JPM - Films vus - Notules - Mars 2008

Notules - Mars 2008

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (en italiques, autre que des films) : La ronde de nuitNightwatching – Huit femmes et demi – La ronde de nuit – Time after time – C’était demain – Astérix aux Jeux Olympiques – Cours toujours DennisRun, fat boy, runFriends – Shaun of the dead – Hot fuzz – Soyez sympas, rembobinezBe kind rewind – Clerks – Escrocs mais pas trop – L’heure d’été – Seul au monde – Cast away – Sur la route de Madison – Bienvenue chez les Ch’tisLe cahier – Joy of madness – Buda as sharm foru rikhtL’orphelinatEl orfanato – 2001 : Odyssée de l’espace – À bord du Darjeeling limitedThe Darjeeling limited – Le sens de la vie – Ben XJulia – Gloria – Central do Brasil – La vie rêvée des anges – L’auberge rouge – BeaufortCrimes à OxfordThe Oxford murders – Frenzy – ABC contre Poirot – Le crime farpait – Crímenes imperceptiblesLa zona – Le désert des Tartares – 2001 : l’odyssée de l’espace

Personnes citées : Peter Greenaway – Rembrandt Harmenszoon van Rijn – Léonard de Vinci – Socrate – Herbert-George Wells – Jack l’Éventreur – Édith Cresson – Martin Freeman – Jean-Michel Basquiat – David Schwimmer – Simon Pegg – Pierre Perret – Nicolas Sarkozy – Les Monty Python – Fats Waller – Michel Gondry – Woody Allen – Tom Hanks – Kyle Eastwood – Clint Eastwood – Jean Girault – Louis de Funès – Dany Boon – Jean Girault – Louis de Funès – Hana Makhmalbaf – Mohsen Makhmalbaf – Samira Makhmalbaf – Maysam Makhmalbaf – Juan Antonio Bayona – Geraldine Chaplin – Larry Fessenden – Arthur C. ClarkeStanley Kubrick – Wes Anderson – Nic Balthazar – John Cassavetes – Walter Salles – Érick Zonka – Christian Clavier – Álex de la Iglesia – Alan Turing – Pierre Fermat – Leonardo Fibonacci – Andrew Wiles – Guy Fawkes – Anna Massey – Alfred Hitchcock – Agatha Christie – Guillermo Martínez – Rodrigo Plá – Laura Santulla

La ronde de nuit

Mardi 4 mars 2008

Réalisé par Peter Greenaway

Titre original : Nightwatching

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 6 septembre 2007

Sorti en France le 27 février 2008

Entre 1984 et aujourd’hui, on ne recense que cinq films portant ce titre. L’imagination des producteurs et distributeurs est prodigieuse. Il est vrai que, dans le cas présent, le titre se justifie, puisqu’il s’agit de Rembrandt.

L’honorable, très intelligent, très anticonformiste et fort cultivé maître gallois Peter Greenaway n’avait pas fait de long-métrage pour le cinéma depuis 1999, avec Huit femmes et demi, film assez raté. Si bien que les distributeurs n’escomptent plus un succès de sa part, et le film ne sort que dans deux salles à Paris, dans trente-trois seulement en France.

Greenaway s’est entre-temps installé aux Pays-Bas, et il connaît bien la technique de la peinture, d’où, très naturellement, ce film sur Rembrandt et son tableau le plus célèbre (il est exposé au Rijksmuseum d’Amsterdam).

En littérature populaire, une mode existe depuis quelques années, celle des romans de détection dans lesquels la recherche du coupable d’un crime est menée par un personnage célèbre. On a ainsi vu enquêter Léonard de Vinci, Socrate et quelques autres. C’est distrayant, cela montre que les auteurs ont de la culture et de l’imagination, et cela ne mange pas de pain. Mais on n’avait pas encore transposé ce genre au cinéma, hormis Time after time (en français, C’était demain, film extravagant où Herbert-George Wells partait à San Francisco poursuivre Jack l’Éventreur !). Greenaway vient donc de le faire, puisque son Rembrandt a découvert que l’un des personnages prévus pour figurer dans La ronde de nuit a été assassiné par un groupe de sales types, qu’il qualifie de « pédés hollandais », eux-mêmes présents dans l’œuvre en cours d’achèvement, et que dès lors il va s’activer à désigner dans le tableau même, via quelques indices concrets. Naturellement, il s’attire pas mal d’ennuis. Rappelons que le premier film à succès de Greenaway, Meurtre dans un jardin anglais (titre original, The draughtman’s contract, c’est-à-dire « Le contrat du dessinateur »), racontait déjà la fin tragique d’un artiste, qui s’était fait des ennemis en insérant dans des dessins sur commande des choses qu’il n’aurait pas dû voir ! Métaphores sur ce qui attend les cinéastes peu conformistes ?

