JPM - Films vus à la télé - Janvier 2009

Films vus à la télé - Janvier 2009

 

Il y a aussi des films à la télévision ! De bonnes chaînes du câble ou des satellites en diffusent, souvent d’excellents, parfois de grands classiques. On donnera sa préférence à celles qui ne massacrent pas l’image du film en y inscrivant leur logo, et, bien entendu, qui présentent les œuvres en version originale. Hélas, les chaînes du groupe Canal Plus ont renoncé à cette restriction, affichant de la publicité (!) sur le générique de fin – seules les chaînes d’OCS respectent encore les téléspectateurs... Après France 3 qui a conservé son Cinéma de Minuit durant des décennies, c’est aujourd’hui France 5 qui a pris le relais, avec toujours Patrick Brion comme présentateur et maître d’œuvre. Tous les films vus ne sont pas traités ici, on ne parlera que des meilleurs, ou des plus intéressants – ce qui n’est pas forcément la même chose.

Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Bubble – Sexe, mensonges et vidéo – Hello Dolly – The matchmakerEinen Jux will er sich machen – Singin’ in the rain – My fair lady – Hair – Cinquième colonne – Saboteur Plus tard tu comprendras –  Plus tard  – The damned – These are the damned – Le garçon aux cheveux verts – The go-between

Personnes citées : Steven Soderbergh – Coleman Hough – Gene Kelly – Ernest Lehman –Johann Nestroy – Michael Stewart – Thornton Wilder – Johann Nestroy – Jerry Herman – Stanley Donen – Elizabeth Taylor – Audrey Hepburn – Julie Andrews – Barbra Streisand – Walter Matthau – Louis Armstrong – Milos Forman – Alfred Hitchcock – Peter Viertel – Joan Harrison – Dorothy Parker – Amos Gitaï – Dan Franck – Jérôme Clément – Marie-Josée Sanselme – Jeanne Moreau – Joseph Losey – Luchino Visconti – Evan Jones – Henry Lionel Lawrence – Joseph McCarthy

 

Bubble

Lundi 5 janvier 2009 – Ciné Cinéma Premier

De Steven Soderbergh, en 2005. Version originale sous-titrée. Scénario de Coleman Hough (c’est une femme, ce que son prénom ne proclame pas). Durée, 1 heure 13. Couleurs, écran 2,35/1. Sorti au Festival de Venise le 3 septembre 2005, au festival de Toronto le 11 du même mois, le 25 du même mois au festival de New York, le 12 janvier 2006 en avant-première à Parkesburg, le 27 du même mois dans le reste des États-Unis, et le 10 mai 2006 en France.

Ce film a déjà été traité dans une notule. On le reprend ici, parce que c’est le meilleur film de Soderbergh, si on laisse à part celui qui l’a lancé, Sexe, mensonges et vidéo. Partant d’un scénario minimaliste, il a été tourné avec une équipe réduite, où Soderbergh lui-même, sous différents pseudos, assura la direction de la photo et le montage. Les acteurs, eux, n’étaient pas des professionnels, ce qui ne les empêcha pas d’être excellents.

Martha (Debbie Doebereiner), quadragénaire peu attrayante et obèse, travaille dans une petite fabrique de poupées en plastique. Elle a pour camarade le jeune Kyle, 20 ans (Dustin James Ashley). Puis une nouvelle ouvrière est engagée, Rose (Misty Wilkins), célibataire et mère d’une petite fille de deux ans. Un soir, Rose sort avec Kyle, et ils passent la soirée au café, pendant que Martha garde la petite fille. Puis Kyle raccompagne Rose chez elle. Mais le père de l’enfant vient faire une scène à Rose, en présence de Martha : elle lui aurait volé de l’argent, ce qui doit être vrai, puisqu’on l’a vue fouiller subrepticement les tiroirs de Kyle. Rose le met à la porte. Le matin suivant, on trouve Rose étranglée. Sur son cou, les empreintes de Martha. On arrête Martha, qui dit ne se souvenir de rien.

C’est tout. Rien n’est expliqué, ni dans le dialogue, ni dans les scènes filmées. Le spectateur comprendra les dessous du drame en voyant les regards que Martha porte sur le beau Kyle.

C’est filmé très simplement, sur un dialogue très plat, uniquement fonctionnel. On n’a jamais fait mieux pour illustrer la détresse créée par la solitude.

