Kinopoivre, les films critiqués par Jean-Pierre Marquet - Vite !

Vite !

Les critiques et notules de ce site peuvent sembler longues aux lecteurs pressés. Pour eux, ces aperçus en peu de mots. Ils sont classés par pages, en suivant l’ordre alphabétique. Au sommaire de celle-ci, L’attaque des clones, La vengeance dans la peau, La vierge des tueurs, L’avocat de la terreur, Le Dahlia Noir, Le discours d’un roi, L’emploi du temps, Le pacte des loups, Le passé.

Chiffres A1 A2 A3 B C D E F G H I J K L1 L2 L3 L4 L5 L6 L7 L8 M1 M2 N O P Q R S T U V W

 

Barême :

Classique 4 étoiles

À voir absolument 3 étoiles

À voir 2 étoiles

À voir à la rigueur 1 étoile

Inutile de se déranger 0 étoile

À fuir À fuir

L4

L’attaque des clones1 étoile
de George Lucas
avec Hayden Christensen, Natalie Portman, Ewan McGregor, Samuel L. Jackson, Daniel Logan, Christopher Lee, Temuera Morrisson

L’obsession du spectaculaire. Flatter le mauvais goût d’un public dont on s’est ingénié à gommer l’esprit critique, lui imposer n’importe quoi, pour peu qu’on ait réussi à lui faire avaler qu’il voit un film « culte ». On a ici un beau sujet, gâché par une surenchère dans les trucages numériques et les scènes d’action guerrières. Le film s’efforce en effet de montrer comment un jeune homme doué, intelligent, bon, courageux, bref, un héros, va devenir un méchant, parce que son statut social lui interdit de vivre comme un être humain normal. Thème rarement abordé, c’est le moins qu’on puisse dire. Le conflit intérieur est rendu accessible au public, qui n’a pas ce type de problème, par le choix des deux interprètes du couple auquel l’amour est interdit, Natalie Portman et surtout Hayden Christensen, qui sont d’une émouvante beauté. Les seuls bons moments du film sont dans leurs scènes d’intimité, et on n’a rien vu de plus érotique, à mon sens, que les chastes baisers qu’ils échangent, une fois la distance entre eux abolie (puisque la fille, l’ex-reine et sénatrice Amidala, est hiérarchiquement supérieure au garçon, Anakin Skywalker, qui n’est que son garde du corps).

C’est tout, et c’est bien peu.

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La vengeance dans la peau1 étoile
de Paul Greengrass
avec Matt Damon, Julia Stiles, David Strathairn , Scott Glenn, Paddy Considine, Edgar Ramirez, Albert Finney, Joan Allen, Tom Gallop, Corey Johnson, Daniel Brühl, Joey Ansah, Colin Stinton

Dernier épisode, riche en comique involontaire, de la saga sur Jason Bourne. La CIA, pour en faire un tueur, a transformé la personnalité de David Webb, rebaptisé Jason Bourne. Puis, se ravisant, elle a tenté de le tuer « parce qu’il en sait trop ».

Ce dernier module, entièrement filmé en caméra portée, est en fait un festival de poursuites, de cascades et de bris de verre, dans un vacarme quasi-permanent. On ne comprend rien à l’histoire, et Matt Damon n’a rien d’autre à faire que de sauter par des fenêtres et de castagner tout ce qui bouge. Le dénouement nous délivre enfin, après cinq ans d’attente, par une bien pauvre surprise : Webb n’est devenu un tueur à la solde de la CIA que parce qu’il était volontaire. Puis les méchants sont traduits devant une commission d’enquête sénatoriale, qui va certainement nettoyer les écuries d’Augias. On peut feindre de le croire...

