JPM - Films vus - Notules -  Janvier 2016

Notules - Janvier 2016

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Au-delà des montagnesShan he gu renArrêtez-moi là The cab driverBeijing storiesAu cœur de l’océanMoby DickGrand départThe revenantGame of thrones – Birdman – Hector – Nous nous sommes tant aimés – Le bal – Une journée particulière – Qu’il est étrange de s’appeler Federico – Les chevaliers blancsDanish girl – Le discours d’un roi – ChorusEt ta sœurBallade en sol mineur de ChopinMon maître d’école – Être et avoir – Le convoi45 ans45 years – The crystal trench – Week-end

Personnes citées : Zhang-ke Jia – Gilles Bannier – Iain Levison – Guillaume Seznec – Omar Raddad – Jacques Chirac – Patrick Dills – Christiane Taubira – Fabrice Burgaud – Reda Kateb – Pengfei Song – Ron Howard – Herman Melville – Cillian Murphy – Ben Whishaw – Nicolas Mercier – Alejandro González Iñárritu – Jake Gavin – Quentin Tarantino – Ettore Scola – Federico Fellini – Joaquim Lafosse – Tom Hooper – Eddie Redmayne – Stephen Hawking – Ben Whiwhaw – Matthias Schoenaerts – François Delisle – Marion Vernoux – Virginie Efira – Frédéric Chopin – Émilie Thérond – Jean-Michel Burel – Frédéric Schoendoerffer – Pierre Schoendoerffer – Andrew Haigh – Alfred Hitchcock – Luc Besson

Au-delà des montagnes

Lundi 4 janvier 2016

Réalisé par Zhang-ke Jia

Titre original : Shan he gu ren

Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2015

Sorti en France le 26 novembre 2015

Un grand film, qui échappe au cliché habituel saluant les films asiatiques à succès : les critiques écrivent toujours que les images sont « d’une beauté à couper le souffle », ce qui est un euphémisme compensatoire pour dire que l’histoire elle-même n’a aucun intérêt. Rien de tel ici, ce sont la mise en scène et les personnages qui retiennent l’attention.

Le réalisateur a situé le début de son film en 1999, à Fenyang, la ville de sa jeunesse, qui est une ville moyenne, où se trouvaient des mines de charbon de moins en moins rentables, et qui produit un vin réputé, le Baiju. Dans cette ville, une jeune fille, Tao Shen, balance entre deux amis, Zang et Lianzi. Le premier, qui s’est enrichi, achète la mine de charbon locale où travaille le second, qui est évidemment fauché. Or Tao choisit le plus riche, l’épouse, et elle en aura un fils, Daole, nom choisi par son mari et qui dérive de... Dollar. Mais ils divorcent, alors que Zang va s’installer à Shanghai, avec son fils dont il a obtenu la garde. Tai reste à Fenyang, tout en gardant une certaine aisance financière. Mais les deux suites de cette histoire se situent en 2014, en Chine, puis en Australie, en... 2025. Et c’est le fils, âgé de vingt ans, qui devient alors le seul personnage. Son père, lui, est devenu un minable : sachant qu’en Chine il est interdit de vendre des armes, et pas en Australie, il s’est offert au pays des kangourous tout un arsenal, qui ne lui sert à rien puisqu’il n’a pas d’ennemis ! Il n’a jamais appris l’anglais, tandis que son fils oubliait le chinois, de sorte que les deux hommes ont besoin d’un interprète pour se parler – ce qui leur arrive rarement.

À ce propos, mais c’est mineur : les Chinois sont-ils aussi lamentables en mathématiques que les Européens ? Après le carton du début annonçant que nous sommes en 1999, les personnages ne cessent de dire que l’on va entrer dans « le nouveau siècle ». Fatale erreur, puisque 2000 était la dernière année du vingtième siècle, pas la première du vingt-et-unième !

