JPM - Films vus - Notules -  Janvier 2017

Notules - Janvier 2017

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (en italiques, autres que des films de cinéma) : Manchester by the sea – Le parc – Un jeune poète – Diamond IslandLa La Land – Whiplash – Elle – Nocturnal animalsInferno – Frost/Nixon – La mécanique de l’ombreLa chartreuse de ParmeLe bureau des légendesQuelques minutes après minuitA monster calls – L’orphelinat – Le bon gros géant – MountainHa’har – Whiplash – Rogue one – Monsters – Godzilla – Star wars – Il a déjà tes yeux – Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? – The boyfriend - Pourquoi lui ?Why him?Cuckoo – Aduction – Identité secrète – Tempête de sableLumière !MademoiselleAh-ga-ssiThe handmaiden – Les diaboliques – Le journal d’une femme de chambre – Les œufs de l’autruche – Fleur de tonnerre

Personnes citées : Kenneth Lonergan – Tomaso Albinoni – Casey Affleck – Lucas Hedges – Damien Manivel – Jérôme Garcin – Davy Chou – Damien Chazelle – J.K. Simmons – Paul Verhoeven – Isabelle Huppert – Tom Ford – Ron Howard – Dan Brown – Léonard de Vinci – Dante Alighieri – Omar Sy – Sidse Babbet Knudsen – Thomas Kruithof – Simon Abkarian – Juan Antonio Bayona – Steven Spielberg – Yaelle Kayam – Gareth Williams – Carrie Fisher – Lucien Jean-Baptiste – John Hamburg – Jonah Hill – James Franco – Taylor Lautner – Elite Zexer – Thierry Frémaux – Chan-wook Park – André Roussin – Stéphanie Pillonca-Kervern – Hélène Jegado – Gustave Kerven – Déborah François

Manchester by the sea

Lundi 2 janvier 2017

Réalisé par Kenneth Lonergan

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 23 janvier 2016

Sorti en France le 14 décembre 2016

La plupart des critiques professionnels, sauf celui des « Cahiers du cinéma », ont crié au chef-d’œuvre, mais c’est un peu exagéré, car ce film, qui avance très lentement, réunit un certain nombre de clichés (sur la famille, sur le traumatisme, sur l’incompréhension, sur la jeunesse, sur la solitude, et ainsi de suite), qui font de ce mélo interminable un film un peu surfait, et lui ont valu, sans aucune surprise, d’être sélectionné pour une présentation au festival de Sundance, la Mecque du politiquement correct.

Par ailleurs, le comportement bizarre de ce personnage mutique, qui ne sait pas parler aux femmes et fait volontiers le coup de poing dans les bars, déroute un peu.

Bref, Lee, ancien champion sportif, est devenu plombier à Boston et passe sa vie à déboucher des canalisations dans des appartements modestes, lui-même vivant dans un studio sans meubles ni confort. Beaucoup de temps s’écoulera avant que l’on comprenne qu’il a été traumatisé par l’incendie de sa maison, dans lequel ses enfants sont morts, ce qui a provoqué aussi le départ de sa femme. Le déclencheur de cette histoire est la mort de son frère, dont le testament fait de lui le tuteur de son neveu Patrick, un garçon de seize ans tout à fait normal, qui n’accepte pas de quitter la ville où il vit, ses copains, son lycée, son groupe de musique, son équipe de hockey, ses petites amies, pour aller vivre à une centaine de kilomètres de là.

Ce thème est longuement développé, le dilemme est résolu par l’adoption envisagée de Patrick par un ami de son père et la réconciliation probable de Lee avec son ex-femme. Mais il faut noter la lourdeur de la musique, certes classique, mais peu subtile : toute la séquence de l’incendie et de la tentative de suicide de Lee est musiquée par l’Adagio dit « d’Albinoni » (lequel n’est pas de lui), passé intégralement, ce qui semble interminable et bien peu subtil dans le style tire-larmes. On aurait préféré un dialogue de meilleure qualité.

Techniquement, le scénario qui introduit en douceur de nombreux retours en arrière, est bien pensé, et les acteurs, Casey Affleck et Lucas Hedges, sont très bons, permettant de supporter la durée exagérée de ce film ultra-délayé, deux heures et dix-huit minutes !

