JPM - Films - Notules - Juin 2006

Notules - Juin 2006

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées : Da Vinci codeThe Da Vinci codeMarie-AntoinetteIsolation – Alien – Rosemary’s baby – American dreamzLa maison du bonheurThe road to GuantanamoDans la peau de Jacques ChiracBled number oneCars – L’homme-orchestre – Les irréductiblesPoséidonPoseidonChangement d’adresseLa colline a des yeux (2006)The hills have eyes – Le Grand pardon 2 – The Shining – Scary movie 4Nos jours heureux

Personnes citées : Dan Brown – Audrey Tautou – Sofia Coppola – Billy O’Brien – Paul Weitz – Hugh Grant – Jean-Luc Delarue – Loana Petrucciani – Dany Boon – Daniel Prévost – Michael Winterbottom – Mat Whitecross – Rabah Ameur-Zaimeche – Claude Chabrol – John Lasseter – Renaud Bertrand – Wolfgang Petersen  – Emmanuel Mouret – Éric Rohmer – Frédérique Bel – Fanny Valette – Dany Brillant – Alexandre Arcady – Roger Hanin – Alexandre Aja – Wes Craven – Stanley Kubrick – Pierre Marivaux – David Zucker – Éric Toledano – Olivier Nakache

Réalisé par Ron Howard

Titre original : The Da Vinci code

Sorti en France, au Bahrein, à Monaco, à Oman, aux Philippines, en Suisse, en Syrie et aux Émirats Arabes réunis le 17 mai 2006

Da Vinci code

Jeudi 1er juin 2006

Ce n’est certes pas un bon film, mais ce n’est pas non plus le pire navet de l’année. Le tollé qui l’a salué, si l’on ose dire, n’était que le contrecoup de l’excessive publicité qui a précédé sa sortie. En réalité, son tort principal est... d’exister : Hollywood a voulu exploiter le succès mondial d’un livre de faible valeur, dont le ressort de base, vite artificiel, est le rebondissement perpétuel. À la lecture, c’est amusant au début, lassant par la suite ; à l’écran, les câbles de l’intrigue et les explications bâclées (on ne peut pas relire si on a mal saisi) desservent rapidement le film – dont l’intrigue a d’ailleurs été simplifiée, le romancier Dan Brown étant co-scénariste et co-producteur exécutif : ont ainsi disparu certaines énigmes qui passeraient mal à l’écran, mais il était sans doute malaisé de tailler davantage dans les dialogues explicatifs qui composent l’essentiel du scénario.

Il est vrai que le film est plutôt illustratif. Par exemple, la révélation que le tombeau de Marie de Magdala – qu’on s’obstine à nommer « Marie-Madeleine » alors que ce nom n’apparaît jamais dans la Bible – se trouverait sous la pyramide inversée du Louvre, révélation qui tient en une simple phrase dans le livre de Dan Brown, est ici visualisée par une séquence en images numériques telle qu’on en farcit à profusion la plupart des films visant au spectaculaire. Mais enfin, ne soyons pas injustes, ce n’est pas une hérésie que de montrer ce qui n’est pas dit, à condition de ne pas tomber dans la paraphrase ; encore moins quand les images d’illustration ne sont ni médiocres ni laides.

En fait, le pire est sans doute dans le choix des acteurs, presque tous à côté de la plaque, surtout cette pauvre Audrey Tautou, dont le rôle a été affadi : hormis la scène dans l’avion, où elle se met à gifler le moine fanatique (des moines à l’Opus Dei ? Rions), elle n’a quasiment rien à faire. Et pourquoi faire interpréter le directeur français de la succursale d’une banque suisse par un acteur allemand ?

Aux amateurs de comique involontaire, signalons cette scène : Langdon et Sophie se sont échappés du Louvre et n’ont pu se réfugier à l’ambassade des États-Unis, cernée par la police ; alors, en pleine nuit, ils vont au Bois de Boulogne (fermé par une grille, où diable ont-ils vu ça ?) « afin de réfléchir au calme ». Choix des plus judicieux ! Quoi de plus propice au calme et à la réflexion, en effet, que le Bois de Boulogne la nuit ?