Les trois parties du film sont vues dans des formats différents : la première, en 37:1, la deuxième, en 1,67:1, et la troisième, en 1,85:1

En bref : à voir absolument.Haut de la page

Arrêtez-moi là

Mercredi 6 janvier 2016

Réalisé par Gilles Bannier

Sorti en France (Festival d’Angoulême) le 29 août 2015

Sorti en France le 6 janvier 2016

Le titre se veut subtil et fin, puisque le personnage principal est chauffeur de taxi, et qu’il est arrêté par la police. Ouarf, on a de l’esprit, en France.

L’histoire est adaptée d’un roman de Iain Levison, The cab driver – titre qui ne fait aucun jeu de mots –, et qui décrit une fois de plus les tares de la justice aux États-Unis. Certes, chez nous, la justice collectionne également les erreurs : l’ignoble affaire d’Outreau ; la condamnation de Seznec alors que le corps de sa prétendue victime n’a jamais été retrouvé ; celle d’Omar Raddad, gracié par Chirac mais toujours pas innocenté ; l’odieuse incarcération de Patrick Dils, innocent de seize ans détenu pendant quinze ans et qui a été violé tant et plus sans que quiconque lève un doigt pour empêcher ces horreurs ; et on en passe. Mais, heureusement, nous avons Christiane Taubira, qui a su réformer en profondeur son ministère et mettre fin à tous les abus (rions)...

L’ennui, c’est que ce film charge la barque à plaisir, et accumule toutes les tares de la justice et de la police dans une seule histoire, qui, du coup, perd toute vraisemblance. Qu’on en juge : les policiers n’avaient jamais traité d’affaire criminelle d’enlèvement d’enfant ; ils arrêtent le premier venu, le tutoient et ne l’écoutent pas ; le juge d’instruction, une femme glaciale, applique ce qu’elle pense être la loi, sans jamais faire fonctionner son cerveau (une émule du juge Burgaud ?) ; son avocat commis d’office n’est pas très bon (il sera meilleur à l’audience), mais le prévenu ne songe pas à le récuser ; le procureur déforme les faits et prétend que l’accusé a nettoyé son taxi « afin de faire disparaître les traces d’ADN » ;  le président ne corrige pas cet abus ; la mère de l’enfant disparue, qui sait que l’accusé n’a jamais rencontré sa fille, ne songe pas à le disculper ; les deux témoins à charge sont des voyous qu’on a extrait de leur prison et auxquels on a promis une réduction de peine s’ils accablaient l’accusé ; le président du tribunal, qui apprend, après la lecture du verdict de condamnation, que le condamné était innocent, ne le sort pas de prison, car il prétend qu’il faudra plusieurs jours pour accomplir les formalités ; une avocate sans scrupules, après sa libération, se charge de sa réhabilition, à condition de garder quinze pour cent de la somme qu’elle extorquera à l’administration ; cet innocent libéré vole un taxi pour aller trouver la mère de l’enfant enlevée et, loin de lui reprocher son silence, entame avec elle un début d’histoire d’amour et offre un cadeau à sa fille... Pitié ! N’en jetez plus.

La seule raison de voir le film est Reda Kateb, excellent acteur qui a fait ses preuves. Il est navrant de le voir gaspiller son talent au service d’une histoire aussi grossièrement démonstrative.

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Beijing stories

Vendredi 8 janvier 2016

Réalisé par Pengfei Song

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 2 septembre 2015

Sorti en France le 6 janvier 2016

Un pseudo-documentaire romancé, sur les travaux réalisés à Beijing, anciennement Pékin, qui a 23 millions d’habitants et croît à toute vitesse. Pour loger tout le monde, on démolit beaucoup d’habitations anciennes, et on construit des immeubles neufs, en hauteur. Certains démolisseurs récupèrent le mobilier abandonné, et c’est le cas du personnage que suit le film, un jeune homme nommé Yong Le, qui va être victime d’un accident et perdre momentanément la vue (il la récupère plus tard). Il vit dans un sous-sol au plafond bas, et une fille s’occupe de lui.