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La vierge des tueurs3 étoiles
de Barbet Schroeder
avec German Jaramillo, Anderson Ballesteros, Juan David Restrepo, Manuel Busquets

Fernando Vallejo, personnage réel, écrivain colombien et quinquagénaire vivant à l’étranger, auteur du livre extrêmement cynique dont le film est tiré, revient au pays natal. À Medellín, capitale mondiale de la drogue dure, il tombe amoureux d’un garçon de seize ans, Alexis, prostitué à l’occasion, et tueur à gages à plein temps – amour réciproque. Ils s’installent ensemble. Alexis est un garçon sensible, capable de s’émouvoir devant l’agonie d’un chien, mais c’est aussi un tueur instinctif, qui flingue n’importe qui, sans ciller, sous n’importe quel prétexte, et plus vite que son ombre : le temps du film, on le voit tuer huit personnes. Pas du tout choqué, à peine un peu ennuyé de le voir si impulsif, Fernando lui conseille de réfléchir et de compter jusqu’à dix avant de tirer... puis lui procure des balles, car le jeune homme est bientôt à court de munitions. Mais d’autres tueurs recherchent Alexis, qui se fait abattre. Après avoir beaucoup regretté son compagnon, Fernando se console avec un autre du même âge, encore plus beau, Wílmar, qui l’aime aussi. Pas de chance, le consolateur était l’assassin du premier, qui avait tué son frère. Fernando est prêt à s’en accommoder, renonce à toute vengeance, mais Wílmar se fait flinguer à son tour.

Cette façon de raconter l’histoire laisse à penser qu’elle est sordide et ridicule. Mais non, cette œuvre sur la violence gratuite et sur la mort est à la fois drôle, sublime de beauté, d’une insondable profondeur de sentiments et dépourvue de sensiblerie, d’une maîtrise totale et donnant lieu à l’une des meilleures œuvres de l’année. Le contraire d’un produit commercial. Barbet Schroeder, l’auteur du film, est un artiste à part, depuis toujours attiré par l’extrême, et qui ne se donne pas l’alibi de moraliser : La Vierge des tueurs ne dit jamais que c’est mal de tuer, cela tombe sous le sens, on fait un constat, pas un sermon.

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L’avocat de la terreur3 étoiles
de Barbet Schroeder
avec Jacques Vergès

Portrait, par un spécialiste, Barbet Schroeder, d’un avocat qui défend les pires clients, du malfrat pilleur de son pays, tel Bongo, à l’assassin le plus sanglant, tel Éyadéma, aujourd’hui décédé, ex-grand pote de l’illustre Jean-Christophe Mitterrand. Sans oublier une interminable liste de terroristes, et un nazi accusé de crime contre l’humanité, Klaus Barbie, pour lequel il a naguère confessé avoir « beaucoup d’affection ». Le film démontre que les proclamations d’humanisme de l’avocat relèvent du mensonge le plus éhonté.

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Le Dahlia Noir2 étoiles
de Brian De Palma
avec Josh Hartnett, Aaron Eckhart, Scarlett Johansson, Mia Kirshner, Fiona Shaw, Hilary Swank, John Kavanagh, Rachel Miner, Mike Starr, Patrick Fischler, James Otis, Anthony Russell, Troy Evans, Pepe Serna, Angus MacInnes, Victor McGuire, Gregg Henry, Jemima Rooper, Rose McGowan, Graham Norris, Brian De Palma

Le Dahlia Noir est une jeune femme de vingt-deux ans, surnommée ainsi par un journaliste qui écrivait sur son assassinat. Le film, lui, est fait « à l’ancienne », un peu dans le même style visuel que Les incorruptibles, film de 1987, également dû à Brian De Palma, vieux routier qui a toujours privilégié les histoires sulfureuses.

Ce film doit inspirer quelques réflexions sur l’impossibilité au cinéma d’être fidèle aux livres qu’il tente d’adapter, ici, un roman de James Ellroy, inspiré de l’un des faits divers les plus sensationnels de l’histoire des États-Unis. Car James Ellroy, écrivain célébrissime et traumatisé par l’assassinat de sa propre mère, avait trouvé dans la rédaction de son roman Le Dahlia Noir, écrit quarante ans après l’affaire, une façon d’exorciser ses obsessions. Naturellement, il ignorait tout du véritable assassin d’Elizabeth Short, mais la solution qu’il imaginait visait bien la classe sociale à laquelle appartenait l’auteur du crime !