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Le parc

Mercredi 4 janvier 21017

Réalisé par Damien Manivel

Sorti en France (Festival de Cannes) le 15 mai 2016

Sorti en France le 4 janvier 2017

Ce film, qui se veut d’une avant-garde dépassée, inspire un intérêt très moyen dans son premier tiers, puis sombre dans l’absurde et un ennui accablant après une scène de dispute par SMS entre le garçon et la fille qui, tout d’abord, avaient marivaudé par banalités primaires lors de leur rencontre dans le parc.

Apprenant que son godelureau Maxime n’a pas rompu avec son ancienne petite amie, Noémie le traite de « connard », puis décide de « revenir en arrière », avant leur rencontre. L’ennui est que cette résolution est prise au pied de la lettre, et la voilà qui arpente le parc à reculons, interminablement, au grand dam d’un garde qui, la nuit étant tombée, lui serine que le parc ferme, et ne reçoit aucune réponse, ce qui l’énerve passablement.

Ultérieurement, il se livre pour la faire rire à une pantomime d’arts martiaux, puis la porte dans ses bras jusqu’à une barque remontant le cours d’eau. Finalement, lassée, elle lui crie qu’elle veut rentrer. C’est alors que le garçon du début réapparaît dans une scène fantasmée, ils s’enlacent, puis se battent, et le jour se lève, montrant Noémie endormie dans l’herbe.

Dommage. La réalisation, sans musique, sans éclairage sauf dans les scènes de nuit, et tout en plans fixes très peu dialogués sur écran 4/3 (ce que Jérôme Garcin appelle « écran carré », au mépris de la géométrie), annonçait un film plus attrayant. Mais il n’en reste rien, et le film, affreusement décevant, ne fera pas une grande carrière. Le réalisateur avait déjà dérouté avec Un jeune poète, mais il ne décevait pas comme ici.

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Diamond Island

Vendredi 6 janvier 2017

Réalisé par Davy Chou

Sorti en France (Festival de Cannes) le 13 mai 2016

Sorti en France le 28 décembre 2016

Ce premier film d’un cinéaste franco-cambodgien, qui dirige une équipe majoritairement française, est aussi charmant que bien fait, et les principaux interprètes, tous inconnus, sont attrayants. Son défaut réside dans le scénario, lent et peu précis, qui laisse ainsi une impression d’inaboutissement.

Ainsi, Bora, garçon de dix-huit ans qui habite un village avec sa mère en mauvaise santé et décide d’aller gagner sa vie à la capitale Pnom-Penh, a un frère plus âgé, marié et père, mais qu’on ne verra jamais. Lorsqu’il part pour la grande ville, il est accompagné d’un garçon plus jeune nommé Dy, dont on ne saura jamais si c’est un autre frère ou un ami. Lorsque Dy fait une chute du haut d’un immeuble et doit être transporté à l’hôpital, on ne saura jamais s’il en est mort ou a survécu. Lorsque Bora retrouve en ville un autre frère plus âgé, Solei, qui a quittté sa famille et ne veut plus y retourner, on ne verra jamais ce « mécène » dont il parle, venu des États-Unis et qui veut l’y emmener définitivement. On ne saura jamais pourquoi cet homme est parti, en laissant son luxueux appartement complètement vide à l’exception d’un lit somptueux, logement où Bora et ses amis vont passer une nuit. On ne saura pas davantage pourquoi Solei a voulu tenter sa chance en allant travailler en Malaisie, où les salaires sont deux fois plus élevés, mais en est revenu « parce que la vie y est trop chère »... alors que lui-même est assez à son aise pour posséder une moto et offrir un iPhone 6 à son jeune frère. On n’apprendra jamais pourquoi, après la mort de sa mère, Bora a décidé de ne plus retourner sur le chantier de construction où il s’était fait embaucher, sur Diamond Island, alors qu’on ignore tout de son travail mais qu’il semble ne pas manquer d’argent.

On nous affirme que le cinéaste voulait « partir du présent pour y faire resurgir le passé », mais c’est faux : il n’est à aucun moment question du passé, dans ce film terriblement quotidien, tout axé sur des personnages très jeunes et sans la moindre aspiration. Au point qu’on pourrait se croire en France !