Peu d’évènements, et pas explicités, comme cette inondation du sous-sol, qui n’aura pas de suite fâcheuse.

Le film est terriblement froid et distant, et le spectateur a du mal à s’attacher, autant à l’histoire qu’aux personnages.

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Au cœur de l’océan

Lundi 11 janvier 2016

Réalisé par Ron Howard

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 2 septembre 2015

Sorti en France le 9 décembre 2015

On aime en général les films de mer, même s’ils suivent presque tous le même canevas : un conflit entre le commandant du navire et le reste de l’équipage, souvent représenté par le second ou un de ses subordonnés. Ici, le second, qui espérait être nommé capitaine d’un baleinier puisqu’on le lui avait promis (verbalement), a été évincé au profit d’un membre de la famille des armateurs, beaucoup moins compétent. Le gros incident ne tarde pas, quand le capitaine envoie son navire dans une tempête qui ravage le bateau.

Mais le pire est à venir, en l’espèce d’un énorme cachalot qui réussit à couler le navire. Réfugié sur trois chaloupes, l’équipage en est bientôt réduit au cannibalisme. Et, lorsque les survivants sont de retour chez eux, le second refuse de faire un faux témoignage qui, pour éviter la panique, gommerait la responsabilité du cachalot. Et le capitaine faux-jeton, enfin converti à l’honnêteté intectuelle, confirme son témoignage.

Le film ne raconte pas Moby Dick, mais le fait qu’Herman Melville parvient à faire parler le membre le plus jeune de l’équipage, Thomas Nickerson, entré dans la marine comme mousse à quatorze ans, devenu un vieillard, et qui a toujours refusé d’avouer cette histoire de cannibalisme. Melville y parvient évidemment, sinon il n’y aurait pas de film !

Les deux vedettes masculines sont moins connues que Cillian Murphy et Ben Whishaw, qui ont des seconds rôles. Et le réalisateur, Ron Howard, se montre efficace. Avec un peu moins de musique, le film serait parfait !

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Grand départ

Mardi 12 janvier 2016

Réalisé par Nicolas Mercier

Sorti en France (Festival d’Angoulême) le 24 août 2013

Sorti en France le 4 septembre 2013

Les deux frères ne s’entendent pas, le père, caractériel, finit par être victime d’une forme de la maladie d’Alzheimer (on a rarement vu Eddy Mitchell aussi mauvais), puis par mourir, et aucun épisode ne tient la route ; par exemple, quand ce cadre d’une grosse entreprise, écrasé par ses ennuis familiaux, ne travaille presque plus, et auquel sa direction... offre une promotion ! Ben voyons.

Seul Pio Marmaï intéresse un peu, car il joue exceptionnellement un gentil plutôt effacé. Mais Jérémie Elkaïm, qui interprète un homosexuel assez conventionnel et pas sympathique, et qui incarne le réalisateur (venu des séries télévisées), plombe le film. Seule Chantal Lauby, titulaire du rôle de la mère, tire vraiment son épingle du jeu.

La fin bêtifiante est consternante de niaiserie. Le réalisateur en était à son premier long métrage. Ce sera sans doute aussi le dernier.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

The revenant

Mercredi 13 janvier 2016

Réalisé par Alejandro González Iñárritu

Sorti aux États-Unis le 16 décembre 2015

Sortira en France le 24 février 2016

Vu bien à l’avance, avant même la sortie au Grand Rex le 18 janvier, qui, exceptionnellement, sera en version originale (le Rex ne passe habituellement que des versions doublées), et trois jours après les Golden Globe d’Hollywood, où ce film a été couronné comme le meilleur drame, et où DiCaprio a décroché le prix de la meilleure performance d’acteur. Dans les salles françaises, il ne sera vu que dans cinq semaines.

