Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Le fils de Jean – L’inconnu du lac – Si ce livre pouvait me rapprocher de toi – Un petit boulot – Arrêtez-moi là – L’arnacœur – Dans le noir – Lights out – Comancheria – Hell or high water – Le Schpountz – Marius – Fronteras – A escondidas – Toril – Dernier train pour Busan – Busanhaeng – Clash – Eshtebak – Fenêtre sur cour – Lifeboat – Buried – La taularde – Brooklyn village – Little men – Keep the lights on – Where to invade next – Infiltrator – The infiltrator – Frantz – Broken lullaby – L’homme que j’ai tué
Personnes citées : Philippe Lioret – Pierre Deladonchamps – Gabriel Arcand – Jean-Paul Dubois – Paul Cleeve – James Crumley – Pascal Chaumeil – Michel Blanc – Iain Levinson – Romain Duris – Vanessa Paradis – François Damiens – Julie Ferrier – David F. Sandberg – David Mackenzie – Gilbert Bécaud – Marcel Pagnol – Fernandel – Charpin – Orane Demazis – Pierre Brasseur – Louis Ducreux – André Roussin – Mikel Rueda – Laurent Teyssier – Vincent Rottiers – Mohammed Diab – Alfred Hitchcock – Mohammed Morsi – Hosni Moubarak – Audrey Estrougo – Sophie Marceau – Ira Sachs – Theo Taplitz – Michael Barbieri – Michael Moore – Brad Furman – Bryan Cranston – John Lequizamo – Bob Mazur – Pablo Escobar – Michael Connelly – François Ozon – Ernst Lubitsch – Maurice Rostand
Réalisé par Philippe Lioret
Sorti en France (Festival d’Angoulême) le 28 août 2016
Sorti en France le 31 août 2016
Volontairement trompeur, le titre est là pour dissimuler le fin mot de l’histoire : Mathieu n’est pas le fils de ce Jean qu’il n’a jamais vu et qui a fait sa vie comme médecin – et coureur de jupons – au Québec. En réalité, il est le fils de Pierre, collègue du premier, qui a prévenu Mathieu par téléphone que son pseudo-père venait de mourir noyé dans un lac, laissant deux fils plus jeunes. Mathieu décide d’aller aux obsèques de ce dernier, afin de connaître ses demi-frères, qui vont se révéler querelleurs, antipathiques et inintéressants.
On comprend assez vite que Mathieu se cherche un père de remplacement, qu’il va donc trouver en Mathieu. Lequel, hélas, est atteint d’un cancer de la prostate, a refusé toute chimiothérapie, et voulait seulement voir son fils lointain avant de mourir. La vérité se révèle peu à peu, les deux hommes découvrent leur attachement mutuel, et, avant de retourner à Paris où il fait un métier idiot (il est commercial dans une entreprise qui fabrique des croquettes pour chiens !), Mathieu parvient à convaincre Pierre de suivre son traitement, et se laisse convaincre, en retour, de suivre sa véritable vocation : écrire un livre.
Le film, beau, pudique, n’appuyant jamais, est très bien joué par deux interprètes, Pierre Deladonchamps et Gabriel Arcand, exprimant parfaitement le fond de cette histoire : que faire réellement de sa vie et, accessoirement, de sa mort ? Et, pour une fois, son réalisateur ne se mêle pas de politique.
Détail cocasse : le corps de Jean, noyé dans un des 250 000 lacs du Québec et qu’on ne retrouve pas, est donc un peu l’inconnu du lac... expression qui a servi de titre au film ayant lancé son interprète principal ! Mais ici, Pierre Deladonchamps reste habillé.
L’histoire vient d’un roman, Si ce livre pouvait me rapprocher de toi, de Jean-Paul Dubois, bon écrivain, qui ne donne pas dans l’esbrouffe médiatique. Les personnages citent d’ailleurs deux autres bons romanciers, des auteurs de romans policiers, Paul Cleeve et James Crumley.
