JPM - Films - Notules - Août 2006

Notules - Août 2006

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées : StayArrivederci amore ciao – Romanzo criminale – Vol 93United 93 – Bloody Sunday – Omagh – Airport – Wolf CreekPirates des Caraïbes : le secret du coffre mauditPirates of the Caribbean : Dead man’s chest – La guerre des étoiles – L’île au trésor – Apocalypse now – PassagesLu ChengLucas, fourmi malgré luiThe ant bullyBrick – Pusher – Miami vice - Deux flics à MiamiLa science des rêvesThe science of sleep – Zazie dans le métro – L’immeuble YacoubianOmaret yakobeanLe vent se lèveThe wind that shakes the barley – Sweet sixteen – Selon Charlie – Mariage – Beyond therapy – Prêt-à-porter – Short cuts – Magnolia – Love actually – La jeune fille de l’eauLady in the water – Signes – Le village – In the mood for love – Des serpents dans l’avion – Vol 93 – Destination finale 2

Personnes citées : Marc Forster – Jean-Paul Sartre – Gérard Miller – David Lynch – Night M. Shyamalan – Michele Soavi – Paul Greengrass – Greg McLean – Gore Verbinski – Keira Knightley – Gene Kelly – Johnny Depp – Tim Burton – Orlando Bloom – Yang Chao – John A. Davis – George Bush – Rian Johnson – Michael Mann – Louis Malle – Charlotte Gainsbourg – Michel Gondry – Claude Chabrol – Youssef Chahine – Marwan Hamed – Ken Loach – Stanley Kubrick – Nicole Garcia – Paul Thomas Anderson – Night Shyamalan – Nicole Garcia – David R. Ellis – Lex Halaby

Stay

Mercredi 2 août 2006

Réalisé par Marc Forster

Sorti au Brésil (Festival de Rio de Janeiro) le 24 septembre 2005

Sorti en France le 26 juillet 2006

Le début n’est pas mauvais, car le personnage de ce garçon de 23 ans qui fume sans arrêt et qui, rongé par on ne sait quel remords, annonce qu’il se suicidera le prochain samedi à minuit, intéresse de prime abord. Mais le spectateur ne tarde pas à comprendre qu’il est tombé sur un de ces films dont les scénaristes ont multiplié les mystères sans jamais donner la moindre explication, ce qui, à mon sens, est le comble, soit du snobisme, soit de la paresse. Ici, il s’agit de David Benioff, un quasi-débutant, qui n’en est qu’à son troisième scénario et avait signé celui de Troie, ce chef-d’œuvre inoubliable où Achille, qu’on avait visiblement confondu avec saint Sébastien, se faisait larder de flèches dans la poitrine !

Dans un texte un peu oublié, Sartre critiquait l’auteur de théâtre, de boulevard surtout, qui, jouant au deus ex machina, « fabriquait des événements » pour faire avancer l’action, plutôt que de s’appuyer sur la vérité du comportement humain. À mon sens, fabriquer des événements, cela ne se justifie que dans le cadre de la fable, lorsqu’on veut en tirer une morale. Rien dans Stay ne soutient ce point de vue, et cela rappelle ces films des années quarante, qui, après avoir promené le public dans un labyrinthe de questions pendant une heure et demie, concluaient par un « Mais tout cela n’était qu’un rêve » ! Comme nous ne sommes plus dans les années quarante, la solution de remplacement est toute trouvée, et, de manière très peu inattendue, on laisse entendre que le psychiatre a tout imaginé. Une fois encore, le vieux cliché : la dinguerie des psys dépasse celle de leurs clients... Bon, on veut bien en convenir, surtout quand on voit Gérard Miller à la télé, mais de là à en faire un film de plus !

Histoire de rire, avançons un pronostic : les partisans de Stay vont multiplier les références à David Lynch et à Night M. Shyamalan. Mais, d’une part, ce grand maladroit de Shyamalan (son dernier film sort bientôt, on va encore se payer une pinte de bon sang) donne toujours une explication finale, fût-elle ridicule ; d’autre part, je n’ai jamais été convaincu du génie de Lynch. Et puis, comparaison n’est pas raison.