Dès son deuxième film, j’ai compris qu’Iñárritu était un mauvais réalisateur, qui n’a pour lui que sa maîtrise de la technique et le fait qu’il ne filme jamais deux fois le même genre d’histoire. Mais The revenant est sordide, laid comme Game of thrones, violent, bestial et beaucoup trop long (deux heures et trente-sept minutes) pour une banale histoire de vengeance. DiCaprio joue un trappeur dont on a tué le fils, et qui cherche le meurtrier afin de le tuer, ce qu’il fera après une très sanglante bagarre précédée d’une longue odyssée – de trois cents kilomètres – dans des paysages parfois grandioses et surtout neigeux (pour se protéger du froid, il éventre le cadavre d’un cheval, se dévêt et se réfugie à l’intérieur !). La séquence la plus aboutie est celle d’un combat acharné contre un ours, merci aux trucages numériques dont le réalisateur avait abusé dans Birdman, mais elle arrive à la vingt-cinquième minute, si bien que la suite en remet considérablement dans l’horreur pour tenter de retrouver ce niveau. On se croirait chez Tarantino.

On croit comprendre que le but sous-jacent de cette production coûteuse vise à la défense des Indiens, mais c’est surtout un festival DiCaprio, qui a bénéficié, pour le doubler, de huit cascadeurs et trois doublures lumière, plus deux costumiers, un coiffeur personnel, plusieurs maquilleurs, un assistant, un chauffeur, et Dieu sait quoi encore.

Mais le résultat est rebutant.

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Hector

Lundi 18 janvier 2016

Réalisé par Jake Gavin

Sorti au Royaume-Uni le 18 juin 2015

Sorti en France le 30 décembre 2015

Premier long-métrage d’une scénariste, film qui vaut principalement par une description chaleureuse des sans-abri et de ceux qui se dévouent pour les aider. Hector, qui s’est éloigné de sa famille et vit dans la rue, en Écosse, désire revoir sa sœur, à Londres. En effet, sa santé n’est plus très bonne, et ce sera peut-être sa dernière occasion.

Film court, dépourvu de violence, de voyeurisme et de misérabilisme. Presque tous les personnages sont sympathiques, et l’ensemble dégage une humanité sincère. C’est l’opposé des deux derniers blockbusters traités ici, celui de Tarantino et celui d’Iñárritu : là, on filme simplement des personnages profondément humains, et le public ne sent pas sale à l’issue de la projection.

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Ettore Scola

Mercredi 20 janvier 2016

Il est bien triste que Scola soit mort, hier, à 84 ans. J’ai apprécié presque tous les films de lui que j’ai vus, sauf Affreux, sales et méchants, avec une préférence, non pas pour Nous nous sommes tant aimés, qu’on cite toujours, mais pour Le bal et pour Une journée particulière, un chef-d’œuvre à tous les points de vue.

 

Sophia Loren

 

Sur France Inter, jamais en retard pour proférer des bourdes, on a pu entendre qu’il avait cessé de faire du cinéma en 2003. Mais c’est faux, son dernier film date de 2013, pour un hommage à Fellini, Qu’il est étrange de s’appeler Federico, sorti chez nous l’année suivante, et dont j’ai parlé.

Visconti et lui, c’étaient mes réalisateurs italiens préférés. Et Fellini ? Non.

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Les chevaliers blancs

Mercredi 20 janvier 2016

Réalisé par Joachim Lafosse

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 14 septembre 2015

Sorti en France le 20 janvier 2016

Non, ce film n’est pas la « reconstitution » de l’affaire qui avait fait tant de bruit en 2007, celle de l’Arche de Zoé, association qui avait tenté d’extraire du Tchad des enfants qu’on faisait passer pour orphelins, afin qu’ils soient adoptés en France par des familles frustrées. Joachim Lafosse, dont j’apprécie tous les films, est tout de même un peu plus subtil que ça, et il l’a prouvé.

