Kinopoivre, les films critiqués par Jean-Pierre Marquet - Vite !

Vite !

Les critiques et notules de ce site peuvent sembler longues aux lecteurs pressés. Pour eux, ces aperçus en peu de mots. Ils sont classés par pages, en suivant l’ordre alphabétique. Au sommaire de celle-ci, Cavale, Chaos, Chez les heureux du monde, Cheval de guerre, Chicago, Chuck and Buck, Colonel Blimp, Coup de peigne, Crazy / Beautiful.

Chiffres A1 A2 A3 B C D E F G H I J K L1 L2 L3 L4 L5 L6 L7 L8 M1 M2 N O P Q R S T U V W

 

Barême :

Classique 4 étoiles

À voir absolument 3 étoiles

À voir 2 étoiles

À voir à la rigueur 1 étoile

Inutile de se déranger 0 étoile

À fuir À fuir

C

CavaleÀ fuir
de Lucas Belvaux
avec Ornella Muti, Dominique Blanc, Gilbert Melki, Lucas Belvaux, Catherine Frot

Deuxième film de la trilogie de Lucas Belvaux.

La « cavale » est celle de Bruno, joué par Belvaux lui-même. Ancien terroriste, membre d’un groupe gauchiste baptisé « Armée Populaire », condamné à la prison à perpétuité, il s’évade au bout de cinq ans. Décidé à reprendre son action, il déchante, car ses anciens amis ont refait leur vie et ne veulent plus entendre parler de tout cela. Jeanne, son ex-compagne, devenue professeur, mariée, mère d’un petit garçon, exige qu’il lui fiche la paix, qu’il disparaisse, et insiste pour qu’il passe en Italie. Car, bien entendu, il a toute la police à ses trousses. Après avoir tiré d’un très mauvais pas la propre femme d’un policier, allumé un incendie et placé une bombe dans le palais de Justice de Grenoble, il se résoud à fuir, traverse à pied la chaîne des Alpes, et meurt en tombant dans une crevasse – l’épilogue le plus expéditif qui soit.

Ce résumé n’est qu’un survol et ne donne pas vraiment une idée du film, qui est loin d’être ridicule et outrancier. Mais tout est dans la manière, le style. Et le film pose cette question fondamentale : quelle est la valeur de nos convictions ?

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Chaos1 étoile
de Coline Serreau
avec Catherine Frot, Vincent Lindon, Line Renaud, Aurélien Wiik, Rachida Brakni

Coline Serreau est une féministe. Dans ses films, les hommes, désarmés, impuissants, ridicules, odieux parfois, ne sont pas gâtés, mais c’est de bonne guerre. Chaos expose la révolte d’une femme qui en a marre de servir de bonniche à ses mufles de fils et de mari. C’est le côté le plus délectable du film, et les deux scènes du début, montrant le comportement identique du père et du fils envers leurs mères respectives, et qui font office de déclic pour la prise de conscience du personnage principal, sont bien conçues. Tout au long du film, Coline Serreau charge suffisamment la barque, quoique avec doigté, et par le biais de dialogues percutants, pour que les spectateurs applaudissent la scène finale, avec les quatre femmes de l’histoire réunies sur un banc face à la mer – les hommes étant mis, enfin, entre parenthèses. Le rêve éveillé de toute féministe...

Le moins bon est évidemment le scénario, véritable fourre-tout, comme d’habitude, et qui brille par son invraisemblance : l’enquête policière à laquelle se livre Hélène afin de retrouver la prostituée tabassée par des proxénètes, avec ses flics invraisemblables et ses méchants qui ont si bien la tête de l’emploi, ne tient pas debout. À noter, par la même occasion, une belle boulette commise à l’encontre de S.O.S.-Racisme, dans une scène où le représentant de cet organisme refuse lui aussi de s’intéresser à Malika parce qu’elle « fait honte à l’islam » ! Et puis, l’épisode où celle-ci, en un tournemain devenue experte en manipulations boursières, s’arrange pour annexer la totalité de la fortune d’un riche homme d’affaires, ne passe vraiment pas : bonne comédienne, Rachida Brakni n’a tout de même pas de quoi faire perdre la tête à ce genre d’homme.

Chaos vaut donc uniquement par l’affrontement entre une femme presque solitaire et les hommes qui l’entourent, et par la présence de Line Renaud, qui abandonne enfin ses éternels rôles de matrone à poigne pour jouer une malheureuse négligée par son salaud de fils.

Entendons-nous, ce film est captivant, animé par deux actrices exceptionnelles, Catherine Frot et Line Renaud. Il n’empêche qu’un risque existe : que Chaos plaise surtout aux Chiennes de Garde, au Front National, à tous ceux qui n’aiment ni les jeunes, ni les Arabes, ni S.O.S.-Racisme. Bref, avant tout aux aigris.