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Marie-Antoinette

Lundi 5 juin 2006

Réalisé par Sofia Coppola

Sorti en France, en Belgique et en Suisse le 24 mai 2006

Sofia Coppola filme le passage d’une jeune femme d’un univers à un autre, avec ses découvertes, ses déconvenues, ses contrariétés. On peut objecter que, pour filmer cela, point n’était besoin de convoquer un personnage marquant de l’Histoire de France. Histoire qui est visiblement le benjamin des soucis de la réalisatrice, et qu’elle regarde avec le gros bout de la lorgnette. Mais enfin, elle n’avait nullement annoncé une quelconque intention de faire œuvre d’historienne ; donc, ne lui faisons pas de procès d’intention.

En fin de compte, le film est réussi et, à condition de ne pas s’attendre à une œuvre ambitieuse, on y prend un certain plaisir.

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Isolation

Mercredi 7 juin 2006

Réalisé par Billy O’Brien

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 8 septembre 2005

Sorti en France le 7 juin 2006

Venu d’Irlande, un film d’horreur de série B, sorte d’Alien mâtiné de Rosemary’s baby, mais chez les ruminants. Un scientifique a voulu faire une modification génétique sur des vaches, pour accélérer leur croissance et les faire véler plus tôt. Il réussit au-delà de toute espérance, puisque l’une des vaches met bas une génisse... déjà pleine, porteuse de six foetus, agressifs et dotés de dents acérées – ce qui est original chez les veaux, qui habituellement sont dépourvus de canines. Cinq sont morts, et le sixième s’échappe. Il faut le retrouver et le détruire, car la catastrophe risque de se propager. Et là, le scénario dérape, puisque une modification génétique se saurait s’étendre par contagion (il faudrait que le veau soit adulte et engendre une descendance). Mais peu importe.

Sans aucun trucage numérique, c’est oppressant et parfaitement horrible. Ce le serait même sans cette intrigue typique de l’horreur cinématographique ; car, de nature (si on ose dire), la campagne, quoi de plus lugubre ?

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American dreamz

Jeudi 8 juin 2006

Réalisé par Paul Weitz

Sorti aux États-Unis le 4 mars 2006

Sorti en France le 7 juin 2006

C’est le nom d’une émission de télé-réalité fabriquant les pseudo-stars de demain. Présentée par un Hugh Grant en pleine forme, sorte de Jean-Luc Delarue qui ordonne à ses collaborateurs « Fabriquez donc une émission que, même moi, j’aurais envie de regarder ! », elle amène en finale deux ringards, une Loana cynique et... un terroriste arabe chargé de tuer le président des États-Unis ; un président quasi-débile qui, justement, désireux de donner un coup de fouet à sa réputation après une réélection (toute ressemblance, etc.), a laissé son staff décider qu’il serait « grand juré » de ladite émission !

Le scénario flingue tous azimuts, sans respect aucun, et l’on s’amuse énormément.

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La maison du bonheur

Vendredi 9 juin 2006

Réalisé par Dany Boon

Sorti en France le 7 juin 2006

Tiré d’une pièce de théâtre de Dany Boon et mis en scène par lui, ce film vient malheureusement après cet autre, sorti un an plus tôt, Travaux, on sait quand ça commence..., car les ennuis sont les mêmes et dus aux mêmes causes : des travaux dans une maison, réalisés par une équipe incompétente et payée au noir. C’est moyennement drôle. Le personnage principal se tire d’affaire via une escroquerie, aux dépens d’un collègue qui lui avait joué un mauvais tour. On retiendra surtout la morale, énoncée par Daniel Prévost : « Un bon agent immobilier n’a pas d’amis ! »