Ce n’est pas non plus, comme l’a écrit bêtement je ne sais quel scribouillard sur le site Rue89, une variation sur le thème du colonialisme, car aucun gouvernement n’était impliqué dans l’affaire réelle, et dans le film, pas davantage.

Il faut plutôt y voir une histoire assez ambigüe et sans manichéisme sur l’exploitation des bons sentiments, par un groupe de personnes dont il n’est pas prouvé, du moins dans le film, qu’elles n’avaient QUE de mauvaises intentions ; en un mot, de gagner de l’argent en vendant des enfants de moins de cinq ans à des Français aisés. Et le personnage que joue fort bien Vincent Lindon n’est pas un escroc venu en Afrique se remplir les poches. En fait, il est plein de bonnes intentions, néanmoins il dissimule le but final, et cache, aux populations locales, qu’il ne s’est pas installé sur place pour soigner les gosses, mais qu’un avion va venir les embarquer définitivement.

Évidemment, si cela avait fonctionné, le procédé aurait été catastrophique, au moins pour les familles restées sur place, mais pas forcément pour les enfants qui auraient été adoptés. Et aucun des membres du groupe n’est véritablement un salaud. Au point que l’un d’eux décide d’adopter lui-même deux garçons, trop âgés, à sept ans, pour avoir la moindre chance de trouver des parents adoptifs.

L’histoire se termine mal, car le chef du groupe avait caché à sa traductrice tchadienne qu’il ne comptait pas rester sur place. Déçue, elle se venge en le dénonçant aux autorités, et tout le monde est arrêté par l’armée avant de parvenir à l’aéroport. Mais on peut se demander ce que deviendront, sur place, la centaine d’enfants, soustraits in extremis à leur seule chance d’un sort meilleur...

Les acteurs sont exemplaires, surtout Vincent Lindon et Reda Kateb, ce qui ne surprend pas.

Petite erreur de mise en scène : l’avion de Xavier est immatriculé au Maroc (CN), alors que tout est censé se passer au Tchad. Mais c’est que le film a été tourné au Maroc ! On n’a pas pensé à repeindre le numéro matricule.

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Danish girl

Jeudi 21 janvier 2016

Réalisé par Tom Hooper

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 5 septembre 2015

Sorti en France le 20 janvier 2016

Pour ce film assez peu intéressant, un titre sans imagination, car il importe peu que tout cela se passe à Copenhague.

On n’est pas vraiment surpris que Danish girl soit si plat et conventionnel, car le réalisateur avait déjà commis Le discours d’un roi, qui passait à côté de son sujet en évitant toutes les difficultés, puisqu’il ne les traitait pas.

Le scénario ne réserve aucune surprise, et tout arrive comme on s’y attend. Un exemple : lorsque les deux époux, peintres chacun, doivent se rendre à un bal des artistes, Monsieur n’en a pas envie et déclare qu’il n’ira pas. Simple truc de scénario, car on devine qu’il ira, déguisé en femme, puisque c’est le thème central du film.

Le film ne tient debout que grâce à la reconstitution de l’époque, 1930, et aux trois interprètes masculins, Eddie Redmayne, acteur de génie qui a déjà décroché un Oscar pour un autre film raté sur Stephen Hawking, et, dans les rôles secondaires, Ben Whishaw et Matthias Schoenaerts, toujours excellents.

Bien sûr, avec un sujet pareil, le changement de sexe d’un homme en femme, aucune identification du public au personnage central n’est possible, à de très rares exceptions près. D’autant plus que le coiffeur et le maquilleur ne se sont pas donné beaucoup de mal pour faire apparaître ce jeune homme sous les traits d’une femme, et l’on se demande comment les personnages du bal, par exemple, ont pu s’y tromper !

On suit donc les numéros d’acteur, mais c’est tout.