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Les Golden Globes

Lundi 9 janvier 2017

Il y a à boire et à manger dans ces Golden Globes ayant distribué les récompenses du cinéma, en prévision des futurs Oscars, dit-on. Trions.

Je me réjouis que Damien Chazelle a ramassé autant de fleurs pour sa comédie musicale La la land. Ce garçon est pourri de talent, il l’a prouvé avec son Whiplash, autre film sur la musique, mais de jazz, dans lequel la batterie tenait la première place. On ne fait plus du tout de comédies musicales, de nos jours, et cela manque. Voici donc un film pour lequel on ne traînera pas les pieds quand il sortira chez nous, le 25 janvier – il est déjà sorti à peu près partout. À noter qu’il y fait jouer pour la troisième fois son acteur de Whiplash, J.K. Simmons, qui tenait déjà le rôle principal du professeur agressif dans le premier Whiplash, un court métrage de 18 minutes, en 2013.

Et puis, il y a cette double absurdité, ce prix du meilleur film en langue étrangère attribué au lamentable Elle, de Paul Verhoeven, et cette récompense pour la meilleure actrice étrangère à l’envahissante Isabelle Huppert, qui n’a rien à faire – et le fait mal – dans ce navet. Ni l’un ni l’autre ne justifie la moindre distinction.

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Nocturnal animals

Lundi 9 janvier 2017

Réalisé par Tom Ford

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 2 septembre 2016

Sorti en France le 4 janvier 2017

Une sorte de revanche littéraire. Edward et Susan ont été mariés, mais se sont séparés. Susan a épousé Hutton, homme d’affaires trop occupé pour s’occuper d’elle et de l’exposition qu’elle a organisée (des femmes obèses, nues, allongées immobiles, et qu’on a vues jusqu’à satiété pendant un générique trop long). Elle reçoit alors le manuscrit du roman qu’Edward a toujours voulu écrire sans y parvenir, et qui lui demande enfin son opinion sur le texte. Elle le lit et découvre leur histoire, mais très arrangée : les deux époux voyagent au Texas avec leur fille – qui n’existe pas dans la réalité – et sont agressés par trois voyous, qui brutalisent Edward et l’abandonnent dans le désert, emmenant les deux femmes, qu’ils vont violer et tuer. Un policier prénommé Andy, promis à la mort car il est cancéreux, va enquêter, prendre le parti d’Edward, et abattre ces types. Et Susan, à sa lecture, « ressent des émotions »...

Cette histoire ne tient pas debout, mais elle est suffisamment esthétisante et chichiteuse pour avoir séduit une partie de la critique. Pour ne rien arranger, la plupart des scènes durent deux fois trop longtemps, dont celles-ci : un type en menace un autre avec un pistolet, et discourt longuement sur ce qu’il va faire. On pense immédiatement à une scène d’un western italien, dans laquelle un type en menace un autre avec son arme, mais le type menacé est plus rapide, le tue et commente cyniquement : « Quand on veut tuer quelqu’un, on tire, on cause pas ! ».

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Inferno

Mercredi 11 janvier 2017

Réalisé par Ron Howard

Sorti en Italie le 8 octobre 2016

Sorti en France le 9 novembre 2016

Très peu apprécié par la critique, en dépit d’un excellent film, Frost/Nixon, l’ex-acteur Ron Howard n’en est pas moins un bon réalisateur. Ce qui pèche chez lui, c’est le choix de ses scénarios, surtout depuis qu’il s’est attelé à réaliser les romans extravagants de Dan Brown, comme dans le cas présent. Aussi, Inferno a-t-il connu un insuccès total en France, et je n’ai pu le voir, tardivement, qu’en version doublée. Cette fois, après Léonard de Vinci, il s’attaque à Dante, et c’est tout aussi indigent, malgré la présence d’acteurs de qualité, dont Omar Sy et Sidse Babbet Knudsen.

Comme toujours, la fin donne dans le spectaculaire de bazar, bien que coûteux, et on aura visité Florence, Venise et Istanbul. Rien n’est vraisemblable dans cette historie de philosophe fou qui veut « sauver l’humanité », menacée de surpopulation, en faisant mourir les neuf dixièmes de l’espèce humaine, pas moins !