Ce principe de départ devrait normalement donner lieu à un film drôle, mais ce serait mal connaître Greenaway, qui préfère le drame, parfois mêlé de sarcasme. Le film, qui livre quelques réflexions sur la peinture et le rôle du peintre, est foisonnant, long, tragique, pas toujours très clair, et réunit tous les ingrédients habituels au cinéaste : dialogues abondants et plutôt crus, personnages nombreux, costumes très étudiés, éclairages savants et changeants, décors stylisés, violence, travellings latéraux descriptifs, musique savante néo-classique... et hommes nus, ce qui est assez drôle chez un artiste hétérosexuel – il a en tout cas été marié, ce qui, à vrai dire, n’est pas une référence absolue : n’oublions pas qu’il est britannique, me souffle mon amie Édith Cresson.

L’acteur principal, Martin Freeman, campe un Rembrandt tout à fait plausible, rustre à souhait. Mais, curiosité récurrente au cinéma, on ne voit jamais l’artiste travailler ! Ce n’est pourtant pas ici, comme dans le cas d’un film sur Basquiat sorti en 1996, pour des questions de droits. Il faudra faire un jour un petit aperçu de ces films où les peintres ne peignent pas, où les écrivains n’écrivent pas, où les compositeurs ne composent pas, etc.

Inutile de prophétiser que le film n’aura aucun succès, cela tombe sous le sens.

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Officiel : le cinéma français va bien !

Mercredi 5 mars 2008

Lorsqu’on fait remarquer à un officiel – disons, un ministre de la Culture – que le cinéma français est complètement naze, il rétorque invariablement qu’au contraire, tout va bien. La preuve, Astérix aux Jeux Olympiques est sorti dans neuf cents salles.

C’est toujours pareil, avec les officiels, on leur parle de qualité, ils vous répondent par des données chiffrées qui, à y bien réfléchir, affirment le contraire de ce qu’ils veulent prouver. D’ailleurs, c’est bien connu, les ministres de la Culture ne vont pas au cinéma, ils vont dans des cocktails. À la rigueur au théâtre, où le public est plus huppé que dans les salles obscures, et à la rigueur encore, ils assistent à la séance inaugurale du Festival de Cannes, mais ce n’est pas non plus du cinéma. Enfin, pas au sens propre...

Si un film comme celui qu’on vient de citer occupe à lui seul, lors de sa sortie, un sixième des salles françaises, ce n’est pas un signe de bonne santé du cinéma national. Cela prouve seulement que son distributeur a eu beaucoup d’argent pour fabriquer les copies, et beaucoup d’influence commerciale pour obliger les directeurs de salle à passer CE film-là plutôt qu’un autre – quand le distributeur n’est pas, tout simplement, propriétaire des salles en question.

Si, en outre, le film s’installe pour plusieurs semaines dans une petite ville où n’existe qu’un seul cinéma, pour le coup, il fait plutôt figure de calamité locale, puisqu’il empêche les autres films de sortir. Le spectateur doit alors se taper l’envahissant navet ou rester chez lui.

Le cinéma français va mal, en partie parce que la télévision est désormais maîtresse du financement des tournages et fait donc fabriquer les films qu’elle entend diffuser ultérieurement, et parce que le Centre National du Cinéma distribue l’argent (que rapporte la taxe sur les billets) à des projets que la seule lecture de leurs scénarios devrait condamner d’avance pour médiocrité. En ce moment, les Guignols de Canal Plus prennent régulièrement pour cible les films français, dont ils imaginent les titres désopilants, dans le style Je vais bien mais c’est pas dit que demain ce sera pareil ou Le goût de la vie des autres, qui caricaturent à peine les titres des vrais films. Regardez les Guignols de temps en temps, c’est criant de vérité !

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Cours toujours Dennis

Jeudi 6 mars 2008

Réalisé par David Schwimmer

Titre original : Run, fat boy, run

Sorti au Royaume-Uni le 7 septembre 2007

Sorti en France le 5 mars 2008

Première réalisation au cinéma de David Schwimmer, acteur et metteur en scène de théâtre, ancien interprète de Friends, sur un scénario co-écrit par Simon Pegg, déjà co-auteur et acteur de Shaun of the dead et de Hot fuzz (des parodies de film d’horreur).

Pas d’horreur dans ce film, qui est une comédie fondée davantage sur les gags et les personnages largués que sur le scénario. À ce propos, j’emploie ici le mot largué parce que j’en ai assez de lire sans arrêt déjanté et décalé, ces frères jumeaux de la platitude stylistique ; mais dès que largué, pas très original je le reconnais, apparaîtra de façon récurrente sous la plume des critiques, je le... larguerai et trouverai autre chose, c’est promis.

À Londres, Dennis, pris de panique face à l’avenir qui l’attend, abandonne sa fiancée enceinte le jour de son mariage. Bien entendu, elle le « largue » (Ha ha !). Mais tous deux restent en relation, à cause du gosse, comme dans la chanson de Pierre Perret. Elle refait sa vie, pas lui, qui n’a aucun succès auprès des filles. Le film raconte, sans la moindre surprise, comment il va reconquérir sa belle, en courant un marathon, alors qu’il est aussi athlétique que Sarkozy. Au passage, il évince un concurrent un peu trop propre sur lui.