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Chorus

Vendredi 22 janvier 2016

Réalisé par François Delisle

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 23 janvier 2015

Sorti en France le 20 janvier 2016

Ce film bancal ne pouvait sortir qu’au festival de Sundance, où sont invités les films ruisselants de sentiment humain. Ici, une histoire de deuil et de pédophilie.

En 1995, Hugo, âgé de huit ans, est embarqué par un pédophile, qui le séquestre et l’étouffe sous un oreiller lorsque l’enfant cesse de lui plaire. Le petit corps ne sera retrouvé, ou du moins quelques ossements, que dix ans plus tard, néanmoins l’assassin a été arrêté et incarcéré (comment a-t-il été condamné, en l’absence de corps ?).

Dans ce laps de temps, les parents d’Hugo, brisés, se sont séparés, et le père est allé s’installer au Brésil, tandis que la mère trouve un exutoire en faisant partie d’une chorale – d’où le titre du film. Lorsque l’assassin se décide enfin à tout avouer, la police peut ainsi exhumer les restes du garçon et informer les parents. Le père retrouve alors son ex-femme. Mais la vision des restes de son fils provoque chez lui un effondrement. On les informe également que l’assassin s’est pendu dans sa cellule, donc il n’y aura pas de procès.

Puis apparaît Antonin, un ami d’Hugo qui a maintenant dix-huit ans, et qui apporte aux parents une lettre qu’Hugo lui avait écrite. Et comme ils sont désireux de le garder un peu, il les invite... à un concert de rock, où la mère ne tarde pas à se trémousser, tandis que le père fuit très vite la salle. Fin du film.

Avec un scénario aussi mince, qu’il a écrit, filmé puis monté, le réalisateur comble les vides en se rabattant sur une inutile scène de copulation, une autre de bain nu (masculin) sur la plage, et deux séquences musicales : une interminable séance de chorale, et un très saugrenu concert de rock, le tout n’ayant rien à voir avec son propos.

Notons que les sous-titres (français) de ce film (québécois, donc parlant français) sont souvent assez incorrects.

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Et ta sœur

Lundi 25 janvier 2016

Réalisé par Marion Vernoux

Sorti aux États-Unis (Festival international du film de Seattle) le 23 octobre 2015

Sorti en France le 13 janvier 2016

Ce remake d’un film états-unien, réalisé par une Marion Vernoux dont j’avais apprécié deux films auparavant, est cette fois-ci réalisé avec les pieds (tout en gros plans à la caméra portée), et dialogué en langage de babouin, qui tangue entre le vulgaire et le débile.

Le thème est simple : Tessa est amoureuse, sans le lui dire, de son meilleur ami Pierrick, mais quand sa demi-sœur lesbienne couche avec le garçon parce qu’elle a besoin de sa semence pour avoir un enfant, ça craque. Fin du film.

Malgré la présence de Virginie Efira, jolie et talentueuse mais qui pourrait choisir de meilleurs rôles, on s’ennuie et on s’agace. Rien de pire que les comédies qui ne font pas rire !

Et puis, je n’aime pas qu’on massacre Chopin en collant de la batterie par-dessus sa sublime Ballade en sol mineur.

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Mon maître d’école

Mercredi 27 janvier 2016

Réalisé par Émilie Thérond

Sorti en France (Festival du Film Francophone d’Angoulême) le 30 août 2015

Sorti en France le 13 janvier 2016

Quelques critiques grincheux et ne connaissant rien au métier d’instituteur ont prétendu que ce film manquait d’ambition et ne faisait pas la part assez belle aux enfants. Inévitablement, ils l’ont écrasé sous cette comparaison prévisible avec Être et avoir. Laissons-les dire.