Il n’y a pas grand-chose à en dire, c’est un film pour drive in ! On admire les décors, sans plus.

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La mécanique de l’ombre

Vendredi 13 janvier 2017

Réalisé par Thomas Kruithof

Sorti en France (Festival d’Angoulème) le 25 août 2016

Sorti en France le 11 janvier 2017

Des quatre bons acteurs qui soutiennent ce film, on n’a mis que trois sur l’affiche. Pourtant, Simon Abkarian n’est pas le moins bon, et son jeu s’exerce dans un spectre plus large. Et le personnage féminin introduit arbitrairement dans cette intrigue et joué par une Italo-Allemande quasiment inconnue ne sert absolument à rien.

Bref, pour n’avoir pas pu faire une tâche impossible que lui avait ordonnée son patron, Duval, comptable quinquagénaire, est mis au chômage, et il s’y trouve depuis deux ans, quand un ancien ami retrouvé par hasard le met en relation avec Clément, un homme d’affaires qui cultive le mystère, et qui lui confie un travail très bien payé mais aux conditions draconniennes : il devra retranscrire le contenu de cassettes audio qu’on fera parvenir chaque matin ; laisser chez lui son téléphone mobile ; travailler dans un appartement vide qu’il quittera à dix-huit heures ; ne parler à personne ; ne pas fumer ; et n’écrire ses textes que sur une machine à écrire du passé, une IBM à boules ! Ce genre de précaution, paraît-il, est en vogue.

Naturellement, tout cela va se gâter, sinon il n’y aurait pas de film, et on apprendra que tout cela visait à servir la cause d’un candidat à l’élection présidentielle, qui a tout intérêt que trois otages français, enlevés par des terroristes, ne soient pas libérés trop tôt ! Ce genre de magouille a d’ailleurs eu lieu dans la réalité, par exemple au Liban...

Le but du film est de montrer, une fois de plus, une situation presque incompréhensible vue par un personnage qui n’y comprend rien. Mais depuis La chartreuse de Parme et Fabrice ne comprenant rien à la bataille de Waterloo, cette idée a été souvent utilisée.

Il faut dire que ce type de scénario extrêmement embrouillé est très en vogue, notamment à la télévision, avec notamment le feuilleton Le bureau des légendes, qui a déjà connu deux saisons et dont la troisième sortira bientôt.

La musique est exceptionnellement bonne.

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Quelques minutes après minuit

Mardi 17 janvier 2017

Réalisé par Juan Antonio Bayona

Titre original : A monster calls

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 9 septembre 2016

Sorti en France le 4 janvier 2017

De Bayona, je n’avais vu que L’orphelinat, film qui brassait les mêmes thèmes : l’enfance, la mort, la maternité, l’horreur. Et les trucages numériques pour bien faire. Ici, en gros, on a les mêmes ingrédients, mais en moins bien, car l’histoire, dont on s’efforce de nous cacher le sens, est beaucoup trop linaire et simpliste : un garçon ne peut se résoudre à voir sa mère mourir, et imagine un monstre en forme d’arbre qui cherche à lui arracher le perpétuel « lourd secret » sans lequel il semble devenu impossible de faire un film.

Il paraît que cette histoire très confuse et très répétitive est adaptée d’un roman pour la jeunesse. Dans ce cas, c’est loupé, car l’atmosphère est à ce point sinistre qu’on hésiterait à la montrer à des enfants. Le jeune garçon qui joue Conor est très bien, mais il en fait peut-être un peu trop.

Et il y a vraiment excès de trucages faits à l’ordinateur, qui ont englouti une énorme part du budget, quarante-trois millions de dollars ! En outre, après Le bon gros géant de Spielberg, notoirement raté, on commence à être las de ces histoires d’amitié entre un enfant et un monstre géant.