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Arrivederci amore ciao

Vendredi 4 août 2006

Réalisé par Michele Soavi

Sorti en Italie le 24 février 2006

Sorti en France le 2 août 2006

Récemment, un autre film italien, Romanzo criminale, tournait autour du même sujet, la criminalité des jeunes en Italie. Cette fois, en supplément, il s’agit d’un ancien terroriste, réfugié en Amérique latine, et qui, lorsque le communisme s’est effondré en Europe, a voulu rentrer chez lui, où on l’avait condamné par contumace à la prison à perpétuité. Les anciens de sa bande trouvent un bouc émissaire déjà incarcéré pour prendre son crime à sa charge, et il n’écope que de deux années de prison. À sa sortie, il replonge, mais dans la criminalité pure, si l’on peut dire.

On a l’impression d’avoir vu cela plusieurs fois, y compris avec ce détail du flic véreux qui manipule les petits truands. Bien fabriqué, le film ne renouvelle donc rien sur le plan thématique. En fait, sa seule originalité réside en ce que l’acteur principal, qui joue une sale crapule, assassin sans états d’âme, parvient à rendre le spectateur proche de son personnage, au point que la femme qui l’épouse passe rapidement pour une emmerdeuse et qu’on est presque soulagé de la voir mourir !

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Vol 93

Lundi 7 août 2006

Réalisé par Paul Greengrass

Titre original : United 93

Sorti aux États-Unis le 28 avril 2006

Sorti en France le 12 juillet 2006

Très injustement, le jour de sa sortie en France, « Le Canard enchaîné » démolissait ce film, parlant de « pur voyeurisme », de « reconstitution maniaque, voire sadique » et de « thérapie de groupe qui ne vise que l’impact émotionnel brut » ! Il estimait « obscènes » les coups de téléphone des passagers à leurs proches et la chute finale de l’avion, et se demandait si Hollywood n’allait pas reconstituer « les derniers instants dans une chambre à gaz ». Rien que ça ! C’est dire le degré d’imbécillité auquel peut aboutir un journal quand il joue les grandes consciences de gauche (ou de droite, mais le résultat est identique) .

Le réalisateur est pourtant un modèle d’intégrité : c’est Paul Greengrass, un Britannique auquel on doit la réalisation de l’excellent Bloody Sunday, reconstitution (comme ici) du massacre orchestré par les troupes britanniques contre une manifestation pour les droits des Irlandais, en 1972 ; ainsi que le scénario de l’encore meilleur Omagh.

On a donc reconstitué le départ et le vol final du seul avion, détourné le 11 septembre 2001, qui n’a pas atteint sa cible, la Maison-Blanche, les passagers ayant pu prendre à partie les quatre terroristes, ce qui a provoqué l’écrasement de l’appareil en pleine campagne. Il n’y a aucune vedette, aucun acteur connu, mais onze témoins des faits, présents au sol durant les événements (dans l’avion, aucun survivant), jouent leur propre rôle dans le film. C’est très sérieux, documenté, cela a été fait avec l’accord des familles, et le projet n’a rien à voir avec les films-catastrophes comme Airport et ses suites, dans les années soixante-dix. Qui étaient du reste parfaitement honorables, surtout le premier, mais visaient à distraire, et via un autre style. Ajoutons qu’il n’y a aucun manichéisme. Après tout, ces terroristes ont fait le sacrifice de leur vie, difficile de les traiter de « lâches », et les thuriféraires de Bush ne sont pas capables d’en faire autant. Que ce soit pour une mauvaise cause, c’est une autre histoire...

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Wolf Creek

Jeudi 10 août 2006

Réalisé par Greg McLean

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) en janvier 2005

Sorti en France le 9 août 2006

Film australien : un jeune gars, Ben, et deux filles sympathiques, Kristy et Liz, partent faire du tourisme dans une voiture achetée d’occasion pour la circonstance, et qui ne manque pas de tomber en panne au milieu du désert. Ils sont secourus par un type un peu bizarre, à la fois bourru et rigolard, qui les remorque jusque chez lui, on ne sait où. Pas de veine, c’était un tueur sadique. Les deux filles vont y laisser la peau, le gars parvient à s’enfuir, mais comme nul ne le croit et qu’on ne retrouve pas l’endroit où les victimes, qui n’étaient pas les premières, ont été torturées et massacrées, il se paye... quatre mois de garde à vue ! Ben, viens donc t’installer en France, la police n’y commet jamais ce genre de bavure.