Jean-Michel Burel est arrivé à vingt ans dans un village du sud-ouest, et n’en est jamais parti depuis quarante ans. Il est d’ailleurs devenu le maire du village, et, la retraite venue, compte bien y rester jusqu’à la prochaine élection municipale. Cette dernière année d’activité, c’est une de ses anciennes élèves qui l’a suivie, pour en faire un film montrant bien la noblesse de l’homme et de son métier. Pas facile, du reste, ledit métier, car un patelin de deux cent cinquante habitants ne compte guère qu’une vingtaine d’enfants d’âge scolaire, que, donc, il faut réunir dans une seule classe à quatre niveaux différents : ce travail d’équilibriste est des plus délicats et ne souffre ni l’amateurisme ni le j’menfoutisme.

M. Burel, aimé des élèves comme des familles, enseignait certes le français et l’arithmétique, mais aussi et surtout la tolérance, la rigueur et la confiance en soi. Il savait également prendre d’inattendues responsabilités, puisque, sans jamais en avertir sa hiérarchie, il admettait dans sa classe un jeune élève handicapé mental, devenu adulte, toujours présent et qui suivait ses cours sans jamais être inscrit officiellement. Dans toute autre branche d’activité, on lui aurait montré la porte...

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Le convoi

Jeudi 28 janvier 2016

Réalisé par Frédéric Schoendoerffer

Sorti en France le 20 janvier 2016

Comment peut-on avoir envie de filmer une histoire aussi sommaire, et que prétend-elle raconter ? Tout se ramène à ceci : une bande de trafiquants de drogue doit transporter un chargement depuis Málaga, dans le sud de l’Espagne, vers Paris. Le défi consiste, pour le réalisateur et son coscénariste, à ne jamais quitter l’autoroute, et à filmer presque tout à l’intérieur des voitures, et... en gros plans ! On anime le voyage avec des plaisanteries grasses, des invectives, des coups de feu et des voitures qui se heurtent, comme chez les réalisateurs débutants qui se lancent dans le cinéma via un film policier, ou ce qu’ils croient tel.

On a l’impression que tout cela est l’œuvre d’un rappeur, car les personnages ne cessent de vociférer, tout en s’appelant mutuellement « mon frère », car ils sont musulmans, sauf le personnage de Benoît Magimel, fâcheusement égaré dans cette galère et qui n’a strictement rien à faire. En outre, toutes ces éructations ne nous apprennent rien sur les personnages, qu’on ne connaît pas davantage à la fin qu’au début. Racolage dans le style de Besson...

C’est pénible dès le début, et cela ne s’améliore à aucun moment. Finalement, le seul Schoendoerffer qui laissera un nom dans le cinéma, c’est Pierre. Pas son fils Frédéric !

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45 ans

Vendredi 29 janvier 2016

Réalisé par Andrew Haigh

Titre original : 45 years

Sorti en Allemagne ( Festival de Berlin) le 6 février 2015

Sorti en France le 27 janvier 2016

Kate et Geoff, mariés depuis quarante-cinq ans (une fête est prévue) et sans enfants, seraient restés en paix, si on n’avait pas retrouvé, dans une faille d’une montagne suisse, le corps de la petite amie qui avait précédé Kate dans le cœur de son mari. Geoff se demande s’il va se rendre en Suisse pour reconnaître le corps, très bien conservé dans la glace (on dirait le thème du film d’Hitchcock The crystal trench). Il n’ira pas. Mais surtout, Kate est jalouse de cette cachotterie : et si cet accident n’avait pas eu lieu, Geoff l’aurait-il aimée, elle, plutôt que la défunte ? Mais, après quelques disputes sur le mode modéré, les deux époux iront à leur fête en amoureux.

Le film avance si lentement et recèle si peu de péripéties qu’on peut aller aux toilettes et y rester aussi longtemps qu’on veut, on ne rate absolument rien ! Seule Charlotte Rampling, et un peu Tom Courtenay, justifient qu’on se dérange.

Le réalisateur avait fait en 2011 un Week-end sans grand intérêt, encore une histoire entre deux personnages, mais homosexuels cette fois-là.

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Sites associés :    Yves-André Samère a son bloc-notes 122 films racontés

Dernière mise à jour de cette page le samedi 12 septembre 2020.