JPM - Films vus - Notules -  Janvier 2019

Notules - Janvier 2019

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres : Un beau voyouMon pèreRetabloQui a tué Lady Winsley ? Lady WinsleyLes invisiblesL’incroyable histoire du facteur ChevalMy beautiful boy – La baie des anges – Boy erased – The gift – Ben is backL’ordre des médecinsContinuerLe premier mouvement de l’immobile

Personnes citées : Lucas Bernard –  Swann Arlaud – Álvaro Delgado-Aparicio – Hiner Saleem – Sébastien Marnier – Laurent Lafitte – Louis-Julien Petit – Niels Tavernier – Jacques Gamblin – Laetitia Casta – Timothée Chalamet – Jacques Demy – Jeanne Moreau – Joel Edgerton – Lucas Hedges – Peter Hedges – Xavier Dolan – Julia Roberts – Joachim Lafosse – Sebastiano d’Ayala Valva

Un beau voyou

Jeudi 3 janvier 2019

Réalisé par Lucas Bernard

Sorti en France (Festival de Saint-Jean-de-Luz) le 4 octobre 2018

Sorti en France le 2 janvier 2019

Cette comédie policière est le premier film de son réalisateur, et repose sur deux acteurs épatants et sur des dialogues qui pétillent. Au sujet des acteurs, on aurait pu choisir pour l’affiche une meilleure photo que celle qu’on a retenue, et qui défigure absurdement le visage intéressant de Swann Arlaud, interprète du voleur de l’histoire, acrobate, un peu menteur, très cachotier (ses parents ne savent ni où il vit ni ce qu’il fait dans la vie !), et jadis un peu incendiaire.

Le scénario, passablement goguenard, est plaisamment entortillé, et ne connaît aucun temps mort. Inutile de rechercher une quelconque vraisemblance, ni dans les actes ni dans les situations : il ne s’agit que d’amuser. Et, pour une fois, on est très au-dessus des habituelles comédies à la française !

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Mon père

Mardi 8 janvier 2019

Réalisé par Álvaro Delgado-Aparicio

Titre original : Retablo

Sorti au Pérou (Festival de Lima) le 7 août 2017

Sorti en France le 19 décembre 2018

Le titre original désigne un retable, sorte de tableau en relief, qu’on enferme dans une boîte munie de portes, et qui est surtout destiné aux églises. Et Segundo, garçon de quatorze ans, a été initié à cet art par son père, Noé, qui a fait de cette technique son métier, lequel lui assure réputation et revenu. Le garçon vénère son père et veut suivre la même voie, jusqu’au jour fatal où il surprend subrepticement Noé dans un acte dévoilant qu’il a du goût pour les hommes. Sa première réaction est de ne plus parler à son géniteur, puis, harcelé par lui qui veut comprendre la raison de sa bouderie, le frappe et décide de quitter la maison et le village pour aller gagner sa vie ailleurs.

Mais les évènements vont le faire changer d’avis. D’abord, d’autres villageois apprennent aussi la vérité et blessent gravement Noé, puis sa femme décide de le quitter et part avec sa mère pour un autre village. Segundo refuse de la suivre, car il ne veut pas abandonner son père, qu’il a décidé de soigner. Et les autres garçons du village s’en prennent à lui, parce qu’ils le taxent lui aussi d’homosexualité, ce en quoi ils se trompent. Segundo se bat avec le plus virulent. Et lorsque son père meurt de ses blessures, il fabrique un retable représentant sa famille disparue et dépose son œuvre dans le cercueil. Puis il range toutes les affaires ayant servi au père, ferme la maison et quitte lui aussi le village.

Le film est donc l’histoire d’un garçon angélique et un peu naïf, qui est d’une profonde bonté et ne peut plus vivre dans son milieu d’origine, complètement intolérant et arriéré. Il est signé par un réalisateur-scénariste-producteur débutant, ne comporte aucune trace d’avant-garde, et sa réalisation est parfaitement estimable.

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Qui a tué Lady Winsley ?

Jeudi 10 janvier 2019

Réalisé par Hiner Saleem

Titre original : Lady Winsley

Sorti en Suisse et en France le 2 janvier 2019

Lady Winsley était une romancière états-unienne, installée en Turquie, dans la petite île de Büyükada, au milieu du Bosphore. Or elle est trouvée assassinée, et un inspecteur de police arrive d’Istanbul pour enquêter. Mais, très vite, la population locale lui manifeste son hostitlité, pour deux raisons : il a exigé de recuillir l’ADN de tous les hommes ayant approché de la victime, puis, comble d’horreur, des femmes aussi, ce que les hommes de l’île estiment offensant, parce que cela contrevient aux traditions. Et la seconde, parce qu’il est d’origine kurde, et que les Kurdes sont haïs !

