JPM - Films vus - Notules -  Juillet 2013

Notules - Juillet 2013

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Le renard jauneL’inconnu du lacGood as you – La cage aux folles – Frances Ha – Les Berkman se séparent – Greenberg – Un trou dans la tête – A hole in the head – Des clowns par milliersRampartUn mois en ThaïlandeO luna in ThailandaMan of steel – Iron man – Batman begins – The dark knight – Spider-Man 3 – The Tudors – Whatever works – HijackingKapringen – Submarino – La chasse – MétéoraMetéora – PVC-1 – L’arche russe – Metro Manila – Captive – Cashback – Les cousins – Betty – Plein soleilThe talented Mr Ripley – The talented Mr Ripley – Le quatuorA late quartet – Carnage – Le congrèsThe congressGoldorak – Valse avec Bachir – Santa Barbara – Rampart – Solaris – Avatar – Le grand’tour

Personnes citées : Jean-Pierre Mocky – Michel Lonsdale – Antoine Duléry – Dominique Lavanant – Claude Brasseur – Robinson Stévenin – Jean-François Stévenin – Richard Bohringer – Béatrice Dalle – Alfred Hitchcock – Jean-Luc Godard – Quentin Tarantino – Alain Guiraudie – Mariano Lamberti – Noah Baumbach – Frank Capra – Oren Moverman – James Ellroy – Paul Negoescu – Asghar Farhadi – Zack Snyder – Christopher Nolan – Henry Cavill – Woody Allen – Tobias Lindholm – Thomas Vinterberg – Spiros Stathoulopoulos – Sean Ellis – Ferdinand Marcos – Imelda Marcos – Lino Brocka – Dante Mendoza – Brillante Mendoza – Isabelle Huppert – Olivier Marchal – Stéphane Andran – Claude Chabrol – René Clément – Patricia Highsmith – Anthony Minghella – Alain Delon – Maurice Ronet – Matt Damon – Marie Laforêt – Denis Dercourt – Yaron Zilberman – Roman Polanski – Ludwig van Beethoven – Ari Folman – Robin Wright – Frédéric Chopin – Harvey Keitel – Steven Spielberg – Peter Jackson – James Cameron – Jérôme Le Maire – François Mitterrand – Philippe Muray

Le renard jaune

Lundi 1er juillet 2013

Réalisé par Jean-Pierre Mocky

Sorti en France (à Saumur) le 24 janvier 2013

Sorti en France le 26 juin 2013

Pourquoi vais-je encore voir un film de Mocky, alors que celui-ci n’a rien réussi depuis une trentaine d’années ? Par curiosité ; parce que, pour une fois, son film sort dans un circuit commercial (cinq salles à Paris, dont une qui lui appartient, et une en banlieue) ; et pour essayer de comprendre la raison qui pousse une flopée d’acteurs célèbres à jouer pour lui, quoique sans être payés (ils sont « en participation », c’est-à-dire qu’ils touchent une petite part des bénéfices, s’il y en a). Or, des acteurs célèbres dans ce navet, il y en a : Michel Lonsdale, Antoine Duléry, Dominique Lavanant, Claude Brasseur, Robinson Stévenin, Jean-François Stévenin, Richard Bohringer, Béatrice Dalle !

Le tournage a été expédié en sept jours aux studios de la SFP, à Bry-sur-Marne, le scénario est confus, il n’y a qu’un seul décor (le café baptisé « Le renard jaune », et la rue sur laquelle il donne), et le scénario tient, comme toujours, sur un post-it.

Très vite, la torpeur gagne, et, bien que le film soit court, 84 minutes, on est impatient qu’il s’achève. Pour occuper son ennui, on se pose une question : mais de quoi donc vit Mocky ? Comment peut-il posséder une grosse voiture et un appartement quai Voltaire, quand TOUS ses films font des bides ? La réponse est très simple : Mocky a trouvé un filon, il a repris l’idée d’Alfred Hitchcock, produire des épisodes policiers pour une chaîne de télévision. Vous le voyez bien, que la télé peut servir à quelque chose !

Mocky annonce son intention de réaliser un film dont tous les acteurs seront... des réalisateurs. Des copains, affirme-t-il, Godard, Tarantino, etc. Si cela se fait, on va s’empresser de ne pas aller le voir. L’amateurisme, ça va cinq minutes.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

L’inconnu du lac

Mardi 2 juillet 2013

Réalisé par Alain Guiraudie

Sorti en France (Festival de Cannes) le 17 mai 2013

Sorti en France le 12 juin 2013

Le scénario sert de prétexte pour montrer des hommes nus et une ou deux scènes de sexe homosexuel non simulées (et tournées, dit-on, avec des doublures... alors que les acteurs eux-mêmes sont de parfaits inconnus). Mais on sent bien que la très mince histoire policière, que tant de critiques ont prise au sérieux, est ce qui compte le moins, et que Guiraudie est un roublard : il sait parfaitement que plus personne, sauf quelques catholiques hystériques, n’ose fustiger l’homosexualité – que, d’ailleurs, il n’y a aucune raison d’attaquer –, et que la majorité des spectateurs va voir son film pour se rincer l’œil sous un alibi culturel.