Les deux génériques affirment, sans qu’on soit forcé de les croire, que ce récit d’épouvante, classique au cinéma, est authentique. On peut en douter, le seul survivant n’ayant pas été témoin de ce qui arrive aux deux filles. En tout cas, l’histoire est bien racontée, avec une progression parfaite dans l’horreur. Et, détail exceptionnel dans ce type de films, les trois victimes ne sont pas des abrutis qui font n’importe quoi et se flanquent tout seuls dans les ennuis. Un seul reproche, le garçon est perdu de vue durant trois bons quarts d’heure, comme si le réalisateur-scénariste, l’avait oublié, et ne revient que quelques minutes avant la fin. Et rions de l’affiche française, qui prétend que le film est « culte »... alors qu’il n’est sorti qu’hier et n’aura probablement aucun succès !

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Pirates des Caraïbes : le secret du coffre maudit

Vendredi 11 août 2006

Réalisé par Gore Verbinski

Titre original : Pirates of the Caribbean : Dead man’s chest

Sorti aux États-Unis (première à Disneyland) le 24 juin 2006

Sorti en France (première à Paris) le 6 juillet 2006

Sorti en France le 2 août 2006

Les quelques gags visuels, donc numériques, dont on a parsemé le film, ne sauvent pas du naufrage ce film pseudo-maritime, où la mer est curieusement peu présente. Encore sont-ils parfois pompés ailleurs ! Ainsi, Keira Knightley qui se jette du haut du mât et plante son coutelas dans une voile afin de ralentir sa chute, cela vient tout droit d’un film avec Gene Kelly. Pourquoi se gêner, puisque le film est destiné aux gosses, qui ne connaissent pas ? Les autres citations, de L’île au trésor ou d’Apocalypse now, passent tout autant inaperçues.

Pour le reste, il est navrant de constater tant d’efforts d’imagination, et tant de moyens matériels, au service d’une histoire aussi plate et ennuyeuse. Le pire, c’est l’envahissement de l’écran par une kyrielle de monstres gluants venus tout droit de La guerre des étoiles, d’ailleurs citée expressément dans le dialogue. On croyait en avoir fini, mais non... Ces intrusions intempestives et saugrenues, qui n’ont de rapport ni avec l’époque ni avec le sujet, polluent notre nostalgie des vieux films de pirates, cassent complètement le rêve, et le remplacent par un bric-à-brac dénué de sens et de poésie. Un vrai saccage.

Johnny Depp, à la carrière déjà sur le déclin, et dont on se demande comment il a pu passer pour l’un des acteurs les plus avisés d’Hollywood, vu sa filmographie branlante lorsqu’il ne tourne pas avec Tim Burton, cabotine sans pudeur ; Orlando Bloom est fade comme d’habitude ; seule la vedette féminine est agréable à regarder. Mais on préfère la voir dans un autre film.

À la fin, le personnage incarné par Johnny Depp meurt, bouffé par un monstre avec son bateau entier. Mais n’y croyez pas, et perdez toute espérance, le troisième épisode est déjà prévu. Avec exactement la même équipe, n’attendez donc pas du neuf.

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Passages

Lundi 14 août 2006

Réalisé par Yang Chao

Titre original : Lu Cheng

Sorti en France (Festival de Cannes) le 14 mai 2004

Sorti en France le 9 août 2006

Un film de la Chine continentale. Ce n’est pas Taiwan, et cela se voit, car presque tout y est lugubre, villes, paysages, personnages. Un garçon et une fille, des lycéens (mais le garçon est un peu trop vieux) se sont échappés de chez eux. But : atteindre une ville assez éloignée, où se trouve un laboratoire qui leur a vendu par correspondance des champignons dont la culture les rendra riches, croient-ils. En chemin, inévitablement, quelques rencontres, dont la plus intéressante est aussi la plus tragique : sur la route, un groupe de pirates dévalisent un camion. Le chef se prétend étudiant lui aussi, et leur offre à chacun une paire de chaussures de tennis volée dans le camion ; l’instant d’après, il abat au revolver le chauffeur du camion, auparavant copieusement tabassé, et qui s’ennuyait.

