Kinopoivre, les films critiqués par Jean-Pierre Marquet - Vite !

Vite !

Les critiques et notules de ce site peuvent sembler longues aux lecteurs pressés. Pour eux, ces aperçus en peu de mots. Ils sont classés par pages, en suivant l’ordre alphabétique. Au sommaire de celle-ci, Fahrenheit 9/11, Fear and desire, Frères de sang, Funny games U.S. et Funny games.

Chiffres A1 A2 A3 B C D E F G H I J K L1 L2 L3 L4 L5 L6 L7 L8 M1 M2 N O P Q R S T U V W

 

Barême :

Classique 4 étoiles

À voir absolument 3 étoiles

À voir 2 étoiles

À voir à la rigueur 1 étoile

Inutile de se déranger 0 étoile

À fuir À fuir

F

Fahrenheit 9/112 étoiles
de Michael Moore
avec Michael Moore, George W. Bush, Oussama ben Laden, Saddam Hussein, Al Gore, Bill Clinton, Colin Powell, Donald Rumsfeld, Condoleezza Rice, Dick Cheney, Barbara Bush, George Bush, Laura Bush, Robert De Niro, Ben Affleck, Stevie Wonder, Britney Spears, John Ashcroft, Dan Rather

Fahrenheit 9/11 n’est PAS un documentaire, comme le ressassent bêtement journaux et radio-télés. Moore n’a jamais fait de documentaire. Ses films de cinéma et ses productions télévisées sont des pamphlets, souvent très drôles, mettant les rieurs du côté de leur auteur, et c’est l’arme la plus dévastatrice.

Ici, on fait le procès d’un homme, incapable, réactionnaire, sans scrupules, devenu Président des États-Unis à la suite d’une magouille aussi honteuse que voyante, et du régime qu’il représente, affairiste et mesquin. On a donc la face accusatrice du procès, un dossier, solide, fort bien constitué, que le film illustre de façon adroite et complète, avec le seul inconvénient d’être un peu trop long : l’idéal serait de frapper fort et vite.

Un peu trop long, le réquisitoire n’est cependant pas complet, il y manque un élément essentiel. Plutôt que de s’étendre sur l’imbécillité supposée de George Bush, thème récurrent et facile qui fait les choux gras des médias, mieux eût valu traiter en profondeur le sujet du fanatisme religieux de Bush, car ce travers est porteur de dangers bien plus importants et tout à fait avérés, eux. On a soutenu, non sans raison, que l’affrontement entre Bush et Ben Laden était celui de deux extrémistes religieux, deux « fous de Dieu », or le film de Moore fait malheureusement l’impasse là-dessus.

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Fear and desire2 étoiles
de Stanley Kubrick
avec Frank Silvera, Kenneth Harp, Paul Mazursky, Stephen Coit, Virginia Leith

Une guerre dont on ne verra presque rien, sauf le massacre de deux soldats au début et la brève escarmouche finale, et qui se déroule dans un pays non précisé. Quatre militaires, un lieutenant, un sergent et deux soldats, sont tombés derrière les lignes ennemies quand leur avion s’est écrasé. Pour retourner dans leur camp, ils tentent de descendre une rivière sur un radeau. Après quelques péripéties, ils y parviendront, plutôt amochés moralement, mais ayant tué un petit groupe d’ennemis, dont un général ! Et aussi une fille rencontrée par hasard, abattue par l’un d’eux, déboussolé par le désir et par le fait qu’elle ne parle pas sa langue.

Film que son réalisateur a voulu faire disparaître, tant il le jugeait médiocre et prétentieux. Remis à neuf, le film réapparaît, dans des circonstances extravagantes.

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Frères de sang3 étoiles
de Je-Gyu Kang
avec Dong-Kun Jang, Bin Won, Eun-ju Lee, Min-sik Choi, Hyeong-ran Lee, Yun-hie Jo, Doo-hong Jung, Bo-kyeong Kim

Film à grand spectacle, bien supérieur au film de Spielberg Il faut sauver le soldat Ryan.

Lorsque en 1950 éclate la guerre de Corée qui oppose le Nord communiste au Sud qui ne l’est pas, deux frères du Sud sont mobilisés. L’aîné, Jin-tae, a sacrifié ses études pour travailler comme cireur de chaussures, afin d’assurer l’avenir de son jeune frère, Jin-seok, 18 ans. Or, une fois incorporé, il harcèle ses supérieurs afin que son frère soit renvoyé dans le civil, ce qu’il n’obtiendra jamais, ou, du moins, ne soit pas choisi pour les missions dangereuses ; en échange, lui fera la sale besogne. Refus officiel, mais officieusement, le marché arrange bien la hiérarchie, car elle y gagne une machine à tuer, qui va se « couvrir de gloire », et gagner une médaille qu’on pourra utiliser pour la propagande.

