JPM - Films vus à la télé - Octobre 2010

Films vus à la télé - Octobre 2010

 

Il y a aussi des films à la télévision ! De bonnes chaînes du câble ou des satellites en diffusent, souvent d’excellents, parfois de grands classiques. On donnera sa préférence à celles qui ne massacrent pas l’image du film en y inscrivant leur logo, et, bien entendu, qui présentent les œuvres en version originale. Hélas, les chaînes du groupe Canal Plus ont renoncé à cette restriction, affichant de la publicité (!) sur le générique de fin – seules les chaînes d’OCS respectent encore les téléspectateurs... Après France 3 qui a conservé son Cinéma de Minuit durant des décennies, c’est aujourd’hui France 5 qui a pris le relais, avec toujours Patrick Brion comme présentateur et maître d’œuvre. Tous les films vus ne sont pas traités ici, on ne parlera que des meilleurs, ou des plus intéressants – ce qui n’est pas forcément la même chose.

Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Quai des orfèvresLégitime défense – Le corbeau – Mosquito Coast – Running on empty

Personnes citées : Henri-Georges Clouzot – Jean Ferry – Stanislas-André Steeman – Suzy Delair – Bernard Blier – Charles Dullin – Louis Jouvet – Simone Renant – Robert Dalban – Peter Weir – Paul Schrader – Paul Theroux – Harrison Ford – Helen Mirren – River Phoenix – Arthur Rimbaud – Leonardo DiCaprio – Martha Plimpton

Quai des orfèvres

Mercredi 6 octobre 2010 - France 2

D’Henri-Georges Clouzot, en 1947. Scénario du réalisateur et de Jean Ferry, d’après le roman de Stanislas-André Steeman Légitime défense. Durée, 1 heure et 46 minutes. Noir et blanc, format 1,37/1. Sorti en France le 3 octobre 1947.

Suzy Delair, excellente chanteuse née en 1917 et qui vit toujours, a joué dans plusieurs films de Clouzot, dont elle fut la compagne (mais pas l’épouse) durant quelques années. Elle interprète ici, précisément, une chanteuse de music-hall, Jenny Lamour, mariée à un pianiste, Maurice Martineau, joué par Bernard Blier, brave type mais très jaloux, bien qu’elle l’adore et lui soit fidèle. C’est ce qui pousse Martineau à vouloir tuer Georges Brignon (joué par Charles Dullin), un organisateur de spectacles du genre libidineux, qui a proposé à sa femme un engagement au music-hall mais semble s’attendre à quelque compensation. Mais il n’a pas l’occasion de le faire, puisque Brignon est déjà mort lorsqu’il arrive chez lui ! L’enquête sera menée par l’inspecteur Antoine, qu’interprète Louis Jouvet, policier à la fois cynique et pour une fois touchant dans le rôle du père adoptif d’un petit Noir, doublé d’« un type qui n’a pas de chance avec les femmes », comme il le dira à la photographe Dora (Simone Renant), amie lesbienne de Jenny. Notons que le véritable assassin est un voyou joué par Robert Dalban, acteur de second plan vu dans... 235 films et téléfilms.

Le titre, qui désigne l’endroit où siège toujours la Police Judiciaire, au bord de la Seine, laisse présager que tout va tourner autour de l’enquête, mais en fait, on est aussi souvent dans les coulisses de divers théâtres où passe Jenny, et cette description est plus intéressante.

Le film est l’un des meilleurs de Clouzot, avec Le corbeau, mais il est resté longtemps bloqué, comme je le notais dans une notule du 10 avril 2009, parce que la veuve de l’écrivain Steeman digérait mal qu’un critique ait écrit que le réalisateur avait fait un « un chef-d’œuvre à partir d’un mauvais roman », ce qui n’était pas faux. L’interdiction semble avoir été levée.

En bref : chef-d’œuvre.Haut de la page

Mosquito Coast

Lundi 11 octobre - Ciné Cinéma Club

De Peter Weir, en 1986. Scénario de Paul Schrader, d’après le roman de Paul Theroux. Durée, 1 heure et 57 minutes. Couleurs (Technicolor), format 1,85/1. Sorti aux États-Unis le 26 novembre 1986, en France le 25 février 1987.

On est surpris de voir Peter Weir faire de son personnage principal, un père de famille écologiste, un homme qui tourne au fanatique, au point de qualifier son ami noir de « sauvage », d’incendier à la fin un temple protestant, après avoir impliqué son fils aîné dans un triple meurtre. Avant cette série de drames, on avait vu cette famille, les parents et leurs quatre enfants, quitter les États-Unis, parce que le chef de famille, dégoûté par la civilisation matérialiste de son pays, voulait aller s’installer au Honduras pour y vivre « proche de la nature » (sic). Son obsession : fabriquer de la glace, inconnue dans les pays tropicaux (re-sic), parce que « la glace c’est la civilisation » (re-re-sic). Poursuivi par un pasteur rancunier qu’il a chassé du village où la famille s’était fixée, il finira par être tué par cet homme, au moment où, justement, ayant pris conscience de sa folie, sa famille, complètement dans la misère, allait l’abandonner.

C’est Harrison Ford qui incarne ce fou avec beaucoup de passion. Helen Mirren est sa femme, et River Phoenix, âgé de seize ans, leur fils aîné. L’amusant est que River Phoenix a réellement vécu dans une famille de ce genre, et que lui-même était plutôt écolo, ce qui ne l’a pas empêché de mourir d’un excès de drogue, à 23 ans. Ses parents, membres d’une secte religieuse, étaient partis au Mexique, puis à Porto Rico, pour s’établir finalement au Venezuela, où ils ont mené une vie parfois proche de la misère, comme la famille du présent film. Deux ans après Mosquito Coast, il jouait dans Running on empty, où il incarnait encore le fils aîné d’une famille en fuite, parce que recherchée par le FBI à la suite d’un attentat qu’elle avait commis. Merveilleux acteur et bon musicien, il était chaque fois parfait dans le rôle. C’est lui qui devait interpréter Arthur Rimbaud, mais sa mort fit que le rôle fut repris par Leonardo DiCaprio. Martha Plimpton, qui joue ici la fille du pasteur et qui devint sa première petite amie, joua encore dans Running on empty.

En bref : à voir.Haut de la page

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Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 septembre 2020.