Le dénouement joue sur le masochisme, histoire de donner un peu de consistance à ce drame : Michel a tué, non seulement son amant jaloux, puis le sympathique, inoffensif et désabusé Henri, et enfin l’inspecteur qui enquête sur le crime, mais il a aussi tenté de tuer son nouvel amant Franck, lequel s’est enfui. Or celui-ci, perdu dans le bois une fois la nuit tombée, appelle son futur assassin.

Bilan : un film qui n’intéresse ni ne « choque », à ne pas revoir.

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

Good as you

Vendredi 5 juillet 2013

Réalisé par Mariano Lamberti

Sorti en Italie le 6 avril 2012

Sorti en France le 26 juin 2013

Le titre anglais de ce film italien n’a été choisi que pour former, avec les lettres initiales de ces trois mots, le mot magique qui résume tout. Remarquez la discrétion de l’affiche, qui souligne si peu la chose...

C’est supposé être une comédie, de celles qu’on dit « déjantées » (sic), mais on ne rit à aucun moment ; de toute évidence, parce que tous les personnages sont des clichés et des caricatures, qu’on a déjà vu cela cent fois, et que l’imagination ne va pas loin : en comparaison, La cage aux folles, c’est un traité de philosophie !

On nous dit, mais c’est sans doute pour corser un peu la publicité du film, qu’il a « provoqué de vives réactions à sa sortie en Italie », notamment auprès des inévitables extrémistes catholiques (est cité un certain groupe Milita Christi) qui estiment que tout cela « véhicule un message contre-nature » et a réclamé un boycott. Mais ce sont les homosexuels italiens qui auraient dû revendiquer le boycott, tant le film est niais.

À la fin, l’une des lesbiennes met au monde un bébé. Oui, mais par insémination artificielle, bien entendu...

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Frances Ha

Mardi 9 juillet 2013

Réalisé par Noah Baumbach

Sorti aux États-Unis (Festival de Telluride) le 1er septembre 2012

Sorti en France le 3 juillet

J’avais bien aimé les deux films de Noah Baumbach vus précédemment, Les Berkman se séparent en 2005 et Greenberg en 2008, mais là, je suis assez déçu, car le scénario, qui donne dans la (fausse) tranche de vie, est plutôt insignifiant : Frances partage avec Sophie, sa meilleure amie, une colocation à New York, or Sophie envisage de ne pas renouveler le bail, pour aller vivre avec son petit ami. Résultat, Frances va se retrouver à la rue, car elle n’a pas d’argent. En effet, danseuse sans travail, ne parvenant pas à se faire engager dans une troupe où aucune place ne se présente, elle vit d’expédients.

Tout de même, elle trouve le moyen de faire un voyage à Paris (c’est bien vrai, ça, tous les chômeurs de New York ont les moyens de s’offrir un billet d’avion), mais passe son temps à dormir dans l’appartement de la rue de Vaugirard que des amis lui ont prêté. À son retour, complètement dans la dèche, elle accepte un travail obscur de secrétaire dans la compagnie de danse où l’on n’a pas pu la prendre comme danseuse, elle monte en grade, devient organisatrice des spectacles, puis régisseuse de plateau, puis chorégraphe, et on lui trouve enfin du génie ! Comble de bonheur, elle se réconcilie avec Sophie, laquelle l’avait un peu abandonnée pour partir au Japon.

Assez vite, on est agacé par le manque d’intérêt de cette histoire, et, accessoirement, par le fait que les deux filles, qui ne sont pourtant pas lesbiennes, ne cessent de se dire « Je t’aime ! ». Mais ce doit être une coutume new-yorkaise.

Un mot sur le titre : l’héroïne s’appelle Frances Hallyday, mais, à la fin, quand elle a enfin un logement bien à elle et veut mettre son nom sur la boîte aux lettres, l’étiquette s’avère trop longue. Alors, elle coupe ce qui dépasse, et il reste ce qui a servi de titre. Ce doit être un symbole, mais je ne sais pas de quoi. Les facteurs new-yorkais n’ont pas la vie belle...

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

Un trou dans la tête

Jeudi 11 juillet 2013

Réalisé par Frank Capra

Titre original : A hole in the head

Sorti aux États-Unis le 15 juillet 1959

Sorti en France le 3 juillet 2013

Il semble que le film n’était jamais sorti en France, et ce n’était pas une grande perte, car il est extrêmement convenu, et trop long. Il n’a d’ailleurs pas été restauré, au contraire de l’habitude d’aujourd’hui.

Une réplique résume assez bien le thème, dite par sa tante au jeune Ally, à propos de son père : « C’est un enfant de 41 ans, et tu es un adulte de 11 ans ». Ce thème de l’enfant plus mature que son père a été utilisé, au cinéma et au théâtre (par exemple dans Des clowns par milliers), des centaines de fois, et les développements font rarement dans l’originalité.

Bref, Capra, en fin de carrière, était peut-être un peu fatigué, et ne s’est guère foulé. Une sortie tardive, dans une seule salle pour toute la France, et qui ne s’imposait pas. La critique n’en a d’ailleurs pas soufflé mot.

