JPM - Films - Notules - Juin à décembre 2021

Notules - Février 2022

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées : Arthur Rambo

Personnes citées : Laurent Cantet – Rabah Naït Oufella

Arthur Rambo

Vendredi 18 février 2022

Réalisé par Laurent Cantet

Sorti en France le 17 février 2022

Ce film très réussi n’a pas reçu la faveur du public. Pourtant, il est parmi les meilleurs de son auteur, tout en étant partiellement fondé sur des faits réels, et surtout sur le personnage principal, Karim D., incarné par Rabah Naït Oufella, comédien interprétant Mehdi Meklat, lequel joue un jeune Maghrébin installé en France avec sa mère et son jeune frère Farid.

Or, à l’âge de seize ans, Karim découvre Twitter, et décide de tenir le rôle d’un provocateur, Arthur Rambo (un nom volontairement ridicule), hostile aux Juifs, aux homosexuels, aux femmes, et autres sujets de polémique chez les plus crétins des usagers de ce mode d’expression. Mais, ayant trop bien joué son rôle, il envoie le bouchon si loin qu’une foule d’imbéciles croient qu’il parle sérieusement et lui font un succès qu’il n’attendait certes pas !

Vers l’âge de vingt-cinq ans, Karim décide d’écrire un livre sérieux sur sa famille et surtout sa mère, qu’il idolâtre. Et ce livre a un tel succès que Karim juge qu’il doit enfin dire la vérité, que le personnage odieux qu’il a joué sur Twitter n’est pas lui-même, et il dénonce tous ses précédents écrits. L’ennui est que lesdits écrits n’ont pas été détruits, et que chacun peut désormais les lire et prendre parti !

Dès lors, chacun reste sur ses positions : l’éditeur de son livre ne sait s’il doit le rééditer ou dénoncer ce qui passe pour une imposture, les Arabes qui vivent en France sont indignés qu’on les assimile à un polémiste – Mehdi Meklat, hostile à tout ce qu’ils apprécient en France –, sa mère ne sait plus que penser, et son frère, qui avait mordu à l’hameçon et pris Karim pour un défenseur du « Prophète », le traîne dans la boue.

Bien entendu, et comme toujours, Laurent Cantet ne prend aucun parti et laisse le spectateur se faire sa propre opinion. C’est sans doute ce qui a nui au film, dont beaucoup de spectateurs n’ont pas conscience de ce point de vue.

De mon côté, je place le film très haut, comme presque toujours avec Cantet, qui est l’un de nos meilleurs réalisateurs et ne filme jamais deux fois la même histoire. Sur France Inter, les critiques ont vu ce qu’il y avait à comprendre, ce qui m’a paru évident.

En bref : à voir absolument.Haut de la page

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Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.