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The road to Guantanamo

Réalisé par Michael Winterbottom et Mat Whitecross

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 14 février 2006

Sorti au Royaume-Uni le 9 mars 2006

Sorti en France le 7 juin 2006

Lundi 12 juin 2006

Le mélange des genres (fiction et reportage) a mauvaise presse. Mais tous les moyens ne sont-ils pas bons pour fustiger le régime de Bush ? On a coutume de dire que les États-Unis, qui ont jadis incarné certaines valeurs comme la liberté et le respect du droit, ont trahi cet idéal à l’époque de la guerre du Vietnam. Rien n’est plus faux, car cela remonte à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Le gouvernement avait alors pris à son service d’anciens nazis, et tenté de recruter les anciens responsables japonais des atrocités commises entre 1931 et 1945. Dans le premier cas, recruter un ex-savant hitlérien comme Von Braun, qui passait ainsi des armes de destruction massive (les V2) à la recherche pacifique (la conquête de l’espace), cela pouvait se comprendre ; dans le cas des Japonais, dont on connaissait les recherches sur la guerre chimico-bactériologique, pas du tout, et les États-Unis ont alors perdu leur âme.

Sur le film lui-même, il y a peu à dire. Il est utile, mais souffre de certains défauts. Par exemple, le fait que les principaux protagonistes du drame, les trois Anglo-Pakistanais lui ayant survécu, s’adressent périodiquement à la caméra pour commenter leur mésaventure – procédé artificiel. Également, le fait qu’ils sont trop différents du spectateur lambda et trop peu charismatiques pour que l’identification aux victimes fonctionne vraiment. De sorte qu’on ressent de l’indignation, de la colère, mais guère de compassion.

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Dans la peau de Jacques Chirac

Mardi 13 juin 2006

Réalisé par Karl Zéro et Michel Royer

Sorti en France le 31 mai 2006

À en croire le texte de la voix off qu’il a écrit en collaboration avec le journaliste figaresque Éric Zemmour, Karl tient pour un Zéro ce Chirac qui fait le Jacques depuis si longtemps. Échantillon :

Voix de Didier Gustin, qui double Chirac : « Plus c’est gros, mieux ça passe ! »

Voix du vrai Chirac, immédiatement après : « Plus c’est gros, mieux ça passe ! »

On a l’impression d’assister à un procès (mais au Tribunal des Flagrants Délires) dans lequel défense et accusation seraient incarnés en la même personne. Ou encore, de voir cette piécette plutôt fantaisiste de Georges Courteline, Un client sérieux, dans laquelle un avocat est informé en cours d’audience qu’il vient d’être nommé procureur, et commence aussitôt à requérir contre le client qu’il défendait deux minutes auparavant.

Alors oui, Chirac est un zozo, un menteur, un cynique, un incapable, un homme sans convictions, un voleur, un démagogue, un politicien sans scrupules, un tueur politique. Et les remarquables extraits de reportage, filmés depuis qu’il est entré en politique (mais pourquoi les montrer maintenant, quand il est un peu tard ?), le prouvent d’abondance. Mais ce film, qui d’ailleurs rencontre peu de succès, n’aura pas plus d’effets que les Guignols de Canal Plus, qui, en 1995, en décrivant un Chirac plutôt « sympa » (c’est le leitmotiv obligé), ont contribué à écraser Balladur et à faire élire Supermenteur. On se marre, mais jaune, et sans illusions.

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Bled number one

Mercredi 14 juin 2006

Réalisé par Rabah Ameur-Zaimeche

Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2006

Sorti en France le 7 juin 2006

Film très conseillé aux personnes qui chercheraient une illustration du mot népotisme : le réalisateur fait jouer dans son film... dix-neuf membres de sa famille, plus lui-même ! Enfoncé, Chabrol...