En bref : reprise. Inutile de se déranger.Haut de la page

Rampart

Vendredi 12 juillet 2013

Réalisé par Oren Moverman

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 10 septembre 2011

Sorti en France le 3 juillet 2013

Que le film ait été co-écrit par James Ellroy m’indiffère complètement : ce qui importe, c’est ce qu’on voit sur l’écran. Or, des policiers pourris (ici, ce cumulard est sexiste, homophobe, ultra-violent, corrompu, adultère, mauvais père, et j’en oublie), c’est le tout-venant du cinéma, et j’attends encore de voir sur un écran un policier qui ne soit pas tout cela, tour à tour ou en même temps ; que sa femme n’a pas flanqué à la porte ; et que ses enfants ne méprisent pas. Donc, cliché.

Pour parfaire le tableau, ce Dave Brown a exécuté un violeur en série et a fait passer l’homicide pour un accident de travail inhérent à son métier. Comme il dit, il n’a jamais fait de mal à des gens bien. Air connu... Et lorsqu’il tabasse, sur la voie publique, un homme dont la voiture a heurté la sienne (volontairement ou non, on ne le saura pas) et qu’une caméra a tout filmé de son acharnement, le voilà devenu le point de mire de Los Angeles (Rampart est le nom du poste de police où il travaille).

Ce qui ne va pas, c’est moins le scénario, d’ailleurs, que la mise en scène : abondance de gros plans flous dans la semi-obscurité, et ne servant qu’à meubler l’écran le temps de passer de la musique ; interminable conversation avec une femme levée dans un bar, avec en arrière-plan et en fond sonore des chanteurs et danseurs espagnols s’égosillant en un flamenco saugrenu (ou comment saboter sa scène avec un environnement n’ayant rien à voir avec l’action) ; bref, du travail de débutant – presque, puisque le réalisateur en est à son deuxième film. Et de mauvais débutant, car on en a vu un, tout récemment, qui s’était montré brillant.

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Un mois en Thaïlande

Lundi 15 juillet 2013

Réalisé par Paul Negoescu

Titre original : O luna in Thailanda

Sorti en Italie (Festival deVenise) le 3 septembre 2012

Sorti en France le 26 juin 2013

Le titre, trompeur puisque nous ne quittons jamais Bucarest, enchanteresse capitale de la Roumanie, vient que ce que l’anti-héros de cette histoire propose au début du film un mois de vacances en Thaïlande à sa petite amie du moment, puis, ayant rompu pour renouer avec la précédente, propose la même chose à la remplaçante, qui lui ressemble comme un nanard ressemble à un navet.

Ce récit passionnant montre Radu, un type dont on ne sait pas de quoi il vit, qui, le soir du 31 décembre, rompt avec Adina parce que leur relation « n’avance pas » (sic), et s’efforce de renouer avec Nadia (notez l’anagramme en forme de message de l’auteur : il n’a pas vraiment changé de partenaire et ne cherche que ce qu’il avait déjà). On a donc deux sortes de scènes : des conversations longues et insipides sur le mode « Je t’aime toujours mais je ne peux plus vivre avec toi / Salopard d’égoïste, tu ne sais pas ce que tu veux et je ne veux plus entendre parler de toi » – donc les deux sont d’accord –, et des scènes de boîtes de nuit, avec les ingrédients habituels : fumée, mauvaise musique du genre boum-boum et zombies croyant danser parce qu’ils se dandinent lourdement sur place en agitant la tête et en levant les bras en l’air.

Ce film plaira beaucoup aux neurasthéniques qui aiment s’ennuyer, et aux désœuvrés qui cherchent une salle vide, confortable et climatisée pour faire une petite sieste d’une heure et demie. Admirateurs d’Asghar Farhadi et de ses scénarios qui veulent dire quelque chose, passez au large. Quant aux Roumains eux-mêmes, ils font preuve de sagesse : le film, chez eux, se tape un bide magistral. Du reste, ils ont tout compris, ils ne vont presque plus au cinéma !

*

Soyons positifs : j’ai appris deux choses. D’abord, que mois se dit « luna » en roumain (le calendrier est lunaire, dans ce pays ?). Ensuite, que merci se dit « merci », tout comme en Iran, et c’est le seul point commun avec les films de Farhadi. Vous voyez qu’on peut s’instruire partout.

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Man of steel

Mardi 16 juillet 2013

Réalisé par Zack Snyder

Sorti aux États-Unis le 10 juin 2013

Sorti en France le 19 juin 2013

Comme je sais depuis des années qu’il n’y a rien à attendre de Zack Snyder, je ne me suis pas pressé pour voir ce film, et j’ai attendu le dernier jour de projection au Max-Linder, seule salle où les films sont projetés avec une image et surtout un son convenables, le contre-exemple étant l’UGC des Halles, complexe plutôt crade et abonné aux incidents de projection.

