant la fin : « Voler, c’est pour les gens sérieux. Vous, vous êtes juste bons à travailler ».

C’était la belle époque où la comédie italienne était au plus haut, et où, non seulement les personnages faisaient rire, mais comportaient encore un peu de ce qui a complètement disparu de nos mœurs : l’humanité.

En bref : reprise. À voir.Haut de la page

L’étrange affaire Angélica

Lundi 18 avril 2011

Réalisé par Manoel de Oliveira

Titre original : O estranho caso de Angélica

Sorti en France (Festival de Cannes) le 13 mai 2010

Sorti en France le 16 mars 2011

Parce qu’Oliveira a 102 ans et qu’il tourne encore (il a réalisé un autre film après celui-ci), on devrait admirer tout ce qu’il fait ? Désolé, mais son film est vide, bourré de détails ne débouchant sur rien (pourquoi son photographe est-il juif, si ce détail ne joue aucun rôle dans l’histoire ?), et les acteurs jouent mal. Quant aux trucages destinés à nous montrer les fantasmes de ce garçon, tombé amoureux d’une morte – occasion pour les plumitifs germanopratins de faire un rapprochement inopportun avec Vertigo –, ils sont d’un ringard qui dépasse la moyenne, et font rire. À la fin, il meurt aussi, on ne sait de quoi. Ce récit doit être truffé de symboles, comme cet oiseau en cage dont la mort précède celle du héros, mais allez donc savoir ce qu’ils signifient...

Bien entendu, avec un ensemble quasi-parfait, la critique a crié au chef-d’œuvre. Eh bien non, je ne marche pas. Le tout est musiqué avec la Sonate en si mineur de Chopin, la plus belle des trois de ce compositeur, mais le mouvement le plus brillant, le Finale, on ne l’entend pas. Dommage, son énergie nous aurait un peu réveillés.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Scream 4

Mardi 19 avril 2011

Réalisé par Wes Craven

Sorti aux États-Unis le 11 avril 2011

Sorti en France le 13 avril 2011

C’est certain, Wes Craven a vu Inception ! Son film commence par une scène montrant le début d’un film d’horreur, pourvu de tous les codes habituels au genre, jusqu’à la mort d’une fille, qui finit poignardée ; on découvre alors que cette scène est dans un film (fictif, intitulé « Stab », et malicieusement attribué à Robert Rodriguez) que deux filles regardent en vidéo, mais, bientôt, elles-mêmes se révèlent être les victimes... d’un film vu par d’autres en vidéo ! Et nous-mêmes allons suivre les aventures des filles qui regardaient cette dernière vidéo. Le syndrome de La Vache qui Rit...

C’est le pastiche poussé jusqu’à devenir un art. Tout y est, on se régale (avec peut-être une petite baisse de tension vers le milieu), et on ne relève aucune fausse note. Évidemment, on se marre.

Au passage, on peut réviser ses classiques, car il y a une scène qui comporte un quizz sur le cinéma d’horreur, auquel l’un des deux assassins soumet une des nombreuses filles de ce récit.

Les trois acteurs principaux sont toujours les mêmes depuis le premier épisode. Entre-temps, deux d’entre eux se sont mariés... puis ont divorcé ! Ce genre de péripéties, cela conserve, apparemment.

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Source code

Mercredi 20 avril 2011

Réalisé par Duncan Jones

Sorti aux États-Unis le 11 mars 2011

Sorti en France le 20 avril 2011

Alors comme ça, les ondes émises par notre cerveau peuvent être captées, enregistrées, et, tout comme les boîtes noires d’un avion, conserver la mémoire des huit dernières minutes de ce qu’on a vécu ? Et il est possible de transférer ces données dans le cerveau d’une autre personne, laquelle, ainsi, pourra se les rémémorer, y fouiller, trouver la clé d’une énigme ? Retrouver par exemple l’auteur d’un attentat terroriste et l’engin de mort qu’il a utilisé, afin de l’empêcher de récidiver ?

Tous les auteurs de fantastique ont tenté d’exploiter le thème du voyage dans le temps, mais aucun, à ma connaissance, n’a jamais résolu le paradoxe logique de base : comment empêcher le déroulement d’un évènement qui a déjà eu lieu ? Lorsqu’on a compris où le scénario veut en venir et qu’il achopera comme tous les précédents sur cette impossibilité, le spectateur se contente de regarder les multiples trucages numériques parsemant le récit de cette histoire sans fin, puisque le héros est sans cesse renvoyé là où il a mission d’enquêter : dans un train roulant vers Chicago, et qui a déjà explosé.