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Mountain

Mercredi 18 janvier 2017

Réalisé par Yaelle Kayam

Titre original : Ha’har

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 4 septembre 2015

Sorti en France le 4 janvier 2017

Hormis le décor étrange – une maison habitée, à la lisière d’un cimetière juif sur le Mont des Oliviers à Jérusalem –, cette histoire n’a rien pour intéresser : une mère de quatre enfants, dont le mari est trop fatigué par son travail pour lui prêter attention, sort la nuit pour se promener dans le cimetière, mais tombe sur une scène de sexe : les prostituées de l’endroit viennent ici faire leur commerce. Surprise par les participants, qui la chassent, elle revient le lendemain, et... leur apporte à manger.

C’est très vite d’un parfait ennui, et cela doit se savoir, car nous n’étions que deux spectateurs dans la salle !

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La la land

Jeudi 19 janvier 2017

Réalisé par Damien Chazelle

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 31 août 2016

Sortira en France le 25 janvier 2017

Ce film, déjà sorti dans presque tous les pays du monde, ne sortira chez nous que le 25 de ce mois, mais je l’ai déjà vu. La critique est ICI, et je peux dire que, malgré les cris de louange qui ont fusé un peu partout et annoncent un prochain Oscar, il déçoit un peu, surtout à cause d’un scénario très banal, et reste fort au-dessous des deux versions de Whiplash qui ont fait connaître son auteur. Néanmoins, la séquence d’ouverture, chorégraphiée sur une autoroute, est à ce point réussie et témoigne d’une telle maîtrise de la mise en scène que le film peut pourtant être vu.

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Rogue one

Vendredi 20 janvier 2017

Réalisé par Gareth Williams

Sorti aux États-Unis le 10 décembre 2016

Sorti en France le 14 décembre 2016

On va voir ce film parce que Gareth Wiliams avait, en 2010, brillamment réussi son premier long-métrage – lui venait de la télévision – le très fauché Monsters (coût : un demi-million de dollars), pour lequel, il avait créé des décors gigantesques plutôt surprenants, et sans aucun acteur connu. Puis, en 2014, un original Godzilla, avec des vedettes cette fois, pour... 160 millions de dollars, une sacrée culbute, et tout aussi réussi par sa vision humaniste.

Hélas, avec cette greffe – un spin off, comme il faut dire – sur la série Star wars, il sombre dans le commercial, et produit une pellicule banale, riche en explosions, coups de feu et bris de décors, et ensevelie sous les sempiternels trucages numériques sans lesquels on ne réalise plus aucun film. Tout est prévisible et ennuyeux. On a cru se garantir en embauchant deux acteurs connus, qui n’ont pas grand-chose à faire, et en concluant avec un plan de jeunesse de Carrie Fisher dans le rôle de la princesse Leia, qu’on a sans doute extrait du premier épisode tourné de la série.

Rébarbatif et laid.

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Il a déjà tes yeux

Lundi 23 janvier 2017

Réalisé par Lucien Jean-Baptiste

Sorti en France (Festival du Film Francophone d’Angoulême) le 27 août 2016

Sorti en France le 18 janvier 2017

Un ménage de Noirs vivant en France : lui, Paul, est originaire des Antilles, elle, Sali, du Sénégal, née en France de parents immigrés. Mais ils peuvent pas avoir d’enfant, et ont décidé d’adopter. Une déléguée de l’aide sociale à l’enfance leur propose un garçon de six mois, mais il est blanc ! Aucune réticence (ils sont intelligents), ni chez eux ni chez leurs amis, mais cela coince du côté de la famille maternelle, et de la déléguée un peu raciste, chargée de vérifier que tout se passe bien.

Tout le film repose sur le dialogue, qui est bon, mais cela se gâte dans la dernière partie, où les trois scénaristes ont eu la mauvaise idée (bien française) de vouloir corser leur comédie en y incluant la police et l’administration de l’hôpital, avant de faire marche arrière sur le mode tout-le-monde-s’embrasse-et-il-n’y-avait-pas-de-problème. C’est un peu dommage, car alors on n’y croit plus.

Néanmoins, l’intention d’inverser les clichés est bonne, quoique pas très neuve (on avait la même dans Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?), et les acteurs sont épatants.

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The boyfriend - Pourquoi lui ?

Mercredi 25 janvier 2017

Réalisé par John Hamburg

Titre original  : Why him?