C’est le genre britannique, mais version déconnante. On reste quand même très loin des Monty Python.

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Soyez sympas, rembobinez

Vendredi 7 mars 2008

Réalisé par Michel Gondry

Titre original : Be kind rewind

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 20 janvier 2008

Sorti en France le 5 mars 2008

Le film commence par un beau plan pris d’hélicoptère au-dessus de New York, plan qui se termine sous un tunnel où deux types sont en train de peindre une fresque à la gloire de Fats Waller. Ensuite, l’un des deux, qui a voulu faire sauter une centrale électrique, voit son corps magnétisé, intéressante propriété qui provoque l’effacement de toutes les cassettes vidéo du magasin tenu par son camarade. Visiblement, Michel Gondry a vu Clerks !

De sorte que les deux compères, très embêtés, entreprennent de fabriquer des remakes de tous les films qui ont disparu. C’est censé être le moment drôle du film, mais ça ne l’est guère, même si les inventions visuelles abondent. Paradoxalement, ces films bricolés vont faire leur succès, puis sauver l’immeuble menacé de démolition, ce qui n’est pas sans rappeler Escrocs mais pas trop, film de Woody Allen où un groupe de voleurs amateurs achetaient une pâtisserie en vue de percer un tunnel pour cambrioler une banque, mais le cambriolage foirait, alors que la pâtisserie, devenue à la mode, faisait fortune !

Heureusement, le dénouement, plutôt sympathique, rattrape ce demi-échec.

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L’heure d’été

Lundi 10 mars 2008

Réalisé par Olivier Assayas

Sorti en France le 5 mars 2008

Le placement de produit, pour un publicitaire, consiste à faire parler du bidule qu’il est chargé de vanter, mais en dehors des vecteurs habituels de la pub ; le plus souvent, dans un film de cinéma (à la télévision, c’est surveillé jusqu’au ridicule, puisque les photos sont traitées afin d’apparaître floues, et les plans d’enseignes de magasins, inversés pour qu’on ne puisse pas les lire – efficacité nulle). En général, ce placement de produit consiste à introduire dans une scène un insert (en jargon de cinéma, un gros plan d’objet) montrant la marque d’un ustensile quelconque. Le plus souvent, un téléphone, un téléviseur, une cafetière ; souvent, la marque d’une voiture. Bien entendu, le fabricant de l’objet contribue au budget du film. Quand ce n’est pas trop voyant, les spectateurs, même s’ils sont vaguement influencés, ne remarquent rien, et le réalisateur est peu impliqué, puisqu’il laisse filmer ce type de plan par un quelconque assistant. Néanmoins, il arrive que le procédé passe les bornes, et j’ai naguère signalé que Seul au monde, film avec Tom Hanks sorti en 2001 (Cast away), n’était qu’un interminable spot publicitaire pour le transporteur FedEx.

Avec L’heure d’été (ne me demandez pas pourquoi ce titre), c’est plus original, puisque la publicité se fait ici au bénéfice de la culture, en l’occurrence, le Musée d’Orsay. Il est vrai que, sans cette contribution, l’accessoiriste eût été surmené, voire dépassé !

Hélène Marly, 75 ans, a été la maîtresse de son oncle Paul Berthier, grand artiste peintre, et a consacré sa vie à faire connaître ses œuvres. La maison familiale est remplie d’œuvres d’autres artistes, que Berthier collectionnait. Lorsque Hélène meurt, ses trois enfants ne peuvent garder la maison : sa fille et son fils cadet vivent à l’étranger et n’y viendraient jamais. Il faut donc tout vendre, et, par conséquent, inventorier les trésors familiaux, dont certains seront donnés à des musées pour payer les droits de succession – le système de la « dation ».

Pour une fois, un film français parle ainsi d’autre chose que des histoires sentimentales de trentenaires bobos : pas la moindre histoire d’amour, pas même un baiser, ouf !

Hélas, le film reste très froid. Le seul instant émouvant concerne la gouvernante, la vieille Éloïse, qui va devoir prendre sa retraite. Priée par le fils aîné de choisir en souvenir un objet ayant appartenu à sa patronne défunte, et ne voulant rien prendre de précieux, elle élit un vase en verre assez laid, sans savoir que, dû à Jacquemond, ce vase vaut une fortune.

Une curiosité, le petit ami de la fille est interprété par Kyle Eastwood, musicien renommé, fils de Clint, et qui n’avait jusque là joué que dans quatre films de son père, dont Sur la route de Madison.

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Bienvenue chez les Ch’tis

Mardi 11 mars 2008

Réalisé par Dany-Boon

Sorti en France (Festival de l’Alpe d’Huez) le 17 janvier 2008

Sorti en France le 27 février 2008

Un seul gag : à peine le personnage de Philippe Abrams a-t-il passé la frontière du Nord-Pas-de-Calais que la pluie se met à tomber à verse. Pour le reste, on est au niveau des films de Jean Girault avec Louis de Funès.