L’un de ces trucages vaut le coup d’œil : la caméra précède Colter dans les couloirs du train en marche, sort du train, Colter saute (donc, vers la caméra), tombe sur le quai, son corps roule sur lui-même une dizaine de fois pendant que la caméra le suit en travelling latéral, puis s’immobilise enfin – tout cela en un seul plan. C’est très joli à voir.

Mais enfin, la fin est un peu longuette, et complètement invraisemblable, comme on s’y attendait : histoire de caser un happy end, on passe outre le paradoxe temporel et on modifie le passé, sans aucune explication.

Le scénario, très ingénieux, est de Ben Ripley, qui semble avoir beaucoup lu Philip K. Dick, et avoir vu Final cut !

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La croisière

Vendredi 22 avril 2011

Réalisé par Pascale Pouzadoux

Sorti en Belgique le 13 avril 2011

Sorti en France le 20 avril 2011

On commence à se demander comment Line Renaud, qui a conquis brillamment ses galons de grande actrice au théâtre et à la télévision, peut se contenter de tourner dans de tels navets au cinéma ; un peu comme si Edwige Feuillère avait figuré dans Le gendarme de Saint-Tropez et Marlene Dietrich dans Les Charlots font l’Espagne.

Bref, le film est une niaiserie – une coûteuse niaiserie. Seul le navire est regardable. Il existe réellement, selon le générique de fin, et n’est pas une création du numérique. Armelle et Marilou Berry cabotinent, mais elles le font bien. Pas la peine de mentionner les acteurs masculins, ils sont invisibles.

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D’un film à l’autre

Mardi 26 avril 2011

Réalisé par Claude Lelouch

Sorti en France le 13 avril 2011

Je ne suis pas de ceux qui pratiquent le sport national : taper sur Lelouch. C’est odieux et bête. Claude Lelouch est un cinéaste d’inspiration romanesque, un très bon raconteur d’histoire, et aucun réalisateur français ne dirige les acteurs mieux que lui. Certes, lorsqu’il se met à fabriquer des films interminables où il expose sa philosophie de la vie, il rate magistralement son but, car il n’est pas fait pour penser, mais uniquement pour filmer.

Ce dernier film est donc un documentaire sur le cinéaste, fait à partir d’extraits de ses propres œuvres, et dans lequel il fait l’inventaire avec une grande sincérité ; de ses quelques réussites, incontestables, mais aussi de ses échecs, bien plus nombreux. Certes, il n’en analyse pas les causes, mais d’autres peuvent le faire pour lui, et ne s’en privent pas !

Reste l’expression d’un amour et d’une connaissance du cinéma comme en en voit peu. Et retenons cette notation sur notre époque : « Les gens qui pleurent ont fait place aux gens qui pleurnichent, et les rires aux ricanements ». Les ricaneurs ? Ils n’ont pas changé : au premier rang, et depuis le début, « Les Cahiers du cinéma », revue illisible qui salua son premier film avec ce jugement d’une pertinence rare : « Claude Lelouch ? Retenez ce nom, vous n’en entendrez plus jamais parler » ! On n’est pas plus clairvoyant... Il est vrai que « Les Cahiers » avaient aussi expédié le 2001 de Kubrick en cinq lignes méprisantes : « Va assez loin dans la prétention et la naïveté pour déboucher sur une certaine dimension. Dure assez longtemps, dans chacune de ses phases, pour permettre à cette dimension de prendre une certaine consistance. Et ce n’est pas la moindre étrangeté de ce film que d’avoir coûté tant d’argent pour laisser le spectateur dans un tel état de perplexité ». Signé : anonyme. Il valait mieux...

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Numéro quatre

Mercredi 27 avril 2011

Réalisé par D.J. Caruso

Titre original : I am number four

Sorti en Argentina, Hongrie, Israël, Roumanie et Thaïlande le 17 février 2011

Sorti en France le 6 avril 2011

Ce Caruso-là ne chante pas, il s’est surtout illustré à la télévision, où il a réalisé quatre épisodes de la série à succès The shield. Le titre original de ce dernier film semble inspiré par la célèbre série télévisée britannique Le prisonnier, où le héros était toujours désigné comme le Numéro Six.