Réalisé par Pascal Chaumeil
Sorti au Canada (Festival Fantasia) le 1er août 2016
Sorti en France le 31 août 2016
Comédie amorale et sarcastique, dotée d’un très bon dialogue de Michel Blanc, qui a travaillé d’après un roman de Iain Levinson, auteur d’un autre roman ayant donné le navrant Arrêtez-moi là. Un abonné aux petits métiers instables accepte de tuer la femme d’un homme d’affaires pas très scrupuleux, et, de fil en aiguille, tue plusieurs personnes. À l’épilogue, il se voit offrir un superbe fusil à lunette, prélude à bien d’autres exploits.
Le fond est social, mais on rit des excès de cette histoire, avec toutes ses absurdités, car le côté macabre a été gommé.
Réalisé par Pascal Chaumeil
Sorti en France (Festival de l’Alpe d’Huez) le 23 janvier 2010
Sorti en France le 17 mars 2010
Agacé par la publicité envahissante qui a précédé la sortie de ce film, et n’aimant ni Romain Duris ni Vanessa Paradis, je n’avais pas eu envie de le voir. Mais la vision du dernier film de Pascal Chaumeil, Un petit boulot, a excité ma curiosité, et je me suis résolu à le voir... avec plus de six ans de retard.
Il est donc très bien réalisé, et seul le scénario, prévisible et sombrant dans le sentimental, est un peu décevant. Alex exerce en effet un métier un peu particulier, briseur sur commande de couples que ses commanditaires jugent mal assortis : il estime rendre service à des femmes qui seront forcément malheureuses. Après un prologue plutôt comique au Maroc, qui montre son organisation avec sa sœur et son beau-frère, il reçoit d’un milliardaire une mission identique, car sa fille doit épouser un richissime fils de famille états-unien, bien sous tous rapports, mais dénué de fantaisie.
Sans surprise, lui et la fille qui lui sert de cible vont tomber amoureux, et elle rompt in extremis.
Le film, assez agité, complètement invraisemblable et tourné dans des décors de luxe, principalement à Monaco, est agréable à voir, mais n’est pas le chef-d’œuvre du siècle en matière de comédie, et c’est surtout le tandem François Damiens-Julie Ferrier qui lui donne un peu de fantaisie. Vanessa Paradis est la fille de service, mais n’importe quelle autre actrice aurait convenu.
À noter que, comme toujours, la publicité du film raconte que Romain Duris est apparu « comme une évidence » au réalisateur. Ce type de baratin revient cent fois par an, pour les productions les plus diverses.
Réalisé par David F. Sandberg
Titre original : Lights out
Sorti aux États-Unis le 8 juin 2016
Sorti en France le 24 août 2016
Une histoire de revenant qui ne se manifeste que dans le noir, ce qui est très pratique quand on ne veut pas trop se fatiguer à le montrer...
Le film, techniquement bien réalisé, ne se montre néanmoins pas meilleur que la plupart des films du même genre, et tout se joue sur les chocs inscrits dans la bande sonore, destinés comme toujours à faire sursauter le spectateur.
À la fin, on découvre que le fantôme qui terrorisait la famille n’existait que dans l’esprit de la mère. Alors, cette dernière se suicide d’une balle dans la tête, et le fantôme disparaît ! On devrait breveter ce système. Sauf en Écosse, où les fantômes sont inoffensifs et bien élevés.
Réalisé par David Mackenzie
Titre original : Hell or high water
Sorti en France (Festival de Cannes) le 16 mai 2016
Sorti en France le 7 septembre 2016
En apparence, le récit commence par l’attaque très matinale d’une modeste banque texane, par deux frères dont l’un, qui a fait dix ans de prison, n’est pas très futé. Ils n’ont rien préparé, ignorent que la caisse est vide parce que tout l’argent est dans un coffre-fort dont la caissière n’a pas la clé, et ne voulaient en fait que des billets dépareillés afin de ne pas être repérés ensuite.