Je n’avais d’ailleurs pas tort, sinon de m’être déplacé pour voir un navet de plus, pompé, jusqu’au titre, sur Iron man, qui constitue le maître-étalon du blockbuster stupide. Non qu’il soit impossible d’édifier un film de ce genre sur d’autres critères que la castagne, les explosions, la musique incessante basée sur les percussions (pour bien montrer que c’est un film d’action), les personnages sommaires, et la démolition permanente de décors, d’accessoires, de maisons, de voitures, d’avions, le tout fabriqué à grands coups de numérique puisqu’on ne sait plus rien faire d’autre : on a vu des films fabriqués pour plaire au plus grand nombre et qui ne racolaient pas, comme Batman begins ou The dark knight, ou encore Spider-Man 3. Quoique, surprise, Christopher Nolan, réalisateur des deux premiers, que je ne porte pas aux nues mais qui a du savoir-faire et ne sacrifie pas tout au numérique, a été co-scénariste et co-producteur de ce sinistre Man of steel. Il avait des arriérés d’impôts à payer ?

Avec cela, absence d’humour quasiment totale, à l’exception de cette avant-dernière scène : Superman descend un drone qui l’espionnait parce que le Pentagone voulait savoir où il se changeait quand il passait de Clark Kent au super-héros que vous savez (dans la bande dessinée, c’était dans une cabine téléphonique, mais ici, il ne le fait jamais).

On est un peu navré de voir Henry Cavill, beau garçon révélé par The Tudors, et assez bon acteur pour avoir été employé par Woody Allen dans Whatever works, se fourvoyer dans cette impasse, qui n’est rien de plus qu’un ersatz de jeu vidéo.

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Hijacking

Jeudi 18 juillet 2013

Réalisé par Tobias Lindholm

Titre original : Kapringen

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 3 septembre 2012

Sorti en France le 10 juillet 2013

Sobre, le titre anglais utilisé chez nous définit bien le sujet : un hijacking, c’est le détournement d’un avion ou d’un bateau par des terroristes ou des pirates. Ici, ce sont des pirates, qui ne parlent que le somalien et ont arraisonné un cargo danois dans l’Océan Indien. Comme ils ne comprennent aucune autre langue que la leur, ils ont engagé un négociateur anglophone, Omar, qui se vexe beaucoup chaque fois qu’on sous-entend qu’il fait partie de la bande : il ne cesse de répéter que lui aussi veut rentrer chez lui ! Par son intermédiaire, les pirates exigent 15 millions de dollars pour relâcher l’équipage, et toutes les négociations se feront par téléphone ou par fax, entre Omar et le PDG danois, Peter Ludvigsen.

Le marchandage va durer plus de quatre mois, conduire Ludvigsen à deux doigts d’être limogé par son conseil d’administration, puis se terminer par un accord : la Orion Seaways versera 3,3 millions, qui seront parachutés au-dessus de la mer. Néanmoins, il y aura une fin tragique, celle du capitaine du cargo, abattu par un pirate stupide qui avait voulu s’emparer du médaillon que portait le cuisinier : le capitaine s’est interposé et a été tué net.

En réalité, le vrai sujet est celui-ci : dans un cas semblable, les négociations devraient être menées par un homme n’ayant aucun intérêt dans l’affaire (et donc, pas par le patron de l’entreprise), pour éviter que les sentiments, générateurs de réactions perturbatrices, prennent le pas sur la réalité brutale, à savoir, le montant de la rançon à verser. Mais ici, le PDG a voulu négocier en personne, parce qu’il se sent responsable de son personnel, et il finit par s’énerver, au risque de tout flanquer par terre. En représailles, via le bruit d’un coup de feu qu’on lui fait entendre au téléphone, on lui fait croire que le cuisinier du bateau a été abattu, ce qui était faux et ne constituait qu’un moyen de pression supplémentaire. Eh oui, les pirates sont devenus experts en communication, ils sont mûrs pour la politique !

Le réalisateur est aussi scénariste, et il a malheureusement signé les scénarios de deux mauvais films réalisés par Thomas Vinterberg, Submarino et La chasse. Ici, travaillant pour son compte, il n’a pas raté son histoire, qui est tout à fait plausible et qu’il a réalisée avec minutie et sérieux.

En bref : à voir.Haut de la page

Météora

Vendredi 19 juillet 2013

Réalisé par Spiros Stathoulopoulos

Titre original : Metéora

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 12 février 2012

Sorti en France le 17 juillet 2013

Dans les pages de ce site, on n’est pas tendre avec les films reposant sur l’exposé de l’état d’âme des trentenaires. Or, stricto sensu, ce film semble relever de ce thème typique du cinéma français. Mais il en diffère par son cadre, ses motivations, et son style pictural.

Nous ne sommes pas à Paris, dans ces arrondissements à la mode que sont le sixième et le dixième et où vivent les bobos ; nous sommes en Grèce, où deux monastères ont été édifiés au sommet de deux pitons rocheux se faisant face. Vous pouvez en voir quelques vues ICI, et c’est vertigineux. Le monastère réservé aux hommes n’est accessible que par un escalier interminable, et qui fait, de l’ascension pédestre de la Tour Eiffel, un simple exercice de mise en train. Quant à celui où vivent les religieuses, on n’y accède qu’en prenant place dans la nacelle de corde qui sert à y monter le ravitaillement fourni par les campagnards des environs, et mue par un treuil que les nonnes actionnent à la main. Avec un tel dispositif, les sorties discrètes sont évidemment impossibles.

