JPM - Films - Notules - Février 2004

Notules - Février 2004

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (entre parenthèses, autres que des films) : La planète des singes – Le pont de la rivière Kwaï – Massacre à la tronçonneuse – Zombie – La mort des morts-vivants – La horde sauvage – Coups de feu dans la sierra – L’homme qui en savait trop – Les dix commandements – The squaw man – RRRrrrr !!!Les virtuosesBrassed off – The full monty – Inquiétudes – 21 grammes – Sage comme une imageBuongiorno, notte – Le diable au corps – Le sourire de ma mère

Personnes citées : George Romero – Sam Peckinpah – Alfred Hitchcock – Cecil B. DeMille – Alain Chabat – Jean Rochefort – Margaret Thatcher – Jacques Chirac – Alain Juppé – Ruth Rendell – Sacha Guitry – Marcel Pagnol – Jerry Lewis – Woody Allen – Marco Bellocchio – Aldo Moro – Arlette Laguiller – Pink Floyd – Vittorio De Sica – Luchino Visconti – Federico Fellini – Roberto Rossellini – Pier Paolo Pasolini parfois – Bernardo Bertolucci – Gérard Philipe – Maruschka Detmers – Federico Pitzalis – Jean-Paul II – Michael Youn – Stéphane Bern – Chantal Lauby

Films d’horreur

Dimanche 1er février 2004

Ne mélangeons pas les torchons et les serviettes. La planète des singes n’a pas été conçu (oui-oui, au masculin, c’est UN film) comme une série. C’était tiré d’un bon livre de Pierre Boulle, qui a écrit également Le pont de la rivière Kwaï. Devant le succès mérité du film, on en fait quatre ou cinq suites, pas toutes inintéressantes. Elles n’étaient pas vraiment un prétexte à montrer des massacres, le fond restait, en moins bien et plus commercial – mais rien de déshonorant –, accroché à l’idée philosophique de départ.

La première version de Massacre à la tronçonneuse était un film terrifiant mais qui montrait peu d’horreur, elle était plutôt suggérée. Le film a d’abord été interdit en France, puis on l’a sorti, et on a pu voir qu’il n’y avait pas lieu de l’interdire.

Zombie est une suite de La mort des morts-vivants, qui était peu ou prou une parabole politique sur les États-Unis ; on ne peut vraiment pas classer George Romero parmi les clipmen des studios d’Hollywood, car il est exactement le contraire !

La horde sauvage est le plus contestable, c’est le niveau le plus bas atteint par Sam Peckinpah, qui avait pourtant bien commencé avec Coups de feu dans la sierra, sauf erreur. Peckinpah n’était pas un tâcheron, mais ce film, hélas, a lancé une mode idiote, celle de la violence pour la violence. Il est mort assez vite, quoique ça n’a aucun rapport.

Et le remake de Massacre à la tronçonneuse, dont j’ai parlé, n’a rien d’un film de consommation, et surtout pas soft.

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Remakes

Dimanche 1er février 2004

Il y a toujours eu des remakes. Hitchcock en a fait un de son film L’homme qui en savait trop. Cecil B. DeMille a tourné deux versions des Dix commandements. Pas de mal à ça... Et il a tourné... trois fois son premier film, The squaw man. Les studios font des remakes de films qui ont marché, en espérant gagner autant d’argent. En fait, depuis quelques années, ça ne marche plus. Mais le principe n’est pas condamnable : un auteur peut estimer avoir raté la première version et vouloir faire mieux avec le même sujet (cas d’Hitchcock), ou changer complètement de genre (cas de DeMille).

Cela dit, si le remake est fait par un homme sans talent, il est évident que ce sera mauvais. Mais un mauvais réalisateur fera de mauvais films, remakes ou pas.

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RRRrrrr !!!