Ils vont continuer ce type d’exploit, et, chaque fois, s’attaquent à une succursale de la même banque. On finit par comprendre que c’est cette banque qui a pris possession de la maison de leur mère décédée, et ils veulent tout simplement la racheter avec l’argent qu’ils lui volent ! En somme, ce sont des voleurs honnêtes, comme dans la chanson de Gilbert Bécaud.
Le film n’est pas un western, même s’il en adopte un peu le style. Mais l’histoire se passe au vingt-et-unième siècle, les personnages ont des téléphones mobiles, et le seul Indien qu’on y voit est l’un des deux policiers qui traquent les deux voleurs et va du reste y laisser la vie.
Les quatre acteurs sont excellents, le dialogue est très bon, et le style du film, qui n’oublie pas de traiter la situation sociale des habitants de la région, le fait de manière tout à fait classique. Seule la musique m’a semblé parfois un peu encombrante, jouant du violon quand le spectateur doit être ému. Mieux vaudrait le silence, plutôt que d’en rajouter.
Réalisé par Marcel Pagnol
Sorti en France le 15 avril 1938
Ressoorti en France le 7 septembre 2016
L’un des meilleurs films de Pagnol, où Fernandel, qui a joué cinq fois pour cet auteur à succès, se surpasse dans le rôle d’un jeune provincial naïf rêvant de devenir acteur de cinéma, et qui, d’abord victime d’une mystification, va pourtant réussir pleinement et accéder au statut de vedette, non pas dramatique comme il le pensait, mais comique.
Charpin est excellent, Orane Demazis est bien meilleure que dans Marius, où elle avait débuté en 1931 ; Pierre Brasseur a un rôle minuscule où il interprète un homosexuel ; et deux confrères en art dramatique de Pagnol font de la figuration : Louis Ducreux et André Roussin.
Ce que veut dire cette histoire, c’est qu’on ne s’abaisse pas simplement parce qu’on fait rire, ce qui est exprimé dans une tirade confiée à Orane Demazis. Bien entendu, Pagnol pensait à lui-même.
Réalisé par Mikel Rueda
Titre original : A escondidas
Sorti en Espagne (Festival de Málaga)le 22 mars 2014
Sorti en France le 31 août 2016
Le titre original signifie « secrètement », ce qui se réfère au sentiment que le jeune Espagnol prénommé Rafael éprouve pour son camarade marocain Ibrahim, dont la présence en Espagne est illégale et qui va être expulsé. Naturellement, Rafael va tout faire pour l’aider, mais Ibrahim va néanmoins partir, vers la France, caché sous un train.
Bien que durant seulement 96 minutes, le film paraît plus long et finit par ennuyer, car il court deux lièvres à la fois : la situation peu enviable d’un migrant africain et seul au monde qui a réussi à passer en Europe, et l’ébauche d’un amour homosexuel assez peu réciproque. En somme, le défaut de tous les films actuels, qui veulent en dire trop et ne traitent bien aucun des thèmes choisis.
Réalisé par Laurent Teyssier
Sorti en France (Festival du Film Francophone d’Angoulême) le 24 août 2016
Sorti en France le 14 septembre 2016
Film illustrant le triste sort des agriculteurs français, dont beaucoup ne peuvent plus vivre de la vente de leurs produits (beaucoup se suicident). Ici, un père de famille méridional s’est lourdement endetté, ses terres vont être confisquées par ses créanciers, et il fait effectivement une tentative de suicide. Il se rate. De ses deux fils, l’aîné, qui possède un restaurant également en difficulté, ne peut l’aider, et son cadet fait ce qu’il peut en revendant la drogue qu’il produit en cachette. Mais le trafic est dénoncé, et il est forcé d’assister à l’assassinat du dénonciateur.
Rien n’y fera, et le père doit vendre ses terres en viager. La famille arrache les arbres et les brûle.