Au pied des deux pitons, un moine et une religieuse ont pris l’habitude de se retrouver pour parler (de religion, évidemment) et accessoirement déjeuner : l’homme cuisine bien. Or ils sont jeunes et bien faits, et l’inévitable finit par arriver : ils tombent amoureux. On pense au début que la religion sera la plus forte et que leur amour restera platonique, mais non, le garçon finit par convaincre la fille, et, cédant à l’appel de la nature, ils feront comme tout le monde. Mais le comble est qu’ils n’en éprouvent aucun remords, et le récit se termine par un rire impie : évoquant une maxime qui a fait l’objet d’une précédente conversation, selon laquelle le seul péché qui ne se pardonne pas serait le désespoir, ils éclatent de rire, et répètent sur un ton moqueur « Désespoir ! Désespoir ! ».

Les deux personnages, toujours à l’écran, sont presque les seuls que l’on verra, et la vérité oblige à reconnaître qu’ils n’incarnent guère la passion amoureuse. Mais cela procède peut-être de la volonté de l’auteur, Spiros Stathoulopoulos, réalisateur gréco-colombien, qui s’est signalé en 2007 par son premier long-métrage, PVC-1, passé inaperçu, et qui montrait, en un seul plan de 85 minutes – cinq ans avant L’arche russe – l’histoire d’une femme transformée contre son gré en bombe humaine.

Le film a dérouté beaucoup de spectateurs par son parti-pris de mêler, aux personnages humains, des séquences animées de dessins réalisés dans le style religieux orthodoxe, mais sur le mode du rêve. Mais il faut convenir que, même si c’est un peu gratuit et tout à fait irréel, c’est étonnant et très beau.

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Metro Manila

Mardi 23 juillet 2013

Réalisé par Sean Ellis

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 20 janvier 2013

Sorti en France le 17 juillet 2013

Bien que présenté au festival de Sundance, Metro Manila est un bon film !

Cette expression, « Metro Manila », ne désigne pas le métro de Manille, mais la région comprenant la capitale des Philippines et les seize cités de sa banlieue – un peu comme l’Île-de-France n’est pas une île, mais la région parisienne. Il faut savoir aussi que Manille est l’une des métropoles asiatiques parmi les plus laides, surpeuplée, ravagée par la misère, le crime, la drogue et la prostitution des jeunes : une génération avant aujourd’hui, « Les trottoirs de Manille » (c’était le titre d’une émission de télévison) grouillaient de jeunes garçons se vendant aux touristes ; tout cela, parce qu’une publication spécialisée avait écrit un article disant que n’importe quel étranger débarquant à l’aéroport de Manille trouvait un jeune amant dans la demi-heure qui suivait. Ce qui avait suivi, c’étaient surtout les charters amenant des touristes venus d’Europe du Nord (la publication citée était éditée à Amsterdam), aux poches bourrées de dollars, invasion contre laquelle le dictateur de l’époque, Ferdinand Marcos, et sa rombière Imelda, la femme aux trois mille paires de chaussures, ne remédièrent en rien, trop occupés qu’ils étaient à faire des affaires véreuses.

Les Philippines ne brillaient pas par leur cinéma. Elles n’ont connu qu’un seul grand cinéaste, Lino Brocka, un opposant à Marcos, mais, après 66 films dont nous n’avons vu qu’un très petit nombre – cinq, je crois –, il est mort en 1991, d’un accident si mes renseignements sont bons. Aujourd’hui, le seul cinéaste philippin connu est Dante Mendoza, qui préfère le prénom Brillante (sic), et qui s’est fait une solide réputation dans la même veine que celle de Brocka. Très connu, plutôt doué mais souvent contesté, on notera qu’Isabelle Huppert a joué pour lui dans Captive, ce qui est bon signe pour une carrière internationale.

*

Ici, le cinéaste n’est pas philippin, mais anglais, et je n’avais vu de lui que Cashback, en 2006 – que j’avais estimé original mais un peu léger sur le plan du scénario. Metro Manila est tout le contraire, il utilise une histoire assez classique mais soigne particulièrement le scénario : Oscar Ramirez, ayant perdu son emploi en usine, a voulu se reconvertir comme cultivateur, mais les margoulins auxquels il est obligé de vendre son riz ne le lui achètent qu’à un prix si bas, qu’il doit renoncer, et, avec sa femme Mai enceinte et ses deux petites filles, il part tenter sa chance dans la capitale.

Alors que Mai, comme seul travail, trouve un emploi d’entraîneuse dans un bar où la prostitution n’est pas obligatoire, mais fortement conseillée, Oscar parvient à se faire embaucher comme convoyeur de fonds, métier à haut risque dans cette ville. Or le type, Ong, qui l’a pistonné pour le faire embaucher et qui l’a pris comme coéquipier, terriblement gentil et serviable (il va jusqu’à lui prêter un appartement qu’il louait pour ses aventures extra-conjugales !), ne tarde pas à lui réclamer un renvoi d’ascenseur : fracturer une armoire de leur entreprise où est conservée une certaine clé lui permettant d’ouvrir une boîte renfermant une grosse somme, qui a été volée par des truands au cours d’une de leurs missions, et qu’il a réussi à conserver clandestinement. Oscar accepte avec réticence, or Ong est tué. Pour se sortir de la misère, Oscar n’a plus qu’une seule ressource, voler la clé pour son compte, mais, surpris par une caméra de surveillance, il est abattu par ses collègues.