Lundi 2 février 2004

Réalisé par Alain Chabat

Sorti en France et en Belgique le 28 janvier 2004

Pas de surprise, RRRrrrr !!! est une bouse. Bête, lourd, laid et nul comme tout ce que font les Robins des Bois. Chabat ferait mieux de monter ses propres films, au lieu de monter en marche dans les films des autres. On a pitié pour Jean Rochefort, égaré là-dedans. Dire que ce film passe dans l’une des deux plus grandes salles de mon quartier, 450 places ! Nous étions dix spectateurs dans la salle.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Les virtuoses

Mardi 3 février 2004

Réalisé par Mark Herman

Titre original : Brassed off

Sorti au Royaume-Uni le 1er novembre 1996

Sorti en France le 25 juin 1997

Hier soir, j’espère que vous avez vu ou revu sur France 2 Les virtuoses (en anglais, Brassed off, mais bien sûr, on a eu la version doublée, c’est le service public, merde quoi !). L’un des tout premiers films qui parlaient d’ascension sociale à travers un art, et on en a vus des tapées depuis. Le plus bizarre, c’est que le public se souvient surtout de The full monty – si tant est que le strip-tease soit un art. Là, c’était bien plus fort, et le discours final du chef d’orchestre à l’Albert Hall, dans lequel il fustige « ce gouvernement de merde » qui jette des millions de gens sur le carreau sans chercher à les recaser (Mrs Thatcher est d’ailleurs nommée, en toutes lettres, audace que les films français ne se permettent jamais, nous sommes trop polis), non seulement avait une autre portée que le geste final des strip-teaseurs jetant leur slip dans le public, mais dépassait de loin les discours lénifiants et patriotiques qui concluent généralement les films hollywoodiens. Les Britanniques restent les meilleurs, aucun doute. Je rêve d’un Britannique faisant un film sur le tandem Chirac-Juppé.

En bref : à voir.Haut de la page

Inquiétudes

Jeudi 5 février 2004

Réalisé par Gilles Bourdos

Sorti en France (Festival de Naumur) le 28 septembre 2003

Sorti en France le 4 février 2004

Inquiétudes rappelle un peu 21 grammes. Là aussi, tous les personnages sont malheureux, et le garçon qui est au centre, Bruno, est assez gravement touché par un déséquilibre que lui cause son horreur de la médiocrité. Plusieurs morts, par accident, suicide et meurtre. Il est vrai que l’histoire est adaptée de Sage comme une image, un roman de Ruth Rendell, le meilleur auteur de psychologie criminelle actuellement en vie. Pour une fois, je dirai du bien des acteurs, car ils font leur travail avec conscience et communiquent plutôt bien les émotions de leurs personnages. Cependant, le récit ne brille pas par la clarté, et j’ai rarement vu autant de spectateurs quitter la salle durant une projection !

Euh... Pas certain que je vous ai donné l’envie d’aller le voir. Et pourtant !

En bref : à voir.Haut de la page

À propos d’Inquiétudes

Dimanche 8 février 2004

À propos d’Inquiétudes, j’ai dit que beaucoup de spectateurs avaient quitté la salle durant la projection, mais pas que le film était mauvais. Il est assez noir, c’est vrai. Mieux vaut le savoir par avance.

En fait, impossible de découvrir un lien entre qualité d’un film et succès auprès du public. D’autant moins que c’est variable aussi dans le temps : des films universellement reconnus, mais sur le tard, comme des chefs-d’œuvre, ont été mal accueillis à leur sortie. Variable également pour les auteurs : de leur vivant, Sacha Guitry et Marcel Pagnol étaient méprisés par la critique ; après leur disparition, on leur a découvert un tas de qualités, y compris chez les intellectuels. Variable enfin dans l’espace : Jerry Lewis et Woody Allen sont méprisés dans leur pays, alors que les Français les considèrent depuis le début comme des maîtres du cinéma.

En somme, tout ce qu’on peut dire, c’est qu’on ne peut rien dire !