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Hello Dolly

Samedi 10 janvier 2009 – Ciné Cinéma Classic

De Gene Kelly, en 1969. Version originale sous-titrée. Scénario d’Ernest Lehman et de Johann Nestroy, d’après le spectacle musical de Michael Stewart, adapté de la pièce The matchmaker de Thornton Wilder et de la pièce Einen Jux will er sich machen, de Johann Nestroy. Musique de Jerry Herman. Durée, 2 heures et 26 minutes. Couleurs, écran 2,35/1. Sorti aux États-Unis le 16 décembre 1969, en France le lendemain.

Bien que réalisé par l’illustre Gene Kelly, co-réalisateur de Singin’ in the rain avec Stanley Donen, ce film a connu un succès mitigé. Comme il avait coûté très cher (un mois de tournage pour la seule séquence du restaurant Harmonia Gardens !), il a failli ruiner la Fox.

C’est Elizabeth Taylor qui avait été envisagée pour le rôle de Dolly, mais elle ne savait pas chanter, or l’époque n’était plus au doublage des vedettes comme en 1964, au temps de My fair lady (où l’on avait dû doubler Audrey Hepburn, faute d’avoir engagé Julie Andrews, bonne chanteuse mais pas assez célèbre), et ce fut Barbra Streisand qui tient le rôle – par chance, car elle y est éblouissante. Même si son partenaire Walter Matthau la détestait !

L’insuccès du film tient sans doute à la minceur et à la banalité de son scénario : Dolly est une marieuse, veuve et quadragénaire, et, pour son propre compte, elle a jeté son dévolu sur un quinquagénaire, un commerçant de province plutôt bougon, Horace, qui cherche une femme pour tenir son ménage, mais surtout pas elle ! Pour ne rien arranger, Horace n’aime pas du tout Dolly, et son revirement à la dernière séquence est difficilement compréhensible. Enfin, on voit mal pourquoi tout le personnel du restaurant de luxe est si attaché à Dolly, qui n’est après tout qu’une banale marieuse, ni pour quelle raison elle les a fait languir si longtemps avant de revenir « chez elle » (Where you belong) – façon de parler.

Il y a aussi trois jeunes couples, la nièce d’Horace et un peintre qui veut l’épouser, et ceux que vont former les deux employés d’Horace, vierges et impécunieux, qui ont invité dans le restaurant le plus cher de New York les deux jeunes femmes dont ils sont tombés amoureux, et qui, sachant qu’ils finiront en prison pour cause de grivèlerie, commandent ce qu’il y a de plus cher, avec force champagne – autant aller au trou pour quelque chose ! Apparition, aussi, de Louis Armstrong en chef d’orchestre, qui n’a que six plans (de 761, 283, 385, 81, 31 et 66 images, soit 1607 images ou 66,96 secondes), plus deux plans où on ne le voit que de dos – donc il est peut-être doublé –, tout cela filmé en une demi-journée. On espère qu’il a été bien payé...

Gene Kelly connaissait son métier, et les séquences musicales et dansées (il n’y a guère que cela) sont superbement réalisées. Il n’était pas homme, comme ce pauvre Milos Forman dans Hair, à filmer des gros plans de visages quand il fallait montrer les danseurs ! Et puis, la musique était bonne, ce qui n’est pas toujours le cas des comédies musicales.

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Cinquième colonne

Mardi 13 janvier 2009 - Ciné Cinéma Polar

D’Alfred Hitchcock, en 1942. Vrai titre : Saboteur. Version originale sous-titrée. Scénario d’Alfred Hitchcock, Peter Viertel, Joan Harrison et Dorothy Parker. Durée, 1 heure et 37 minutes. Noir et blanc, écran 1,33/1. Sorti aux États-Unis le 22 avril 1942, en France le 14 juin 1949.

Ce film fait partie des films de guerre d’Hitchcock. Ayant quitté son Angleterre natale afin de poursuivre sa carrière aux États-Unis, où il restera, Hitchcock se sent tenu de participer à la lutte contre le nazisme, avec les moyens qui sont les siens (il ira jusqu’à réaliser deux moyens métrages en français sur le thème de la Résistance). Les évènements racontés par Saboteur reposent sur le fait que les nazis avaient des partisans aux États-Unis et pratiquaient effectivement le sabotage, surtout dans les ports comme New York. Mais le film n’a aucun aspect militant, il reste un film d’aventures et de poursuite, avec, comme personnage central, un innocent poursuivi à la fois par la police et par les méchants. On y voit une scène qui a tout du western, genre qu’Hitchcock n’a jamais pratiqué.

La séquence de fin est ultra-célèbre, c’est celle qui se passe au sommet de la Statue de la Liberté. Malheureusement, et Hitchcock le reconnaissait, elle était mal conçue, puisque c’est le méchant qui est en danger, pas le héros !