À part cela, le propos est pertinent : Kamel, Algérien qui vit en France, s’en voit expulsé après un séjour en prison, et doit retourner au bled, un village entre Collo et Constantine, où rien ne se passe. D’abord bien accueilli, on ne tarde pas à le dénigrer, en rappelant son origine « étrangère ». Et puis, il y a les islamistes, des jeunes, qui n’hésitent pas à faire le simulacre d’égorger un quadragénaire ayant eu l’audace de... jouer aux dominos ! Et aussi cette jeune femme, qui veut devenir chanteuse, et que son mari chasse, lui interdisant de revoir son fils ; sa propre famille la renie, et elle tente de se suicider en se jetant du Pont Suspendu de Constantine (ma ville natale, chers lecteurs, j’ai vu le jour juste à côté du fameux pont). Elle chantera, oui, mais devant les pensionnaires de l’hôpital psychiatrique, où elle est internée.

À la fin, Kamel envisage de passer en Tunisie. On le comprend...

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Cars

Vendredi 16 juin 2006

Réalisé par John Lasseter

Sorti aux États-Unis le 14 mars 2006

Sorti en France le 14 juin 2006

De son éphémère association avec Disney, qui se termine, dit-on, avec ce Cars, Pixar, maison de production qui existe depuis vingt ans, a au moins retenu l’idée de faire précéder son film, pourtant long (une heure et 56 minutes aux États-Unis, cinq minutes de plus en Angleterre, ce qui est inhabituel pour un film destiné en principe aux enfants), d’un court métrage, L’homme-orchestre, qui est délicieux.

The cars, rebaptisé en France Cars quatre roues (merci pour la précision indispensable !), ne montre aucun humain, ce qui a fait grincer quelques dentiers : tous les êtres vivants de l’histoire, y compris les milliers de spectateurs des courses de voitures, et jusqu’aux insectes bourdonnant autour des fleurs, sont des voitures. Et pas générées à la photocopieuse ! Un travail magistral. L’histoire raconte les mésaventures d’un champion qui veut gagner une coupe renommée, et qui se retrouve accidentellement dans un bled pourri, et peuplé, croit-il, de ploucs. Une petite infraction, évidemment au code de la route, l’envoie devant le tribunal, qui le condamne à un travail d’intérêt général, mais il ne tardera pas à apprendre que le juge qui l’a condamné est lui-même un ancien et prestigieux champion de la course automobile, tombé dans l’anonymat après un grave accident ; et que les bouseux du coin valent bien les célébrités de son milieu habituel. Bien entendu, tout se terminera au mieux pour les protagonistes.

L’intérêt de ce film est qu’il assume parfaitement l’anthropomorphisme qui rendait si balourds les films prétendus documentaires de Disney. Ceux-ci, à coups de trucages et via un montage tendancieux, inoculaient dans le cerveau des enfants cette morale douteuse : tous les animaux sont comme nous, ils éprouvent les mêmes sentiments. Théorie évidemment fausse et pernicieuse, car trop séduisante pour des gosses, qui n’en discutaient pas la validité. Cars, lui, montre des voitures au comportement humain, et cela change tout, puisque aucun gosse n’est assez crétin pour croire que des voitures puissent éprouver des sentiments ! L’anthropomorphisme est vu alors comme une fantaisie, une occasion de s’en amuser ; pas comme une théorie à prendre au sérieux.

Ils en ont dans la tête, les gens de chez Pixar. On comprend que Disney ait voulu les acheter.

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Les irréductibles

Lundi 19 juin 2006

Réalisé par Renaud Bertrand

Sorti en France le 14 juin 2006

Serait-ce la semaine des naufrages ? Pour le Poséidon, nous verrons plus tard, mais pour Les irréductibles, c’est tout vu : les personnages passent le bac, or c’est le film qui s’échoue sur un banc de sable.

Au départ, une idée de comédie : deux quadragénaires sont mis au chômage par la fermeture de leur usine. Comme l’ANPE ne leur propose que des emplois pour lesquels le bac est exigé, ils se résignent à retourner au lycée. Gérard abandonne très vite, car il est davantage occupé à trouver l’âme sœur sur les sites de rencontres d’Internet, mais Michel s’obstine. Gag : il se retrouve dans la même classe que son fils, et les conflits familiaux s’accumulent très vite.

La fin optimiste ne résoud rien : Michel décroche son bac, mais aura-t-il un nouveau travail ? On n’en saura rien.