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Chez les heureux du monde1 étoile
de Terence Davies
avec Gillian Anderson, Dan Ayckroyd, Elizabeth McGovern, Eric Stoltz

Film tiré d’un livre d’Edith Wharton, un auteur de haute tenue, même s’il n’envahit pas les rayons des supermarchés. Lily Bart est une jeune femme de la meilleure société. Mais désargentée, quelque peu imprudente aussi, et surtout peu douée pour les intrigues de sa classe sociale : hébergée par sa tante qui ne lui verse aucune pension, elle a perdu beaucoup d’argent au jeu, mais se refuse à faire un mariage d’argent, bien que les soupirants ne lui manquent pas. C’est qu’elle aime un homme, beau mais pas riche, et qu’elle ne peut pas avoir. Elle finit par tomber entre les mains d’un financier qui lui rend service mais exige d’être payé en nature, dette qu’elle refuse de régler de cette manière. Là-dessus, sa tante meurt, en la déshéritant précisément à cause de ses dettes. Pour vivre, elle devient secrétaire, puis ouvrière, puis plus rien, et elle se suicide, alors qu’un petit chantage, si elle avait accepté de l’exercer sur une personne insoupçonnable, lui aurait rendu sa position tout en assurant son avenir.

Ce n’est pas gai, c’est un peu long, mais quel plaisir pour le spectateur de n’être pas pris pour un imbécile ! En tout cas, ce film a le mérite de rappeler que la condition des femmes n’a pas toujours été ce qu’elle est aujourd’hui, et que jadis, le choix était clair et limpide, il fallait vendre ou se vendre.

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Cheval de guerre1 étoile
de Steven Spielberg
avec Jeremy Irvine, Peter Mullan, Emily Watson, Niels Arestrup, Benedict Cumberbatch, Céline Buckens, David Kross

Beau film pour enfants, mais qui ne déplaira pas aux adultes. Un fermier anglais plutôt fauché décide d’acheter aux enchères un cheval qui est loin de convenir aux travaux de la ferme. Sa femme est furieuse et veut qu’il le rende, mais son jeune fils, Albert, en tombe amoureux et supplie qu’on le laisse dresser l’animal, baptisé Joey. Il y parvient, mais la situation financière de la famille ne s’améliore pas, et le père revend le cheval à l’armée : la Première Guerre mondiale vient de commencer.

Joey a été acheté par un jeune officier intelligent et artiste, qui promet à Albert de veiller sur son cheval et lui en donner des nouvelles ; et, en effet, Albert va recevoir des dessins de son cher Joey, qu’a réalisés l’officier avant d’être tué. Joey, lui, est capturé par l’armée allemande et voué à tracter des canons. Puis les hasards de la guerre font qu’il aboutit dans une ferme tenue par un vieux Français et sa petite-fille, mais les Allemands récupèrent le cheval. Plus tard, celui-ci s’échappe, mais, dans sa fuite, est pris dans les fils de fer barbelés qui protègent une tranchée. Dans une scène de fraternisation très inattendue, deux soldats, l’un anglais, Colin, l’autre allemand, Peter, l’en délivrent et tirent à pile ou face pour savoir qui l’aura ; c’est l’Anglais qui gagne, et les deux hommes, s’étant serré la main, retournent à leurs tranchées respectives.

Dans une de ces tranchées, le récit rejoint Albert qui entre-temps est devenu soldat. Gazé, il perd momentanément la vue, et retrouve son cheval à l’hôpital. Mais un soldat ne peut pas posséder de cheval, ces animaux étant réservés aux officiers. Comme la guerre prend fin, Joey va être vendu aux enchères une nouvelle fois. C’est le fermier français qui l’achète, en souvenir de sa petite-fille, morte dans l’intervalle, puis, ému par l’histoire d’Albert, qui le lui offre. Albert rentre au pays avec son cheval et retrouve ses parents.

Il passe sur tout cela un souffle épique, les séquences de guerre sont très réalistes, et la réalisation est impeccable, comme toujours chez Spielberg.

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Chicago1 étoile
de Rob Marshall
avec Renée Zellweger, Catherine Zeta-Jones, Richard Gere, Lucy Liu

Le meilleur de Chicago est dans la satire conjuguée des journaux et radio-télés qui misent en permanence sur le spectaculaire ; des neuneus qui se bousculent aux portillons des émissions de télé les plus vulgaires en espérant y être vus et qui sait ? devenir vedettes d’un jour ; et de la pratique des avocats étatsuniens, qui font littéralement apprendre un rôle à leurs clients, au lieu de plaider sur le fond.

Roxanne, apprentie théâtreuse, a tué un baratineur qui, pour la sauter, lui a fait croire qu’il pouvait lui procurer un rôle. Elle se retrouve en prison, et prend pour la défendre un avocat marron, le cynique Billy Flynn, qui n’a jamais perdu un procès, encore moins un dollar. Pour lui attirer la sympathie des ploucs, celui-ci entreprend d’en faire une vedette de l’actualité, le public se passionne pour l’histoire sentimentale qu’il invente à son intention, et elle est acquittée par un jury attendri... mais se fait voler la vedette, dans les minutes qui suivent le verdict, par une autre meurtrière ! Va-t-elle finir au chômage, puisque les badauds ont trouvé une autre idole de papier ? Non, car une troisième meurtrière, elle aussi théâtreuse, lui propose une association, et toutes deux connaissent enfin la gloire sous le pseudo « Les Meurtrières de Chicago » !