L’important, en fait, est le paysage, pas folichon, mais filmé de façon presque poétique dans son réalisme. C’est l’hiver, tout est désertique, on ne voit que des usines en ruines et des rivières polluées, des routes, des ponts, tout est laid. Puis les deux lycéens reviennent chez eux, en repartent assez vite, c’est vraiment l’errance à l’état pur. Il faut avouer qu’on se fiche un peu de leur sort, la fille est assez nunuche, et on ne sait pas s’il y a entre eux le moindre sentiment : au fond, que fabriquent-ils ensemble ?

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Lucas, fourmi malgré lui

Mardi 15 août 2006

Réalisé par John A. Davis

Titre original : The ant bully

Sorti au Canada le 28 juillet 2006

Sorti en France le 9 août 2006

Le titre original signifie « Le tyran des fourmis ».

Qui n’a pas rêvé, histoire de lui apprendre la vie, d’asseoir un sale moutard de quatre ans sur un nid de fourmis, de préférence rouges ? Warner Bros l’a fait !

Ce film en images de synthèse est aussi bon que ceux de Pixar. Bourreau inconscient d’une fourmilière, Lucas Nickle est transformé en un tom-pouce que les fourmis capturent. Elles vont se montrer plus « humaines » que lui (ce mot, chez elles, est plutôt péjoratif, mais je l’emploie au sens usuel), et feront son éducation à la vie en collectivité. Éducation réussie, et Lucas, devenu fourmi de cœur, sera rendu à sa vie d’humain, plus... humanisé, vous l’aviez compris.

C’est bien fait, pas idiot, et gentiment écolo. On devrait montrer le film à George Bush.

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Brick

Jeudi 17 août 2006

Réalisé par Rian Johnson

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) en janvier 2005

Sorti en France (Festival de Deauville) le 6 septembre 2005

Sorti en France le 16 août 2006

Placide, sachant se battre, ne reculant jamais, Brendan, encore lycéen, cherche à retrouver son amie disparue, qui lui a téléphoné d’on ne sait où. On plonge alors dans une histoire de drogue volée puis trafiquée, la fameuse « brique » du titre. Brendan va se mettre au service du patron de la bande, un jeune boiteux assez distingué, puis l’aventure tourne assez mal, on s’en doute.

Nous sommes très loin de Pusher et de la bruine danoise, puisque tout cela se passe en Californie, le célèbre paradis que vous savez. Ce n’est pas ennuyeux, mais tout de même : pour faire comprendre à quel point le copain de Brendan est intelligent (on l’appelle Brain, c’est dire !), il est montré manipulant un Rubik’s Cube, célèbre casse-tête à la mode au début des années quatre-vingt, d’ailleurs pas si difficile à résoudre ; mais il le remonte... hors caméra ! Eh oui, un acteur ne serait pas capable de faire cela « en vrai ».

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Miami vice - Deux flics à Miami

Lundi 21 août 2006

Réalisé par Michael Mann

Sorti aux États-Unis le 20 juillet 2006

Sorti en France le 16 août 2006

Encore des flics, encore du trafic de drogue ! Et merde, à la fin ! Il n’y a pas d’autres sujets, dans les tiroirs des producteurs ? Il paraît que Michael Mann est un grand réalisateur. On veut bien, mais quand un « grand réalisateur » a consacré une partie de sa carrière à un médiocre feuilleton télévisé digne de Télé-Poubelle, puis qu’il transpose un banal épisode de ladite série sur grand écran, et sur une durée triple, on est bien obligé de conclure qu’il manque un peu de jugement. Son film est comme les autres films du même genre, ni plus, ni moins.

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La science des rêves

Mardi 22 août 2006

Réalisé par Michel Gondry

Titre original : The science of sleep

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 11 février 2006

Sorti en France le 16 août 2006

Film français, réalisé par un Français, avec des acteurs français (à l’exception de la vedette), mais qui porte un titre en anglais, The science of sleep, allez donc savoir pourquoi.

Le style, tout de collages et de trucages volontairement simplistes, rappellera Zazie dans le métro à ceux qui n’ont pas oublié ce fameux film de Louis Malle ; mais le sujet, en revanche, est des plus minces : un garçon tombe amoureux de sa voisine de palier. Avec, en prime, une belle erreur de distribution, en la personne de Charlotte Gainsbourg, qui n’est pas le personnage.

Au chapitre du népotisme, Michel Gondry marche sur les traces de Claude Chabrol : quatre membres de sa famille au générique de fin.