Sorti aux États-Unis le 17 décembre 2016

Sorti en France le 25 janvier 2017

Un festival de fausses audaces, gras, très-très gras, ce qui ne surprend pas quand on sait que Jonah Hill est l’un des trois auteurs de l’histoire. Tout repose donc sur le contraste entre un père de famille traditionnel et un peu coincé, et le petit ami de sa fille, qui, comme on dit, « n’a aucun filtre » dans son langage et ses manières. D’où un rejet absolu au début, qui va se transformer en acceptation attendrie à la fin, comme on le prévoit dès la première scène.

Il n’y a aucune surprise dans ce fil conducteur, tout étant fondé sur les trouvailles très vulgaires, voire scatologiques – papier hygiénique, excréments, urine –, qui parsèment l’histoire. Et cela ne tiendrait pas sans la folie de James Franco, qui en fait des kilotonnes, mettant à profit sa beauté, qui fait tout passer... sauf la durée du film, qui est vraiment trop long, une heure et cinquante-deux minutes, et finit par fatiguer : les auteurs ne savent donc pas qu’une comédie ne doit jamais dépasser une heure et demie ?

À noter que le film adapte Cuckoo, une série télévisée britannique où jouait Taylor Lautner, dont on ne parle plus beaucoup depuis l’échec d’Aduction (en français, Identité secrète), sorti en 2011.

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Tempête de sable

Jeudi 26 janvier 2017

Réalisé par Elite Zexer

Titre original  : Sufat chol

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 25 janvier 2016

Sorti en France le 25 janvier 2017

Les cinéastes israéliens ont au moins cette honnêteté de ne pas prendre parti politiquement pour leur gouvernement, et, même si cette culture leur est étrangère, de s’intéresser aux Arabes qui vivent dans le pays qu’on leur a un peu confisqué. Ici, dans ce film minimaliste (et court), nous sommes dans un village de Bédouins, à la frontière de la Jordanie, et suivons une famille où le père, Suleiman, déjà marié à Jalila, prend une seconde épouse. Le ménage a déjà quatre filles, dont l’aînée, Layla, étudiante, aime un jeune homme, Anouar, également étudiant, dont sa famille ne veut pas : le père veut la marier à un certain Mounir, réputé sage, mais... beaucoup plus âgé. Elle s’y refuse, ce qui provoque des dissensions amenant le père à répudier sa première femme.

Finalement, pour obtenir que son père va revenir sa première femme, Layla rentre dans le rang et accepte d’épouser Mounir. Le poids des traditions...

Le film est très sobre, et, pour cette raison, ne plaît pas à tout le monde.

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Lumière !

Vendredi 27 janvier 2017

Réalisé par Thierry Frémaux

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 11 septembre 2016

Sorti en France le 25 janvier 2017

Une sélection de 108 des 1422 films qu’ont fait réaliser les frères Lumière, et dont quatre ont été vus partout, notamment au Musée d’Orsay : La sortie des usines Lumière, Entrée d’un train en gare de La Ciotat, Le goûter de Bébé et la première version de L’arroseur arrosé (il y a eu d’autres versions, car les films ne se conservaient pas, il fallait donc en retounrer d’autres versions pour les rentabiliser).

Il faut voir cette rétrospective, pour y découvrir des films complètement inédits, certes, mais y aller avec des boules Quiès, afin de ne pas subir la musique de Camille Saint-Saëns, envahissante et toute de nostalgie sirupeuse, et les commentaires de l’auteur Thierry Frémaux, qui multiplie les bourdes : qualifier les Champs-Élysées de « plus belle avenue du monde », dire « l’Amérique » pour désigner les États-Unis, écorcher le nom du grand réalisateur japonais Ozu (on prononce « ozeu », pas « ozou »), et prêter aux réalisateurs de ces petits films de cinquante secondes des intentions artistiques de mise en scène qui n’étaient pas d’actualité à cette époque lointaine.

Et puis, non, les frères Lumière n’ont pas « inventé le cinéma ». Leur apport, après des siècles de recherches, a été de mettre au point la croix de Malte, qui permettait de transformer le déroulement continu de la pellicule en mouvement saccadé – ce qui évitait qu’elle se déchire en l’immobilisant devant la fenêtre de projection.