Il faut avouer qu’on rit peu et qu’on bâille beaucoup.

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Poséidon

Mercredi 21 juin 2006

Réalisé par Wolfgang Petersen

Titre original : Poseidon

Sorti aux Philippines et en Thaïlande le 10 mai 2006

Sorti en France le 14 juin 2006

Comment peut-on ennuyer le public avec un film-catastrophe qui n’a même pas l’inconvénient de durer plus de 98 minutes ? Un peu plus de la moitié de Titanic !

Dès le premier plan aérien qui fait découvrir la totalité du navire, image d’ailleurs inspirée d’un plan de Titanic autrement plus lyrique, on comprend que l’on va devoir affronter notre ami le numérique. James Cameron, lui, s’était donné la peine de faire construire une maquette géante de son paquebot ; ici, rien de tel, tout est fabriqué sur ordinateur, et cela se voit. Mais c’est L’aventure du Poséidon, film de 1972, qui a fourni l’inspiration et le scénario. Instructif, sur le manque d’imagination des scénaristes ! Et bonne occasion de se souvenir qu’un film-catastrophe réussi – or ce précédent film l’était – doit susciter des ennuis à des personnages intéressants : la grosse dame juive, ancienne championne de natation (Shelley Winters), qui sauvait ses compagnons d’infortune au prix de sa vie ; le pasteur, à qui la duplicité de son Dieu faisait perdre la foi (Gene Hackman) ; sans oublier le drame social de Titanic, qui nourrissait le propos et donnait un sens à l’aventure ; ou les magouilles immobilières, qui faisaient le sel de La tour infernale. Rien de tel dans cette nouvelle mouture, où les péripéties sont uniquement factuelles : venue de nulle part, une vague gigantesque renverse le bateau (elle est qualifiée de « vague infernale », sic), des canalisations explosent, des feux s’allument un peu partout, des câbles rompus électrocutent les passagers, etc. C’est la faute à personne, ma bonne dame...

C’est laid, on s’ennuie, et il faut beaucoup d’imagination pour voir dans Poséidon une allégorie de la destruction des tours de Manhattan, comme certains optimistes l’ont affirmé un peu vite, et comme le veut un cliché de plus en plus souvent utilisé par des critiques extrêmement intelligents et novateurs. La grosse vague dans le rôle de Ben Laden ?

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Changement d’adresse

Jeudi 22 juin 2006

Réalisé par Emmanuel Mouret

Sorti en France (Festival de Cannes ) le 21 mai 2006

Sorti en France le 21 juin 2006

Jubilatoire ! Emmanuel Mouret est un bon scénariste-dialoguiste (c’est son troisième long métrage, après deux courts), et la comparaison avec Éric Rohmer n’est pas exagérée. Il a bâti une histoire de chassé-croisé amoureux magnifiquement écrite et superbement drôle. C’est aussi un bon réalisateur, sachant ne conserver à l’écran que ce qui sert l’action. Et un bon comédien, enfin, sa façon de rester impassible faisant une bonne part de la cocasserie du personnage un peu indécis et lâche qu’il interprète ici. Mais, bien entendu, l’ensemble de la critique prétendra le contraire. Peu importe...

L’histoire est celle d’un garçon qui se trompe d’amour, car il pense être amoureux d’une fille et ne voit pas celle qu’il a sous les yeux en permanence, puisque c’est sa colocataire. Le public, qui a tout compris avant les personnages, et notamment le côté « Qui va finir avec qui ? », se tord de rire et attend le plan final qui résout tout et lui donne raison, illustrant le principe que je défends depuis toujours : que les meilleures histoires sont celles que l’on connaît déjà, et qu’il est absurde d’ériger en dogme le fameux « On ne doit pas raconter la fin ».

