JPM - Films vus à la télé - Septembre 2015

Films vus à la télé - Septembre 2015

 

Il y a aussi des films à la télévision ! De bonnes chaînes du câble ou des satellites en diffusent, souvent d’excellents, parfois de grands classiques. On donnera sa préférence à celles qui ne massacrent pas l’image du film en y inscrivant leur logo, et, bien entendu, qui présentent les œuvres en version originale. Hélas, les chaînes du groupe Canal Plus ont renoncé à cette restriction, affichant de la publicité (!) sur le générique de fin – seules les chaînes d’OCS respectent encore les téléspectateurs... Après France 3 qui a conservé son Cinéma de Minuit durant des décennies, c’est aujourd’hui France 5 qui a pris le relais, avec toujours Patrick Brion comme présentateur et maître d’œuvre. Tous les films vus ne sont pas traités ici, on ne parlera que des meilleurs, ou des plus intéressants – ce qui n’est pas forcément la même chose.

Œuvres citées : Je sais où je vaisI know where I am goingThe wicker manUne question de vie ou de mortA matter of life and death – Colonel Blimp – La planète des singes

Personnes citées : Michael Powell – Emeric Pressburger – John Livesey – James Mason – Erwin Hillier – Petula Clark – Robin Hardy – Anthony Shaffer – Christopher Lee – Winston Churchill – Roger Livesey – David Niven – Richard Attenborough – Kim Hunter – Alfred Hitchcock – Jack Cardiff

Je sais où je vais

Vendredi 4 septembre 2015 - OCS Géants

De Michael Powell et Eymeric Pressburger, en 1945. Titre original : I know where I am going. Scénario des réalisateurs. Durée, 1 heure et 31 minutes. Noir et blanc, format 1,37:1. Sorti au Royaume-Uni le 16 novembre 1945, en France le 27 février 1952.

Ce film des deux maîtres du cinéma britannique a réellement été tourné en Écosse, mais on a dû faire en studio les scènes où apparaissait l’acteur principal John Livesey – en remplacement de James Mason qui avait refusé le rôle parce que Powell ne voulait pas régler les dépenses de sa femme sur les lieux du tournage –, car Livesey ne pouvait se rendre sur les lieux : il jouait chaque soir une pièce à Londres ! Il est donc doublé dans celles où il est vu de loin.

Cela mis à part, tous les lieux montrés sont réels, et le tourbillon vu dans la séquence de la tempête existe bel et bien, il se trouve dans le détroit de Corryvreckan, sur la côte ouest de l’Écosse, et c’est le deuxième ou le troisième plus gros du monde. Seule l’île de Kiloran est fictive, c’est en fait le nom d’un village sur l’île de Colonsay.

En réalité, si le film est en noir et blanc, c’est parce que les caméras Technicolor que les réalisateurs désiraient pour leur projet de tourner Une question de vie ou de mort n’étaient pas encore disponibles ; ils le réalisèrent l’année suivante. Mais la photographie est excellente, alors que le directeur de la photo Erwin Hillier n’a jamais utilisé de posemètre.

Quant à l’histoire, c’est celle d’une fille ambitieuse qui veut épouser un homme riche, parvient à se fiancer avec un riche industriel, et part pour une île des Hébrides où il l’attend pour célébrer leur mariage. Mais on ne verra jamais ce fiancé putatif, car le mauvais temps empêche la fille de se rendre en bateau dans l’île, et elle finit par comprendre qu’elle est tombée amoureuse de l’aristocrate excentrique et fauché qui leur a loué l’île ! Tout le film est un hymne à la gloire des populations locales, qui savent vivre simplement et sans argent, et dont la bonté naturelle convertit enfin la fille à une autre conception de l’existence.

Une petite surprise au générique de fin : on y découvre, pour un rôle minuscule, le nom de la chanteuse Petula Clark. Elle avait alors treize ans. Déjà vedette à la radio, elle en était à son quatrième film.