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Buongiorno, notte

Lundi 9 février 2004

Réalisé par Marco Bellocchio

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 4 septembre 2003

Sorti en France le 4 février 2004

Dans Le masque et la plume, hier soir, les critiques ont couvert de fleurs le film de Marco Bellocchio, Buongiorno, notte. Eh bien non, désolé, mais le film ne vaut pas ça. Il m’a semblé passer à côté de tout ce que cette affaire pouvait comporter d’intéressant, et je me suis copieusement fait suer.

Par exemple, il est notoire qu’Aldo Moro était la figure de proue d’un parti, la Démocratie chrétienne, qui était un parti corrupteur, affairiste et complètement pourri. Ce qu’a été en France le MRP, naguère, ce qu’est aujourd’hui l’UMP, qui met sur un piédestal les voleurs et les profiteurs. Il eût été bon de le rappeler.

Trop peu décrit dans le film, le fait que les Brigades Rouges étaient des débiles mentaux, ne sachant s’exprimer que selon un jargon idéologique pénible (ce que fait Arlette Laguiller depuis trente ans, par exemple), sans la moindre distance critique ni un atome d’intelligence ou de culture, puisqu’ils se réclamaient du marxisme sans savoir ce que contenait cette théorie (qui a le courage de lire Le capital ?). Ils voulaient faire le bonheur du peuple malgré lui, ces crétins, et, comme cela se produit immanquablement, se sont fait haïr par ledit peuple, qui n’a pas manqué de hurler à la peine de mort contre eux – qu’on leur a épargnée, finalement, alors qu’eux-mêmes l’ont appliquée sans scrupules.

Bref, le film rate l’occasion de tirer la morale de l’histoire, et préfère jouer sur l’émotion (notamment, mais pas seulement, la scène des obsèques sur la musique de Pink Floyd, assez déplacée).

Ce qu’on aurait aimé entendre, hier soir à la radio, c’est que Marco Bellocchio, gauchiste radical, n’est pas un grand réalisateur. L’Italie a eu de grands réalisateurs, De Sica, Visconti, Fellini, Rossellini, Pasolini parfois, mais certainement pas Bellocchio, ni Bertolucci ! Connu depuis 1965, Bellocchio restera dans l’histoire du cinéma pour avoir fait un très mauvais remake du film avec Gérard Philipe, Le diable au corps, avec cette seule particularité qu’on y voyait pour la première fois une fellation non simulée faite par une vedette très connue, Maruschka Detmers, sur la personne de son partenaire Federico Pitzalis, jeune homme auquel ça n’a pas porté chance, puisqu’il n’a tourné aucun autre film !

Le précédent film de Bellocchio, Le sourire de ma mère, s’en prenait à la manie du Vatican de fabriquer à la chaîne des saints de propagande, stackanovisme propre à Jean-Paul II ; mais le scénario chargeait tellement la barque que le film en devenait ridicule et perdait toute portée. Dans Buongiorno, notte, disons que c’est un peu le contraire, le résultat est plutôt anodin... et vient vingt-cinq ans trop tard ! Un peu comme si, en France, on avait attendu aujourd’hui pour faire un film sur la guerre d’Algérie. Un coup d’épée dans l’eau.

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

Retour sur Inquiétudes

Lundi 9 février 2004

Inquiétudes est malgré tout un bon film, parce que c’est un film sérieux, qui traite honnêtement d’un sujet assez tragique, le mal de vivre chez un jeune homme sensible. Résultat, il tourne au meurtrier. Alors, bien sûr, ça ne plaît pas à tout le monde, puisque la tendance est à la gaudriole, mais on reste libre d’aller voir RRRrrr !!! si on aime la connerie à l’état pur. Plus guère de semaine sans qu’on nous inflige un film fait n’importe comment par une vedette de la télé. Le dernier en date est dû à Michael Youn. Je tremble que Stéphane Bern s’y mette ; il a déjà joué (trois secondes) dans le film de Chantal Lauby !

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Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 septembre 2020.