Frédérique Bel a enfin le rôle vedette. La célèbre future-ex-blonde de Canal Plus (je dis « ex » par anticipation, car son emploi sur cette chaîne s’arrête... demain !) est excellente, même si elle n’est pas classiquement jolie. Alors oui, Fanny Valette est un peu effacée, et Dany Brillant, pas si bien qu’on l’a dit, mais c’est mineur, car leurs personnages sont de second plan. En fait, on n’a d’yeux que pour les deux amoureux potentiels et qui s’évertuent à se leurrer en s’ignorant. C’est du Marivaux tout autant que du Rohmer.

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La colline a des yeux (2006)

Vendredi 23 juin 2006

Réalisé par Alexandre Aja

Titre original : The hills have eyes

Sorti au Royaume-Uni et aux États-Unis le 10 mars 2006

Sorti en France le 21 juin 2006

Le beau garçon de treize ans qui jouait dans Le Grand pardon 2, film d’Alexandre Arcady avec Roger Hanin, et qui était le fils du réalisateur, a grandi. Sous le nom d’Alexandre Aja, il est devenu metteur en scène comme son père, et, quoique français, réalise ici un film relevant du cinéma des États-Unis, remake d’un film du même titre, dû à Wes Craven – ledit Craven étant d’ailleurs producteur de celui-ci.

L’histoire est censée se dérouler dans un désert des États-Unis, mais elle a été filmée... au Maroc, près de Ouarzazate. Le thème est celui-ci : une famille voyageant en caravane est victime d’une panne en plein désert, et se voit agresser par des êtres monstrueux, qui ne sont en fait que les victimes des essais nucléaires aujourd’hui interdits, lesquels avaient lieu à cent kilomètres de Las Vegas et à six cents kilomètres de Los Angeles (belle inconscience des politiques !). Hélas, le meilleur est dans le générique, qui alterne des vues d’explosions nucléaires et des photos authentiques d’êtres humains victimes de mutations génétiques. Tant que le film n’exhibe pas les monstres et se contente de faire sentir leur présence, c’est très bien, mais ensuite, on est obligé de les montrer, et l’on tombe dans le banal et le déjà vu. Très vite, le spectateur demande grâce.

Reste la question qu’on doit se poser : le film d’horreur est-il ou non un genre mineur ? Dans la mesure où ce genre n’a encore produit aucun film important, on est enclin à répondre que oui, c’est un genre mineur. Et n’objectez pas le Shining de Kubrick, ce n’était pas uniquement un film d’horreur, il allait beaucoup plus loin.

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Scary movie 4

Mercredi 28 juin 2006

Réalisé par David Zucker

Sorti au Danemark le 12 avril 2006

Sorti en France le 21 juin 2006

Repris par un réalisateur plus célèbre que les précédents, David Zucker, le quatrième épisode de la série ne modifie rien à son principe, mettre en boîte les films récents et à succès (pas toujours, d’ailleurs). Les scènes parodiques défilent, mais cela ne fait pas un scénario, et l’on ne prête aucune attention à l’histoire – à supposer qu’il y en ait une.

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Nos jours heureux

Vendredi 30 juin 2006

Réalisé par Éric Toledano et Olivier Nakache

Sorti en France le 28 juin 2006

La colonie de vacances de 1990 dont il est question ici s’appelle en fait « Ces jours heureux », histoire de faire un calembour – sur séjour, si vous êtes lent d’esprit. La premièr<e partie montre que tout, même travailler dans les mines de sel, vaut mieux que d’avoir à s’occuper d’enfants. Mais dans la seconde partie, tout s’arrange, et pas toujours comme on le croyait : les antipathiques deviennent sympathiques, les introvertis se révèlent envahissants, les allergiques à la vie sociale deviennent des boute-en-train, les gros, les nuls et les moches emballent des minces et jolies, les timides rivalisent d’audace, les délaissés trouvent chaussure à leur pied, les persécuteurs se laissent séduire, les emmerdeurs deviennent des sauveurs providentiels, et tout à l’avenant. Ce n’est pas un peu trop ? Mais ne soyons pas cruel, c’est une fable sympathique dans l’air du temps, à classer avec le tout-venant du cinéma français nostalgique.

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Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 septembre 2020.