Le cinéaste fait là son premier film, avec les défauts habituels : trop de gros plans en caméra portée. Mais Vincent Rottiers est bon, et la musique est originale.
Réalisé par Sang-ho Yeon
Titre original : Busanhaeng
Sorti en France (Festival de Cannes) le 13 mai 2016
Sorti en France le 14 septembre 2016
La critique est ICI.
Réalisé par Mohammed Diab
Titre original : Eshtebak
Sorti en France (Festival de Cannes) le 12 mai 2016
Sorti en France le 14 septembre 2016
Titre bidon, comme presque toujours, puisque celui choisi pour la distribution en France relève de l’argot, la seule langue que les Français connaissent désormais. En fait, le titre arabe signifie « choc ».
Le film emploie une technique très spéciale utilisée par Hitchcock dans Fenêtre sur cour et surtout dans Lifeboat, également aussi dans Buried, et consistant à ne jamais sortir du lieu où les évènemengts se déroulent (ici, l’intérieur d’un fourgon où s’entassent des gens ramassés par l’armée égyptienne). Cela se passe au Caire, au cours de l’été 2013, deux ans après la révolution égyptienne : le président Morsi, islamiste qui a succédé à Moubarak, a été destitué par l’armée, et des émeutes secouent la capitale égyptienne. Or, à la suite d’une des manifestations, plusieurs dizaines de militants, les uns Frères musulmans, partisans du président destitués, les autres s’opposant aux premiers, sont raflés par l’armée et entassés dans un fourgon, sans nourriture, sans eau, sans aucun moyen de satisfaire leurs besoins naturels. Naturellement, la chaleur est étouffante, et ils ne sont pas du même bord politique !
On a là tout une galerie de personnages rapidement définis, opposés entre eux et envers l’extérieur, bien sûr hostile.
Le tournage en huis clos a été formidablement difficile, et la fin ne fournit aucun épilogue compréhensible, puisque le fourgon est vicime d’un accident dont on ne saura pas la suite.
Hélas, cette histoire intéressera surtout ceux qui connaissent l’Égypte et sa triste situation. Les autres risquent de se trouver un peu perdus. Bref, c’est un film égyptien pour les Égyptiens.
Réalisé par Audrey Estrougo
Titre original : Eshtebak
Sorti en Corée du Sud (Festival de Busan) le 3 octobre 2015
Sorti en France le 7 septembre 2016
Film curieusement sorti à Busan : les membres du jury ont pris le train ?
Mathilde avait épousé un ancien voleur, qui attaquait des banques, mais qui a juré de s’amender. Hélas, il a été rattrapé par un ancien indice et a été condamné à dix ans de prison. Pour le tirer de là, sa femme lui a fait passer un pistolet, sachant que, pour une simple complicité d’évasion, elle ne serait condamnée qu’à une peine de deux ans de prison. Elle est donc incarcérée et découvre un traitement très dur, mais se promet de tenir et de ne pas coopérer avec l’administration, qui la relâcherait si elle consentait à dire où se trouve son mari. Eh oui, comme aux États-Unis, on trouve des arrangements avec la loi...
Mathilde refuse d’autant plus de parler, qu’elle ignore où se cache son mari. Mais la vie dans cette prison sordide est si dure, elle-même en a tant bavé, qu’elle finit par accepter le marché. Ici, erreur de scénario : comment pourrait-elle révéler la cachette de son mari, si elle en ignore tout ?
Hélas pour elle, son mari est retrouvé mort. Plus de négociation possible !
Le film, exceptionnellement, ne charge pas les gardiennes de prison, dont certaines font preuve d’humanité (on pourrait peut-être éviter d’employer sempiternellement le terme insultant de maton ?).
Le son est exceptionnellement bon, et rend sensible l’aspect infernal de l’incarcération : le plus pénible, en prison, est de n’être jamais seul, sauf si on est jeté au cachot...
Sophie Marceau est très bien. Peu avant la fin, elle devient presque une bête sauvage, ce qui fait passer comme vraisemblable le renoncement à sa résolution de ne pas trahir son mari.