Pitch, comme on dit à la télé, argument, si vous préférez le français : afin d’obtenir une mutation au bord de la Méditerranée, un cadre de la Poste à Salon-de-Provence a tenté se faire passer pour handicapé. Il voulait surtout faire plaisir à sa femme, une redoutable emmerdeuse. Il est démasqué, on le sanctionne en le mutant dans le Nord, comme si travailler à la Poste n’était pas une punition suffisante ! Il va prendre conscience (trop vite pour l’intérêt du scénario) que vivre dans cette région n’est pas l’enfer décrit ailleurs, et fera tout pour y rester.

Conçu et réalisé par un gars du Nord, le film relève, sans surprise, de l’esprit de clocher. Or tout est outré dans cette histoire. Ayant vécu quatre ans dans le Nord, je témoigne qu’il est faux que les gens du Nord soient si cordiaux et si accueillants (en fait, il n’est pas une région en France, pas un pays au monde qui ne se vante de sa propre hospitalité), ils sont en réalité comme partout ailleurs. Il est faux que dans le Nord, tout le monde parle le langage qu’on entend dans le film, au point que les dialogues sont inintelligibles et qu’on réclamerait presque des sous-titres. Le Nord est une région comme une autre, on s’y gèle dix mois sur douze, c’est la seule particularité. Et là, c’est vrai.

La réalité, moins pittoresque, est que l’auteur et réalisateur Dany Boon s’est piégé avec un argument trop sommaire pour un film aussi long – une heure quarante-six. De sorte qu’il ne sait comment continuer son récit, et finit par pédaler dans la choucroute (pourtant, nous ne sommes pas en Alsace) ou dans la semoule (pourtant, nous ne sommes pas en Afrique du Nord), par exemple quand son directeur du bureau de Poste local se met à boire et à faire la tournée avec son facteur pour se faire offrir des « coups ». C’est si bête qu’on en est presque gêné.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Le cahier

Jeudi 13 mars 2008

Réalisé par Hana Makhmalbaf

Titre original : Buda as sharm foru rikht

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 9 septembre 2007

Sorti en France le 20 février 2008

La personnalité de sa réalisatrice, plus que le film lui-même, retient l’attention. En effet, Hana Makhmalbaf, fille du réalisateur iranien Mohsen Makhmalbaf, sœur de la réalisatrice Samira Makhmalbaf et de l’écrivain et photographe Maysam Makhmalbaf, aura vingt ans en septembre, a tourné le présent film l’année dernière, et a fait son premier film à... huit ans ! On raconte aussi que lorsqu’elle a présenté son Joy of madness, en 2004, au festival de Locarno, les officiels ont failli lui interdire l’accès de la salle, parce qu’ils la trouvaient trop jeune. Mais l’anecdote doit être inventée : elle avait tout de même seize ans...

Le titre – doublement – original de ce film signifie « Bouddha s’est effondré de honte », mais, hors les premier et dernier plans du film qui montrent le dynamitage des statues de Bouddha en Afghanistan, œuvre de vandalisme des taliban, il n’est pas question de cela dans l’histoire. En réalité, le synopsis est si mince qu’il eût convenu à un court métrage de quinze minutes, pas davantage. C’est dire que les 81 minutes qu’il dure semblent un peu longues.

Une petite fille, Bakhtay, désire ardemment aller à l’école. Elle y parviendra, mais se fera chasser par l’institutrice, car elle s’est immiscée dans une classe où elle n’est pas inscrite. Il est vrai qu’elle a un peu semé la pagaille en apportant un tube de rouge à lèvres, épouvantable sacrilège dans ce pays. On l’aura compris, cette fable est une critique du fanatisme religieux qui sévit encore dans ce pays, via quelques images qui l’évoquent : femmes voilées, simulacre de lapidation (par des enfants !), et par quelques plans symboliques, comme celui du bébé que la petite fille attache avec une corde avant de le laisser seul pour tenter de trouver l’école.

C’est méritoire, mais un peu inabouti.

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L’orphelinat

Mercredi 19 mars 2008

Réalisé par Juan Antonio Bayona

Titre original : El orfanato

Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2007

Sorti en France le 5 mars 2008

Les journaux bien écrits, que je ne nommerai pas pour ne point froisser la modestie de « Télérama » et du « Nouvel Observateur », et que vous feuilletez probablement chez votre psychiatre favori, écriront sans doute que ce film espagnol de Juan Antonio Bayona, le plus gros succès en Espagne depuis que l’Homme a marché sur la Lune, peut comporter plusieurs « niveaux de lecture ». Revenons sur Terre.

Principal défaut de ce film, il y a trop de tout. En fait, débarrassée de son habillage poético-surnaturel à base de fantômes (au nombre desquels on pourrait mettre Geraldine Chaplin, qui semble vraiment revenir de l’au-delà), de symboles comme ce phare éteint, et de souvenirs de Peter Pan, l’histoire se réduit à peu de choses. Que voici, donc.