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L’immeuble Yacoubian

Jeudi 24 août 2006

Réalisé par Marwan Hamed

Titre original : Omaret yakobean

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 11 février 2006

Sorti en France le 23 août 2006

Belle introduction à l’histoire, qui dure deux heures et quarante et une minutes, donc trop : au Caire, un vieil immeuble, qui fut de luxe, abritant des locataires ou propriétaires aristocrates de naissance ou par l’esprit, symbolise par sa lente décrépitude, au fil des années, la décadence de l’Égypte. Scénario soigné, en forme de saga, peuplé de nombreux personnages, qui n’ont que le tort d’être conventionnels, car chacun incarne un archétype de la société actuelle.

Le récit fait preuve d’audace – pour le pays s’entend. Pas un personnage qui n’ait sans cesse à la bouche une invocation à Dieu, mais on y voit notamment, et en vrac : consommation effrénée de whisky, de tabac et de haschich ; trafics d’influence, affaires véreuses et chantages dans le personnel politique ; harcèlement sexuel sur les femmes de condition modeste (voire sur les garçons) ; arrestation arbitraire d’un jeune manifestant, ensuite battu puis violé ; bisbilles sordides entre frère et sœur ; coucheries de toutes sortes ; homme déjà marié, prenant une épouse supplémentaire, évidemment jeune, avant de la répudier et de la faire avorter de force ; rédacteur en chef refusant de passer dans son journal un article sur l’homosexualité (« Ça ne concerne que les étrangers », ben voyons), puis, à peine sorti du bureau, se tapant un jeune homme dragué dans la rue ; prêches en mosquée prônant le terrorisme ; et on en passe. On est assez loin des sitcoms débiles de la télé égyptienne, des comédies chantées à base de danse du ventre, que nos snobs amateurs d’exotisme de pacotille prennent pour de l’art, ou des fantasmes égocentriques et rabâchés de Youssef Chahine, qui ne parle jamais de l’Égypte, mais de Youssef Chahine exclusivement.

Belle trouvaille, le bidonville qui s’est peu à peu installé sur la terrasse ! On n’en regrette que davantage de trouver à ce film estimable trois défauts : une absence totale d’émotion, malgré les scènes mélodramatiques ; une musique envahissante et de mauvaise qualité ; ainsi que, comme dit plus haut, des personnages stéréotypés. Le réalisateur s’appelle Marwan Hamed, et, après un court métrage en 2001, c’est son premier long métrage.

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Le vent se lève

Vendredi 25 août 2006

Réalisé par Ken Loach

Titre original : The wind that shakes the barley

Sorti en France (Festival de Cannes) le 18 mai 2006

Sorti en France le 23 août 2006

The wind that shakes the barley, autrement dit, Le vent qui secoue les champs d’orge. Restons simples. La Palme d’Or décernée à Ken Loach au dernier Festival de Cannes ressemble furieusement à un prix de rattrapage, puisque, très assidu à ce marché, le réalisateur n’y avait rien eu jusqu’ici, me semble-t-il. Pourtant, d’autres films de lui étaient bien meilleurs. Ne serait-ce que Sweet Sixteen, il y a quatre ans.

L’histoire se passe en 1920 et montre les exactions commises en Irlande du Nord par les soldats anglais, qui ont entraîné des représailles de la part des résistants. Clairement, nous sommes ici dans le registre suspect de l’émotion, où jamais Kubrick n’aurait mis les pieds, ce qui conduit immanquablement à se poser la sempiternelle question sur la véracité des films militants – pour ne même pas parler de leur objectivité. L’épilogue de cette histoire a-t-il réellement eu lieu, ou, du moins un événement analogue ? Dans le cas contraire, à quoi rime cette invention ? Deux frères irlandais, unis dans la lutte, divergent lorsque l’Angleterre propose une trève et un accord aux termes duquel les rebelles devront déposer les armes. L’aîné, un héros, se soumet ; le cadet refuse, il est fait prisonnier par son frère... qui se voit contraint de le fusiller ! On se demande si, via cet épisode ultra-dramatique, Ken Loach n’a pas un peu chargé la barque...