Le film ? Deux policiers de Los Angeles, anciens boxeurs, rivaux sur le ring mais amis dans la vie, enquêtent sur un crime horrible. Comme toujours au cinéma, cette enquête, qui les conduit très loin du point de départ, aura des répercussions sur leur vie privée, mais on ne tombe pas dans le cliché habituel du flic séparé de sa femme et qui a des ennuis avec ses enfants en train de grandir ! Certains, non sans raison, regrettent que De Palma, édulcorant sensiblement le roman, n’ait pas insisté sur les détails épouvantables du crime et des mutilations faites au cadavre par les deux cinglés qu’Ellroy a imaginés – sans savoir que la réalité était pire. Le spectateur échappe ainsi au film gore, au prix d’une curieuse relégation au second plan du cadavre et de ce qu’on a fait subir à la victime. De sorte que le film est froid, ce que le roman, glacé aussi, mais rageur, n’était pas, loin de là.

De plus, le scénariste en a fait une histoire d’amour très inhabituelle entre une femme et deux hommes qui ne sont pas et ne veulent pas être ses amants : Lee, le plus âgé et le plus riche, parce qu’il la protège, et l’autre, Buck, par loyauté envers le premier – avant la révélation que son ami était indigne et s’est servi de lui avant d’être abattu. De toute évidence, c’est cette situation inédite et ce côté trouble qui ont attiré de Palma, pas l’enquête policière, qu’il délaisse parce qu’elle relève assez peu du cinéma.

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Le discours d’un roi2 étoiles
de Tom Hooper
avec Colin Firth, Geoffrey Rush, Helena Bonham Carter, Derek Jacobi, Michael Gambon, Guy Pearce, Claire Bloom, Eve Best, Timothy Spall, Anthony Andrews, Roger Parrott

Aucune surprise : en Angleterre, George VI a succédé à son frère Édouard VIII après l’abdication de celui-ci, qui voulait épouser sa maîtresse Wallis Simpson, une femme venue des États-Unis et divorcée deux fois. Mais le nouveau roi était bègue, et suivait un traitement, sous la direction d’un homme étrange qui n’était pas médecin, mais ancien acteur, Lionel Logue. Évidemment, quand le roi devra prononcer à la radio un discours annonçant que le pays entre en guerre contre l’Allemagne nazie, ce discours aura dû être préparé, et le roi en viendra à bout, comme prévu... sinon il n’y aurait pas de film !

Réalisation très plate, digne d’un téléfilm. Seuls les deux acteurs principaux valent que ce film soit vu.

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L’emploi du temps2 étoiles
de Laurent Cantet
avec Aurélien Recoing, Karin Viard, Serge Livrozet, Jean-Pierre Mangeot, Nicolas Kalsch, Marie Cantet, Félix Cantet, Maxime Sassier, Elizabeth Joinet, Nigel Palmer

Jean-Claude Romand, Suisse devenu chômeur et qui prétendait, pour sauver la face, être médecin à l’Organisation Mondiale de la Santé, à Genève s’était empêtré dans ses mensonges (qui ont duré dix-huit ans !), et avait fini par tuer toute sa famille. Ce n’est pas à ce tragique dénouement que Laurent Cantet s’intéresse, et il suffit de se remémorer Ressources humaines pour voir l’évidence : c’est encore le chômage et les relations père-fils qui sont au centre du film. Son personnage, Vincent, marié, père de trois enfants, déjà dans la quarantaine, est licencié de son emploi de cadre. Honteux, n’osant rien avouer, ni à sa femme ni à son propre père, il s’invente un autre emploi et passe ses journées et parfois ses nuits dans sa voiture, au hasard des routes. C’est alors la pente savonneuse : comme on ne vit pas de l’air du temps, il commence à escroquer ses amis, leur soutirant des sommes plus ou moins élevées qu’il prétend placer en Russie. Jean-Claude, un quidam rencontré dans un hôtel, l’a vu à l’œuvre et le démasque, mais loin de le faire chanter, ce sympathique escroc va lui offrir un job plus sérieux, si l’on peut dire, et surtout plus lucratif, la contrebande de produits contrefaits dans les pays pauvres. D’abord un peu réticent, Vincent accepte. Tout irait bien, l’argent rentre, et Vincent peut même commencer à rembourser les amis floués, mais, voyant sa femme soupçonneuse, son fils ébloui par l’esprit de combinazione de Jean-Claude et par cette merveilleuse possibilité de s’offrir des Reebok à moitié prix, dégoûté de lui-même, il laisse tout tomber.

Le film est très dense et assez oppressant. Seule une fin optimiste et peu crédible (Vincent retrouvant un emploi bien payé grâce aux relations de son père) gâte quelque peu le tableau, à mon avis.