Réalisé par Ira Sachs
Titre original : Little men
Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 25 janvier 2016
Sorti en France le 21 septembre 2016
Encore un TALC (Titre À La Con), qui remplace un titre en anglais par un autre titre en anglais, Dieu sait pourquoi...
Ces deux « petits hommes » sont des garçons de treize ans, Jake et Antonio, dit Tony, d’origine latine. Theo Taplitz, interprète du rôle de Jake, joue ici dans son premier long-métrage, mais il a déjà écrit, mis en scène et joué six courts métrages. Son jeu ici est assez neutre, avec une seule scène où il doit exprimer un chagrin. Son partenaire Michael Barbieri est plus attrayant, avec un visage expressif et mobile, et il a une très bonne scène où il doit donner une réplique à un professeur d’art dramatique, en répétant ce que celui-ci a dit, mais sur un ton plus agressif. C’est très réussi.
L’histoire est celle de la famille Jardine, qui vivait à Manhattan mais déménage à Brooklyn quand le grand-père meurt en lui léguant sa maison, un grand appartement au-dessus d’une boutique où vit une couturière, Leonor, amie du défunt et soumise à un loyer très modéré ; loyer que les nouveaux propriétaires doivent augmenter parce que le père, acteur et metteur en scène de théâtre, gagne très peu d’argent et que la mère, qui est psy, n’a que son salaire. Conflit entre adultes, dont vont pâtir les deux garçons, devenus bons amis et futur artistes, puisque Jake a du goût pour le dessin (étrangement, ces dessins, on ne les voit jamais) et que Tony veut être acteur.
Le film, pudique, qui ne montre aucun drame (on n’est pas chez Xavier Dolan), pas même l’expulsion inévitable de la couturière et de son fils, procède à petits pas et par petites touches. Et il montre comment les affaires des adultes se répercutent sur la vie des enfants. Le résultat est bien meilleur que le précédent film d’Ira Sachs, Keep the lights on, une histoire de couple homosexuel totalement dépourvue d’intérêt.
Réalisé par Michael Moore
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 15 janvier 2015
Sorti en France le 14 septembre 2016
Se présentant, selon son habitude, comme un ardent patriote qui ne veut que le bonheur de ses compatriotes, Michael Moore affecte de déplorer que les États-Unis n’aient pas gagné la moindre guerre depuis... 1945, ce qui est parfaitement exact, et se demande si l’on ne ferait pas mieux de voler les « armes » permettant aux autres pays de triompher partout en excellence et en efficacité ! Il se lance donc dans une large enquête, principalement en Europe, avec une incursion en Tunisie (pays gouverné par les islamistes, mais qui a légalisé l’avortement dès 1973), et, plus ou moins sincèrement, s’émerveille que partout l’on réussisse si bien.
Évidemment, le spectateur s’esclaffe en entendant que le meilleur restaurant d’une petite ville française soit... la cantine de l’école, mais Moore trouve des témoins pour soutenir cette thèse ; laquelle, je dois le connaître, n’est pas totalement farfelue, puisque j’ai connu un certain collège proche de Lille où c’était bel et bien le cas, au point que les professeurs ne rentraient pas chez eux pour déjeuner et prenaient leur repas sur place ! Et même s’il caricature en montrant que les Italiens bénéficient de huit semaines de congés payés et que leurs patrons sont ravis de leur assurer des salaires si élevés, on ne peut pas nier que, dans le domaine de l’éducation, la Finlande, où tous les enseignements sont gratuits, y compris pour les étrangers, arrive en tête de tous les classements – alors qu’aux États-Unis, un étudiant s’endette pour la vie dans des universités toutes payantes.
Ne disons rien de la sécurité : aux États-Unis, pas un jour sans que des policiers commettent des actes de violence (qui sont montrés dans le film), alors qu’en Norvège, il n’existe aucune répression, les peines prononcées se bornent à priver momentanément les délinquants de leur liberté, et la violence a diminué.