Néanmoins, l’épilogue réserve un retournement de situation : Oscar savait qu’il allait être tué et que ses affaires seraient rendues à sa femme. Il y a donc inclus une copie subrepticement moulée à la cire de la clé fatidique, et indiqué dans une lettre posthume où Mai trouvera la précieuse boîte. Libérée et riche, elle quitte enfin l’enfer de Manille avec ses deux filles.

L’histoire est donc forte et admirablement charpentée. L’acteur principal respire la loyauté, même si la fin révèle que son personnage n’était pas si naïf que cela, mais qu’il est surtout capable de se sacrifier pour les siens. On ne voit plus beaucoup de tels héros dans le cinéma d’aujourd’hui !

En bref : à voir.Haut de la page

Olivier Marchal ferait mieux de se taire

Mercredi 24 juillet 2013

Non seulement Olivier Marchal est l’un des pires scénaristes français, mais il ne connaît rien à l’histoire du cinéma. Aujourd’hui, on l’interviewait sur France Inter, et comme l’intervieweur l’asticotait un peu sur son népotisme (il fait jouer sa femme dans ses films), il a objecté ceci : « Mais Stéphane Andran n’a joué que dans les films de son mari Claude Chabrol ! »

Première bourde, Stéphane Audran n’est pas restée mariée avec Chabrol plus de seize ans (de 1964 à 1980). Ensuite, entre Les cousins (1959) et Betty (1991), elle a tourné dans vingt-quatre films de Chabrol, mais sa filmographie complète compte cent huit films et téléfilms !

Curieuse exclusivité.

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Plein soleil

Mercredi 24 juillet 2013

Réalisé par René Clément

Sorti en France le 10 mars 1960

Ressorti en France le 10 juillet 2013

Patricia Highsmith, l’auteur du roman The talented Mr Ripley dont ce film a été tiré, n’avait pas apprécié la fin, dont elle a estimé que c’était une concession à la moralisation désirée par le public : le méchant DOIT être puni, et on y remédie via un banal truc de film policier, d’ailleurs peu crédible. Bien sûr, dans son livre, non seulement Ripley ne se faisait pas prendre, mais ses aventures continuaient dans d’autres romans, où il apparaissait riche et considéré, quoique toujours malhonnête – faussaire, notamment, ce qu’il est déjà dans le premier livre. En ce sens, la version réalisée par Anthony Minghella ne tombe pas dans ce travers, et se permet en outre de ne pas éviter l’aspect homosexuel que revêt l’attirance de Ripley envers Philip Greenleaf : dans ce film, s’il le tue, c’est parce que l’autre s’est moqué de cet attachement. La fin comporte en outre un troisième meurtre, sur le personnage d’un musicien qui s’est épris de Ripley et qui devient dangereux parce qu’il est près d’apprendre ce qu’il ne doit pas savoir.

Reste donc le charme d’Alain Delon, qui, en outre, est en train, à vingt-cinq ans, de devenir un grand acteur dans son premier film important. Il s’est aussi révélé un homme avisé, puisque le réalisateur René Clément voulait lui faire jouer le personnage de Greenleaf, et réserver à Maurice Ronet celui de Ripley. Delon a eu l’intelligence de comprendre que ses origines et son éducation ne lui permettaient pas encore d’interpréter un fils de famille riche et bien éduqué, et qu’il ne pouvait jouer qu’un voyou – ce qu’il avait été ! Il a demandé une permutation des rôles, et il a bien fait.

Matt Damon, qui a repris le rôle dans le film de Minghella, est au moins aussi bon que Delon, mais, en sus, son personnage chante, joue du piano, et il bénéficie d’une gamme d’expressions plus large, parce que son personnage est davantage complexe et nuancé. Le film est plus brillant, et l’héroïne, Madge, y bénéficie d’une meilleure interprète que Marie Laforêt, qui joue platement et de manière convenue. Mais, bien entendu, on ne voit que Delon.

En bref : reprise. À voir.Haut de la page

Laissez tomber Denis Dercourt !

Vendredi 26 juillet 2013

Énorme éclat de rire, avant-hier matin, en ouvrant la page du « Canard enchaîné » où figurent les critiques de cinéma. L’article principal, placé en haut et plus long que les autres, est consacré au dernier chef-d’œuvre de Denis Dercourt, et il est particulièrement élogieux – donc involontairement comique.

Dercourt, je le connais depuis dix ans, et je le tiens pour l’un des plus mauvais scénaristes français : aucune de ses histoires ne tient la route. En fait, ce professeur de musique devrait s’en tenir à ce qu’il connaît, la musique.