Le principe narratif du film est le suivant : tout ce qui est réel est filmé de façon à peu près réaliste, tout ce qui est imaginé ou fantasmé est filmé comme un spectacle de music-hall. On passe sans arrêt d’un style à l’autre, et c’est assez plaisant au début. Malheureusement, on s’en lasse, parce que tout est montré sur le même rythme, à la même vitesse, sur le même niveau. La monotonie gagne, car, hormis les numéros musicaux très bien dirigés, montés impeccablement, on n’est jamais vraiment surpris.

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Chuck and Buck1 étoile
de Miguel Arteta
avec Mike White, Chris Weitz, Lupe Ontiveros, Beth Colt, Paul Weitz

Buck et Chuck étaient amis d’enfance, et ils ont un peu joués à des jeux sexuels sans conséquence. C’est ainsi du moins que l’a compris le second, qui, devenu adulte et maintenant installé, prétend avoir oublié tout ça. En fait, il n’a rien oublié, mais ça n’a plus d’importance pour lui, fiancé qu’il est, bientôt marié à une fille de son niveau social – celui de cadre supérieur dans une firme qui produit des groupes de rock. Buck, lui, en est resté au même stade, et, lorsque tous deux se retrouvent aux obsèques de sa mère, il prend au sérieux l’invitation de pure forme que lui fait son ami. Si bien qu’il débarque dans la même ville, où il s’installe à son tour, et se met à harceler son ex-petit ami. Vite agacé, dès la première caresse un peu trop précise, celui-ci le prie de lui lâcher les baskets. Blessé, Buck loue un petit théâtre et fait jouer une pièce « pour enfants » qu’il a écrite sur leur aventure passée. Puis il invite son copain et sa fiancée. Chuck vient, mais n’apprécie pas, bien sûr. Pour se débarrasser du harceleur, mais peut-être aussi parce que l’aventure le tente encore un peu, il accepte le marché : une nuit ensemble, puis ils ne se verront plus. Et ça marche !

Moralité : passez-vous vos envies, elles cesseront d’être des obsessions.

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Colonel Blimp2 étoiles
de Michael Powell et Emeric Pressburger
avec Roger Livesey, Deborah Kerr, Anton Walbrook

Clive Candy, jeune officier britannique, est envoyé à Berlin en 1902 pour une mission para-diplomatique. Il réussit à offenser la totalité de l’armée allemande, et doit se battre en duel avec un officier allemand désigné, Theo, qu’il ne connaît pas. Tous deux, blessés, deviennent amis, et cette amitié survivra aux deux guerres mondiales.

Comédie au départ, le film devient de plus en plus émouvant, par le fait des évènements qui surviendront ensuite, et se termine sur une leçon de patriotisme efficace.

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Coup de peigne1 étoile
de Paddy Breathnach
avec Alan Rickman, Natasha Richardson, Josh Hartnett, Rachael Leigh Cook

Le scénariste de Full monty a concocté une histoire de concours de coiffure dans une petite ville, qui, sous des dehors futiles, raconte la recomposition d’une famille détruite : les Allen, père, mère et fils, ont un salon de coiffure, mais Phil, le père, ancien champion de l’art capillaire, n’a plus d’ambition depuis que sa femme Shelley a quitté le foyer dix ans plus tôt pour aller vivre avec Sandra, leur ancien modèle. Pour ne rien arranger, Shelley s’est découvert un cancer qui va la tuer mais qui, en attendant, lui a fait perdre ses cheveux. Un concours de coiffure sera l’occasion pour Phil de se remettre sérieusement à son art, pour le fils, de rencontrer l’amour en la personne de la ravissante fille du méchant rival de son ex-champion de père, et pour les époux séparés de se réconcilier... en intégrant Sandra, l’intruse, dans leur couple, qui de ce fait devient un trio. Une fin parfaitement immorale, donc.

C’est un petit film, mais assez réjouissant, bourré de péripéties burlesques, et rondement mené.

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Crazy / Beautiful1 étoile
de John Stockwell
avec Jay Hernandez, Kirsten Dunst, Bruce Davison, Lucinda Jenney, Taryn Manning, Herman Osorio, Miguel Castro, Tommy De La Cruz, Rolando Molina

Une jeune fille, Nicole, plutôt désaxée par le fric, l’alcool, la drogue et les problèmes familiaux (Crazy, c’est elle), va se trouver régénérée par l’amour d’un merveilleux garçon, Carlos (Beautiful, c’est lui), aussi beau moralement que physiquement, immigré mexicain, pourvu d’une nombreuse famille, et fauché.

Le film n’aurait aucun intérêt, sans la présence d’un jeune acteur, Jay Hernandez, né en 1978, dont c’est le deuxième film de cinéma, et dont il faut espérer qu’il ne va pas tomber injustement dans l’oubli comme tant d’autres avant lui.

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