Mais voilà, conclut-il, aux États-Unis, on se croit meilleur, et on regarde son nombril. Nul ne s’intéresse à ce que font les autres pays, ceux qui réussissent.
Alors que les films de Moore se font généralement étriller par la critique, cette fois, on lui a moins tapé dessus. Sauf ce critique crétin qui, sur France Inter, a lancé que Moore était gonflé de prendre la défense des pauvres alors que son activité de cinéaste l’aurait rendu plus que millionnaire. Celui-là ne voit que l’arbre qui cache la forêt.
Réalisé par Brad Furman
Sorti aux États-Unis le 6 juillet 2016
Sorti en France le 7 septembre 2016
Comme le film est, une fois de plus, une de ces irritantes « histoires vraies », on va surtout le voir pour les acteurs principaux, Bryan Cranston, également producteur exécutif, et John Lequizamo. Le premier tient le rôle de l’agent fédéral Bob Mazur, qui vit toujours, et a reçu pour mission d’infiltrer le cartel de drogue de Pablo Escobar. Il réussira, et enverra devant la justice quatre-vingt-cinq membres du gang, qui écoperont des peines de prison entre dix et quinze ans, plus la direction d’une grande banque internationale, qui blanchissait l’argent du trafic.
Le dénouement est pittoresque : devenu ami avec tous ces malfrats, Mazur les invite à... son mariage avec celle qu’il a fait passer dès le début pour sa fiancée. Bien sûr, la police surgit au moment de la bénédiction nuptiale, et arrête tout le monde !
En 2011, le réalisateur avait fait La défense Lincoln, d’après un célèbre roman de Michael Connelly, sur un sujet beaucoup plus sérieux, les tares de la justice des États-Unis.
Réalisé par François Ozon
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 3 septembre 2016
Sorti en France le 7 septembre 2016
Peu importe que ce film soit un remake de Broken lullaby, seul drame tourné par l’auteur de comédies Ernst Lubitsch, film lui-même tiré d’une pièce de théâtre française, de Maurice Rostand, L’homme que j’ai tué – titre qui suffit à tuer l’énigme, soit dit en passant pour clouer le bec aux critiques qui ne supportent pas qu'on « raconte la fin », comme si l'intérêt d'un film reposait là-dessus. Du reste, cette révélation n’est pas la fin, car ce petit mystère est dévoilé au milieu du récit.
En réalité, ce film, un peu trop long et qui perd beaucoup de son intérêt à partir du moment où Adrien quitte l’Allemagne pour retourner en France sans avoir avoué son meurtre à la famille de Frantz, le soldat allemand (qu’il a flingué dans une tranchée, se croyant menacé), ce récit, donc, gagnerait beaucoup à s’interrompre à partir de ce moment-clé. Mais non, on continue, et Anna, la fiancée de Frantz, devient le personnage central, part pour Paris parce qu’elle est tombée amoureuse du meurtrier, et va apprendre qu’il est riche et fiancé à une amie d’enfance, qu’il doit épouser dans un mois. Cet épilogue n’ajoute rien au thème du remords, qui est le vrai sujet du film, et il a été surajouté, car il n’existait pas dans la pièce originale, et cela se sent.
Détail orthographique : aucun Allemand ne se prénommerait Frantz. Comme la lettre Z, seule, se prononce TS, le T du titre a été lui aussi surajouté. On écrit donc Franz. Autre détail, le scénario oublie de préciser en quelle année Adrien se rend sur la tombe de Frantz. Cette précision serait utile pour expliquer la haine manifestée à l’égard des Français par les Allemands. Si cela se passe après la signature du traité de Versailles, qui humiliait inutilement ce peuple vaincu, on comprendrait mieux ; avant, elle serait beaucoup moins justifiée.
Mais enfin, le film est bien supérieur aux précédents films d’Ozon, notoirement ratés. Celui-ci est digne, et tient la route.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.