Trente ans avant l’époque actuelle, Laura était pensionnaire d’un orphelinat, partageant ses jeux avec une demi-douzaine de camarades qui vont mal finir. En effet, une blague idiote de ces enfants a coûté la vie à l’un d’eux, un garçon handicapé qui devait dissimuler son visage difforme sous une cagoule. L’enfant est mort noyé, le scandale a entraîné la fermeture de l’orphelinat, et la mère du gosse, Benigna, épisodique employée de l’orphelinat et pas si bénigne que ça, les a tous punis en les tuant, sauf Laura, et enterrés quelque part, si bien que nul ne les a retrouvés.

Bien plus tard, devenue adulte et sans doute riche, Laura a racheté la maison pour en faire sa demeure, puis, avec son mari Carlos, a résolu d’adopter un enfant, Simón. Mais un jour, Simón, sept ans, disparaît. Les mois passent, la police ne retrouve pas l’enfant, et la mère fait appel à une équipe de charlatans, dont une médium, Aurora (Geraldine Chaplin), que Carlos, vite excédé, met à la porte avant de prendre lui-même un peu de champ.

Après quelque temps, Laura, que son mari a laissée seule, se met à voir des fantômes, et découvre les squelettes de ces enfants tués par Benigna, morte entre-temps. Puis une hallucination lui fait croire que Simón est revenu, bien vivant ! Mais non, c’est aussi son corps momifié qu’elle découvre. Apparemment, l’enfant s’est enfermé par mégarde, et il est mort naturellement, ou par accident, on ne sait.

La scène finale montre Carlos fleurissant la tombe commune de tous les protagonistes du drame, scène qu’il est permis de comprendre autrement, puisque c’est un film d’horreur romanesque, à interpréter selon son tempérament. Au passage, posons-nous LA question que personne, où que ce soit, ne s’est posée : pourquoi les Espagnols ont-ils pris le relais des Britanniques dans les histoires de fantômes ?

Par chance, le film est très bien réalisé. En outre, il ne fait pas appel aux accessoires habituels du film d’horreur. Son réalisateur, qui a 33 ans, fait là son premier long-métrage. Qu’il se résolve à élaguer un peu ses histoires, et ce sera très bien. De toute façon, un remake est déjà prévu, qui sera réalisé par Larry Fessenden.

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Arthur C. Clarke

Mercredi 19 mars 22008
Arthur C. Clarke

Annonce, ce matin, de la mort d’Arthur C. Clarke. Il était, entre autres, le scénariste de 2001 : Odyssée de l’espace, et auteur du roman portant le même titre, qu’il avait rédigé en même temps que le scénario. J’ai plusieurs fois donné dans ces notules le sens de ce film de Kubrick, film aussi fascinant qu’incompréhensible (sans la lecture du roman, justement). Oui, c’était au temps où il existait des scénarios...

Rappelons aux distraits que cet auteur de science-fiction ne donnait pas dans le genre soucoupes volantes et rayons laser, et qu’il n’aurait certainement pas collaboré avec George Lucas. Scientifique authentique, il s’était payé le luxe d’inventer les satellites géostationnaires, qui ne servent pas seulement, au contraire de ce que croit un vain peuple, à envoyer des SMS dans le style « Si tu reviens j’annule tout ».

 

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À bord du Darjeeling limited

Jeudi 20 mars 2008

Réalisé par Wes Anderson

Titre original : The Darjeeling Limited

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 3 septembre 2007

Sorti en France le 19 mars 2008

Le film est précédé d’un court métrage, Hôtel Chevalier, tourné à Paris : un couple se retrouve dans un hôtel de luxe et se promet de « ne jamais devenir amis ». Mais en fait, ce petit film n’est que l’illustration d’une nouvelle que le personnage masculin a écrite dans le long métrage qui suit. Ce procédé a été utilisé, de manière plus drôle et plus pertinente, dans Le sens de la vie, le film des Monty Python, lui aussi précédé d’un court-métrage hilarant où la révolte des employés d’une compagnie d’assurances londonnienne était filmée comme l’attaque d’un navire par des pirates.

Le long métrage qui suit est un railway movie, puisque plus de la moitié se déroule dans un train, le « Darjeeling limited », en Inde. Trois frères, qui ne ne se sont pas vus depuis les obsèques de leur père un an auparavant aux États-Unis, se retrouvent dans ce train, pour un voyage que l’un d’eux a organisé. Il compte, sans le leur dire, les emmener auprès de leur mère, qui est devenue religieuse en Inde.

Pour être franc, on est peu accroché par leurs diverses aventures, sauf de temps en temps, dans le train précisément, qui est le personnage le plus intéressant du film. C’est la séquence précédant l’épilogue, avec la mère retrouvée, qui est la plus ennuyeuse. Toutes ces anecdotes sont liées avec de l’humain, un ingrédient que le cinéma actuel met à toutes les sauces, et qui commence à être indigeste.