Voici donc les liens portant vers les trois critiques que j’avais écrites en leur temps, pour ces films inoubliables qu’étaient Mes enfants ne sont pas comme les autres, en 2003, La tourneuse de pages, en 2006 – que « Le Canard » évoque en le qualifiant de « thriller hitchcockien » (sic !) –, et Demain dès l’aube, en 2009. Ces trois films valent bien ceux des Marx Brothers.

Au fait, le journaliste du « Canard » fait dans la discrétion en ne dévoilant pas de quelle « étrange manière » la mère du film nourrit sa fille. Mais le réalisateur lui-même a tout raconté sur France Inter en rapportant qu’il achetait chez un boucher des quantités considérables de sang de porc. Mais non, j’arrête, sinon Jérôme Garcin va encore avoir de la peine.

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Le quatuor

Vendredi 26 juillet 2013

Réalisé par Yaron Zilberman

Titre original : A late quartet

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 10 septembre 2012

Sorti en France le 10 juillet 2013

Ce quatuor new-yorkais nommé La Fugue, uni depuis un quart de siècle, se compose de Daniel, premier violon, le plus jeune et celui qui, très maniaque, choisit l’interprétation de la musique ; de Robert, second violon ; de Juliette, alto ; et de Peter, violoncelle. Juliette, pratiquement adoptée enfant par Peter et sa femme, est mariée à Robert, et ils ont ont une fille, Alexandra, qui est amoureuse de Daniel, et qui joue aussi du violon, quoique pas très bien. Cet amour est partagé, mais Alexandra veut rompre parce qu’elle ne se sent pas à la hauteur de son amant.

Or, au sein de cette famille très particulière, Peter ressent les premières atteintes de la maladie de Parkinson, il devra bientôt cesser de jouer, donc on devra le remplacer. Et Robert veut mettre à profit ce remaniement pour que, cessant d’être constamment second violon, on lui donne, de temps en temps, le rôle de premier violon. Vives oppositions : Robert veut tout casser, tout sacrifier à son ambition ! C’est le début d’une réaction en chaîne, où chacun va affronter tous ses partenaires, mais sur un mode plus élevé qu’habituellement au cinéma et au théâtre – notamment dans le lamentable Carnage de Polanski.

Néanmoins, tout s’arrange à l’épilogue, lors du dernier concert de Robert : il s’interrompt en plein jeu et présente au public celle qui va lui succéder. Émotion générale.

Le film est d’une très haute tenue, d’abord parce qu’il traite de vraie musique (notamment le Quatuor opus 131 de Beethoven, très long et donc périlleux à jouer), ensuite parce que les acteurs ont fait l’effort d’apprendre à manier leurs instruments avec vraisemblance : on est très loin de la maladresse habituelle des acteurs qui font semblant de jouer et se ridiculisent aux yeux des spectateurs un peu connaisseurs. Quant au jeu de comédien proprement dit, les acteurs sont parmi les meilleurs, et ils sont parfaits. Inutile de préciser que le film n’attire pas les foules, mais c’est tant mieux, les bâfreurs de popcorn nous épargnent leur présence.

En bref : à voir.Haut de la page

Le congrès

Lundi 29 juillet 2013

Réalisé par Ari Folman

Titre original : The congress

Sorti en France (Festival de Cannes) le 16 mai 1960

Sorti en France le 3 juillet 2013

Ce film ne rencontre aucun succès, et cela s’explique très bien : la première moitié, jouée par des acteurs réels, est excellente et traite un problème dont je parle plus loin ; la seconde moitié, en dessins animés, est fumeuse, interminable, bébête, alarmiste, vaguement new age tendance écolo, et le style des dessins oscille entre celui des mangas et celui de Goldorak, de sinistre mémoire. Le réalisateur, qui avait assez brillamment réussi Valse avec Bachir, se plante ici dans les grandes largeurs.

Pourtant, il avait conservé quelques éléments de ce premier film : les séquences dessinées (mais elles étaient belles, alors), l’humanisme, la hantise d’un passé devenu insaisissable, et... une musique de Chopin – cette fois, un Nocturne en do dièse mineur. La base de l’histoire est cette supposition, ou plutôt cette bonne blague, que j’avais faite ici même il y a onze ans : je prétendais qu’on ne tarderait pas à reproduire en numérique des acteurs réels, afin de les faire jouer, y compris post mortem, dans des films qu’ils n’avaient pas pu faire (et ici, pas VOULU faire !). L’offre d’être scannée sera présentée, en l’occurrence, à une actrice bien réelle, Robin Wright, qui a surtout fait carrière à la télévision (elle est parue dans... 453 épisodes de Santa Barbara !), et a joué dans quelques films connus, comme, récemment, Rampart. Or les studios Miramount (on reconnaît Miramar + Paramount, ainsi que, peu après le début, l’entrée des studios de la Paramount à Hollywood) lui offrent de la scanner pour faire ensuite jouer son avatar dans tous les films qui leur plaira, et sans lui demander son accord ! Naturellement, elle regimbe, mais « Quand les producteurs ont-ils demandé ton avis auparavant ? », lui demande son agent, interprété par Harvey Keitel. Elle finit par accepter, parce que son jeune fils est en train de devenir aveugle et sourd, et qu’elle ne trouve plus de travail.