Le Numéro Quatre, ici, est un jeune extraterrestre venu de la planète Lorien (ne cherchez pas dans les atlas), et qui fuit perpétuellement ses ennemis, les Mogadoriens, qui n’ont aucun rapport avec le Maroc. Il est chaperonné par un certain Henri, qui n’a rien à voir non plus avec Daniel Balavoine, et doit vivre sous une fausse identité, celle de John Smith (sic). Naturellement, sur terre, dans la petite ville de Paradise (re-sic), il va se faire quelques amis et quelques ennemis, mais surtout, les Mogadoriens ont retrouvé sa trace, parce qu’une fille de son lycée a publié des photos de lui sur Internet (re-re-sic).

Creusée un peu, cette histoire aurait peut-être donné lieu à quelques développements échappant au film pour teenagers, mais hélas, ce n’est pas le cas. La fin surtout est épouvantable de bêtise, avec ses combats où interviennent des monstres excessivement moches, dont on ignorait jusque là l’existence, et dont l’arrivée se justifie par le seul souci d’accumuler les trucages en images de synthèse, tant à la mode. C’est à ce moment que se place la seule bonne réplique du film, quand le jeune garçon maladroit, Sam, un geek ami de John Smith, démolit un monstre avec un fusil-laser : à la jolie fille qui l’accompagne et lui lance un regard admiratif, il explique « J’ai une Xbox ». Soit dit en passant, on peut voir ce jeune personnage, à plusieurs reprises, conduire une voiture. Or l’acteur qui l’incarne, Callan McAuliffe, n’a eu ses seize ans que le 24 janvier. Ils sont fous, aux États-Unis...

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La pub s’annonce

Mercredi 27 avril 2011

Dans une notule du 13 septembre 2010, j’avais mentionné que les publicitaires progressaient dans le ridicule, et qu’ils se mettaient à fabriquer des affiches pour annoncer leurs spots de pub projetés dans les salles de cinéma. Or les choses ne pouvaient pas s’arrêter en si bon chemin.

Vous vous souvenez sans doute de ce spot pour un soda, dans lequel on voyait Nicole Kidman, dans un décor d’une Inde de rêve, s’échapper des bras d’un séducteur auquel on la croyait prête à succomber, pour aller... siffler une bouteille dudit soda, avec un bruit de déglutissement particulièrement distingué. Sarcastique, la blonde quadragénaire demandait au public, en conclusion : « Vous vous attendiez à quoi ? ».

Il fallait absolument une suite à ce chef-d’œuvre.

Eh bien, nous le verrons... le 1er mai. En effet, un nouveau spot publicitaire annonce sa sortie pour ce jour-là.

Les pubeux fabriquent donc dorénavant des écrans de pub pour annoncer leurs prochaines pubs.

C’est de l’autodérision, ou ils se prennent vraiment pour des artistes ?

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Animal kingdom

Jeudi 28 avril 2011

Réalisé par David Michôd

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 22 janvier 2010

Sorti en France le 27 avril 2011

– Où est-on mieux qu’au sein de sa famille ?

– Partout ailleurs !

C’est ce que pourrait dire Joshua, 18 ans, qui perd sa mère et doit aller habiter chez sa grand-mère, laquelle vit déjà avec ses trois fils, tous gangsters. Joshua, plutôt gentil, est également peu réactif, et fait ce qu’on lui dit de faire. Si bien que, lorsqu’un de ses oncles lui demande de voler une voiture et de la garer à tel endroit, la nuit, en plein milieu de la rue, il le fait sans discuter. L’ennui, c’est que la voiture a servi à tendre un piège à deux jeunes policiers, que les oncles abattent froidement. Voilà donc Joshua témoin (et un peu complice) d’un acte criminel.

Pour ne rien arranger, l’oncle Pope craint que Joshua raconte tout à sa petite amie Nicole, aussi assassine-t-il Nicole. Et la police cuisine Joshua pour en savoir davantage et tenter de coincer les oncles, « bien connus des services de police », comme on dit ; si bien que sa grand-mère projette de le faire assassiner pour éviter une condamnation à ses deux fils ! Mais le projet capote parce que Joshua s’est enfui à temps, et les accusés sont acquittés à l’issue de leur procès, car le témoignage de Joshua, qui n’a pas assisté au meurtre de Nicole, est facilement démoli par l’avocate de la défense.

Alors Joshua, qui n’a plus le statut de témoin protégé, fait mine de vouloir habiter de nouveau chez sa grand-mère, et il abat Pope d’un coup de pistolet. Tout vient à point.