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Ben X

Vendredi 21 mars 2008

Réalisé par Nic Balthazar

Sorti au Canada (Festival de Montréal) le 26 août 2007

Sorti en France le 19 mars 2008

Un film réalisé d’après son livre et sa pièce par un obscur Flamand débutant de 43 ans, joué par des inconnus, filmé en caméra portée, avec une image moche et des interprètes pas terribles et mal doublés (il parle flamand, mais on n’a pu voir que la version doublée en français). Qui donc ira le voir ? Et pourtant, c’est l’un des films les plus intéressants sortis cette semaine.

Ben, élevé par sa mère divorcée, lycéen, est autiste, ou peu s’en faut : il est atteint du syndrome d’Asperger, disent les spécialistes. Il est surtout sans défense, et donc se fait chahuter par ses copains de lycée, qui, un sale jour, le déculottent en pleine classe et filment l’intermède avec leurs téléphones portables.

Pour compenser, Ben vit dans un monde à lui, où il est champion d’un certain jeu vidéo en ligne, Archlord, qui l’occupe chaque jour « entre 6 heures 45 et 7 heures 33 ». Sa meilleure partenaire – qu’il n’a jamais vue – est une certaine Scarlite. Or cet aspect irréel de sa vie va lui entrouvrir une fenêtre sur le réel, puisque Scarlite prend le train pour venir enfin le rencontrer. Malheureusement, ses persécuteurs lui font rater ce premier rendez-vous (il rencontrera Scarlite un peu plus tard, et c’est une charmante fille, sympathique et intelligente, que bien sûr il va aimer). Cette fois, c’en est trop, et Ben, qui ne parle pas mais sait se servir de sa cervelle, concocte sa vengeance. Avec sa famille et Scarlite, il prend le bateau, filme un petit discours d’adieu face à une caméra, puis enjambe le bastingage et se laisse tomber dans la mer. On ne retrouve pas son corps.

Ce suicide fait scandale, tout le lycée est présent lors de la cérémonie, mais aussi la presse et la télé, qui filme l’évènement. On projette le discours d’adieu et la chute... puis, ce qui n’était pas prévu par l’organisation officielle de la cérémonie, le film de la déculottée en classe et des petits salauds en train de se marrer devant leur copain cul nu. Cette fois, tout le pays saura ce qu’ils sont.

Mais Ben n’était pas mort, il ne s’est pas suicidé, il s’est simplement laissé tomber sur le pont inférieur ! Il réapparaît à la fin de la projection. Euphorie, le Bien a vaincu le Mal.

Épilogue ambigu : Ben s’est pris d’affection pour les chevaux, et la famille attendrie assiste à son sauvetage moral. Certes, mais la fille à qui il parle est absente. A-t-elle jamais existé ? On se rappelle alors la première rencontre avec Scarlite, dans un jardin public, où Ben n’étreignait que le vide ; puis le premier suicide dont elle le sauve (il voulait se jeter sous un train, dans la gare de Bruxelles-Nord), et le peu de réalité de toutes les scènes où on les voit ensemble, puisque personne en dehors de Ben ne semble voir la jeune fille. Et l’on en conclut que, depuis l’instant de la première rencontre ratée, Ben a tout fantasmé. Y compris son faux suicide, donc cette scène de sa régénération hippique, donc cette conversation imaginaire ? Le film devient ainsi une fable dont il est impossible d’avoir l’explication !

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Julia

Mardi 25 mars 2008

Réalisé par Érick Zonka

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 9 février 2008

Sorti en France le 12 mars 2008

Troisième film, à ma connaissance, après le Gloria de John Cassavetes, en 1980, et le Central do Brasil de Walter Salles, en 1998, où une femme se trimballe un gosse qui n’est pas à elle et qui lui pourrit la vie. Le film est d’Érick Zonka, auteur la même année 1998 de La vie rêvée des anges, film déjà pénible sur deux filles sans idées, sans principes et sans avenir, et qui connut un succès immérité. On le sait, les actrices qui jouent des rôles de détraquées ramassent en général un prix d’interprétation.

Ici, Zonka tourne au Mexique et aux États-Unis, et vérifie la loi non écrite qui veut que les réalisateurs français font toujours moins bien lorsqu’ils veulent travailler outre-Atlantique. Sa Julia, personnage déboussolée (elle boit pas mal et couche à droite et à gauche), accepte d’enlever le fils, âgé de huit ans et confié à son grand-père, d’une autre femme... qu’elle connaît à peine et qui a prétendu avoir beaucoup d’argent, ce que cette gourde ne s’est pas donné la peine de vérifier. Plus tard, l’enlèvement accompli, elle aura la bêtise de ne rien prévoir pour toucher la rançon, et d’appeler le grand-père richissime du gosse avec son téléphone mobile, moyen idéal de se faire identifier, chez les délinquants neuneus...

Le point de départ de l’histoire est donc déjà faible, mais tout s’aggrave à partir du moment où l’enfant est effectivement enlevé : le gosse joue mal, les péripéties gratuites et absurdes s’accumulent, et le film sombre lorsque la fille entraîne l’enfant au Mexique, où le garçon est kidnappé une seconde fois, mais par des voyous locaux, ce qui vaut au spectateur une heure de gesticulations et de criailleries.