Le film se traîne, et on finit par se désintéresser de l’enquête, à part quelques rires, par exemple lorsqu’une des femmes de l’île dit à l’inspecteur « On est chez nous, on tue qui on veut ! ». L’histoire finit par aboutir à la culpabilité d’un personnage auquel on a peu prêté attention. Erreur qui va à l’encontre de tout film d’enquête !

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L’heure de la sortie

Vendredi 11 janvier 2019

Réalisé par Sébastien Marnier

Sorti en Suisse (Festival de Venise) le 31 août 2018

Sorti en France le 9 janvier 2019

Pierre Hoffmann (joué par Laurent Lafitte) remplace un professeur qui s’est suicidé devant ses élèves de troisième, tous surdoués. Or ils prennent assez mal ce remplacement, et s’ingénient à le froisser par des remarques déplacées. Mais, au lieu de les punir, il les espionne afin de connaître pourquoi ils sont si hostiles et se livrent, entre eux, à des actes de tortures dont ils s’interdisent de se plaindre ! On apprend peu à peu qu’ils rejettent le monde actuel, fort occupé à s’autodétruire (comme eux). Et la fin semble leur donner raison, quand la centrale nucléaire qu’on voit beaucoup en fond de paysage est incendiée et explose, ce qui semble un peu excessif, attendu que ce genre d’accident n’est jamais arrivé tel qu’on le voit ici.

Le climat de ce film au scénario minutieusement composé est assez oppressant, et les six jeunes sont presque aussi inquiétants que les douze enfants dans Le village des damnés. Mais certaines scènes, comme celle de la chorale, sont trop longues, et devraient être raccourcies.

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Les invisibles

Mardi 15 janvier 2019

Réalisé par Louis-Julien Petit

Sorti en France (Festival d’Angoulême) le 22 août 2018

Sorti en France le 9 janvier 2019

Tout tourne autour d’un centre d’accueil municipal, l’Envol, qui n’héberge, et seulement de jour, que des femmes au chômage et sans abri. Or il est en passe d’être fermé dans trois mois. Quatre de ses employées s’efforcent de secourir les malheureuses qu’on va ainsi renvoyer à la rue, et, si possible, de leur trouver un travail. Pour cela, tous les moyens sont bons, y compris ceux frisant l’illégalité !

Loin de tout dramatiser, le film a beaucoup d’humour (y compris dans le fait que toutes ont choisi un pseudonyme parmi les noms de célébrités), ce qui était un très bon choix, d’autant plus que les actrices, professionnelles ou véritables sans abri, ne jouent jamais l’apitoiement.

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L’incroyable histoire du facteur Cheval

Mercredi 16 janvier 2019

Réalisé par Niels Tavernier

Sorti en France (à Hauterives) le 24 septembre 2018

Sorti en France le 16 janvier 2019

Contrairement à ce que beaucoup ont dit ou écrit, non, les paysages de la Drôme ne sont pas sublimes, ni seulement magnifiques. Hormis les cours d’eau encaissés, ils sont banals, et l’intérêt du film n’est pas là ! Il est dans ses interprètes, Jacques Gamblin et Laetitia Casta, et dans l’histoire qu’il raconte, et qui est unique : un simple facteur se prend de passion pour la construction, dans son jardin, d’un palais de jeux destiné à sa fille, fait de pierres ramassées dans les environs de sa maison. Lui au moins, peu bavard, n’est pas obsédé par le pouvoir, la célébrité ou l’argent ! Cette envahissante passion va l’occuper durant trente-trois ans, et va le rendre célèbre, puisque son palais est aujourd’hui classé monument historique.

Le film aura un succès certain, et son principal interprète ainsi que sa maquilleuse vont sans doute collectionner les récompenses officielles. Pour une fois, ce sera justice.