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Le pacte des loupsÀ fuir
de Christophe Gans
avec Samuel Le Bihan, Mark Dacascos, Émilie Dequenne, Monica Bellucci, Vincent Cassel, Jérémie Rénier, Jean Yanne, Jacques Perrin

Intrigue mystérieuse basée sur une série de meurtres – résultat d’un complot dont les méandres restent incompréhensibles –, bagarres saugrenues pour satisfaire à la mode, bande sonore fracassante, détails gore, acteurs célèbres auxquels on ne donne rien à faire, ce formidable navet offre au spectateur éberlué un effroyable méli-mélo, où défilent un jardinier du roi expert en autopsies, un Iroquois, la noblesse provinciale française du dix-huitième siècle, une vengeance, le communicateur en chef du roi de France, la guerre bactériologique, le Vatican, la faune africaine, le kung-fu, un scalp, la peur séculaire des loups, un bordel de luxe style Belle Époque, un massacre de citrouilles, un atelier de taxidermie, un meurtre en ouverture pompé sans vergogne sur Les dents de la mer, sans compter tout ce que j’ai oublié...

L’histoire de la Bête du Gévaudan est réelle, mais elle a surtout donné lieu à de nombreuses élucubrations : entre 1764 et 1767, cet animal fit une centaine de victimes, uniquement femmes et enfants, dans cette région voisine de l’Auvergne et du Languedoc. Inutile de préciser que les rumeurs allèrent bon train, s’amplifiant jusqu’à devenir une affaire d’État. Les habituels marchands de surnaturel s’engouffrèrent évidemment dans la brèche, et le film leur emboîte le pas, sans quoi il y aurait bien peu à dire et surtout à montrer. La pseudo-explication adoptée ici ne tient pas : quel animal africain de cette taille correspond-il aux données ? Aucun. La version retenue pour le film offre en outre l’occasion de caser quelques trucages numériques et « animatroniques », en créant une Bête monstrueuse qui semble échappée de Jurassic Park, mais après un détour via une console de jeux 16-bits, d’où son côté un peu fauché.

Illustrons la stupidité de ce projet par un exemple : on peut compter dans Le pacte des loups une demi-douzaine de combats inutiles, qui semblent démarqués des films d’action de Hong-Kong. Et du côté de la technique, ce n’est pas mieux, on multiplie les trucs et les tics faisant recette : ralentis, accélérés et arrêts sur l’image pompés sur Matrix, prises de vues aériennes, caméra gesticulante, pellicule teintée, images en négatif, angles de prise de vue bizarres, déluge d’hémoglobine, travelling avant sur l’intérieur de la gueule d’un loup abattu... De toute évidence, le réalisateur Christophe Gans tient beaucoup à montrer tout ce qu’il sait faire, même si la démonstration est parfaitement gratuite.

Le meilleur résumé du film, c’est l’Indien iroquois qui le donne en décrivant son horreur des armes à feu : « Trop de bruit, trop de feu, trop de fumée ».

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Le passé3 étoiles
d’Asghar Farhadi
avec Bérénice Bejo, Tahar Rahim, Ali Mosaffa, Pauline Burlet, Elyes Aguis, Jeanne Jestin, Sabrina Ouazani

Marie Brisson a eu trois hommes dans sa vie. Avec le premier, elle a eu deux filles, Lucie, 16 ans, et Léa, huit ans. Elle s’est séparée de cet homme, a vécu quelque temps avec un Iranien, Ahmad, mais ce mariage n’a pas fonctionné, et il est reparti en Iran. Enfin, elle s’est mise en ménage avec Samir, déjà marié, mais dont la femme Céline est hospitalisée, dans le coma, et qui un fils d’une dizaine d’années. Samir veut épouser Marie, aussi fait-elle venir Ahmad pour régler rapidement les formalités de leur divorce. Mais que faire, puisque Céline vit toujours et ne peut divorcer ?

Et d’abord, puisqu’elle a fait une tentative de suicide, qui responsable de son état ? Marie, sa fille Lucie, quelqu’un d’autre ?

Le film est très prenant, et l’explication ainsi que la lueur d’espoir très attendue n’arriveront qu’à la fin !

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Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 septembre 2020.