Pour conférer malgré tout une touche d’humanisme à cette histoire idiote et qui se traîne sur deux heures et vingt minutes, la ravisseuse récupère le gosse et abandonne aux voyous les deux millions de dollars de la rançon initiale... parce qu’elle s’est prise d’affection pour lui ! Dans la salle, les spectateurs se tordaient de rire. Ces gens sont sans pitié.

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Chute de Julia

Mercredi 26 mars 2008

Malgré Le masque et la plume de France Inter, dont les quatre critiques ont couvert le film d’éloges, celui-ci, après une seule semaine dans une salle moyenne des Halles à Paris, est relégué au sous-sol, dans un placard à balais. Il va battre les records de L’auberge rouge version Clavier. Après neuf ans sans faire de films, bien la peine d’être retourné au charbon, de la part de Zonca !

À ce propos, on aimerait savoir comment certains réalisateurs peuvent vivre en travaillant si peu. Mais la question est sans doute naïve...

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Beaufort

Mercredi 26 mars 2008

Réalisé par Joseph Cedar

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 14 février 2007

Sorti en Israël le 8 mars 2007

Sorti en France le 26 mars 2008

Film de guerre israélien, peut-être un peu trop long (deux heures), très lent, et qui, ne montrant jamais l’ennemi arabe, se concentre en huis-clos sur la vie quotidienne des occupants d’un fort datant du douzième siècle, au Liban, où un petit groupe de soldats est chargé de veiller sur la frontière nord d’Israël. Ils n’ont rien à faire, et sont régulièrement bombardés par le Hezbollah, qui leur envoie des obus, projectiles qui s’annoncent par des sifflements inquiétants et font parfois des morts.

On a donc l’habituelle suite de morts tragiques et de scènes de deuil entre camarades, et l’on n’entre dans le paradoxe du récit qu’une demi-heure avant la fin : l’état-major a décidé d’abandonner le fort, et ses occupants ont reçu l’ordre de le miner avant d’évacuer. Mais, au moment de partir, ils sont informés par téléphone que la décision d’évacuer n’a pas encore été prise ; ils doivent donc attendre l’ordre de confirmation, qui n’arrivera, au mieux, que le lendemain matin. Autrement dit, les survivants doivent passer la nuit dans un fort qu’ils ont eux-mêmes truffé de mines, et, au premier obus arabe, ils sauteront tous !

Je vous rassure, ils s’en tireront. Mais le spectateur est un peu étonné d’apprendre que l’armée la plus efficace de la planète peut ainsi cafouiller. Ils ne sont pourtant pas français.

L’essentiel du film se concentre sur le décor, assez étonnant (il a été construit pour le tournage) et sur les personnages, notamment le chef du détachement. Ils sont tous très jeunes, et attachants.

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Crimes à Oxford

Vendredi 28 mars 2008

Réalisé par Álex de la Iglesia

Titre original : The Oxford murders

Sorti en Espagne le 18 janvier 2008

Sorti en France le 26 mars 2008

Si vous ignorez les noms d’Alan Turing, de Pierre Fermat, de Leonardo Fibonacci et d’Andrew Wiles (Wilkins dans le film), sans compter celui de Guy Fawkes qui n’a rien à voir avec les quatre précédents mais joue néanmoins un rôle dans cette histoire, vous réagirez peut-être comme « Le Canard enchaîné », qui trouve le film obscur. Or il ne l’est pas. Ce qui est vrai, c’est que l’action est surtout basée sur les dialogues, il faut donc écouter un peu ; si on y consent, l’histoire en vaut la peine.

Martin arrive de son Arizona pour tenter de faire à Oxford une thèse de mathématiques, et il ambitionne d’avoir comme directeur de thèse le professeur Arthur Seldom, une sommité, mais qui méprise tout le monde et ne veut plus enseigner.

Très vite, sa logeuse, Mrs Eagleton, interprétée par Anna Massey (elle jouait dans Frenzy, l’avant-dernier film d’Alfred Hitchcock), est assassinée, et cet évènement malheureux va rapprocher Martin et le professeur misanthrope, qui connaissait très bien la victime. D’autres morts vont survenir, donnant à croire qu’un assassin en série opère à Oxford, et les deux hommes enquêtent ensemble. Un temps, on peut croire qu’a lieu une variation d’ABC contre Poirot, le célèbre livre d’Agatha Christie, dans lequel la série de crimes était fictive et ne servait qu’à masquer le mobile du troisième ou du quatrième meurtre, mais la loi du genre whodunit exige que l’explication finale soit toute différente de ce modèle célèbre.

C’est très bien fait, on s’amuse, et il y a au début un plan-séquence formidable, à la steadicam, qui suit dans la rue et successivement quatre personnages différents, avant d’entrer dans une maison par une fenêtre du premier étage, de tournoyer dans la pièce et d’y découvrir un cadavre.