Ignorant ce marché, le jeune frère s’étonne, renâcle, ne comprend pas l’attitude belliciste de son aîné, s’estime humilié d’être traité en soldat de seconde zone, et finit par s’opposer violemment à Jin-tae. Les deux frères finiront par se battre.

Cet affrontement fondé sur un malentendu vient se compliquer d’un épisode encore plus grave et déterminant, lorsque la fiancée de Jin-tae, soupçonnée d’être communiste, est accusée puis abattue par les patriotes excités du Sud. Ulcéré, Jin-tae déserte, passe dans le camp ennemi et y devient chef de bataillon. Du coup, les deux frères ne sont plus simplement séparés par un désaccord familial et par une incompréhension que l’aîné entretenait, mais par une idéologie.

Lorsque le plus jeune comprendra enfin l’attitude de son frère, il bravera le danger pour tenter d’aller le récupérer dans les lignes ennemies, en vain, car son frère ne reviendra pas, se fera tuer, et son corps ne sera retrouvé dans un charnier que cinquante ans plus tard.

Le film, âpre et violent, mais également sensible, ne contient aucune faute de conception ni de réalisation. De plus, il est fort bien interprété, notamment par Bin Won, qui joue le rôle du jeune frère.

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Funny Games2 étoiles
de Michael Haneke
avec Susanne Lothar, Ulrich Mühe, Arno Frisch, Frank Giering , Stefan Clapczynski, Christoph Bantzer, Doris Kunstmann, Wolfgang Glück, Susanne Meneghel, Monika Zallinger
Funny Games U.S.2 étoiles
de Michael Haneke
avec Naomi Watts, Tim Roth, Michael Pitt, Brady Corbet, Devon Gearhart, Boyd Gaines, Siobhan Fallon, Robert LuPone, Susanne C. Hanke, Linda Moran

Deux films, le premier de 1997, le second de 2007, par l’Autrichien Michael Haneke, et conçus selon un scénario identique.

Un couple aisé, Georg et Anna (George et Ann), et leur fils de dix ans, va passer quelques jours de vacances dans la villa familiale, au bord d’un lac. Voisins huppés, loisirs de circonstances : invitations mutuelles et navigation sur le lac. Mais voilà qu’un jeune homme, Peter, apparemment invité des voisins les plus proches, vient emprunter quelques œufs à la maîtresse de maison, et, maladroit ou feignant de l’être, les casse immédiatement. Il en demande d’autres, puis survient un autre jeune homme, Paul, et tous deux s’incrustent au lieu de partir discrètement. Anna s’énerve, veut les mettre à la porte, demande à Georg, son mari, de les virer, la dispute s’envenime, et Paul démolit le genou de Georg d’un coup de club de golf. Tout en s’excusant beaucoup sur un ton navré, les deux garçons ligotent les trois membres de la famille et passent le reste de la journée puis le début de la nuit à les terroriser, les brutaliser, les torturer, annonçant qu’ils seront morts avant neuf heures du matin suivant. En guise de préambule, ils ont d’ailleurs tué le chien. L’enfant parvient à s’échapper, trouve dans la villa voisine un fusil et en menace Paul qui l’a suivi... mais le fusil est déchargé ! Paul ramène à la maison Georg junior et le fusil, et Peter finit par abattre le gosse. Puis les deux garçons s’en vont tranquillement. Anna sort pour aller chercher du secours, car Georg ne peut plus se déplacer, or elle se fait ramasser sur la route par ses tortionnaires, qui la ramènent au foyer familial, dévasté. Là, ils tuent Georg, et attendent le matin pour noyer Anna dans le lac.

Le plan final de Paul allant, au petit jour, demander quelques œufs à la voisine annonce que tout va recommencer avec une autre famille. Drôle de jeu, comme dit le titre.

Atmosphère oppressante, mais le plus terrifiant est dans l’exquise politesse affectée par les deux assassins, visiblement très bien élevés, qui affectent de ne pas voir où est le problème quand leurs victimes les supplient de dire pourquoi ils font tout ça. Mais la parabole sur la violence irrépressible (mais peu visible) est évidente. Reste à savoir si les deux films incitent à la violence, ou pas. À chaque spectateur d’en décider.

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Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 septembre 2020.