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My beautiful boy

Vendredi 18 janvier 2019

Réalisé par Felix Van Groeningen

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 7 septembre 2018

Vu en avant-première le 18 janvier 2019

Sortira en France le 6 février 2019

La présence de Timothée Chalamet, en chair et en os (davantage d’os que de chair) à l’écran et dans la salle avant la projection, n’a pas sauvé le film de son principal défaut : cette obstination, chez les deux scénaristes, à raconter un film dans le désordre, au point qu’il est impossible de savoir quel épisode précède ou suit tel autre épisode. Ce parti-pris très snob prive le film – et les spectateurs – d’en comprendre la succession, et donc le déroulement logique du récit, et d’autant plus que tout ce qui arrive aux deux personnages principaux, le père et le fils, a déjà été vu cent fois dans d’autres films, et que rien de neuf ne vient apporter un peu d’originalité à cette histoire, elle-même tirée de deux livres écrits justement par les deux protagonistes (encore un de ces redoutables films « adaptés d’une histoire vraie »...).

À noter que le dénouement est boiteux : après que le père, ayant pris conscience que son fils drogué est incorrigible, en a conclu « On ne peut pas sauver les gens » et a refusé de le secourir financièrement une fois de plus, une scène suggère fortement que ledit fils a tenté de se suicider. Or, sans aucune explication, la dernière montre qu’il a survécu et que son père a fait volte-face. Tous ces errements font qu’assez vite, le film ennuie et déçoit, et, s’il faut le voir, c’est uniquement pour les deux acteurs.

Le même phénomène ne date pas d’hier, il existait déjà en 1963, lorsque Jacques Demy avait réalisé La baie des anges, dans lequel Jeanne Moreau, devenue une intoxiquée des jeux de casino, allait de rechute en rechute.

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Boy erased

Dimanche 20 janvier 2019

Réalisé par Joel Edgerton

Sorti aux États-Unis (Festival de Telluride) le 1er septembre 2018

Vu en avance le 20 janvier 2019

Sortira en France le 27 mars 2019

Jared, qui a dix-neuf ans, est homosexuel mais reste discret. Néanmoins, ses parents, un pasteur plutôt sévère et une femme croyante mais pas fanatique, découvrent son secret, et l’obligent à suivre en internat un programme de « thérapie de reconversion », l’alternative étant que, selon son père, s’il ne peut pas appliquer les principes de sa famille, il n’a rien à faire sous leur toit !

Cet internat est très strict, car tout y est interdit : avoir des copains trop proches, téléphoner, écouter la radio, lire des livres impies, et même écrire – or Jared aime écrire des contes. Il se heurte assez vite au principal des dirigeants du collège, et celui-ci, qui s’appelle Sykes – comme le méchant dans Oliver Twist, qui est joué par le réalisateur lui-même, et qui cache sa propre homosexualité –, le tarabuste à un tel point que Jared finit par se révolter et téléphoner à sa mère de venir le retirer de ce guépier. Ce qu’elle fait.

Un seul détail qui rend le scénario légèrement incohérent : les séquences étant montées dans le désordre sans que la chronologie manquante saute aux yeux, on ignore comment les parents de Jared ont pu se douter qu’ils avaient un fils homosexuel, alors qu’il faisait tout pour ne pas se trahir. Mais le film traite très bien le fanatisme de ces religieux qui croient posséder la seule vérité admise en société. Et les acteurs sont parfaits.

Le réalisateur fait ici son deuxième film, mais le premier, The gift, datant de 2015, n’a pas été vu en France. Et Jared est joué par Lucas Hedges, qui est un très bon acteur.

On remarque que Xavier Dolan joue un petit rôle dans le film.

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Ben is back

Mardi 22 janvier 2019

Réalisé par Peter Hedges

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 8 septembre 2018

Sorti en France le 16 janvier 2019

Au moins SIX grands journaux ont qualifié Julia Roberts de « Mère Courage » – preuve que les critiques de cinéma travaillent à la photocopieuse ! Pour ne rien arranger, la mode actuelle est au thème du jeune déboussolé que ses parents ont obligé à suivre un traitement psychatrique pour tenter de le guérir de son addiction à la drogue (Timothée Chalamet dans My beautiful son, Lucas Hedges dans Ben is back) et à l’homosexualité (encore Lucas Hedges dans Boy erased). Bref, l’imagination est au pouvoir, comme on en rêvait en mai 1968...

Peter Hedges, père de sa vedette Lucas Hedges, est à la fois le réalisateur et le scénariste de ce film. Il est donc entièrement responsable du peu d’intérêt de cette œuvrette, où l’on voit un garçon s’échapper de son foyer pour drogués afin de passer la fête de Noël avec sa mère et ses petites sœurs, et se voit forcé de rendre un service de plus à ses ex-fournisseurs, qui ont... enlevé son chien !