Évidemment, cela va mal tourner, parce que les prétendus progrès de la technique vont faire que, d’un avatar purement visuel, on va peu à peu passer à des avatars pharmaceutiques, et qu’on pourra absorber par voie buccale toutes les vedettes scannées, puis les intégrer dans l’univers de tous, jusqu’au stade ultime : la réalité cessera d’exister – sinon dans un monde à part et préservé, mais devenu sordide – et chacun pourra vivre la vie qu’il veut, mais sous cette forme imaginaire, celle du rêve sur mesure.

En dépit de l’estime qu’on peut avoir pour l’auteur du roman qui a fourni le sujet, et qui était l’auteur de Solaris, il faut reconnaître que le public lâche la rampe bien avant la fin (j’ai vu des spectateurs partir), d’autant plus que le film dure deux heures, c’est-à-dire une demi-heure de trop. Certes, l’intention était bonne : attirer l’attention sur la disparition progressive du film traditionnel. Mais je pense que c’est un faux problème, et ni la motion capture de Spielberg et Jackson, ni les films en images de synthèse fabriqués par Pixar, ne mettent en danger ceux faits avec de vrais acteurs. Et James Cameron a bien mêlé les deux dans son Avatar, donc les deux procédés peuvent cohabiter sans se faire la guerre !

Résumons : voyez la première moitié du film, puis... partez !

*

C’est très drôle : j’ai écrit ce que vous venez de lire avant d’entendre Le masque et la plume qui a été diffusé hier soir (et que j’ai écouté en différé, comme presque toujours), or la plupart des critiques, ainsi que le meneur de jeu, ont dit EXACTEMENT la même chose. Tout y est passé, notamment l’absurde structure du film en deux parties n’ayant rien à voir l’une avec l’autre, la première excellente et qui a quelque chose de passionnant à dire, et la seconde, nullisime, brouillonne, ennuyeuse, laide, incompréhensible, ratée, de toute façon formidablement inférieure avec ce qu’avait été Valse avec Bachir.

Vous avez bien raison de me lire, je vous fais économiser du temps et de l’argent.

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

Le grand’tour

Mardi 31 juillet 2013

Réalisé par Jérôme Le Maire

Sorti en France (Festival de Cannes) le 18 mai 2011

Sorti en France le 24 juillet 2013

Au bout de trois minutes, on a compris, et, si on est raisonnable, on s’en va. En effet, projeté plus de deux ans après sa présentation au festival de Cannes, indice que les distributeurs ne se sont pas battus pour le sortir, ce film traduit l’obsession très actuelle de la fête à tout prix. Cette lubie, née en mai 1968, dont on ne savait pas qu’elle avait atteint la Belgique, et qui n’a fait que s’aggraver jusqu’à culminer à l’époque où Mitterrand a été élu à la présidence de la République, a quasiment pris l’allure d’une maladie mentale collective. Et il n’avait pas tort, Philippe Muray, de la tourner en dérision.

Ici, un groupe de quadragénaires belges, histoire de se marrer, a formé une pseudo-fanfare, bien qu’aucun des huit (la publicité dit qu’ils sont dix, mais je regrette, on n’en voit jamais que huit à l’écran), ne soit capable de jouer de la musique : ils n’ont en tout et pour tout que... deux tambours, dont ils ne se serviront à aucun moment. Un jour, ils décident de partir à l’aventure, à pied, pour, évidemment, « faire la fête » on ne sait où, et pour quelques jours seulement. Oui, mais leur périple va s’étaler sur six mois, durant lesquels, partis sans téléphone, ils ne donnent aucune nouvelle à leur famille, et n’en demandent pas. On voit combien tout cela est solide.

En réalité, cette aventure, comme on dit à la télé, se borne à marcher à pied dans les bois, à sniffer de la cocaïne, à fumer des pétards et à boire de la bière : comme libertaires, on a connu plus audacieux et plus inventifs. Quant aux rencontres qu’ils font, si l’on excepte celle d’un vieux châtelain qui leur offre à dîner et à dormir dans la chapelle de sa propriété, elles ne présentent absolument aucun intérêt, de sorte que le film se traîne.

On n’est pas trop surpris quand les choses se gâtent, à la longue, qu’ils finissent par se quereller, quoique sans grande violence et que le groupe se désagrège. Oui, mais, quand l’un d’eux s’en va, il en reste... cinq ! Puis ils ne sont plus que trois. À la fin, évidemment, ils rentrent chez eux, le chef du groupe disparaît, et la femme d’un des hommes le quitte. Quant au moins inintéressant, il s’est découvert homosexuel. Tout ça pour ça...

Le seul mystère de ce film, c’est que certains critiques ont estimé qu’il méritait d’être vu. Au fond, son seul mérite est de prouver que les Belges peuvent aussi faire de mauvais films. Et ne commettez pas l’erreur de croire que c’est un documentaire, tout cela est ultra-scénarisé, et, si on pense parfois à cette mini-série télévisée Nus et culottés, qui passait sur France 5 il y a exactement un an, elle était beaucoup plus captivante (et les épisodes étaient courts).

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

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Sites associés :    Yves-André Samère a son bloc-notes 122 films racontés

Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 septembre 2020.