Le navire saboté qu’on voit couché sur le flanc dans le port est lui aussi célèbre : il s’agit du paquebot français « Normandie », le paquebot le plus grand et le plus rapide du monde lors de son lancement en 1935, aussi connu ces années-là que plus tard le « France », et qui, en effet, réquisitionné par les États-Unis pour être transformé en transport de troupes, a fini sa carrière à New York, mais n’a pas été victime d’un sabotage (l’incendie qui a mis un terme à sa carrière était accidentel).

 

Paquebot "Normandie"
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Tu comprendras plus tard

Mardi 20 janvier 2009 - France 2

Autre titre, Plus tard. D’Amos Gitaï, en 2009. Film français, produit par la télévision, et sorti sur France 2 le 20 janvier 2009, la veille de sa sortie en salles. Scénario de Dan Franck, d’après le livre de Jérôme Clément (président de la chaîne Arte), adaptation de Marie-Josée Sanselme et Amos Gitaï.

Voir ma notule du 21 janvier 2009. Le film est manifestement à moitié raté, même si Jeanne Moreau est très bien. Il semble bien que ce soit une commande de la télévision.

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Les damnés

Lundi 26 janvier 2009 - France 3

De Joseph Losey, en 1963. Version originale sous-titrée. Titre original, The damned, qui occasionne une fâcheuse confusion avec celui du film de Luchino Visconti, datant de 1969. Mais il existe un autre titre qui évite cette confusion, These are the Damned. Scénario d’Evan Jones, d’après le roman d’Henry Lionel Lawrence. Durée originelle, 87 minutes, ressorti en version « director’s cut » de 96 minutes. Sorti au Royaume-Uni le 19 mai 1963.

Joseph Losey était né aux États-Unis, mais, communiste, il fut victime de la chasse aux sorcières menée par le sénateur Joseph McCarthy entre 1950 et 1956, et interdit d’emploi dans son pays. Si bien qu’après cinq courts métrages entre 1939 et 1947, il ne put réaliser qu’un seul film aux États-Unis, Le garçon aux cheveux verts, en 1948. La suite de sa carrière se fit en Europe, de 1950 jusqu’à sa mort en 1984. Bien entendu, cette situation lui valut une cote extraordinaire auprès de la critique, et il fut considéré comme un grand maître, ce qui, à mon avis, est un peu exagéré.

Les damnés est un film de science-fiction et anticipation, ce qui est surprenant, puisque Losey ne s’intéressait pas du tout à ce genre et n’y connaissait rien : il voulait seulement « lancer un message » (cela se faisait beaucoup à cette époque) sur les dangers de l’arme atomique. Pour ne rien arranger, le premier scénario ne lui plaisait pas, et il changea d’auteur, mais le résultat n’est pas plus probant. Je me permets d’ailleurs de remarquer que la plupart de ses films pêchent du côté du scénario. Ils sont parfois assez beaux, sur le plan plastique, comme Le garçon aux cheveux verts cité plus haut, ou The go-between, en 1970, mais il y a toujours quelque chose qui cloche dans le récit. Dans Les damnés, après un prologue beaucoup trop long et sans aucun rapport avec le sujet, on entre lentement dans le vif du sujet, et la conclusion est une explication sous forme de dialogue ; bref, on raconte assez peu et assez mal ce qui compte dans cette histoire, et qui consiste en ceci : onze enfants mutants ont été mis au monde par des femmes irradiées accidentellement, or leur état physique (ils sont au sang froid, comme les reptiles, et fortement radioactifs) laisse à penser au gouvernement britannique qu’ils pourraient résister à une catastrophe atomique, et donner naissance à une nouvelle humanité immunisée. On les élève donc en secret dans une villa transformée en blockhaus, à l’abri des humains de l’extérieur, puisque leur contact produirait le même effet que n’importe quel corps hautement radioactif : la contamination et la mort.

La faille de ce postulat est évidente, on pose en principe que, lorsqu’ils seront devenus adultes, la population normale aura été détruite par une catastrophe atomique et aura besoin d’être remplacée – ce qui est pour le moins hasardeux. Mais, dans les années 50-60, on adorait se faire peur avec ce type d’hypothèse, sans prévoir que l’espèce humaine trouverait des moyens plus insidieux pour s’auto-éliminer : épuisement des ressources énergétiques, empoisonnement de l’atmosphère, raréfaction de la nourriture et de l’eau, et bientôt, qui sait ? de l’air lui-même. Bref, on ne croit pas à cette histoire aussi moralisante que mal préparée.

Le film est plutôt maladroit, beaucoup de scènes sont mal conçues et mal réalisées, et les acteurs ne sont pas convaincants. Intérêt uniquement historique.

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Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 septembre 2020.