On croit comprendre que le principal but de ce film est de fournir à Julia Roberts, sans doute lasse de jouer les mannequins, une occasion pour tenter de décrocher un Oscar, que sans doute elle n’obtiendra pas, tant le résultat est terne.

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L’ordre des médecins

Lundi 28 janvier 2019

Réalisé par David Roux

Sorti en Suisse (Festival de Locarno) le 2 août 2018

Sorti en France le 23 janvier 2019

Après deux courts métrages en 2012 et 2015, David Roux s’attaque, non sans succès, au genre que Thomas Lilti semble avoir monopolisé. Or son film apparaît légèrement en retrait, peut-être parce qu’il insiste trop sur les situations familiales, et n’en dit pas assez sur la condition des médecins.

Néanmoins, et grâce à ses interprètes, dont Jérémie Renier surclasse tous les autres, il parvient à garder tout l’intérêt de cette histoire, dans laquelle un pneumologue, volontiers donneur de leçons, s’empêtre plus ou moins parce que sa propre mère est hospitalisée dans l’établissement où il travaille. Il sait pourtant qu’il ne la sauvera pas (elle a une septicémie, qui n’est pas sa spécialité), et, même s’il sauve d’autres patients, il est en l’occurrence trop impliqué.

Reste que l’essentiel des intentions du film est clair : médecins et autres soignants (on n’oublie pas les infirmières) ont une vie de fous, mais doivent conserver un maximum de lucidité s’ils veulent rester efficaces. Cet aspect est très bien rendu.

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Continuer

Mardi 29 janvier 2019

Réalisé par Joachim Lafosse

Sorti en Suisse (Festival de Locarno) le 2 août 2018

Sorti en France le 23 janvier 2019

Marrant : les spectateurs qui n’ont rien à dire prétendent TOUS que ce film est truffé de « paysages magnifiques ». C’est complètement faux, rien n’est magnifique dans ce coin désert de la planète. Autant écrire que Béthune (ou Niort, pour paraphraser Houellebecq) est la plus belle ville du monde !...

L’histoire ? Il s’agit d’un conflit familial, puisque Sibylle, divorcée, ayant eu un enfant hors mariage, un garçon prénommé Samuel, a vendu la maison de son propre père afin de financer un voyage de découverte à cheval au Kazakhstan. Contraint de la suivre, Samuel, perpétuellement maussade, regrette sa vie urbaine, d’ailleurs sans intérêt, car lui-même n’a aucun attrait. Tous deux vont connaître quelques aventures, dont la tentative essayée par des voyous de leur voler leurs deux chevaux, mais Samuel, qui s’est emparé du revolver donné à sa mère par la première de leurs hôtesses, les met en fuite.

Les deux acteurs sont bons, mais les chevaux ne sont pas mauvais non plus.

Joachim Lafosse a fait de bien meilleurs films que celui-ci, auquel on saura gré de ne durer qu’une heure et vingt-quatre minutes. Cela ne signifie pas qu’on s’ennuie, mais on ne se passionne pas non plus pour les disputes continuelles opposant les deux personnages. À aucun moment, ils n’inspirent la moindre sympathie.

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Le premier mouvement de l’immobile

Jeudi 31 janvier 2019

Réalisé par Sebastiano d’Ayala Valva

Sorti en Italie (Festival de Turin) le 25 novembre 2018

Sorti en France le 30 janvier 2019

Né avec une cuillère d’argent dans la bouche, élevé dans la culture, Giacinto Scelsi était fou, refusait qu’on le photographie et vivait reclus dans son appartement romain. En outre, il prétendait que la musique qu’il composait lui était envoyée par des dieux [sic]. Elle était d’ailleurs très mauvaise, et les concerts qu’on en donnait, avec ces instrumentistes qui poussent des cris inarticulés, étaient ridicules.

Le film que le documentariste Sebastiano d’Ayala Valva, lui-même assez perturbé, en a tiré, est composé de collages incompréhensibles. Ainsi, la séquence de fin montre des ouvriers découpant à la tronçonneuse... un palmier, et cette scène n’a aucun rapport avec quoi que ce soit. L’ennui que le spectateur tire de ce salmigondis dépasse tout ce qu’on peut imaginer, et même les œuvres de Marguerite Duras semblent limpides, en comparaison.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

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Dernière mise à jour de cette page le samedi 12 septembre 2020.