Le film, un peu lent, est soutenu par une musique ne visant jamais à l’effet, plutôt nostalgique, et qu’on ne remarque pas. Les interprètes sont excellents, surtout Guy Pearce, qui joue le policier, et Jacki Weaver, la terrible grand-mère, cynique, impitoyable et cinglée.

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John Rabe

Vendredi 29 avril 2011

Réalisé par Florian Gallenberger

Titre original : City of war: The story of John Rabe

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 7 février 2009

Sorti en France le 27 avril 2011

Curieux nom pour un Allemand, mais c’est pourtant un personnage réel, qui n’a pas tiré grand profit de son action humanitaire en faveur des Chinois de Nankin en 1937.

À cette époque, Rabe dirigeait la filiale locale de la firme allemande Siemens depuis 27 ans (et 142 jours), mais son employeur le rappela en Allemagne. Or, le soir de sa cérémonie d’adieu, les Japonais, dont je ne me lasserai jamais d’écrire qu’ils ont été pires que les nazis (et avant eux, puisqu’ils ont commencé en 1931), bombardent la ville. Parant au plus pressé, Rabe ouvre à la polulation la porte de son usine et déploie dans la cour un immense drapeau nazi, sous lequel les malheureux Chinois se cachent. Or les Japonais ne peuvent bombarder un territoire allemand. Le lendemain, Rabe insiste auprès de la communauté étrangère pour installer une zone de sécurité destinée à protéger les civils chinois. Les Japonais acceptent du bout des lèvres, sous réserve qu’on n’y admettra aucun soldat chinois.

Le film raconte la suite de l’histoire, dans laquelle les atrocités commises par les Japonais tiennent une large part. Je vous recommande les concours de décapitation, très en vogue chez les officiers nippons : il s’agit de couper le plus de têtes possible chez les prisonniers, exploits dont se délectent les journaux japonais, qui publient les scores comme des résultats sportifs...

Le récit se rapproche du film de Spielberg La liste de Schindler, mais en plus digne, et sans les scènes racoleuses. Bien que le Japon ait coproduit le film avec la Chine, l’Allemagne et la France, la presse rapporte que beaucoup d’acteurs japonais ont refusé d’y jouer : là-bas, on ne reconnaît pas encore la vérité, qui est que trois cent mille Chinois ont été massacrés à Nankin en 1937. Rabe, lui qui a réussi à en sauver près de deux cent mille, est mort oublié en janvier 1950.

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Coup de balai dans les vidéos

Samedi 30 avril 2011

En 1936, à l’occasion de l’accession au pouvoir du Front Populaire, le grand réalisateur Julien Duvivier avait tourné La belle équipe : cinq copains, ouvriers en chômage, gagnent cent mille francs à la loterie, et consacrent ce pactole à l’achat d’un lavoir en ruines et à sa transformation en guinguette. Évidemment, ça se passe très mal, sinon il n’y aurait pas de film : les ennuis de toute sorte pleuvent sur eux, et le personnage de Jean Gabin finit par tuer celui de Charles Vanel, parce qu’ils étaient rivaux en amour.

Le film fit un bide, parce que Duvivier, toujours pessimiste, avait fait très fort sur le côté « humanité pourrie », et que le public n’avait pas envie de voir ça. De sorte que les producteurs imposèrent qu’on écrive et filme une autre fin « optimiste », où Gabin ne tuait pas Vanel, mais où les deux se réconciliaient, alors que la donzelle prenait le large. Inutile de dire que Duvivier, qui n’était pas commode, n’était pas ravi de devoir faire une concession de cette taille...

Il se trouve qu’un éditeur de vidéos, René Château, ancien producteur de Jean-Paul Belmondo, a mis cette version optimiste sur le marché en cassette VHS, alors que plus rien n’imposait cette forme d’imposture. Naturellement les cinéphiles ont hurlé, ainsi que le fils du cinéaste, Christian, et la veuve du scénariste, Janine Spaak. Si bien que René Château écopa d’une condamnation en 2006 : interdiction de continuer à exploiter le film, et versement de 20 000 euros aux ayant-droits de Duvivier. Cette condamnation a été confirmée en appel le 23 février dernier, le préjudice a été réévalué au triple, et Château doit aussi 35 000 euros à la justice pour ses menus frais.

La belle équipe était le seul film de Gabin d’avant 1940 à ne pas exister en DVD. Cela va probablement changer, à présent.

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Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 septembre 2020.