Álex de la Iglesia, le réalisateur, n’est pas britannique, mais espagnol, et il avait réalisé Le crime farpait (il n’y a pas de faute de frappe), en 2004. Le présent film est tiré de Crímenes imperceptibles, roman de l’Argentin Guillermo Martínez, lui-même ancien étudiant à Oxford. C’est curieux, les Hispanophones, peu à peu, récupèrent tout le folklore britannique : après L’orphelinat, qui était une histoire de fantômes, les voilà qui s’emparent des histoires de détection !

Une seule réserve : on peine à croire qu’un étudiant passionné de mathématiques préfère perdre son temps à s’envoyer en l’air avec une infirmière, alors qu’au même moment, et il le sait, un jeune homme génial est en train d’exposer pour la première fois en public sa démonstration du théorème de Fermat, que l’on attendait depuis trois siècles. Cette réserve, dans le roman, est d’ailleurs mentionnée ironiquement par le personnage de l’infirmière. Et puis, cette démonstration mathématiques de très haut niveau est faite en présence d’une bien maigre assistance, à la craie, sur un petit tableau, en une dizaine de lignes, alors que la vraie a nécessité environ deux cents pages ! Au cinéma comme à la télé, on considère toujours que le spectateur est trop bête, alors on simplifie à l’extrême, et c’est le récit qui devient stupide.

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La zona

Lundi 31 mars 2008

Réalisé par Rodrigo Plá

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 3 septembre 2007

Sorti en France le 26 mars 2008

C’est souvent ainsi, la presse juge un film sur ses intentions, pas sur leur mise en œuvre – scénario et réalisation. Les intentions, c’est ici la dénonciation des ghettos pour riches, et surtout les comportements induits par l’existence de ces cités interdites, qui sont parfois des états dans l’État.

Nous sommes à Mexico, et la Zona (curieux nom qu’il vaudra mieux ne pas utiliser en Israël, puisque, en hébreu, il signifie putain !), est une cité résidentielle où vivent des gens aisés, à l’abri de la populace toute proche, derrière des grilles et sous la protection de caméras de surveillance et de gardes appointés. Plus épineux, le comité des résidents a de facto ses propres lois, et la police n’y est pas la bienvenue.

Une nuit, trois jeunes pauvres s’introduisent dans la Zona pour y cambrioler. Ils sont surpris par une vieille dame qui réside dans la villa choisie, et le plus jeune, Miguel, 16 ans, l’assomme. L’un de ses complices achève la victime en l’étouffant. Lors de leur fuite, les deux aînés sont abattus par les gardes, leurs corps sont découverts, la police intervient... et les résidents font tout pour entraver son travail. Ils savent aussi que Miguel se cache sur place, puisque les caméras ont filmé son entrée mais pas sa sortie. Il sera découvert par Alejandro, garçon de son âge et fils d’un propriétaire de la Zona, qui va bientôt s’affairer à le tirer d’affaire : il filme ses aveux avec son caméscope et téléphone à un juge.

Malheureusement, les adultes découvrent Miguel, le lynchent et cachent son corps dans un sac poubelle. La nuit venue, Alejandro récupère le corps et va l’enterrer clandestinement dans un cimetière, en soudoyant un fossoyeur.

Si la dénonciation est vigoureuse (scène ignoble des résidents de la Zona, tuant Miguel à coups de pieds), on doit regretter que le comportement des personnages soit aussi incohérent. Ainsi, cet inspecteur de police qui dirige l’enquête, qui s’insurge d’être pris pour un ripou et qui lance à un résident « Je suis trop cher pour vous », se laisse pourtant acheter aux deux-tiers du récit. Et on comprend mal pourquoi Alejandro, qui a contacté un juge afin de faire éclater la pourriture de sa classe sociale, s’en va enterrer Miguel clandestinement, au lieu de remettre à la Justice, qu’il a pourtant contactée, le corps de la jeune victime et ses aveux filmés.

Ces maladresses sont peut-être dues au fait que c’est le premier long-métrage du réalisateur uruguayen Rodrigo Plá, 40 ans, qui a écrit le scénario avec sa femme Laura Santulla.

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Banalités

Lundi 31 mars 2008

Il n’y a que des inconvénients, à ressentir de l’aversion pour les clichés, à tenter ausssi d’éradiquer les banalités de mes petits écrits. Lorsque j’ai vu Beaufort (notule du 26 mars), bien entendu j’ai pensé à deux autres films, Le désert des Tartares, pour la situation, et à 2001 : l’odyssée de l’espace, pour les décors et ces couloirs stylisés et si peu réalistes. Mais j’ai trouvé que ces détails étaient à ce point évidents, qu’il ne valait pas la peine de les mentionner.

Certes, d’un certain point de vue, j’ai eu raison de m’abstenir, puisque d’autres s’en sont chargés. Par exemple Le masque et la plume. Diffusée hier soir dimanche, l’émission a été enregistrée jeudi, lendemain du jour où j’ai rédigé ma notule.

Je crois que je vais tout de même réviser mes conceptions, pour ne plus me faire couper l’herbe sous le pied !

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Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 septembre 2020.