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Mademoiselle

Dimanche 29 janvier 2017

Réalisé par Chan-wook Park

Titre original : Ah-ga-ssi ou The handmaiden

Sorti en France (Festival de Cannes) le 14 mai 2016

Sorti en France le 2 janvier 2017

Balançant entre Les diaboliques et Le journal d’une femme de chambre, mais tiré d’un roman que je n’ai pas lu, ce film d’un réalisateur coréen très connu (mais dont le générique de fin est écrit en japonais !) montre que les cinéastes asiatiques sont experts à montrer des horreurs dans un style distingué et sur un ton suave – parfois, pas ici. Le titre signifie en coréen « la Dame », et le film a aussi un titre anglais, The handmaiden.

Durant les années 30 en Corée, période où les Japonais occupent le pays, la jeune Soo-kee est recrutée comme femme de chambre pour aller servir une riche Japonaise, Hideko, maintenue recluse dans une riche propriété par son oncle richissmime. Or, ancienne pickpocket, elle n’est que la complice d’un escroc qui s’est attribué un titre de comte (au Japon ? Cela me rappelle le film Les œufs de l’autruche, tiré d’une pièce d’André Roussin qui comportait une comtesse... polonaise. Or, pour le film, on n’avait trouvé qu’une actrice japonaise, elle était donc devenue une comtesse japonaise !). Et ce pseudo-comte, en fait, ne désire que séduire la demoiselle, l’épouser, puis s’en débarrasser en la faisant interner dans un asile de fous. Et pour cela, Soo-kee doit la convertir aux amours saphiques.

Or, dans une première partie, racontée au premier degré et ne révélant rien, c’est Soo-kee la victime, et elle se retrouve internée. Mais la deuxième partie démonte la combine, et la troisième montre quel est le châtiment de l’escroc... et de l’oncle richissime.

C’est long, deux heures et dix-neuf minutes (avec cinq minutes de plus dans la version sortie à Séoul), et assez pesant quant à l’insistance sur les scènes de sexe. À la fin, les deux femmes, dont l’une s’est grimée en homme, partent vivre ailleurs leur amour.

 

*

 

Deux détails annexes : un plan de publicité clandestine affiche une montre-bracelet de marque Seiko. Or l’histoire se passe en 1930, et Seiko n’a été introduite dans la région qu’en 1980 !

Et puis l’escroc élimine l’oncle (et se suicide) en enfumant la pièce où ils se trouvent avec une cigarette contenant du mercure. Or le mercure, s’il est bel et bien toxique, n’agit pas si rapidement. On a dû confondre avec le cyanure d’hydrogène, qui a été utilisé aux États-Unis jusqu’en 1999 dans les chambres à gaz pour exécuter les condamnés.

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Fleur de tonnerre

Mardi 31 janvier 2017

Réalisé par Stéphanie Pillonca-Kervern

Sorti en France (Festival du Film Francophone d’Angoulême) le 24 août 2016

Sorti en France le 18 janvier 2017

Les critiques professionnels se sont acharnés à démolir ce premier film, qui ne méritait pas ce traitement. Que la production ait manqué d’argent, c’est certain, mais combien de navets à trente millions de dollars encombrent-ils les écrans ?

En France, on aime les films racontant l’histoire des grands criminels, et Hélène Jegado en fut une, non pas par sa subtilité, mais par son obstination, vu son palmarès : 37 tentatives et 25 morts avérées, ce pour quoi elle a été guillotinée en 1852. Sa méthode, immuable, était l’arsenic, qu’elle s’était procuré auprès d’un pharmacien en lui racontant une histoire de rats qu’elle désirait exterminer. Sélective, avec cela, car ses vcitimes et leur entourage n’ont pas été suffisamment futées pour soupçonner quoi que ce soit, si bien que l’hécatombe dura dix-huit ans.

La réalisatrice est mariée à Gustave Kerven, qui tient un petit rôle dans le film. Et la vedette, Déborah François, est très crédible.

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Sites associés :    Yves-André Samère a son bloc-notes 122 films racontés

Dernière mise à jour de cette page le samedi 12 septembre 2020.