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The wicker man

Dimanche 0 septembre 2015 _ Cin+ Classic

De Robin Hardy, en 1973. Scénario d’Anthony Shaffer. Durée, 1 heure et 28 minutes. Couleurs (Eastmancolor), format 1,37:1. Sorti au Royaume-Uni en septembre 1973, en France le 10 janvier 2007, sous le titre Le dieu d’osier.

Contrairement à ce qu’affirmait un magazine de programmes télévisés, ce film n’était pas inédit en France, il est bel et bien sorti, et a suscité chez les spectateurs beaucoup de réactions favorables, toutes portant sur son originalité, sans néanmoins passer sur ses aspects étranges, voire bâclés quant au scénario.

Sur une île paisible de la Manche, la police est pourtant alertée par des disparitions d’enfants, notamment d’une petite fille, et l’enquête, menée par un policier bigot et frustré, révèle que la population, qui, vue du continent, semblait normale, pratique en réalité des cérémonies d’un autre âge : danses exotiques, culte de la sexualité, même des crimes.

Le film, qui mêle le genre policier peu crédible, l’épouvante, le sordide et... la comédie musicale, est inclassable. En tout cas, il discrédite à la fois les religions monothéistes et leur intolérance, d’une part, et flétrit d’autre part les atrocités commises par le paganisme.

Présence curieuse et remarquable, dans le rôle du maître de l’île, du grand Christopher Lee, mort récemment, après 278 films !

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Une question de vie ou de mort

Lundi 28 septembre 2015 - OCS Géants

De Michael Powell et Eymeric Pressburger, en 1946. Titre original : A matter of life and death. Scénario des réalisateurs. Durée, 1 heure et 44 minutes. Noir et blanc (Dye-Monochrome) et couleurs (Technicolor). Format, 1,37:1. Sorti au Royaume-Uni le 30 décembre 1946, en France à Nice) le 24 juin 1947.

Ce film a été commandé aux deux artistes, alors que Winston Churchill, qui avait tenté d’empêcher le tournage de leur Colonel Blimp, avait démissionné de son poste de Premier ministre après avoir perdu les élections en 1945. À quoi tiennent les choses... Cette commande gouvernementale était motivée par le désir de rabibocher le Royaume-Uni avec les États-Unis, un peu en froid après la guerre. Aussi comporte-t-il une scène au cours de laquelle les six membres du jury lors du procès sont démis et remplacés par des citoyens étrangers, mais ayant obtenu leur naturalisation aux États-Unis !

Le scénario adopte la forme du fantastique : au cours d’un raid aérien de la Deuxième guerre mondiale, le pilote anglais Peter Carter doit sauter de son avion en flammes, mais son parachute a été déchiqueté par les balles. Il tombe dans la mer et en réchappe, mais, au paradis, on s’étonne : censé tué au combat, comment ne s’est-il pas présenté avec les 91 000 autres victimes de la guerre ? Les autorités de l’au-delà envoient donc sur Terre un « Agent 71 », qui est français, pour le récupérer. Mais Peter, qui vient de tomber amoureux de la fille de Boston qui lui parlait à la radio, refuse d’aller au paradis et veut rester sur Terre, mort ou vivant.

Il y aura un procès pour décider de son sort, à l’issue duquel les deux amoureux pourront continuer à vivre sur leur planète d’origine.

Le film a cette particularité de représenter le paradis en noir et blanc et la vie sur Terre en Technicolor, ce qui avait repoussé le tournage du précédent film des deux réalisateurs (voir l’article précédent). Roger Livesey tourne une fois de plus pour Powell et Pressburger ; c’est David Niven qui interprète Carter ; Richard Attenborough n’a qu’une réplique à dire ; et Kim Hunter, qui en 1976 jouera Zira dans la première version de La planète des singes, avait été recommandée par Alfred Hitchcock, qui... ne la connaissait que par sa voix !

La photographie était du grand Jack Cardiff, certains décors comme celui de l’escalier ou de la salle d’audience (elle accueillit 5375 figurants) étaient gigantesques, et les trucages abondent, sans nuire au caractère poétique du film, qui ne pêche que par un aspect, la durée et la verbosité des scènes de procès.

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Dernière mise à jour de cette page le lundi 2 novembre 2020.