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Selon Charlie

Lundi 28 août 2006

Réalisé par Nicole Garcia

Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2006

Sorti au Portugal le 27 juillet 2006

Sorti en France le 23 août 2006

Pauvre Nicole Garcia ! Plus elle fait de films, moins ils sont bons. Celui-ci appartient à une catégorie restreinte, les films « choraux ». Ce type de film rassemble une multitude de personnages, avec chacun son histoire personnelle, et qui, au départ et en apparence, n’ont aucun rapport entre eux. Le pari, le défi (les cons disent « le challenge ») consiste à recoller les morceaux, et à faire en sorte que, finalement, toutes ces histoires se rejoignent par un trait commun de scénario. Robert Altman est un spécialiste du genre, avec des fortunes diverses : Mariage, en 1978, et Beyond therapy, en 1987, étaient réussis, mais Prêt-à-porter et le très surfait Short cuts étaient ratés. Paul Thomas Anderson a magnifiquement réussi son Magnolia, et l’injustement décrié Love actually n’était pas si mauvais qu’on l’a dit. Malheureusement pour elle, Nicole Garcia n’a pas la carrure, et son scénario, écrit en collaboration avec son fils et un troisième larron, n’offre aucun intérêt. Avoir engagé des vedettes ne sauve pas le film, car ces acteurs connus jouent séparément : ainsi, Magimel n’a aucune scène avec Poolvoerde, bien qu’on les ait interviewés ensemble pour leur faire dire combien ils avaient été heureux d’être « partenaires » ! La publicité fourmille de ce genre d’impostures.

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La jeune fille de l’eau

Mardi 29 août 2006

Réalisé par Night Shyamalan

Titre original : Lady in the water

Sorti en Thaïlande le 20 juillet 2006

Sorti en France le 23 août 2006

Je n’aurais jamais cru pouvoir un jour comparer Night Shyamalan à Nicole Garcia, et pourtant, comme elle, plus il tourne, moins ses films sont bons. Le personnage qu’il interprète ici s’interroge, au milieu du film : « Pourquoi devrait-on se souvenir de moi dans l’avenir ? ». Excellente question !

Ses précédents films étaient certes ridicules, mais du moins pouvait-on s’amuser à relever les détails qui les rendaient ridicules, cela faisait passer le temps ; avec La jeune de fille de l’eau, en prime, on s’embête. Ce fatras new age doté d’une bande sonore de film d’horreur japonais, traversé de personnages inconsistants et de monstres aussi navrants que ceux vus dans Signes et Le village, est-il une parodie ratée, un conte de fées raté, un film d’horreur raté ? De toute façon, c’est raté.

Un seul bon moment, qui prouve que Shyamalan possède au moins un sens de l’humour qu’il utilise trop peu, lorsqu’un personnage déclare avoir vu au cinéma « un navet, un de ces mélos où les amoureux s’avouent leur amour sous une averse », et se demande « Pourquoi les gens bavassent-ils sous la pluie, au cinéma ? ». Quoi ! Il n’aime pas In the mood for love ?

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Des serpents dans l’avion

Jeudi 31 août 2006

Réalisé par David R. Ellis et Lex Halaby

Titre original : Snakes on a plane

Sorti en Israël et à Puerto-Rico le 17 août 2006

Sorti en France le 30 août 2006

C’est très écolo : le cinéma hollywoodien veut nous détourner du transport aérien. Ici, par le biais d’un Vol 93 où les terroristes seraient remplacés par des serpents. Et le résultat est loin de valoir Destination finale 2, le précédent film du réalisateur David R. Ellis.

En fait, le départ rappelle ces films-catastrophes des années 1970, avec les longues scènes d’exposition destinées à nous faire connaître les personnages ; et, paradoxalement, ce premier quart du film est ce qu’il y a de moins ennuyeux dans cette production. Mais, lorsque les serpents font leur apparition, on n’a plus qu’une démonstration de technique, assortie des procédés habituels destinés à vous faire sursauter toutes les trois minutes, et l’intérêt chute aussi brutalement qu’un avion piquant du nez sur le Pentagone. Quant à l’humour qui serait bienvenu, il est réduit à peu de choses. Relevons tout de même la manière dont les passagers se débarrassent des serpents : ils s’attachent tous à leur siège, puis on casse un hublot d’un coup de pistolet ; aussitôt, l’appareil est dépressurisé, donc les serpents, qui ne sont pas attachés, sont aspirés à l’extérieur ! On espère que le scénariste qui a trouvé ce truc a décroché une augmentation, et que la recette sera incluse dans les consignes de vol des compagnies aériennes. Ou, au moins, insérée dans le Manuel des Castors junior.

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Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 septembre 2020.